28/02/2008

MARC RIBOT, Suite Sonore, Deux Mixes

En lien, deux mixes qui illustrent en musique l’article précédent, sur le guitariste Marc Ribot :

MARC RIBOT MIX PT.01 (20min.) http://media.putfile.com/Spadee-Sam-presents---Marc-Ribot-Mix-Pt01


01 – Marc RibotSmall Consolation (Soundtracks II, Tzadik 2003)
02 – Marc Ribot y Los Cubanos PostizosCarmela Dame La Llave (Muy Divertido, 2000)
03 – Solomon BurkeProud Mary (Soul Alive, Rounder 2002)
04 – Marc Ribot St.James Infirmary (Saints, Atlantic/WEA 2001)
05 – Lydia LunchKnives in The Drain (Queen of Siam, Atavistic 1979)
06 – The Lounge LizardsVoice of Chunk (Voice of Chunk, StrangeandBeautifulMusic1988)


Une consolation presque manouche puis cubaine, Solomon Burke et les riffs de guitare de Ribot à l’arrière, un standard en solo puis celui de Robert Quine chez Lydia Lunch et de Ribot chez les Lézards de Salon de John Lurie.

MARC RIBOT MIX PT.02 (18min.) http://media.putfile.com/Spadee-Sam-presents---Marc-Ribot-Mix-Pt02


01 – Alessandro StefanaPoste e Telegrafi Blues (Poste e Telegrafi, ImportantRecords 2007)
02 – Marc RibotIt Could Have Been Very Very Beautiful (Saints, Atlantic/WEA 2001)
03 – Marc RibotThese Foolish Things (Don’t Blame Me, DiskUnion 1998)
04 – Marc RibotRara (Plays Solo Guitar Works of Frantz Casseus, Melod 1999)
05 – Marc RibotAnd Then She Fell (Scelsi Morning, Tzadik 2003)
06 – Marc RibotLa Vida es Un Sueno (The Prostethic Cubans, 1998)


L’italien Alessandro Stefana, une reprise d’un morceau de John Lurie, un autre classique avant des hommages à Casseus et Scelsi, la vie est un rêve disait Arsenio Rodriguez.

27/02/2008

DON'T GO BREAKING MY HEART, Sur La Piste de Marc Ribot


Afin de faire plus ample connaissance avec le guitariste américain Marc Ribot, voici quelques clés qui vous permettront peut-être de mieux aborder son oeuvre.
A la fin des années 70 et au début des années 80, c’est aux côtés de grands noms de la soul music comme Wilson Pickett ou Solomon Burke que l’on entend le guitariste. Faites sans hésiter l’acquisition de l’excellent Soul Alive (RounderRecords, 2002) du «king –Solomon- of rock n’soul» qui témoigne d’un concert à Washington en 1983 et où Ribot se tient aux côtés du roi.
On soulignera qu’il se définit dans plusieurs interviews comme un « guitariste de soul ».

Wilson Pickett chantant Land of 1000 Dances en 1971 :

http://www.youtube.com/watch?v=cdi1_Es85fA

Solomon Burke en concert en 1987 :

http://www.youtube.com/watch?v=IKZ3CmFZKgQ&feature=related

En passant, si vous voulez satisfaire votre soif de connaissance à propos du personnage Solomon Burke, lisez le magnifique livre de Peter Guralnick, « Sweet Soul Music, Rhythm and Blues et rêve sudiste de liberté» (Editions Allia).



La musique classique et contemporaine occupe également une place de choix dans les influences et les directions prisent par Ribot.
Jusqu’à 14 ans, il étudie la guitare avec le maître de la guitare classique hawaïenne Frantz Casseus. En 1999, après la mort de ce dernier, il lui rendra hommage avec le magnifique disque Marc Ribot plays solo guitar works of Frantz Casseus (Melod).

Pour en savoir plus sur la relation entre Ribot et le guitariste hawaïen, lisez cet excellent article écrit par Ribot lui-même :

http://www.bombsite.com/issues/82/articles/2540


Entre temps, en 1992, on a pu entendre sur Requiem For What's His Name le morceau LaMonte’s Nightmare (le cauchemar de LaMonte), allusion au compositeur minimaliste LaMonte Young.
Onze ans plus tard, en 2003, paraît chez Tzadik le disque Scelsi Morning, qui rassemble des pièces pour musique de chambre composé par Ribot. Si le morceau Bataille, qui ouvre celui- ci, est un hommage à Albert Ayler, les pièces suivantes sont inspirés des travaux des compositeurs Giacinto Scelsi (utilisation des percussions) ou Morton Feldman (des pièces contemplatives aux légères superpositions sonores). Et encore une fois un disque superbe, qui voit le guitariste être accompagné entre autres par Anthony Coleman (claviers), Ted Reichman (accordéon), Roberto Rodriguez (percussions) ou Ned Rothenberg (clarinettes).



Le rhythm and blues, la musique classique, le rock. Lorsque Ribot devient musicien professionnel, autour de 1977, c’est la fin du mouvement punk et le début du mouvement No Wave. L’une de ses principales influences va être le guitariste du groupe Richard Hell and The Voidoids, Robert Quine.



http://www.youtube.com/watch?v=nUU85sOxZ78



Ecoutez le solo de ce dernier en 1979 sur Knives in The Drain qu’on entend sur Queen of Siam de la chanteuse et poétesse Lydia Lunch puis celui de Ribot sur cette vidéo du morceau Voice of Chunk par les Lounge Lizards, le groupe des saxophonistes John Lurie et Roy Nathanson :

http://www.youtube.com/watch?v=kRY_PZIKeqM

Marc Ribot a fortement participé à l’aventure des Lounge Lizards, ainsi qu’à celle des Jazz Passengers de Nathanson.
Quant à Robert Quine, lui et Ribot seront réunis en 1997 sur le disque Painted Desert (Avant) de Ikue Mori.


On aura largement l’occasion de parler plus tard du travail de Marc Ribot avec Tom Waits, John Zorn et tant d’autres, mais si l’envie vous prenait de partir à l’aventure, pourquoi ne pas commencer avec l’album solo Don’t Blame Me (DiskUnion, 1995), largement accessible. Saints (Atlantic/WEA, 2001) est dans la même veine.
Puis faites danser vos amis avec les deux disques des Cubanos Postizos, tous deux excellents, et reposez-vous avec son album consacré aux pièces de Frantz Casseus.
Si vous n’êtes pas rassasié, allez écouter ses musiques de films (Shoe String Symphonettes, 1997 et Soundtrack II, Tzadik 2003) avant d’attaquer les plus difficiles et plus inégaux Rootless Cosmopolitans, Shrek, Requiem for What’s His Name (1992) et Yo ! I Killed Your God (Tzadik, 1999).
Et The Book of Heads (Tzadik, 1995), les pièces de guitare composées à l’origine pour Eugene Chadbourne par John Zorn et dont Ribot s’est finalement chargé d’éxécuter ? euh, attendez un peu peut-être…

Pour finir, parmi les nombreux guitaristes sur lesquels Marc Ribot a exercé une influence, citons le jeune italien Alessandro "Asso" Stefana, accompagnateur régulier depuis plusieurs années du chanteur Vinicio Capossela et qui s’est retrouvé adoubé par le maître par le biais d’une reprise de l’une de ses compositions par le Ceramic Dog de Ribot :

Poste e Telegrafi Blues de Stefana, joué par le Ceramic Dog de Marc Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=LNfEtmzqTw4

Et cette curiosité, Alessandro Stefana accompagnant à la guitare classique le chanteur Mike Patton sur La Scalinatella, une chanson de Roberto Murolo :

http://www.youtube.com/watch?v=3C9LE8a-nOc&mode=related&search=

Non Trattare de Vinicio Capossela, avec Stefana à la guitare :

http://www.alessandrostefana.com/

Bref, en attendant de voir Marc Ribot près de chez vous, écoutez sa musique.

26/02/2008

I AM SO 20TH CENTURY, Andrea Parkins et Jessica Constable au MAM de Strasbourg, le 22 février 2008

I am so 20th Century. C’est le nom du projet que présentait mardi 26 février à l’Auditorium du Musée d’Art Moderne de Strasbourg, le duo formé de l’américaine Andrea Parkins et de l’anglaise Jessica Constable.
Une heure d’une incroyable énergie poétique, où Andrea Parkins fut particulièrement impressionnante, passant d’une pédale d’effets à une autre avec précision et intensité. En face, la chanteuse Jessica Constable et sa voix d’une grande douceur, entre Bjork et Beth Gibbons (Portishead), créait un monde étrange, un langage imaginaire , fait tour à tour de vocalises aquatiques, réverbérées puis naturelles, jusqu’au silence.
L’univers électronique de Parkins proposait quant à lui de superbes mélodies, en même temps qu’il imprimait des rythmes parfois quasi technoïdes. Et lorsqu’elle s’empara de son accordéon, ce fut pour une invitation à un cabaret sauvage déchirant.
L’attention, la concentration et le plaisir qui se dégageaient des gestes d’Andrea Parkins étaient fascinants, tout autant que l’était l’immersion, du début à la fin du concert, de Jessica Constable dans son discours fantasmagorique.


http://www.myspace.com/andreaprkinsandjessicaconstable


http://myspace.com/andreaparkins
http://myspace.com/jessicamconstable
http://www.andreaparkins.com/
http://www.jessicaconstable.net/

18/02/2008

A LOVELY WAY TO SPEND YOUR (SATURDAY) EVENING, Christine Clément en Concert à l'Artichaut le 16/02/2008


A Strasbourg, le bon plan du week-end était sans aucun doute d’aller samedi soir écouter, gratuitement, la chanteuse Christine Clément au caveau de l’Artichaut.

Un premier set la voyait en duo avec le saxophoniste Roby Glod. Un début âpre, difficile, qui a semblé en décourager plus d’un, et qui voyait la chanteuse dialoguer avec le saxophoniste, alternant cris et chuchotements, entre Phil Minton et Cathy Berberian. Mais en épousant les pentes parfois abruptes des vocalises de Christine Clément, on arrivait dans des contrées d’une incroyable beauté. Petit à petit, les mouvements vocaux dissonants et agressifs laissaient place à de longues plages contemplatives où il devenait difficile de dissocier la voix des plaintes du saxophone. Les deux musiciens étaient remarquables dans leur capacité à épouser mutuellement les directions musicales proposées par l’un ou l’autre. A la fin du set, on avait en tête toute une série d’images esquissées pendant une heure par le duo Clément/Glod.

http://www.myspace.com/christineclementrobyglod

Quelques minutes plus tard, c’est Pascal Gully qui prenait place derrière sa batterie, Christine Clément manipulant quant à elle une petite console d’où étaient lancées des boucles, à partir de notes et d’accords qu’elle jouait sur son clavier. To Catch a Crab, le nom du groupe, débutait donc un set beaucoup plus « pop », avec une série de morceaux là ou la première partie de la soirée s’était déroulé en continue.
De la douceur, de la poésie, une musique pleine d’imagination, de légèreté et de silences, Pascal Gully superbe de finesse aux balais et aux percussions, assurant un groove permanent, comme une pulsation vitale sur laquelle la voix de la chanteuse se déplaçait, tour à tour d’une mystérieuse neutralité puis l’instant d’après d’une incroyable sensualité.
La voix trouvait également un prolongement naturel dans les notes que jouait Christine Clément à la trompette, là encore avec un délicat sens du temps et des silences.

http://www.myspace.com/tocatchacrab


Vraiment, « Allez aux concerts ». Tel était le message de la chanteuse à la fin de la soirée.

Et pourquoi pas, par exemple, le 26 février au Musée d’art Moderne de Strasbourg, avec deux autres pourvoyeuses de rêves sonores, Andrea Parkins (claviers, accordéons, électroniques) et Jessica Constable (chant, électroniques).

http://www.myspace.com/andreaparkinsandjessicaconstable


D'ici là, écoutez également la norvégienne Maja Ratkje, qui s'apprête à sortir un disque sur le label Tzadik de John Zorn :


http://www.myspace.com/majaratkje


Et faites de beaux rêves…

16/02/2008

EXERCICES FUTILES, ou l'Eclectique Marc Ribot

Photo : Claudia Marschal

Excellent concert du Marc Ribot Spiritual Unity à Pôle Sud Strasbourg, vendredi 8 février.
Le guitariste y était particulièrement en forme. A la batterie Chad Taylor assurait aussi bien que Roy Campbell à la trompette, tandis que devant Henry Grimes, c’est la crainte qui vous saisissait et mieux valait ne pas croiser son regard lorsqu’était calé sous son menton le violon qu’il martyrisait pendant un superbe solo!
Pour avoir vu la formation il y a trois ans à Bâle, le concert de Strasbourg s’est révélé bien meilleur, beaucoup plus aéré, énergique et joyeux qu’à l’époque.
Les premières notes du concert résumaient bien la principale qualité de Ribot, à savoir celle de laisser la place aux silences, à l’espace dans la musique. De fait c'est avec plaisir qu'on le retrouve jouant sur quantités de disques dont on reparlera.
En ce qui concerne le Spiritual Unity, c’est autant la musique que le projet lui-même qui est remarquable. Donner aujourd’hui au public l’occasion d’entendre le répertoire d’un musicien aussi important qu’Albert Ayler avec en toile de fond l’évocation de moments incontournables de l’histoire de la musique, le free jazz, les marches funèbres des big bands de la Nouvelle-Orléans, les riffs du rock électrique ou du funk.

En tout cas, si pendant et après le concert, le public semblait dans l’ensemble avoir passer une très bonne soirée, quelques uns se sont révélés être de l’avis contraire, ce qui au passage est toujours assez rassurant …

A propos du concert de Strasbourg :

http://stef-blogapart.blogspot.com/2008_02_01_archive.html

Et sur celui du lendemain à Paris :

http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/02/13/7915963.html

http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2008/02/10/revival-free.html

http://bladsurb.blogspot.com/2008/02/hommage-albert-ayler-cit-de-la-musique.html


L’éclectisme des collaborations de Marc Ribot est vraiment admirable. En voici un très petit aperçu avec trois vidéos.

D’abord un extrait d’un concert solo, « formule » sous laquelle Ribot excelle. Ici, une magnifique version de Happiness Is a Warm Gun des Beatles (White Album, 1968), que l’on peut retrouver sur le disque Saints (2001, Atlantic/WEA) de Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=6VjKKFu83xw


Puis avec les Cubanos Postizos, impressionante formation all-stars avec Anthony Coleman au clavier, Brad Jones à la contrebasse, et les Rodriguez, E.J. aux percussions, Roberto à la batterie (sans lien de parenté) pour soutenir Ribot dans l’hommage qu’il rend au guitariste et chanteur cubain Arsenio Rodriguez sur les deux disques avec les Cubanos Postizos, Marc Ribot y Los Cubanos Postizos (1998, Atlantic/WEA) et Muy Divertido (2000, Atlantic/WEA) :

http://www.youtube.com/watch?v=zLM0z0SdMX8

Enfin, l’une de ses collaborations les plus récentes, sur Raising Sand (2007, Rounder), le disque de Robert Plant et de la chanteuse Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett, avec quelques excellentes vidéos ici :

http://www.cmt.com/shows/dyn/cmt_crossroads/127935/episode.jhtml

Sur celles-çi, ne ratez pas les reprises de Black Dog ou de When The Levee Breaks de Led Zeppelin ainsi que le fantastique morceau fantôme Rich Woman avec son enveloppe sonore dont l'entoure le génial T-Bone Burnett.

Des hommages à Albert Ayler ou à Arsenio Rodriguez jusqu’à la participation à un projet plus grand public entre country, blues et variété de qualité, ses multiples projets avec John Zorn, sa présence sur les disques de Tom Waits, Vinicio Capossela, Susana Baca, Sarah Jane Morris, Chocolate Genius, Elysian Fields, Zakarya, Jean-Louis Murat, Alain Bashung, T-Bone Burnett, Cassandra Wilson, et d’autres, suivre Marc Ribot n’est certainement pas un exercice futile...

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)