27/06/2008

EN SOLDES ! T.Buckley,R.Nathanson,Prince,M.Gaye,R.Orbison,N.Springsteen,H.Lavoe,La Lupe,M.Santamaria,Baby Loves Jazz


Spadee Sam presents –After The Dance Mix

01 – The Baby Loves Jazz BandTen Little Monkeys (Go Baby Go 2006, Verve)
02 – Monguito Santamaria feat.Ronnie MarksCrying Time (Blackout 1970, Fania)
03 – Roy OrbisonBlue Angel (Lonely and Blue 1960, Monument/Legacy)
04 – Bruce Springsteen with The Sessions BandFurther Up (On The Road) (Live in Dublin 2007, Columbia)
05 – Roy NathansonHome (Sotto Voce 2006, AumFidelity)
06 – Marvin Gaye – I Wanna Be Where You Are (After The Dance) (I Want You , Motown)
07 – Hector LavoeTus Ojos (La Voz 1975, Fania)
08 – La LupeAlivio (They Call Me La Lupe 1966, Fania)
09 – PrinceRaspberry Beret (Around The World In a Day 1985 , Warner Bros.)


Profitez des soldes pour acheter des disques...
Le Baby Loves Jazz Band est un projet plutôt drôle puisqu’il s’agit de reprendre des chansons populaires pour enfants en version jazz. Sans se prendre le moins du monde au sérieux, le trompettiste Steven Bernstein (Sex Mob, Millenium Territory Orchestra) réunissait autour de lui en 2006 le saxophoniste Briggan Krauss (Sex Mob), le claviériste John Medeski (Medeski, Martin and Wood), le batteur Ben Perowsky (John Zorn, Dave Douglas), les contrebassistes Brad Jones (Marc Ribot Cubanos Postizos, Ornette Coleman), et Lennie Plaxico (Cassandra Wilson, Chet Baker), ainsi que les chanteurs Babi Floyd (Rolling Stones) et l’excellente Sharon Jones. Working on The Railroad, Old MacDonald, Ten Little Monkeys ou You Are My Sunshine sont ainsi réinterprétés, et l’album comporte une dizaine d’interludes musicaux explicatifs sur les différents instruments (la trompette, le piano, la batterie, etc). Les enfants qui fêtent leur anniversaire avec Go Baby Go dans la platine ont bien de la chance.

Trois albums issus du label Fania, le label essentiel du latin jazz des années 60 à 80.

Blackout, du pianiste Monguito Santamaria, fils de l’immense percussionniste cubain Mongo Santamaria, est un très bon disque. Si les morceaux en espagnol sont assez classiques, ceux, au nombre de quatre, chantés en anglais par Ronnie Marks sont excellents et ravissent les collectionneurs de morceaux latin jazz chantés en anglais dont on fait partie.
Si c'est également votre cas, pensez à jeter une oreille sur le I Need Her, a Latin Jazz Mix, en écoute sur le myspace de Spadee Sam, avec entre autres Chollo Rivera et Joe Bataan.

La Voz, paru en 1975, est le premier album sous son nom du grand chanteur Hector Lavoe, qui survole ce disque magnifique. La salsa à son sommet (arrangements de Willie Colon et Louie Ramirez, Ruben Blades aux chœurs), avec en final le génial Mi Gente, et des boléros à tomber, comme ce superbe Tus Ojos.
On notera que Milton Cardona, dont on avait parlé lors de l’article sur Kip Hanrahan dont il est un proche, est crédité aux congas.

Le troisième album Fania acheté ces jours-ci est They Call Me La Lupe. La Lupe est probablement la plus grande gueuleuse de l’histoire de la musique. Mais c’est aussi l’une des plus grandes interprètes de boleros, du genre à vous donner la chair de poule à chaque morceau. C’est encore le cas ici avec El Preso Numero Nueve, Pensando en Ti et Alivio, qui cohabitent avec les plus casse-gueules El Cascabel, l’America de West Side Story et la reprise du Dominique de Sœur Sourire !La Lupe, c’est aussi ces Oy brûlants comme une après-midi cubaine en plein soleil.

On évoquait Roy Orbison en retraçant la carrière de T-Bone Burnett.
Lonely and Blue, paru en 1960, est la quintessence du style d’Orbison, soit des ballades romantiques enrobées de cordes, au-dessus desquelles plane l’incroyable voix du chanteur, l’une des plus exceptionnelles de la musique populaire. Oh Happy Days !

Roy Orbison est cité par Bruce Springsteen sur le morceau Thunder Road (as the radio plays Roy Orbison singing for the lonely). On en avait déjà parlé il y a de cela plusieurs mois mais le live à Dublin de Springsteen et son « sessions band » est l’un des meilleurs disques, si ce n’est le meilleur, du boss. La version d’Atlantic City qui ouvre l’album est exceptionnelle et plusieurs autres morceaux sont du même niveau. Les musiciens sont excellents, on peut entendre Mark Anthony Thompson sur Eyes on The Prize et ce très beau Further On (Up The Road) ainsi que le superbe violon de Sam Bardfeld.

On retrouve ce dernier sur un autre disque essentiel, paru en 2006 sur le label Aum Fidelity. Sotto Voce, du saxophoniste Roy Nathanson est l’un des meilleurs projets de ces dernières années. Autour de lui, Sam Bardfeld donc au violon, Curtis Fowlkes au trombone, Tim Kiah à la contrebasse et Napoleon Maddox, que vous connaissez bien si vous lisez ce blog de temps à autres, à la « boîte à rythme humaine ». Ce dernier assure donc la partie rythmique, et Nathanson est aussi génial au saxophone que sur les parties vocales. Qui peut encore reprendre Sunny sans tomber dans le ridicule ? Maddox, lui, chante même sur Sunrise, Sunset, un morceau dont on laissera quand même la version définitive à Claudine Longet

On ne s’étendra pas sur Marvin Gaye et son I Want You produit par Leon Ware, autre grand sentimental, l’un des sommets de la musique soul, comme le sont la plupart des disques de Marvin Gaye. Disons juste que sur la version Deluxe se trouve I Wanna Be Where You Are (After The Dance), et cela devrait être suffisant pour vous convaincre d’acquérir ce disque.

Enfin, Around The World in a Day, la cuvée 1985 de Prince. Pas son plus grand disque, c’est sûr, la production d’époque fait souffrir. Mais rien que pour Raspberry Beret, difficile de regretter l’achat. On parle rarement de ce qui fait la force de Prince, et qui pourrait être le dénominateur commun des plus grands de la musique populaire. Oui, comme chez Debussy ou Dylan, ce qui fait la différence, c’est le sens du rythme, du phrasé, une manière de tisser d'incroyables lignes mélodiques. Il y a chez ces musiciens la même façon de partir dans une phrase et de retomber naturellement au moment parfait. Ecoutez le deuxième couplet de Raspberry Beret et vous entendrez Dylan dans la voix et dans le rythme (If I planned 2 do her any harm). Cette perfection dans le rythme de la mélodie, on la retrouve à maintes reprises chez Prince, par exemple sur Joy in Repetition. On lui consacrera bientôt plus de temps.


En bonus, le premier DVD sur Tim Buckley, My Fleeting House, sorti chez Manifesto. Autant dire que si vous aimez la musique, il faut vous précipitez sur l’occasion de voir rassembler toutes les images de Tim Buckley en concert. Tim Buckley est l’un des plus grands génies de la musique du XXème siècle. Alors que l’on en fait des tonnes sur Zappa, on parle beaucoup moins du père de Jeff, qui a pourtant en moins d'une dizaine d'années repoussé toutes les limites. Chanteur fabuleux et bien moins agaçant que son fils, extraordinaire musicien, on peut voir sur ce documentaire l’évolution de son style depuis le folk des débuts jusqu’au funk salace des derniers jours, en passant par le free jazz. On peut penser que Tim Buckley est l’un des plus grands chanteurs de jazz.
Et puis il y a ce moment surréaliste où Buckley, assis sur l’un des fauteuils de l'émission de Steve Allen après avoir chanté Morning Glory, semble perdu et affligé par la conversation entre le présentateur et l’une des invités qui lui parle de… sa coupe de cheveux !

Tim Buckley
- Live Boboquivari

25/06/2008

PLAT DU JOUR 11 - Ry Cooder, Elvis Costello, Lylie Auldist, Tricky, Randy Newman, Solomon Burke




Spadee Sam presents - Plat du Jour 11 Mix



01 – Elvis Costello and The ImpostersDrum and Bone (Momofuku 2008, Universal)
02 – Kylie Auldist with The BamboosCommunity Service Annoucement (Just Say 2008, TruThoughts)
03 – TrickyC’mon Baby (Knowle West Boy 2008, Pias)
04 – Ry CooderPink-o-Boogie (I, Flathead 2008, Nonesuch)
05 – Solomon BurkeUnderstanding (Like a Fire 2008, ShoutFactory)
06 – Randy NewmanHarps and Angels (Harps and Angels 2008, Nonesuch)
07 – Elvis Costello and The ImpostersHarry Worth (Momofuku 2008, Universal)
08 – Ry CooderCan I Smoke in Here (I, Flathead 2008, Nonesuch)
09 – Randy NewmanOnly a Girl (Harps and Angels 2008, Nonesuch)
10 – Matthew ShippThe Sweet Science (Right Hemisphere 2008, RogueArt)



Avec Elvis Costello, Solomon Burke, Ry Cooder, ou Randy Newman, ce sont des poids lourds de la musique populaire dont les disques sont ou s’apprètent à sortir ces temps-ci.

Le plus lourd des trois est sans conteste le roi Solomon, qui, de son trône, offre Like a Fire à un public dont on fait partie. Mais passée une première écoute rapide et prometteuse, on repère petit à petit les grosses ficelles qui font sombrer l’album dans le superficiel. Avec Eric Clapton ou Ben Harper à l’origine de certains des morceaux, il y avait honnêtement peu d’espoir de marquer les esprits. Surtout depuis l’exceptionnel Don’t Give Up On Me (Anti), qui, en 2002, avait vu le retour aux affaires de Burke. Mais sur ce dernier, c'était Joe Henry qui était aux manettes, et les chansons étaient signées du même Henry, de Tom Waits, Bob Dylan, Elvis Costello, Brian Wilson ou Dan Penn avec des musiciens qui avaient pour noms Jay Bellerose ou Chris Bruce. Un autre monde. Ici, la couche de vernis appliquée au disque par le producteur Steve Jordan ne tient pas les premières pluies et seule la voix, à jamais superbe, de Solomon Burke, survit à l’effondrement de l’édifice.

Solomon BurkeFlesh and Blood (Joe Henry)

Elvis Costello lui, va droit au but. Momofuku est un disque de rock direct, bien produit et si l’on est d’humeur à supporter la voix de canard à bout de souffle de Costello, c’est avec plaisir que l’on écoute un album qui débute teigneux, finit romantique, et regorge comme souvent d’excellentes chansons.

Signons vite une pétition pour l’amélioration des arrangements sur les disques pop. Le prochain Randy Newman, Harps and Angels souffre sacrément de ces affreuses vaguelettes de cordes, les mêmes qui pourissent quantité de films. Sinon, l’impression dominante est d’être dans un disque, poli, du Tom Waits de la fin des années 70, Blue Valentine ou Heartattack and Vine.
Agréable à écouter, suffisamment court pour ne pas trop s’y ennuyer, les textes canailles de l’extraordinaire parolier qu’est Newman sont beaucoup plus savoureux que la musique sur ce Harps and Angels , loin tout de même d'être un mauvais disque.




Randy NewmanA Few Words in Defense of Our Country

On sursaute en entendant la première plage du nouveau Tricky. Un motif de piano et la voix d’outre-tombe du chanteur font espérer le retour à la complexité tordue des premiers albums. Et puis, une chanteuse r’n’b et un gros riff qui tache viennent gâcher le plaisir. Puppy Toy, où le parfait résumé d’un très inégal Knowle West Boy. La flamme rallumée sur Coalition, moite à souhait, et pour le reste, des horreurs comme plusieurs raggas ridicules (Baccative, Balgaga), l’hommage pathétique à Hooverphonic (Past Mistake), ou du r’n’b à l’arrêt (Veronika). Frustrant.

TrickyPuppy Toy, Live at Jools Holland

Deux catégories semblent s’être formées dans le monde des nouvelles chanteuses soul. Les « populaires », avec Amy Winehouse bien sûr, puis Duffy, Adele et d’autres d’un côté, et les « alternatives », avec Sharon Jones, Alice Russell, Nicole Willis et désormais Kylie Auldist. Accompagnée par le groupe australien The Bamboos, cette dernière publie sur le label TruThoughts, Just Say, son premier album. On va la faire courte, c’est du déjà entendu mille fois. On peut néanmoins parfaitement l’entendre encore un peu si on nous sert des morceaux aussi bons que Community Service Annoucement ou No Use. En revanche, la reprise de Everybody Here Wants You de Jeff Buckley est dispensable. Surtout que c’est l’un des seuls morceaux de Buckley fils que l’on arrive encore à écouter. En tout cas, Just Say est plus que recommandable.

Pour terminer, Ry Cooder conclue sa trilogie californienne avec I, Flathead, qui, sans égaler le fantastique Chavez Ravine, est bien meilleur que le décevant My Name is Buddy, paru l’an dernier. Jim Keltner est toujours à la batterie et la musique cinématographique servie par Cooder est un très bon exemple de ce qu’on apprécie par ici. Un son chaud, de la musique riche à tous les niveaux, des histoires (Steel Guitar Heaven), de l’éclectisme, de l’humour (Johnny Cash), de la finesse (My Dwarf is Getting Tired), du rêve (Little Trona Girl). I, Flathead, un disque où l’on ne s’ennuie pas un instant. Pouvez-vous en citer beaucoup d’autres en ce moment ?

Ry CooderDown in Mississippi (JB Lenoir)


21/06/2008

JENNY SCHEINMAN, Un 21 juin entre San Francisco et New York


SPADEE SAM presents – June 21; a Jenny Scheinman Mix

01 – Jenny ScheinmanShame, Shame, Shame (Jenny Scheinman 2008, Koch)
02 – Jenny ScheinmanSeating of The Bride (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)
03 – Charming HostessKlezsex (Eat 1999, Vaccination)
04 – Scott Amendola BandOladipo (Believe 2005, Cryptogramophone)
05 – Vinicius CantuariaChuva (Cymbals 2007, Naive)
06 – Marta TopferovaSemana Azul (La Marea 2005, WorldVillage)
07 – Vinicius CantuariaIrapurù (Vinicius 2001, TransparentMusic)
08 – Jenny ScheinmanTango for Luna (Shalagaster 2004, Tzadik)
09 – Doug WieselmanTango (Dimly Lit-Collected Soundtracks 1996-2002 2003, Tzadik)
10 – Bill FrisellAnywhere Road (The Intercontinentals 2003, Nonesuch)
11 – Scott Amendola BandHis Eye Is On The Sparrow (Cry 2003, Cryptogramophone)
12 – Bill FrisellHymn for Ginsberg (Unspeakable 2004, Nonesuch)
13 – Jenny ScheinmanJune 21 (12 Songs 2005, Cryptogramophone)
14 – Vinicius CantuariaCubanos Postizos (Live at The Skirball Center 2003, Kufala)
15 – Jenny ScheinmanMilk Bottle (Shalagaster 2004, Tzadik)
16 – Carla Bozulich feat.Willie NelsonCan I Sleep in Your Arms (Red-Headed Stranger 2003, DiChristineStairBuilders)
17 – Norah JonesI’ve Got To See You Again (Come Away With Me 2002, BlueNote)
18 – Jenny ScheinmanThe Burro (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)



C’est en 2002 qu'on fit véritablement connaissance avec la violoniste américaine Jenny Scheinman. Cette même année paraissaient en effet The Rabbi’s Lover chez Tzadik, ainsi que Come Away with Me, l’album de son amie Norah Jones, auquel elle participait.
Ce n’était pas son premier disque, mais The Rabbi’s Lover, paru dans la série Radical Jewish Culture du label Tzadik, marqua l’apparition de la musicienne sur le devant de la scène new-yorkaise. Autour d’elle , pour célébrer la maîtresse du rabbin, rien de moins que Greg Cohen et Trevor Dunn à la contrebasse, Kenny Wollesen à la batterie, Russ Johnson à la trompette et Adam Levy à la guitare. On retrouvait les mêmes sur le premier album de Norah Jones, qui s’il n’était pas le disque le plus aventureux du siècle avait pour lui de contenir d’excellentes chansons, jouées par de non moins excellents musiciens (Bill Frisell, Brian Blade, Rob Burger, Tony Scherr).

A la fin des années 90, Jenny Scheinman s’installe définitivement à New York. Auparavant, elle grandit et apprit la musique à San Francisco. C’est là qu’elle devint professionnelle et qu’elle intègra la formation du batteur Scott Amendola, pour trois excellents disques (deux d’entre eux sur le label Cryptogramophone), avec également le guitariste Nels Cline. Dans le Scott Amendola Band, on pouvait déjà entendre dans son jeu de violon un sens de la mélodie de l'espace remarquable.


Scott Amendola Band
avec Nels Cline et Jenny Scheinman - Live 2007
Nels Cline et Jenny Scheinman - Live


Elle fait la rencontre de Lee Townsend, patron du label Nonesuch, et ce dernier lui présente le guitariste Bill Frisell, avec qui va débuter une étroite collaboration artistique. Depuis dix ans, Jenny Scheinman est ainsi de tous les projets avec cordes du guitariste.


Bill Frisell
Band avec Jenny Scheinman - Sugar Baby, Live


On retrouvera à plusieurs reprises le duo Frisell/Scheinman avec le chanteur-guitariste brésilien Vinicius Cantuaria, par exemple sur le magnifique Vincius, paru en 2001, sur lequel interviennent également Caetano Veloso, le bassiste Marc Johnson, Marc Ribot ou le trompettiste Michael Leonhardt. Cantuaria, installé depuis de nombreuses années à New York, est membre avec Scheinman du beau projet de Frisell, The Intercontinentals.
Leur collaboration trouve son sommet sur le disque Live at the Skirball Center, enregistré en 2003, probablement l’un des plus beaux disques jamais enregistré en concert. La rythmique basse (Sergio Brandao) / percussions (Paulo Braga à la batterie, Nanny Assis aux percussions) est extraordinaire, et les mélodies de la violoniste accompagnent à merveille le jeu de guitare économe et subtil de Vinicius Cantuaria.


Marta Topferova
avec Jenny Scheinman - Live

L’un des fidèles de Bill Frisell est le multi instrumentiste Tony Scherr. C’est lui qui tient la basse sur son dernier disque, History Mystery, ou Scheinman est également présente au sein d’un trio de cordes comprenant aussi Eyvind Kang et Hank Roberts.
Tony Scherr est membre de Sex Mob, l’une des formations du trompettiste Steven Bernstein. C’est aussi un excellent guitariste, chanteur (deux albums dont le dernier, Twist in the Wind, est sorti il y a quelques semaines sur Smells Like Records, et comporte entre autres le superbe I Could Understand) et un producteur recherché. Il s’est donc occupé du premier disque vocal de Jenny Scheinman, paru il y a quelques jours chez Koch et qui, à l’instar de son amie Norah Jones, montre le goût de la violoniste pour les chansons américaines, celles écrites par Bob Dylan, Lucinda Williams ou Tom Waits.


Tony Scherr
- I Could Understand, Live at the Ballroom 2008


De San Francisco à New York, le voyage est long. Pour la route, en plus des disques de Jenny Scheinman, le recueil de nouvelles de Sam Shepard, Ballade au Paradis (Crusing Paradise 1996) (ed.Pavillons Robert Laffont 1997), ferait un excellent compagnon de route.

17/06/2008

PLAT DU JOUR 10 - Marc Ribot Ceramic Dog, N.E.R.D., El Madmo, Joan As Police Woman, Jean Grae, Tindersticks

Spadee Sam presents – Plat du Jour 10 Mix

01 – Jean GraeJean Experience (The Orchestra Files 2007, TrafficEntertainment)
02 – N.E.R.D.Yeah You (Seeing Sounds 2008, Interscope)
03 – Jean GraeIt’s Alright (The Orchestral Files 2007, TrafficEntertainment)
04 – Marc Ribot Ceramic DogTodo El Mundo es Kitsch (Party Intellectuals 2008, Enja)
05 – El MadmoHead In a Vise (El Madmo 2008, TeamLove)
06 – Joan as Police WomanHoliday (To Survive 2008, Reveal)
07 – TindersticksThe Turns We Took (The Hungry Saw 2008, BeggarsBanquet)
08 – TindersticksMarbles (Tindersticks 1993, Island)
09 – Marc Ribot Ceramic DogFor Malena (Party Intellectuals 2008, Enja)
10 – El MadmoI Like It Low (El Madmo 2008, TeamLove)


Jean Grae, fille du pianiste Abdullah Ibrahim et de la chanteuse Sathima Bea Benjamin, est depuis plusieurs années l’une des artistes hip-hop les plus intéressantes, proche, entre autres, de Talib Kweli. Histoire de faire patienter jusqu’à la parution prochaine de Phoenix ou de Jeanius, produits par 9th Wonder et annoncés pour bientôt, elle publiait il y a quelques mois un disque d’inédits, The Orchestra Files, d’excellente facture.

Beaucoup plus riches, les trois membres de N.E.R.D, dont Chad Hugo et Pharell Williams, sortent leur trosième album, Seeing Sounds. Comme d’habitude avec ces producteurs officiant un peu partout sous le nom des Neptunes, le disque est bourré de bonnes idées. Malheureusement, elles sont pour la plupart inabouties et gâchées par des ficelles trop grosses pour être honnêtes. La production bien trop lisse laisse également à désirer. Dommage, car au milieu du disque, on se prend à pousser considérablement le volume sur le remarquable Yeah You, pas loin d’être une chanson parfaite, avec un Pharrell Williams vocalement irrésistible, en totale décontraction. L’un des morceaux de l’année.

Mais pas le meilleur, car la place est réservée à quelqu’un sur lequel on n’aurait au départ pas parier pour ce qui est d'occuper la tête de cette catégorie : le guitariste Marc Ribot. Sur Party Intellectuals, son nouvel album en trio avec le batteur Ches Smith et le bassiste Shahzad Ismaily, Todo el Mundo es Kitsch est un bijou idéal pour longer la côte en décapotable. Les paroles sont ce qu’on a entendu de mieux depuis des siècles :

« In San Tropez we tanned on the beach,
In Barcelona we viewed for Gaudi,
In Frankfort we drove in an Audi,
In Brussels we saw the Manneke Pis
Todo el Mundo es Kitsch

La guitare branchée sur la pédale wah-wah, la voix traînante du new yorkais Ribot est rejointe par celle, très jolie, de la non moins jolie prof de chant et chanteuse du groupe Dark Room, Janice Cruz.

Il y a d’autres excellents moments sur Party Intellectuals, comme cette reprise nerveuse de Break On Through des Doors, l’hypnotique Digital Handshake composé par le guitariste Alessandro « Asso »Stefana, fidèle accompagnateur du chanteur italien Vinicio Capossela, le reggae intimiste Malena ou l’électro-funk latin Fuego.
Mais c’est surtout sur l’émouvant When we were Young and we were Freaks que Ribot impressionne. Ceux qui l’ont vu ou entendu en concert savent à quel point Ribot peut être génial lorsqu’il se met à chanter/parler sur des morceaux tordus, entre folk, free jazz et soul. Sa reprise live du Baby It’s You des Shirelles est ainsi monumentale et When We Were Young est l’exemple même de ce qui fait que Ribot est l’un des musiciens les plus passionnants aujourd’hui.

El Madmo est le trio rock de Norah Jones. Frais et sans prétention, des morceaux comme Head In a Vise ou le langoureux I Like It Low, qui pourrait avoir figuré sur un album de Morphine, se dégustent volontiers.

On reste à New York avec la violoniste Joan « as Police Woman » Wasser qui publie son nouvel album, le très réussi To Survive.
Avec Honor Wishes, le disque commence bien, avec sa belle mélodie au piano, une très jolie voix et la présence discrète de David Sylvian aux chœurs.
Il y a plein de petits moments soul sur To Survive qui le rende agréable, d’autant que Joan Wasser chante vraiment bien et que le disque est proprement produit. Urbain, mélancolique sans être plombant, loin des gémissements de ses collègue Antony ou de Rufus Wainwright, ce dernier la rejoignant pour, il n'y a pas de surprise, le morceau le plus pompier de l’album, un insupportable To America. Mais avant ça, neuf morceaux qui valent le détour.

D’autres qui flirtent depuis longtemps avec la soul sont les anglais des Tindersticks. Rien de neuf sur The Hungry Saw, leur nouvel album, mais toujours une poignée de très beaux morceaux et d’autres plages plus anecdotiques. Et toujours à la limite du sirupeux avec des arrangements de cordes qui utilisent la même recette depuis quinze ans. Mais la voix de Stuart Staples suffit à notre bonheur, quand bien même les atmosphères tordues des premiers disques se sont depuis longtemps évaporées.

11/06/2008

JENNY SCHEINMAN, ou l'Amérique au Clair de Lune


Si cet été, afin de rendre inoubliables vos soirées à deux, à regarder les étoiles le bras autour de votre compagn(on)e, vous n'achetez pas le premier disque "vocal" de la violoniste Jenny Scheinman, produit par Tony Scherr et où l'on retrouve Bill Frisell et Kenny Wollesen, il n'y plus rien à faire.

Sur Jenny Scheinman, Shame Shame Shame, Newspaper Angels et pour finir la splendide reprise de Johnsburg, Illinois de Tom Waits feront fondre les plus durs d'entre vous.

Puisqu'en même temps paraît son nouvel album instrumental, Crossing The Field, auquel participent le pianiste Jason Moran, le clarinettiste Doug Wieselman, à nouveau Frisell et Wollesen, et sur lequel les cordes sont dirigées par Eyvind Kang, faites vous plaisir ainsi qu'à ceux qui vous sont chers.

Car c'est sûr, vous écouterez en boucle et longtemps des morceaux aussi géniaux que Hard Sole Shoe, Awful Sad (écrite par Duke Ellington) ou Song For Sidiki.

Et si ces quelques lignes d'excellent conseil ne vous ont point convaincu, allez écouter sur le site de la violoniste ces deux albums, disponibles intégralement en streaming.

http://www.jennyscheinman.com/listen.html

Puis courrez l'acheter.

10/06/2008

PLAT DU JOUR 9 - James Hunter, Mugison, Bill Frisell, Secret Chiefs 3, Prince, Aimee Mann

Spadee Sam presents – I'm on Fire Mix

01 – James HunterShe’s Got a Way (The Hard Way 2008, HearMusic)
02 – MugisonThe Animal (Mugiboogie 2008, Ipecac)
03 – PrinceDionne (The Truth 1997, NPG)
04 – MugisonI’m On Fire (Lonely Mountain 2003, Ipecac)
05 – Aimee MannStranger Into Starman (Smilers 2008, Superego)
06 – Bill FrisellProbability Cloud (History, Mystery Pt.One 2008, Nonesuch)
07 – Secret Chiefs 3Akramacharei (Xaphan, Book of Angels Vol.09 2008, Tzadik)


En ces temps où la soul des jours heureux fait le bonheur des chanteu(r)ses à la mode, la plupart de ces derniers sont bien loin d’arriver à la cheville de l’anglais James Hunter. Classieux et modeste, Hunter publie aujourd’hui son troisième album, The Hard Way, sur lequel des sommets sont atteints, comme sur la superbe ballade Tell Her, ou le blues Til The End. Entre calypso, soul d’inspiration Sam Cooke et blues dans le style d' Ike Turner, The Hard Way de James Hunter est le disque à offrir cet été à tout amateur de belle voix et de bonne musique.

James Hunter en session live sur WFMU : http://wfuv.streamguys.us/cgi-bin/search_wfuv.cgi


Troisième album également pour l’islandais Mugison. Toujours entre chansons pop tordues et blues saturés, on le sent sur Mugiboogie tiraillé par d'un côté une attirance pour Tom Waits et de l'autre une fascination pour Prince. Il fait donc un peu des deux, en moins bien c’est sûr, mais lorsqu’il trouve le juste milieu, entre ballades pop publicitaires et grosses guitares inutiles, on arrive à passer un bon moment, avec le fantôme de Beck qui fait parfois plus que rôder.
Si ce n’est déjà fait, procurez-vous, amateurs de pop pas trop lisse, son premier album, Lonely Mountain, un très beau disque de grands espaces.

Avec Dionne, buvons à la santé de Prince, qui fête ces jours-ci son cinquantième anniversaire.
On passera vite sur le ridicule chapitre qui lui était consacré samedi dernier dans l’émission Tracks sur Arte. Quand vous n’avez rien à dire, abstenez-vous.
Ceci étant dit, Dionne est un morceau en tout point génial, avec un dernier couplet extraordinaire.

Rien de neuf sur Smilers, le nouvel album de la chanteuse Aimee Mann, et sur lequel la seule chose surprenante est la place de ce Stranger Into Starman en deuxième position sur le disque. Pour le reste, des chansons pop (presque) parfaites pour un long voyage en voiture sur une route pas trop tortueuse en compagnie de la jolie voix d’Aimee Mann.

Le guitariste Bill Frisell publie lui un double album, History Mystery, sur lequel il est on ne peut mieux accompagné. Kenny Wollesen à la batterie, Tony Scherr à la basse, Ron Miles au cornet, Greg Tardy au saxophone et un trio de cordes luxueux, composé d’Eyvind Kand à l’alto, de Jenny Scheinman au violon et de Hank Roberts au violoncelle. Musique de chambre cinématographique, on est, comme d’habitude avec Frisell, au coeur d'un univers sonore où il fait bon vivre. C’est parfois un peu long certes, on n’est pas sûr que le choix de reprendre A Change Is Gonna Come de Sam Cooke soit parfaitement judicieux, mais on peut fermer les yeux paisiblement et se laisser porter par la musique légère mais jamais futile du guitariste en étant sûr de passer un excellent moment.
En tout cas, John L.Waters le critique musical du Guardian est plus perspicace sur History Mystery de Frisell que sur le Beautiful Scars de Kip Hanrahan. A côté du sujet, il écrivait à propos de ce dernier, que « les tonalités et rythmes ne s’accordent jamais, que les morceaux ne semblent pas terminés, que la structure de ces derniers est inexistante, et que le chant est atroce », pour poursuivre ainsi: « Il y a un tas de groupes anglais capables de la même chose sans avoir à se déplacer jusqu'à New York. Gâchis de musiciens talentueux, dont Steve Swallow qui a co-écrit le vaguement divertissant Busses from…Havana ».
Outre que le titre exact du morceau en question est Busses from Heaven, on pourra s’interroger longtemps sur ces nombreux groupes anglais capables de la même chose. Quant aux critiques sur la musique même, difficile de passer autant à côté de l’essentiel.
Pour Frisell, Waters est donc beaucoup plus éveillé et attribue au guitariste la capacité à « donner un sens à chacune de ses notes et à la manière qu’il a d’organiser sa musique et ses musiciens ».

Plus dense, le neuvième volume du Book of Angels de John Zorn vient de paraître, signé des Secret Chiefs 3.
Guitare surf, klezmer, musique de chambre, rock, jazz, tout est passé à la moulinette par Trey Spruance, le guitariste de Mr Bungle, l’un des groupes de Mike Patton, y compris les thèmes écrits par Zorn, qui servent de base à cette série de disques.
Avec le bassiste Shahzad Ismaily et le batteur Ches Smith (soit la rythmique du Ceramic Dog de Marc Ribot) entre autres, Spruance réalise l’un des volumes les plus passionnants de la série. Richesse des arrangements et de l’instrumentation, ambiances multiples, à la fois divertissant et musicalement passionnant, Xaphan fait désormais partie des disques incontournables du label Tzadik.

Marc Ribot Ceramic DogLive 2008

En bonus, on ne résistera pas à vous conseillez le visionnage de cette magnifique vidéo sur laquelle la chanteuse péruvienne Susanna Baca interprète No Valentin, entouré par Marc Ribot à la guitare, David Byrne au chant et John Medeski au clavier.

Susana BacaNo Valentin (Live at Joes' Pub)

Dans quelques jours, si l’avion veut bien décoller, nous irons nous promener du côté de Los Angeles. Avis aux amateurs…

09/06/2008

Les Hollandais de Knobsticker pour un lundi en musique

Et si pour commencer la semaine, vous alliez écouter les morceaux Tatata et surtout Prodikeys des hollandais de Knobsticker, nouveaux amis sur Myspace ?!

http://www.myspace.com/knobsticker

Rien de très nouveau, une touche de Prince, une louchée de clavier p-funk, une autre de hip-hop côte ouest, mais de quoi mettre de très bonne humeur à quelques heures d'encourager l'équipe nationale....

Bonne journée

01/06/2008

SEPT FOIS PLUS CHAUD QUE LE FEU, ou T-Bone Burnett, musicien et producteur américain


Spadee Sam presents – A T-Bone Burnett Mix

01 – T-Bone BurnettEvery Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony)
02 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand 2007, Rounder)
03 – Cassandra WilsonPoet (Thunderbird 2006, Blue Note)
04 – T-Bone BurnettHollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony)
05 – T-Bone Burnett with Jade VincentMan, Don’t Dog Your Woman (The Soul of a Man 2003, Sony)
06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
07 – Vincent and Mr GreenLike You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
08 – Sam Phillips with Marc RibotIncinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch)
09 – The Alpha BandTick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista)
10 – T-Bone BurnettIt’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
11 – Joe HenryJohn Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth)
12 – T-Bone BurnettCriminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
13 – Roy OrbisonShe’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin)
14 – Joe HenryBen Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth)
15 – The Legendary Stardust CowboyI Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)


Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.

Bob Dylan feat.T-Bone BurnettShelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)

Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.

T-Bone Burnett feat.Marc RibotEvery Little Thing (Live 1992)

En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :

Roy OrbisonYou Got It
Roy OrbisonCalifornia Blue

Elvis CostelloKing of America (1986)
Sam PhillipsI Need Love (1994
Los LobosDon’t Worry Baby (1984)

Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.

Roy OrbisonIn Dreams (Black and White night)
Roy OrbisonCrying (Black and White Night)

(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando)
Roy OrbisonPretty Woman (Black and White Night)

En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.

Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années.
De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.

The Counting CrowsMr.Jones

Il participe également au succès du film des frères Coen, O Brother Where Art Thou (avec George Clooney/Clark Gable), en tant que conseiller musical.

Man of Constant Sorrow (O Brother Where Art Thou)

Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.

Walk The Line trailer


2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett.
Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop.
Exemple avec le morceau Palestine Texas :

T-Bone BurnettPalestine Texas

True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.

T-Bone BurnettEarlier Baghdad (The Bounce)

C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.

Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Live 2007)

Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.

Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia.
C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett.
Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien.
Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.

Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.


Cassandra Wilson - Easy Rider / Go to Mexico (Live in Basel 2006, AVO Sessions)

Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :

Legendary Stardust CowboyGemini Spaceship (Live 2007)
Legendary Stardust CowboyHey Hey It’s Saturday

Après ça …