29/12/2008

HOTEL CALIFORNIA de Barney Hoskyins et quelques chansons de Joni Mitchell


Le livre de l'excellent journaliste et critique anglais Barney Hoskyns sur la scène folk rock de Los Angeles entre 1967 et 1976, paru récemment en français, est assez terrifiant. 
Comme son titre anglais l'indique, le personnage essentiel de l'époque est finalement la poudre. Défonce extrême, sexe à go-go et querelles incessantes d'égos surdimensionnés, tel est le résumé du livre, passionnant dans ce qu'il raconte de l'ascension de David Geffen (démoniaques jusqu'au point de faire cohabiter sur son label dans les années 90 Nirvana et les Guns n'Roses). 
On relèvera aussi cette anecdote sur l'habitude de Don Henley des Eagles de faire chercher ses copines en jet privé ou évidemment celles nombreuses sur le morse hippy David Crosby
Joni Mitchell n'est pas en reste et son image est loin de rester immaculée à la fin du livre. En revanche, l'occasion s'est présentée de se replonger dans quelques uns de ses albums et c'est ainsi qu'on a réécouté Court and Spark (1974)) et The Hissing of Summer Lawns (1975), deux disques qui contiennent plusieurs chansons exceptionnelles, dont celles-ci : 

Joni Mitchell - People's Parties (Court and Spark, 1974) 

Joni Mitchell - Don't Interrupt The Sorrow (The Hissing of Summer Lawns, 1975)

Joni Mitchell - The Hissing of Summer Lawns (The Hissing of Summer Lawns, 1975)

Où l'on constate l'incroyable sens du rythme de la canadienne dans cette manière de réciter ses textes, une manière qu'on retrouve chez Prince (The Ballad of Dorothy Parker, Joy in Repetition) dont on sait que Mitchell est l'une des principales influences. 

Loin d'avoir le même talent, David Crosby possédait néanmoins une voix superbe. Bien trop défoncé, celui-ci n'en a que trop peu fait usage. C'est son album If I Could Only Remember my Name (tout est dit) qui témoigne le mieux de ses capacités vocales mais aussi de ses limites en tant que compositeur et son état de junkie. 

David Crosby - Traction in  The Rain (If I Could Only Remember my Name, 1971) 

Quant à Neil Young, lui non plus n'est pas toujours épargné dans le livre de Barney Hoskyns. Reste qu'il est certainement avec Joni Mitchell l'un des musiciens les plus talentueux de tous. La preuve en musique avec les sorties de plusieurs albums live de l'époque ou le ténébreux canadien est au sommet. 40 ans plus tard, il l'a à peine quitté. 

Neil Young - On The Way Home (Live at Massey Hall 1971)
Neil Young -

Enfin on croise également Tim Buckley et Tom Waits dans Hotel California. Le premier furtivement, pilier du Troubadour jusqu'à sa mort à 28 ans d'une overdose d'héroïne et clap de fin de l'âge d'or. Le second loin de Laurel Canyon, à l'Hôtel Tropicana, picolant avec Rickie Lee Jones et Chuck E.Weiss et sévère envers les hippies des beaux quartiers, les Eagles, America ou Neil Young. Mais comme ce dernier, l'avenir lui donnera raison.

28/12/2008

HORS-CHAMPS Ep.02 - To Catch a Crab

Juste avant la fin de l'année, voici un nouvel épisode de "Hors-Champs", une série destinée à parler de quelques groupes ou artistes non encore signés par des labels.

Dans To Catch a Crab, une formation dont on avait chroniqué le concert à l'Artichaut en début d'année (To Catch a Crab à l'Artichaut), la chanteuse Christine Clément est aux côtés du batteur Pascal Gully (Zakarya). Si la sortie de leur premier album est prévue dans quelques mois, les morceaux extraits de ce dernier et disponibles à l'écoute sur myspace sont plus que prometteurs.


Au carrefour de la pop, des musiques électroniques, expérimentales et jazz, un univers sombre d'une richesse musicale impressionnante, au milieu duquel Christine Clément et Pascal Gully font intervenir en plus de la voix et des percussions, guitare électrique, effets électroniques, claviers et trompette.
Des chansons à tiroirs, noires et étranges, comme New Shelter, qui démarre dans un déluge saturé et s'étire vers une atmosphère rappelant les heures sombres de Tricky, tandis qu'à l'inverse, sur Folk, ce sont d'immenses espaces qui semblent suggérés, la trompette laissant alors progressivement place à d'amples vocalises.
Depuis longtemps on apprécie le mystère qui entoure le dialogue étrange et sensuel de Drogenfahnder et sa ponctuation percussive feutrée, ainsi que le dépouillement de Liquide et ses détails aquatiques.
Mais To Catch a Crab c'est aussi Invisible War et Botanic, deux morceaux aux mélodies accrocheuses, aux développements rythmiques remarquables, à se passer en boucle.
On l'avoue volontiers, ici on adore To Catch a Crab, une formation qui rassemble plusieurs des éléments qu'on trouve essentiels dans la musique : une richesse instrumentale qui sait laisser la place aux silences, le soucis des détails, le sens mélodique, un groove qui donne à la musique une respiration ample, et enfin une voix, instrument à part entière, pièce évidemment maîtresse d'un dispositif magnifiquement sensuel. Un disque qui devrait, entre autres, faire le bonheur de l'excellent magazine anglais Wire.

17/12/2008

PLAT DU JOUR 20 - John Zorn, Roy Orbison, Anthony Hamilton, Jane Birkin, Agnès Varda


Quelques unes des dernières sorties de l'année passées en revue aujourd'hui, avec au programme les disques de  Jane Birkin, Anthony Hamilton ,Roy Orbison et John Zorn .

C’est un euphémisme de dire que l’on a suivi de très loin la carrière discographique de Jane Birkin. La curiosité étant souvent récompensé, l'oreille jetée sur Enfants d’Hiver a offert une belle surprise. Sobrement produit et arrangé, évitez peut-être de le passer à votre famille le soir de Noël. Pour un même résultat, laissez plutôt allumé la gaz.  Désormais avertis, vous pourrez néanmoins apprécier cet album sans vous passez la corde au cou. Pour la première fois, c’est Jane Birkin elle-même qui a écrit tous les textes, ces derniers mis en musique par, entre autres, Alain Souchon et son fils. Ce sont eux par exemple qui signent le superbe Période Bleue, murmure nostalgique qui précède une évocation de Léo Ferré sur le dépouillé piano/voix A la Grâce de Toi. On relèvera également le majestueux et sombre 14 février, on passera sur l’hommage musicalement raté à la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi et on terminera sur l’émouvante Les Boîtes (« ces boîtes contiennent toute ma vie »), délicatement accompagné par un accordéon discret.
Au final, on tient avec Enfants d’Hiver le meilleur album de Jane Birkin.

Jane BirkinPériode Bleue (Enfants d’Hiver 2008, Liberty)



Le chanteur Anthony Hamilton se maintient lui à un excellent niveau sur The Point of It All. Hamilton, c’est d’abord une voix superbe, chauffée longtemps dans les chœurs de pionniers de la « nu soul », D’Angelo en tête. Reste la musique. Celle-ci n’évite pas les clichés à quelques reprises (les abominables Her Heart et Soul’s on Fire, une intervention ridicule de David Banner sur Cool) mais surnage suffisamment pour qu’on savoure ce disque, bien meilleur que le dernier John Legend et bien plus authentique que tous les affreux Jamie Lidell ou Raphael Saadiq. Quelques ballades moites valent le détour (Hard to Breathe, Please Stay, The Point of It All) et on avouera être particulièrement emballé par un Prayin’ For You/ Superman qui commence en funk/gospel et se termine sur un blues piano/voix qui laisse entrevoir de sacrées promesses !

Anthony HamiltonThe Day We Met (The Point of It All 2008, SoSoDef)



Non, l’homme aux lunettes noires n’est pas ressorti de sa boîte. En revanche, sa musique en sort fièrement ces temps-ci, avec la publication d’un coffret de quatre disques qui couvrent l’ensemble de sa carrière. Au-delà des tubes de l’immense Roy Orbison, puisque c’est de lui qu’il s’agit (Pretty Woman, Crying, Runnin’ Scared, You Got It), c’est la présence de plusieurs démos et enregistrements guitare/voix qui font de The Soul of Rock N’Roll une acquisition indispensable. A ce moment-là vous allez entendre Precious et Claudette et vous allez frémir à l’écoute de cette voix d’un autre monde.

Roy OrbisonPrecious (The Soul of Rock N’Roll 2008, SonyBMG)



Roy OrbisonClaudette (demo) (The Soul of Rock n’Roll 2008, SonyBMG)



Deux disques de John Zorn qui en aura une fois de plus publié une quantité impressionnante cette année. La suite de ses musiques de film d’abord, avec le volume 22, qui fait entendre un quintet vocal a cappella. Mystérieuse et franchement flippante, la musique de The Last Supper se révèle également superbe, quand bien même vous ne l’écouterez pas tous les matins.

John ZornThe Last Supper (The Last Supper 2008, Tzadik)



Mike Patton gueule, la basse électrique de Trevor Dunn est à son volume maximum, John Zorn fait hurler son saxophone comme aux plus belles heures de Naked City et Joey Baron adore ça. Vous écoutez The Crucible, troisième volet des aventures du trio Moonchild (Dunn, Baron, Patton), augmenté cette fois du maître des lieux, John Zorn lui-même. Tous les éléments des différents projets historiques de ce dernier sont réunis ici, de Naked City donc, aux formations Masada, acoustique et électrique, en passant par Painkiller. Trevor Dunn est particulièrement impressionnant, torturant sa basse de belle manière. Et comme il n’en manquait qu’un, Marc Ribot s’habille en Jimmy Page le temps d’un 9 x 9 calqué sur le Black Dog de Led Zeppelin. Que du bonheur.

John Zorn9 X 9 (The Crucible 2008, Tzadik)



Entre tous ces disques, allez voir le magnifique documentaire autobiographique d’Agnès Varda, Les Plages d’Agnès. Des idées incroyables, une inventivité folle, une voix passionnante et une histoire de l’art (Alexander Calder) et du cinéma (Jacques Demy, Chris Marker, Jean-Luc Godard), vous en ressortirez enchanté.

05/12/2008

PLAT DU JOUR 19 - Françoiz Breut, Matthew Herbert, Peven Everett, John Zorn, Vic Chesnutt, Joe Louis Walker, Kindred The Family Soul


Spadee Sam presents – Plat du Jour 19 Mix



01 – Matthew Herbert Big BandThe Story (There’s me and There’s You 2008, K7/Accidental)
02 – Peven EverettWill I See You There (Dear Europe 2008, StudioConfessions)
03 – Kindred The Family SoulCan’t Help It (The Arrival 2008, HiddenBeach)
04 – Vic Chesnutt, Elf Power, The Amorphous StrumsTeddy Bear (Dark Developments 2008, OrangeTwin)
05 – Joe Louis WalkerI Got What You Need (Witness to The Blues 2008, Dixiefrog)
06 – Françoiz BreutLes Jeunes Pousses (A L’Aveuglette 2008, T-Rec)
07 – John ZornMasque en Sole (Filmworks XXI : Belle de Nature-The New Rijksmuseum 2008, Tzadik)

Excellent nouveau disque en big band du compositeur activiste anglais Matthew Herbert. Une poignée d’années après un déjà très bon Goodbye Swingtime (avec Dani Siciliano et Jamie Lidell) , Herbert récidive en grande formation avec, à la tête de celle-ci, la chanteuse Eska Mtungwazi. Départ en trombe avec l’ample The Story, puis un sexy Pontificate et Waiting, l’une des meilleures plages du disque, swing orchestral et groove soyeux. La ballade n’est pas oubliée avec une belle Rich Man’s Prayer. On aura peut-être du mal à tout avaler en une fois mais morceau par morceau, c’est délicieux.

En revanche, les autres disques du moments sont plutôt inégaux.

Chez Peven Everett, c’est une habitude. Chanteur extraordinaire, évoluant à la frontière de la house et de la soul, l’américain publie une quantité ahurissante de disques composés sur des claviers bons marchés. Ne cherchez donc pas de qualités particulières aux compositions d’Everett mais vous pourrez en revanche savourer le groove imparable qui s’échappe naturellement de sa voix.

De belles promesses à l’écoute des deux premiers titres de The Arrival, le nouvel album du duo Kindred and The Family Soul. Ca s’arrête malheureusement là. Une raison supplémentaire d’apprécier la soyeuse ballade nu soul Can’t Help It, en charmante compagnie et pendant les longues soirées d’hiver.

Pour Vic Chesnutt, la bonne série devait bien prendre fin un de ces jours. Mais la chute n’est pas si brutale. Après deux disques fantastiques, Ghetto Bells et The North Star Deserter, ce Dark Developments semble d’abord bien décevant avant de dévoiler ses charmes au fur et à mesure des écoutes. Beaucoup plus léger (on n’hurle pas de rire non plus rassurez vous) qu’à l’accoutumée, comme ce demi-reggae intitulé Teddy Bear.

Dans son numéro de décembre, le magazine Jazzman a choisi le dernier disque de Joe Louis Walker comme disque de l’année dans la catégorie blues, avec cette conclusion : le blues moderne. Si Witness to The Blues est un disque de blues moderne, nous sommes tous des morts vivants. On ne passe pas un si mauvais moment à l’écoute de Witness mais de là à en faire un disque incontournable, il y a de la marge. Visiblement, la musique de Chris Whitley n’a pas encore résonné dans toutes les oreilles.

La seconde partie du vingt et unième volume des musiques de films de John Zorn est sans intérêt (The New Rijksmuseum, clavecin et percussions). Mais avant d’en arriver là, il y a sept plages et une demi heure de très belle musique avec la bande son de Belle de Nature, un film érotico SM. Pas de surprises dans les compositions de Zorn mais l’association de la harpe de Carol Emanuel, des guitares électrique et acoustique de Marc Ribot et de la contrebasse de Shanir Blumenkranz est une réussite. Une musique beaucoup plus douce et agréable que certaines piqûres d’orties...

Enfin, l’un des meilleurs disques de l’année (le meilleur ?) au rayon chanson française. A l’Aveuglette de la chanteuse Françoiz Breut est magnifique. Voix et textes superbes, musique de grands espaces qui évoquent les meilleurs moments de Holden ou évidemment de Dominique A, on est dans une mélancolie jamais assommante et à la fin de ce disque court (un peu plus d’une demi heure), on se presse de réappuyer sur la touche lecture. Mille fois oui à Françoiz Breut, et courrez offrir A l’Aveuglette à vos amis pour les fêtes.

18/11/2008

PLAT DU JOUR 18 - Otis Redding, Das Kapital, Vinicio Capossela, K.D.Lang, Marianne Faithfull, The Sea and The Cake

Le temps manque un peu pour écouter d'autre choses que d’excellents concerts, mais quelques disques et morceaux picorés par ci par là valent la peine que vous vous y arrêtiez vous aussi.

Pour sa dose de soul et en plus du Mavis Staples live à Chicago, on écoutera le Otis Redding en concert à Londres et Paris en 1968. Rassemblés sur un seul disque, les deux soirées font entendre un Redding au sommet, avec une énergie qui vous met K.O. debout. Ahurissant et essentiel. Le cadeau de Noël idéal.

Otis Redding - Respect (Live in London 1968)

Loin derrière mais pas si mal, Car Alarm des The Sea and The Cake se laisse écouter. Une « électro-pop » comme on dit désormais, urbaine et légère en sucre. En cherchant quelques infos sur le groupe et le disque, on tombait sur cette chronique savoureuse parue sur le webzine « Froggy’s Delight » : « (…)Quoi que puissent en penser quelques jazzeux integristes, le jazz n'est pas mort et sa survie passe par des groupes créatifs comme The Sea and Cake ou Tortoise, qui permettent à cette musique de sortir de la naphtaline et de se trouver un public moins élitiste ». Cherchez l’erreur...

The Sea and The Cake - The Staircase (Car Alarm, 2008)

Ce chroniqueur pourrait faire un tour sur le myspace de Das Kapital. Notre « power trio » (Hasse Poulsen à la guitare, Daniel Erdmann au saxophone, Edward Perraud à la batterie)préféré fait encore des miracles avec désormais trois morceaux de son prochain projet autour du compositeur Hans Eisler en écoute . Allez vite écouter ça sur http://www.myspace.daskap/

Malgré la présence du contrebassiste Greg Cohen, du guitariste Marc Ribot ou de l’accordéoniste Rob Burger, Easy Come Easy Go, le nouvel album de Marianne Faithfull, n'a que peu à voir avec le jazz, mais cette intro contrebasse/guitare/batterie qui ouvre Down from Dover, un morceau de Dolly Parton, et le disque, est savoureuse, tout comme la fin saturée de Hold On, Hold On.
Le disque a cependant plusieurs défauts. Il est beaucoup trop long (qui peut honnêtement supporter la voix de Faithfull aussi longtemps ? ), certains arrangements rendent pénibles l’écoute de quelques morceaux (les cuivres sur Down from Dover par exemple) et plusieurs de ces derniers sont franchement mauvais (How Many Words, Salvation).
La voix de Faithfull fait un peu de peine à entendre sur la reprise de Ooh Baby Baby, la magnifique ballade des Miracles de Smokey Robinson mais la deuxième partie « reggae » du morceau est bien vue et Antony Hegarty assure sur ce coup-là.
Sinon Black Coffee, The Phoenix, Kimbie ou Somewhere (avec Jarvis Cocker et un petit solo signé Ribot) sont vraiment des réussites, ce qui n’est pas si mal.

Marianne Faithfull - Somewhere (Easy Come Easy Go, 2008)

Son dernier disque, Watershed, était déjà très bien. Mais la chanteuse K.D.Lang épate vraiment sur cette session enregistrée il y a trois semaines dans l’émission Morning Becomes Eclectic sur KCRW. Quelle voix, surtout qu’elle est là beaucoup plus libre que sur les enregistrements officiels. Prenez une demi-heure pour apprécier, ça vaut le coup.

K.D.Lang - Live 09/10/2008 on Morning Becomes Eclectic, KCRW

Et puis on vous a gardé le meilleur pour la fin. On en parlera plus longuement dans quelques jours mais vous pouvez dès à présent essayer de vous procurer le nouvel, et comme d’habitude excellent, album du chanteur et musicien italien Vinicio Capossela. Un monde magique où sont invités sur un titre Joey Burns et John Convertino de Calexico. La Faccia della Terra enregistré à Tucson n’est qu’une des merveilles de ce Da Solo.

Vinicio Capossela - La Faccia della Terra (Da Solo, 2008)

11/11/2008

JAZZDOR 2008 - J.04 (10.11) - RUDRESH MAHANTHAPPA'S CODEBOOK + FAT KID WEDNESDAYS


Quelle soirée ! Il fallait être à la Cité de la Musique et de la Danse lundi 10 novembre à partir de 20h30. D’abord pour voir et entendre le Codebook de Rudresh Mahanthappa, une formation abondamment et justement saluée par la critique ces derniers mois. Le jovial saxophoniste y était entouré du ténébreux Vijay Iyer au piano, du mystérieux Dan Weiss à la batterie et de Carlo de Rosa à la contrebasse.
Un projet dont la réussite tient dans le parfait contrepoint entre le phrasé souple et lancinant du leader, mystique et enivrant, et le jeu de piano de Vijay Iyer, qu’on prendra un jour en exemple pour faire entendre la manière de jouer du piano en 2008. Influences be-bop certes, celle de Monk bien sûr, mais surtout assimilation des rythmes, respirations et cadences du hip-hop (Iyer a collaboré à plusieurs reprises avec le rappeur Mike Ladd). Et quand derrière, Dan Weiss cogne à deux mille à l’heure sur sa batterie, évoquant ainsi toute la musique électronique de ces dernières années, on est avec Codebook dans une musique qui puise son énergie loin de tout revivalisme, parfaitement encrée dans son époque, passionnante.

On changeait à la fois de formation et de salle pour s’en aller écouter les Fat Kid Wednesdays dans la Salle d’Orchestre du Conservatoire. Acoustique, le trio de Minneapolis a fini son set sous l’ovation du public. Et ce n’était pas la magnifique ballade jouée en rappel qui était seule à l’origine de ces applaudissements nourris. Pendant plus d’une heure, les trois musiciens ont joué serrés, avec une énergie rare et communicative. Derrière sa batterie, JT Bates se levait régulièrement, emporté par sa puissance. A la contrebasse, Adam Linz était solide comme un rock, tandis qu’au saxophone, le fougueux Michael Lewis délivrait des phrases à la fois magnifique de lyrisme mais régulièrement traversées par des vents tempétueux. On se voyait au fond d’un club enfumé, au temps de Kerouac et de ses amis, comme le poète Grégory Corso avec qui les Fat Kid Wednesdays ont enregistré l’un de leurs disques « faits mains ». Si vous lisez ces lignes, vous n’avez plus d’excuses pour manquer les "Fat Kid" s’ils passent près de chez vous. On vous garantit que des soirées comme celle-ci, vous allez vouloir en passer souvent.

04/11/2008

MAVIS STAPLES - Live Hope at The Hideout (Anti, 2008) ou la Bande Son idéale de la 56ème élection présidentielle américaine


Inutile de chercher bien loin la bande son de la 56ème élection présidentielle américaine, car c'est aujourd’hui 4 novembre 2008, le jour même du vote, que paraît ce disque fantastique.
5 mois auparavant, Mavis Staples se produisait en concert dans un club de Chicago, la ville où réside Barack Obama, entourée du guitariste Rick Holmstrom, du bassiste Jeff Turmes et du batteur Stephen Hodges (entendu aux côtés de Tom Waits, Sam Phillips, Janiva Magness ou Shivaree), ainsi que de trois choristes dont sa sœur Yvonne.
En remontant encore un peu plus loin, on se souvient du superbe We’ll Never Turn Back enregistré par Staples sous la houlette du guitariste et producteur Ry Cooder. Ce sont en partie des morceaux de ce disque qu’interprétait Mavis au Hideout de Chicago, soit des chansons évoquant la lutte pour les droits civiques des années 60. Loin d'un quelconque pessimisme , Mavis Staples n’avait ce soir là pour objectif que « d’apporter la joie et des vibrations positives pour les six prochains mois », ceux qui nous menaient vers ce 4 novembre 2008.
L'objectif fut largement atteint, car ce Hope at The Hideout est un disque parfait. Plus d’une heure de musique qui passe à une vitesse ahurissante, la « faute » à ce mariage miraculeux entre la voix rocailleuse de Mavis Staples et la guitare lumineuse et aérienne de Rick Holmstrom. La première vient rappeler la vacuité des « nouvelles » chanteuses "soul" en plastique, d’Amy Winehouse à Duffy, de par une présence hors du commun, une aisance et une empathie avec le sujet à vous mettre la chair de poule. Quant elle débutait à la fin des années 50 au sein des Staple Singers fondé par son père « Pops », on était en pleine lutte pour les droits civiques, pour le droit des noirs de s’asseoir aux côtés des blancs dans les transports en commun. Un demi-siècle plus tard, elle publie ce disque qui enterre bien des productions actuelles et alors que s’apprête à être élu à la présidence des Etats-Unis un afro-américain. Certains feraient mieux d’enseigner l’histoire autrement qu’en obligeant les enfants à apprendre les paroles dégueulasses de la Marseillaise.
Quant à Holmstrom, il est impressionnant de justesse, d'économie, et dans la maîtrise de son son de guitare.
Alors si vous souhaitez vous faire une place dans le train de l’Histoire en marche, poussez le volume à fond pour écouter ce Hope In The Hideout de Mavis Staples. De là où l’on est, c’est déjà pas mal.

Mavis Staples - Eyes on The Prize (Live Hope at The Hideout 2008, Anti)






Mavis Staples - Freedom Highway (Live Hope at The Hideout 2008, Anti)






Rick Holmstrom - Tutwiler (Late in The Night 2007, M.C.Records)






Rick Holmstrom - Dig Myself a Hole (Late in The Night 2007, M.C.Records)

30/10/2008

CURTIS MAYFIELD - Ep.03 - Movin' On Up, The Music and The Message of Curtis Mayfield and The Impressions

Si vous aimez la musique de Curtis Mayfield, courrez acheter l’excellent DVD « Movin’ On Up, The Music and Message of Curtis Mayfield and The Impressions », paru il y a quelques semaines chez les excellents Reelin In The Years Productions. De ces derniers, on ne saurait également trop vous conseillez l’acquisition des documentaires consacrés à Otis Redding (Dreams to Remember), à Smokey Robinson et ses Miracles (Definitive Performances 1963-1987) ou encore aux Temptations (Get Ready).
Mais revenons à Curtis Mayfield et au DVD qui lui est consacré. Soit deux heures de film alternant interviews passionnantes de Sam Gooden et Fred Cash, ses partenaires au sein des Impressions, de sa femme Altheida, de l’arrangeur Johnny Pate, du leader de Public Enemy Chuck D ou encore du casse-couille mystique Carlos Santana, avec de nombreux clips et performances live des Impressions puis de Mayfield en solo.
Le livret écrit par Rob Bowman est également incontournable pour qui veux tout savoir sur l’histoire de l’un des plus grands songwriters de l’histoire de la musique.

Curtis MayfieldMovin’ On Up, The Music and The Message of Curtis Mayfield

On ne fera pas ici la biographie de Mayfield, que vous devriez trouver facilement un peu partout. Mais parlons musique.
Curtis Mayfield, c’est d’abord une voix. Une voix qui respire le calme et la sérénité ainsi qu’un falsetto immédiatement reconnaissable.
L’arrangeur Johnny Pate parle de ces harmonies dans les aigues sur des morceaux comme I’ve Been Trying et I Need You, devenus la signature des Impressions, tandis que Fred Cash et Sam Gooden évoquent leur sensation sur ces morceaux de surfer chacun sur la voix de l’autre.
On sait également que Jimi Hendrix a été marqué par le jeu de guitare de Mayfield tandis que les textes de ce dernier touchent à de nombreuses reprises au merveilleux.
Si dans la première partie du documentaire consacrée aux Impressions, on se régale des chorégraphies minimales des trois chanteurs et de leurs fabuleuses harmonies sur Choice of Colors ou l’extraordinaire capture live de We’re a Winner, la seconde s’attarde sur la carrière solo de Curtis Mayfield, avec à l’appui des documents passionnants du musicien en concert.
Dans le livret, le critique Rob Bowman écrit que si rares sont les musiciens qui ont laissé leur empreinte sur un style de musique, Mayfield en a lui marqué deux. D’un côté des chansons parfaites avec les Impressions, puis le funk rallongé de sa carrière solo, après 1970 et dont le parfait exemple est le morceau apocalyptique (Don’t Worry) If There’s a Hell Below, We’re all Going to Go. On voit ensuite Mayfield jouer en concert des morceaux comme Keep On Keeping On, We Got To Have Peace, We the People Who are Darker Than Blue ou Give Me Your Love avec un groupe compact dans lequel on relève aux congas le superbe percussionniste Henry Gibson.
Puis viennent les morceaux les plus connus de Mayfield, ceux à l’origine écrits pour la bande originale du film Superfly, Freddie’s Dead, Pusherman, Superfly et cellle qui fait l’unanimité entre l’auteur de ces lignes et l’arrangeur des Impressions Johnny Pate, la merveilleuse et peut-être meilleure chanson écrite par Curtis Mayfield, Eddie You Should Know Better.
Carlos Santana affirme « La musique classique n’est pas que celle des blancs européens, c’est aussi Billie Holiday, Louis Armstrong ou Curtis Mayfield. Ecoutez Mayfield, Holiday ou Armstrong en même temps que Mozart ou Beethoven », tandis que l’Ambassadeur Andrew Young replace la musique de Curtis Mayfield au cœur du mouvement pour les droits civiques des années 60. Avec l’actualité brûlante aux Etats-Unis, c’est l’occasion rêvée de vous immerger dans la musique des Impressions et de Curtis Mayfield, une musique aux messages universels et intemporels.

Spadee Sam presents – Ain’t No Love Lost, a Curtis Mayfield Mix
A Télécharger ici

01 – Freddie’s Dead (Superfly, 1972)
02 – Eddie You Should Know Better (Superfly, 1972)
03 – Ain’t No Love Lost (Got To Find a Way, 1974)
04 – Gyspy Woman (Curtis/Live!, 1971)
05 – The Making of You (Curtis/Live!, 1971)
06 – Underground (Roots, 1971)
07 – Future Shock (Back To The World, 1973)
08 – Get a Little Bit (Give, Get, Take and Have, 1976)
09 – In Your Arms Again (Give, Get, Take and Have, 1976)
10 – Only You Babe (Give, Get, Take and Have, 1976)
11 – The Girl I Find Stays On My Mind (New World Order, 1996)
12 – Here But I’m Gone (New World Order,1996)

25/10/2008

CURTIS MAYFIELD - Ep.02 - William Parker Ensemble "Inside The Songs of Curtis Mayfield", Pôle Sud Strasbourg 23/10/2008

Salle comble jeudi soir à Pôle Sud pour le concert du William Parker Ensemble autour des chansons de Curtis Mayfield.
Le contrebassiste était entouré du pianiste Dave Burrell, de la chanteuse Leena Conquest, du poète Amiri Baraka, du batteur Hamid Drake, des saxophonistes Darryl Foster et Sabir Mateen et du trompettiste Lew Barnes.
Voilà, c’est dit.
Pour le reste, la soirée fut excellente. Liquidons d’abord les quelques points négatifs. Une section de cuivres un peu en deçà, quelques chorus n’auraient pas été de trop, des longueurs sur plusieurs thèmes et un son d’ensemble pas toujours d’une qualité optimale.
Pour le reste, des musiciens généreux, un public à l’unisson (trois rappels), un batteur, Hamid Drake, incroyable de souplesse, de facilité dans sa manière de proposer en permanence des ambiances différentes, une très belle chanteuse, Leena Conquest, qui se transformait parfois en danseuse aquatique, et un pianiste Dave Burrell, qui séduisait à chacun de ses mini chorus free.
Et puis comment passer sous silence la passion qui habite encore Amiri Baraka, soixante-dix ans passés, debout pendant les presque deux heures qu’a duré le concert, totalement habité par la musique à laquelle il participe en déclamant quelques textes. On préfèrera en tout cas garder de lui l’image de l’homme de lettres témoignant passionnément des luttes pour les droits civiques plutôt que celle beaucoup plus obscure qui témoigne de plusieurs faits et gestes pas très fins (violence conjugale, antisémitisme latent, théorie du complot au sujet du 11 septembre, etc).
Bel hommage à Curtis Mayfield donc, où on aura pu entendre des morceaux comme People Get Ready, Freddie’s Dead, It’s Alright, des passages de Makings Of You ou de Sister Love.
Une musique qui évoquait sans détour le free jazz ou la soul des années 60 et 70, aussi bien physique qu’intellectuelle et encrée dans le blues (Le Peuple du Blues d'Amiri Baraka). Avec ce « groove » qui jamais ne faisait défaut, le seul regret au final aura été de ne pas s’être levé pour danser.

Spadee Sam presents – Rythim Blues Mix

01 – Leena Conquest and Hamid DrakeThe Makings of You (The Inside Songs of Curtis Mayfield, Live in Rome 2007, RaiTrade)
02 – William Parker EnsemblePeople Get Ready (The Inside Songs of Curtis Mayfield, Live in Rome 2004, RaiTrade)
03 – William Parker “Raining On The Moon Quartet” feat.Leena ConquestJames Baldwin Went To The Rescue (Raining On The Moon 2002, ThirstyEar)
04 – William Parker “Raining On The Moon Quartet” feat.Leena ConquestSong of Hope (Raining On The Moon 2002, ThirstyEar)
05 – DJ SpookyWilliam Parker "Raining on The Moon Quartet" feat.Leena ConquestSong of Hope (Celestial Mechanix 2004, ThirstyEar)
06 – Leena Conquest and Hip Hop FingerBoundaries (1994, Uptight)
07 – Hip Hop Finger feat. Leena ConquestGot a Light (SubHop 1992)
08 – William Parker “Raining On The Moon Quartet” feat.Leena ConquestPrayer (Corn Meal Dance 2007, AumFidelity)
09 – Dave BurrellSolo Piano (Vision Festival Live in Roma 2004)
10 – Amiri BarakaRythim Blues (In Teir Own Voices, a Century of Recorded Poet 1996, Rhino)
10 – Amiri BarakaShazam Doowah (In Their Own Voices, a Century of Recorded Poet 1996, Rhino)

23/10/2008

CURTIS MAYFIELD - Ep.01 - The Impressions Mix, Carte Blanche à Amiri Baraka


Jeudi 23 octobre, le William Parker Ensemble fera entendre à Pôle Sud Strasbourg son projet autour des chansons de Curtis Mayfield, "Inside Songs of Curtis Mayfield".

L'occasion de (re)découvrir l'oeuvre immense du chanteur, guitariste, compositeur américain, né en 1942 et mort en 1999.

Et quoi de mieux pour commencer qu'un mix d'une heure présentant une vingtaine de ses morceaux avec les Impressions, de 1963 à 1970 ?



Spadee Sam presents - People Get Ready, an Impressions Mix
A Télécharger ici


01 – We Must Be in Love (Check Out Your Mind, 1970)
02 – Sister Love (The Never Ending Impressions, 1964)
03 – A Woman Who Loves Me (The Never Ending Impressions, 1964)
04 – Get Up and Move (People Get Ready, 1965)
05 – It’s not Unusual (One By One, 1965)
06 – Mighty Mighty (Spade and Whitey) (The Young Mod's Forgotten Story, 1969)
07 – The Young Mod’s Forgotten Story (The Young Mod's Forgotten Story, 1969)
08 – Woman’s Got Soul (People Get Ready, 1965)
09 – Little Young Lover (The Impressions, 1963)
10 – Can't Work No Longer (People Get Ready, 1965)
11 – I Need You (Ridin' High, 1966)
12 – Gyspy Woman (The Impressions, 1963)
13 – We’re In Love (People Get Ready, 1965)
14 – Just Another Dance (People Get Ready, 1965)
15 – Choice of Colors (The Young Mod's Forgotten Story, 1969)
16 – I’m so Proud (The Impressions, 1963)
17 – People Get Ready (People Get Ready, 1965)
18 – Just One Kiss From You (One By One, 1965)
19 – Falling In Love With You (One By One, 1965)
20 – That’s What Mama Say
21 – The Girl I Find (The Young Mod's Forogtten Story)
22 – I’ve Found Out That I’ve Lost (People Get Ready, 1965)

La veille du concert de William Parker, c'est Amiri Baraka qui est venu raconter l'histoire des Black Panthers, au Cinéma Star, entre le documentaire d'Agnès Varda "Black Panthers, Huey!" et "La Bataille d'Alger". Une histoire dont l'importance n'a d'égale que la clairvoyance et la passion de Baraka lorsqu'il parle de cette époque où les militants pour les droits civiques des noirs américains étaient loin d'imaginer que presque un demi-siècle plus tard, un noir était sur le point d'accéder à la présidence des Etats-Unis. Un cours d'histoire qui devrait être obligatoire. Aujourd'hui et dans les prochains jours, on se contentera modestement d'évoquer cette histoire en musique.

22/10/2008

PLAT DU JOUR 17 - Ep.05 - Lucinda Williams, Jolie Holland


La même impression domine après l’écoute des nouveaux albums de Lucinda Wiliams et de Jolie Holland : la déception.

Sur Little Honey de la première, ça commence vraiment très mal avec Real Love et son riff emprunté à Led Zeppelin. Du gros rock qui tâche et qui ne fait pas nos affaires. Pour ça, on attendra Tears of Joy, premier d’une poignée de morceaux plutôt sympathiques. Depuis West, son précédent album, on a compris qu’il faudra toujours supporter quelques lourdeurs et des parties de guitares de bûcherons pour s’enthousiasmer sur les meilleurs morceaux de Lucinda Williams. Ici, il faut se taper un Honey Bee où l’on jurerait entendre Patti Smith pour se permettre la délicatesse de Knowing ou de Rarity. On aimerai toujours entendre la voix rauque de Williams sur des morceaux acoustiques comme Heaven Blues ou Plan to Marry.
Mais Little Honey est un album bancal qui ne bénéficie malheureusement ni de la production haut de gamme d’Hal Willner ni de la finesse de musiciens qui oeuvraient sur West (Bill Frisell, Rob Burger, Jenny Scheinman).

Lucinda Williams - Knowing (Little Honey 2008, LostHighway)



Jolie Holland commence elle son Living and The Dead, un disque à la pochette effroyable, par un Mexico City à la limite, à la fois très agaçant et plutôt sympathique en même temps.
En tout cas, jetez un œil (ne le perdez pas) et une oreille (on s'entend...) sur cette version acoustique :

Jolie HollandMexico City (Acoustique)

La suite tombe du mauvais côté et les morceaux s’enchaînent sans passion, malgré la présence des désormais incontournables M.Ward et Marc Ribot aux guitares.
Peut-être un disque qu’on pourra apprécier pendant un long trajet en voiture. Chez soi ça ne prend pas et pour aller droit au but, on écoutera ce très joli Fox in Its Hole aux guitares lumineuses ou Love HenryHolland est accompagnée d’une harpe qui lui va bien. Où l'on comprend à quel point quelqu’un comme Tom Waits est à des années lumières de la concurrence, dans son utilisation des instruments, dans la qualité des arrangements, dans la surprise qui attend l’auditeur à chaque morceaux,. On sent chez Jolie Holland un intérêt certain pour ce genre d’univers mais il y a encore bien trop de retenue chez elle pour entrer dans la cour des très grands.

Jolie HollandFox in its Hole (The Living and The Dead 2008, Anti)

18/10/2008

PLAT DU JOUR 17 - Ep.04 - B.B.King, Bob Dylan


T-Bone Burnett aux manettes, Jim Keltner derrière les fûts, il y avait très peu de chance que le nouvel album de B.B.King soit mauvais. Il est vraiment bon.
Aucune faute de goût dans la production, des musiciens parfaits, tout y est.
On peut alors goûter aux délices de piano bastringue servis par Dr John sur I Get So Weary ou My Love Is Down, discrètement accompagné de cuivres Nouvelle-Orléans, apprécier les classiques How Many More Years ou The World Go Wrong, emballer sur Waiting For Your Call et Blues Before Sunrise et trembler sur Backwater Blues et l’émouvant Tomorrow Night qui clôt l’album de la meilleure des manières.

B.B.KingGet These Blues Off Me



B.B.KingTomorrow Night



Une fois de plus, Burnett prouve qu’il est l’un des plus grands producteurs actuels, avec une touche personnelle et un sens du casting évident. Beaucoup devraient en prendre de la graine.



Le 8ème volume des « Bootlegs » de Bob Dylan, autre légende vivante, est sorti il y a quelques jours et c’est une toute autre histoire. On attendait beaucoup des sessions de Time Out of Mind, répétons-le, son meilleur disque. Mais à part l’excellent et terrifiant Dreamin’ Of You, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une version alternative de Can’t Wait et deux morceaux, Mississippi et Marchin’ To The City venant juste rappeler l’atmosphère moite qui enveloppe le disque produit par Daniel Lanois en 1997.
On relèvera encore un émouvant Most of The Time issu des sessions de Oh Mercy, également produit par Lanois en 1989.
Mais il y a trop de morceaux quelconques sur ce Tell Tale Signs et pas grand-chose pour équilibrer la balance.

Bob Dylan - Marchin' To The City (Sessions Time Out of Mind) (Tell Tale Signs-Bootlegs Vol.08 2008, Columbia)