31/08/2008

JAZZ A MULHOUSE - Ep.03 - 30/08 - Charming Hostess, Globe Unity Orchestra

Il fallait être présent à la soirée de clôture de cette 25ème édition de Jazz à Mulhouse. Normal me direz-vous, puisqu'on y entendait l'historique Globe Unity Orchestra. Vous n'y êtes pas pourtant, car c'était bien pour l'extraordinaire concert des Charming Hostess qu'il fallait avoir une chaise, ce qui du reste était bien plus facile à avoir que pour l'Orchestre qui suivait.
De fait, Jewlia Eisenberg, Marika Hughes et Ganda Suthivarikom ont donné une véritable leçon de musique "libre". Avec leurs trois voix et des cuillères sur un titre (une reprise du Spoonful popularisé par Howlin' Wolf, magnifiquement repris par Chris Whitley sur son album Perfect Day, avec Billy Martin et Chris Wood), les trois dames ont montré comment faire rimer culture et divertissement, technique et émotion, humour et gravitée.
Avouons-le maintenant, malgré quelques bons concerts, on restait jusqu'à là un peu sur notre faim. Non pas que le niveau de performance des musiciens n'étaient pas au rendez-vous mais un certain sérieux, un intellectualisme un peu guindé était parfois venu gâché la fête et on attendait avec impatience un sourire,, un grain de sable dans cette musique appelée free jazz parfois bien trop corsettée.
Alors peu après un quintet de saxophones à nouveau très austère, on savoura le moment passé en compagnie de ces trois formidables chanteuses dont Jewlia Eisenberg était le leader, intervenant entre chaque morceau pour des interludes hilarants ("soyez libre de rire de n'importe quoi à n'importe quel moment").
De la Bosnie à la Turquie, de la Palestine à New York, de l'Allemagne à l'Espagne, évoquant Walter Benjamin, Asja Lacis, Gershom Sholem ou le génocide bosniaque, la musique des Charming Hostess est bien libre, libre de circuler, de séduire, de choquer, de faire rire ou pleurer. Trois voix formidables, puissante chez Eisenberg, plus en retrait chez Marika Hughes et plus ronde et "pop" chez Ganda Suthivarikom, qui se mélangent, se répondent, se superposent.
Libre aussi de circuler dans des courants musicaux divers, la musique juive, le jazz, le hip-hop, le gospel, pour rappeler que le jazz c'est surtout ca, une musique qui bouge, transite, se mélange, évolue.

http://www.charminghostess.us/

http://www.myspace.com/charminghostess

http://www.eatdrinkonewoman.com/ (le blog de Ganda Suthivarikom et cette présentation géniale : My name is Ganda. What kind of name is France Gall? !

Quelques minutes plus tard, c'était donc au tour de l'historique Globe Unity Orchestra de faire son apparition devant une salle du Noumatrouff bondée.
Rudi Mahall, Johannes Bauer, Jean-Luc Capozzo ou Axel Dörner mais aussi Evan Parker, Alex Von Schlippenbach, Paul Lovens et Paul Lytton, entre autres, débutaient tambour battant le concert final de cette 25ème édition.
Alors quoi ? Paul Lovens était aussi classe qu'impressionnant à la batterie, comme toujours. Et ?
Pas grand chose à vrai dire. Il est toujours intéressant de marquer le coup avec des artistes ou des formations qui ont fait l'histoire du style de musique qu'on défend dans un festival. Mais qu'a à nous dire aujourd'hui un orchestre comme le Globe Unity qui ne l'a déja été et est-il encore à l'heure actuelle la représentation de ce qu'on appelle le jazz libre ou free jazz ? Avec ses codes, sa manière de mettre en avant à tour de rôle chacun des musiciens pour un solo de quelques minutes, ses sourires généreux, cet orchestre là avait tout du témoignage d'une autre époque. On aurait eu tort de ne pas en profiter mais demain arrive déja...

29/08/2008

IMPROVISATION

"Dès l'instant où nous improvisons, notre mémoire est morte. Nous nous souvenons seulement du 1er geste". Joëlle Léandre

JAZZ A MULHOUSE 2008 - Ep.02- 28/08 - Hubbub, Huntsville

Toisième grande soirée de Jazz à Mulhouse, avec pour commencer ce jeudi la formation Hubbub. Dire que la musique improvisée d'Hubbub est une musique facile serait mentir. Affirmer à coup sûr que Frédéric Blondy est pianiste serait tricher au vu du nombre de notes qu'on l'aura entendu jouer ce soir. Mais Hubbub a pourtant bien pris forme, avec son coeur/corps formé de Bertrand Denzler et Jean-Luc Guionnet aux saxophones et de Jean-Sébastien Mariage à la guitare et de celui dont les performances derière ses fûts n'ont d'égales en fantaisie que la couleur de ses chemises, Edward Perraud.
Véritable poumon du quintet, ce dernier fit une nouvelle fois preuve de son extraordinaire imagination percussive, accompagné dans cette voie par Frédéric Blondy, la plupart du temps penché sur son piano, pinçant, frappant, caressant les cordes de son instrument.
Au centre, les deux saxophonistes assuraient une respiration lente et irrégulière avec entre les deux, un guitariste maniant l'archet avec délicatesse.
Devant Hubbub, il était fascinant d'entendre et d'observer la progression de l'improvisation, les prises de paroles de chacun, la concentration demandée par ce genre d'exercice, l'envie pour l'un de suivre une voie proposée par l'autre ou, au contraire, son refus. En dehors des notions de temps, de lieu, de mouvement, le quintet respirait juste la musique, apparente ou cachée, secrète ou offerte comme un cadeau rare, unique.

Après le concert, quelques réflexions de spectateurs :

"C'était pas mal mais je reste mitigé".
"C'était très méditatif, on aurait pu s'endormir".
"Ca pourrait être une musique de film, un film de Jarmush par exemple".
"C'éait impressionnant de les voir se répondre à tour de rôle, en proposant sans cesse".
"Le batteur semblait être le meneur du groupe, étonnant pour une musique non-rythmique".
"Est-ce que le jazz ne doit-il pas être rythmique ?"
"Quels sont les caractéristiques du jazz ? Y a t-il forcément de l'improvisation ? ".

On laissait alors ces questions en suspens, puisque les norvégiens d'Huntsville faisaient leurs apparition sur la scène du Noumatrouff.
De Huntsville, on avait apprécié le premier album, For The Middle Class, paru en 2006 sur le label Rune Grammofon et dont les atmosphères "nordiques" avaient faire leur effet. Mais on trouvait aussi qu'il manquait d'un petit quelque chose pour rendre l'ensemble vraiment passionnant, quelques grains de sable dans une machine plutôt bien huilée.
A quelques semaines de la parution de leur nouveau disque, Eco, Arches & Eras sur lequel ils ont invité l'éclectique guitariste Nels Cline et son compagnon dans Wilco, le percussioniste Glenn Kotche, Huntsville se produisait donc dans leur formation traditionnelle, en trio.
La conclusion reste cependant la même. Il y a vraiment quelque chose d'intéressant, de sympathique dans la musique d'Huntsville. Ingar Zach est excellent à la batterie et Ivar Grydeland propose des motifs de banjo captivant, quant il ne marche pas dans les traces d'Arto Lindsay à coup de zébrures de guitare saturée. On assiste alors à un jazz "progressif", qu'on suit par paliers successifs jusqu'à un effet de transe. Mais on finit aussi par se lasser, de par le manque d'éléments nouveaux apportés par les musiciens à chacun de ces paliers. De plus, à la suite du set "contemplatif" d'Hubbub, il fallait être particulièrement en forme pour résister au voyage musical proposé par Huntsville, un voyage certes agréable, mais avouons-le un peu monotone. Plus tard, Electric Electric était chargé de réveiller l'assemblée...

http://www.huntsville.no/v1/

http://www.myspace.com/huntsvillefromupnorth

http://joevshollywood.free.fr/ELECTRIC_ELECTRIC.html

28/08/2008

JAZZ A MULHOUSE 2008 - Ep.01 - 27/08 - Peter Evans, Zakarya, Root Down

C'est l'américain Peter Evans qui faisait débuter, mardi 27 août à 12h30, la série de concerts auxquels on assistera lors de cette 25ème édition de Jazz à Mulhouse. Le trompettiste se produisait à la Chapelle Saint Jean lors des traditionnels concerts gratuits de la mi-journée, ceux concluent par le(s)verre(s) de vin blanc qu'on boît entre habitués des lieux.
Mais avant la séance de désaltération, on a pu assister à un excellent concert, une heure de trompette solo dont on ressortait autant impressionné par la technicité et la performance physique du trompettiste que par la musique elle-même, long voyage qui tour à tour vous emmenait très haut dans les airs puis très profonds sous terre, entre deux vols en planeur que sont à peine venus troubler quelques loopings parfaitement maîtrisés.

On en parle très bien ici :

A 18 heures, c'est Zakarya qui se produisait pour le second concert gratuit de la journée, cette fois-ci dans la salle du Noumatrouff.
Quelques semaines après l'enregistrement de leur nouvel album à paraître sur Tzadik, The True Story Concerning Martin Behaim, la formation strasbourgeoise était en grande forme, resserée et efficace dans sa manière de distribuer son "jazzcore" à un public parfois perturbé. Mention spéciale à Alexandre Wimmer, dont le son de guitare lumineux est un régal à chacune de ses prestations.
Au milieu des déconstructions rocks qu'appuyait la frappe puissante de Pascal Gully, se nichait comme souvent chez Zakarya de belles mélodies -klezmer-, souvent proposées par l'accordéoniste Yves Weyh, jusqu'à une magnifique ballade tout en retenue dont chacun pouvait librement imaginer une ligne vocale.

Puis venait la seconde grande soirée, la première en ouverture ayant fait entendre la formation The Sweep et le contrebassiste Barre Phillips en solo (ah, Francis Marmande! : http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/08/27/barre-phillips-en-solo-c-est-sublime_1088470_3246.html#ens_id=1088542 ).


On passera malheureusement vite sur le trio Dorothea Schurch / Jacques Demierre / Roger Turner, non sans d'abord préciser qu'ils sont d'exceptionnels musiciens, parce qu' on avouera avoir du mal à être encore passionné par une musique, austère certes, mais surtout qu'on a déja pu voir et entendre mille fois et qui, malheureusement, rassemble beaucoup des clichés d'un jazz dont l'association avec le mot "libre" semble ajourd'hui dépassée, tant elle s'avère au final prévisible et convenue.


Puis c'est l'ensemble Root Down, dirigé par Tommy Meier qui s'installait sur la scène, avec à ses côtés la saxophoniste Co Streiff. En hommage à Fela Kuti et à l'afro-beat, Tommy Meier poursuivait dans la veine du superbe disque de Co Streiff, Loops, Holes, Angels (Intakt) auquel il participait. Résister aux courbes rythmiques de l'ensemble s'avérait donc difficile, d'autant qu'au piano, la formidable Irène Schweizer dynamitait les entêtantes compositions par de savoureux éclats "free". Néanmoins, il manquait un peu de la capacité de surprendre de Schweizer aux autres musiciens et l'avancée d'un concert sans gande surprise combinée à quelques interventions moins délicates (solos de guitare ou de claviers) firent malheureusement revoir à la baisse les premières impressions.


En attendant la suite, vous pouvez retrouver des compte-rendus et des infos sur le site que le journal L'Alsace consacre au festival. C'est ici :

20/08/2008

SMELLS LIKE RECORDS 1992-2008 - Ep.02 - Tim Prudhomme, Chris Lee, Ursa Minor, John Wolfington

Ursa Minor - The Frame (Silent Moving Picture 2005)

On ne reviendra pas cette fois sur le dernier album de Tony Scherr, dont on a beaucoup parlé ces temps-ci, mais on le citera une dernière fois en parlant du groupe new-yorkais Ursa Minor, dont il a produit l’unique album à ce jour, Silent Moving Picture, paru en 2005.
Emmené par la chanteuse et claviériste Michelle Casillas, Ursa Minor est un trio également composé du batteur Robert DiPietro (présent sur le superbe Convivencia, second disque de chansons sépharades par le duo La Mar Enfortuna de Oren Bloedow et Jennifer Charles) et le bassiste Rob Jost. Silent Moving Picture est un très joli disque de pop urbaine dans lequel le Fender Rhodes est omniprésent et dont on ressort séduit par la charmante voix de Michelle Casillas.



Au début des années 2000, John Wolfington et Chris Lee était de ceux qu’on aimait écouter, avant que petit à petit, la noirceur de l’un et la voix de l’autre ne nous en éloignent.
Avec le recul, on peut désormais y revenir en y trouvant plus d’une chose intéressante.

John Wolfington - Coney Island (John Wolfington 2001)

Le premier disque de Wolfington a paru en 2001 et est malgré sa boîte à rythme bon marché, plutôt pas mal, avec des morceaux qui doivent autant à un rock intellectuel et urbain (12mph, Ageless Sky, Curves) qu’à la soul (Race The Sun, Maybe I’ll Go).

http://www.myspace.com/johnwolfington

Chris Lee - The Politics of Sway (Plays and Sings Torch'd Songs... 2001)

Il y a indéniablement plus de soleil dans les compositions de Chris Lee, sorte de Jeff Buckley modeste, qui aligne les morceaux pop romantiques jusqu’à une reprise du tragique On The Beach de Neil Young.



Timothy Prudhomme - Rollin' On (With The Hole Dug 2001)

Enfin, si l’on devait n’en garder qu’un, ce serait Timothy Prudhomme. De ce dernier on ne savait rien avant de nous pencher sur la discographie complète de Smells Like Records. Où on apprend que l’homme est né en Californie, s’installe à New York dans les années 80, joue dans différentes formations punk et fonde sur la Côte Ouest la formation Fuck avec laquelle il publie plusieurs albums. A la fin du siècle dernier, Fuck est mis entre parenthèse et Prudhomme enregistre son album solo, With The Hole Dug. Le titre annonce la couleur, l’album est à proscrire en soirée dansante. Mais à la bougie, la voix grave et ronde de Prudhomme vous séduira, surtout que si l’ambiance générale est plutôt sombre, l’humour est toujours proche, et les arrangements minimaux qui enrobent ces petites chansons acoustiques toujours justes. Vous pouvez donc sortir Tim Prudhomme et son album solo du trou qu’il avait creusé.

http://www.fuck.addr.com/fuck/

Bonus : Chris Lee feat. Smokey Hormel - On The Beach (N.Young) (Plays and Sings Torch'd Songs... 2001)

18/08/2008

SMELLS LIKE RECORDS, 1992-2008 - Ep.01 - 2 Mixes


Cette semaine, c’est à une plongée dans l’univers du label indépendant Smells Like Records à laquelle on vous invite. Des groupes et des artistes cultes (Sonic Youth, Blonde Redhead, Lee Hazlewood), des musiciens dont on vous a déjà parlé en très bons termes (Carla Bozulich et Nels Cline, Tony Sherr, Cat Power), d’autres qu’on avait perdu en route (Chris Lee, John Wolfington) et des belles découvertes faites en nous plongeant dans le catalogue du label (Tim Prudhomme).
A votre tour donc de piocher parmi la cinquantaine d’albums publiés par Steve Shelley, batteur de Sonic Youth à l’origine de ce label créé en 1992 et dont on vous offre un apercçu cette semaine.
Pour commencer, deux mixes survolant la discographie du label, un premier plutôt rock et rassemblant quelques un des groupes publiés depuis 16 ans, un second plus calme se concentrant sur des individualités souvent méconnues, toujours intéressantes.

Spadee Sam presents – Smells Like Records Mix Pt.01

(ce mix est téléchargeable pendant environ trois semaines. Il sera ensuite disponible uniquement en streaming).




01 – Blonde Redhead – (I am Taking Out my Eurotrash) I Still (La Mia Vita Violenta 1995)
02 – Sonic YouthSunday (A Thousand Leaves 1998)
03 – Thurston MooreCindy (Rotten Tanx) (Psychic Hearts 1995)
04 – The ClearsTies Me Up (The Clears, 1996)
05 – The RondellesMission, Irresistible (Fiction Romance Fast Machines 1998)
06 – Ciccone YouthAddicted to Love (The Whitey Album 1988)
07 – Ciccone YouthHi! Everybody! (The Whitey Album 1988)
08 – Kim Gordon, DJ Olive, Ikue MoriStuck on Gum (SYR5 2000)
09 – OverpassDown The Drain (Manhattan (Beach) 1995)
10 – SammyBaby Come Down (Debut Album
11 – Blonde RedheadU.F.O. (La Mia Vita Violenta 1995
12 – Sonic YouthDisconnection Notice (Murray Street 2002)
13 – The RaincoatsShouting Out Loud (Extended Play 1994)
14 – Blonde RedheadGirl Boy (Blonde Redhead 1994)

Un sautillant Blonde Redhead avant un morceau portant la signature des Sonic Youth. Leur guitariste Thurston Moore prend le relais avant quelques tubes electro pop par les Rondelles et des Sonic Youth déguisés en Madonna. Plus expérimental, la chanteuse de ces derniers Kim Gordon s’associe avec la manipulatrice électronique Ikue Mori et l’excellent DJ Olive. Enfin, un violon dément dans le groupe préféré de Kurt Cobain, les Raincoats, avant une dernière bossa par les Blonde Redhead.


Spadee Sam presents – Smells Like Records Mix Pt.02





01 – Christina RosenvingeExpensive Shoes (Frozen Pool 2001)
02 – Ursa MinorSteady (Silent Moving Pictures 2003)
03 – FuckOshun (Cupid’s Cactus 2001)
04 – Lee HazlewoodThe Railroad (Trouble Is a Lonesome Road 1963)
05 – Timothy PrudhommeLove Me, Love Me Not (With The Hole Dug 2002)
06 – John WolfingtonCurves (John Wolfington, 2001)
07 – Cat PowerStill In Love (Myra Lee, 1996)
08 – Tony ScherrGoodbye (Come Around 2002)
09 – Fuck It’s Unbelievable (Cupid’s Cactus 2001)
10 – John WolfingtonRace The Sun (John Wolfington, 2001)
11 – Thurston MooreCherry’s Blues (Psychic Hearts 1995)
12 – Chris LeeMount Venus (Plays and Sings Torch’d Songs ... 2002)
13 – Shelby BryantThe Walk (Cloud-Wow Music
14 – Tony ScherrI Want You To Want Me (Twist In The Wind 2007)
15 – Timothy PrudhommeSweetheart O’ Mine (With The Hole Dug 2002)
16 – Scarnella aka Carla Bozulich and Nels Clinea Millenium Fever Ballad (Scarnella 2002)
17 – Hungry GhostsI Don’t Think About You Anymore but I Don’t Think About You Anyless (Alone, Alone 1999)
18 – Two Dollar GuitarSmall and Hard (Let Me Bring You Down 1995)
19 – Two Dollar GuitarThe Ghost Ship (The Wear and Tear of Fear, a Lover’s Discourse 2006)
20 – Lee HazlewoodForget Marie (Cowboy in Sweden 1970)

On commencera avec la pop des charmantes Christina Rosenvinge et Michelle Casillas, puis l’afro-beat lo-fi de Fuck, le cowboy Lee Hazlewood réédité, la voix grave du superbe Tim Prudhomme avant les morceaux urbains et nocturnes de John Wolfington, Cat Power déjà hantée par la soul de Memphis, l’excellent Tony Scherr revenant plus tard en bossa, le romantique Chris Lee, le psychédélique et acoustique Shelby Bryant, le duo du guitariste Nels Cline et de la chanteuse Carla Bozulich, et enfin les rêveries de fantômes affamés et d’une guitare à deux dollars.

Une immersion totale de presque deux heures avant une remontée progressive à la surface ces prochains jours.

16/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.06 - Simone Massaron, Carla Bozulich, Zeno de Rossi, Wayne Wang

Simone Massaron with Carla Bozulich - My Hometown (Dandelions on Fire, LongSongRecords)


Dandelions on Fire, où l'un des meilleurs disques de l'année. Simone Massaron guitariste italien dont on avoue qu'on connaissait peu de choses, s'est associé à la chanteuse Carla Bozulich pour cette collection de blues tendus (Never Saw Your Face, Five Dollar Lottery), de ballades soul (Dandelions on Fire) ou folk (Love Me Mine, My Hometown). Le jeu de guitare de Massaron n'est pas sans rappeler dans son économie celui de Marc Ribot et entoure parfaitement la voix voilée de Bozulich, déja auteur plus tôt dans l'année du superbe Hello, Voyager.
Mais Simone Massaron sait également s'entourer d'excellents musiciens, notamment le batteur Zeno de Rossi, entendu auparavant aux côtés du chanteur Vinicio Capossela, ce dernier dont on pourrait parler prochainement. En attendant, user votre exemplaire de Dandelions on Fire jusqu'à la corde.

15/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.05 - Corin Curschellas, Christian Zehnder, Ericka Stucky

Corin Curschellas - Olma da Vali (Grischunit 2008, Träumton Records

En septembre sortira sur le très bon label allemand Träumton Records le nouveau disque de la chanteuse suisse Corin Curschellas, Grischunit. Accompagnéé de Marc Ribot à la guitare, de Shahzad Ismaily à la basse, Matt Johnson à la batterie et Peter Scherer aux claviers, elle chante en romanche, l’une des quatre langues officielles suisse, parlée dans le canton des Grisons, à l’Est du pays neutre. Si certains arrangements manquent un peu de légèreté, l'ensemble ne manque pas de séduire, la rencontre entre les climats urbains de la musique et ceux "alpins" évoqués par la langue et le chant de Corin Curschellas s'avérant au final fort réussie.

http://www.myspace.com/corincurschellas



Christian Zehnder - Ade (Kraah 2008, Träumton Records)

Sur le même label, on relévera également le disque à paraître, lui aussi en septembre, du chanteur suisse Christian Zehnder. C'est sa voix qui est au centre de Kraah, une voix qu'il maîtrise parfaitement et dont il se sert dans des vocalises convoquant les techniques de chant d'Asie Centrale, du yodel et du jazz. Mais si on est séduit par les prouesses vocales de Christian Zehnder, on l'est aussi par les arrangements qui entourent ces dernières. Une contrebasse et des percussions pour solides fondations et, par dessus, un accordéon, des cordes, une trompette et une clarinette qui jouent toujours juste. Une découverte qui vaut le détour.

http://www.myspace.com/christianzehnder


http://www.myspace.com/traumton

Ericka Stucky - Gazoline-Polka (Suicidal Yodels 2007, Träumton Records)

Enfin, toujours chez Träumton, on rappellera l'excellent Suicidal Yodels de la chanteuse suisse Ericka Stucky, paru lui l'année dernière.

http://www.myspace.com/erikastucky

14/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.04 - Daniel Zamir, Phantom Orchard

Daniel Zamir - Love (I Believe 2008, Tzadik)

On passera vite sur la religiosité un peu grossière du saxophoniste israélien Daniel Zamir pour s'intéresser à sa musique. Encore une fois, ce sont Greg Cohen et Joey Baron qui forment la rythmique, accompagnés cette fois du pianiste Uri Caine. Devant eux, Zamir joue beaucoup, insufflant à ses superbes mélodies "juives" énergie et lyrisme. Des qualités déja présentes sur Children of Israel, paru en 2002 chez Tzadik. Mais contrairement à celui-ci, sur lequel il soufflait d’un bout à l’autre avec l’énergie du désespoir, I Believe comporte plusieurs plages où le saxophoniste sait faire preuve de tendresse, comme ce magnifique Love ou encore Let Me In Under Your Wing et le morceau qui donne son titre à l’album et conclut ce dernier.

http://www.myspace.com/danielzamir


Phantom Orchard feat.Maja S.Ratkje - Omni (Orra 2008, Tzadik)

Sur Tzadik toujours, le nouvel album de Phantom Orchard, duo formé de la harpiste Zeena Parkins et de la manipulatrice d’électroniques Ikue Mori, est une merveille. En invitant le fantastique percussionniste Cyro Baptista à poser ses rythmes sur leurs compositions, Parkins et Mori ont eu une idée lumineuse. Car l’imagination sans limite de Baptista apporte à la musique onirique du duo une touche d’humour, de légèreté, voir d’accessibilité. Passionnant d’un bout à l’autre, déroutant mais à la portée de toutes les oreilles, écouter les 50 minutes d’Orra les yeux fermés est une expérience chaudement recommandée.

13/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.03 - Ron Sexmith, John Mellencamp

Ron Sexsmith - Traveling Alone (Exit Strategy of The Soul 2008, YepRocRecords)

Les éloges pleuvent sur le nouvel album du canadien Ron Sexsmith, des éloges amplement méritées pour l’ensemble de sa carrière, faite d’un nombre incalculable de chansons magnifiques, et pour son dernier album, Exit Strategy of The Soul. Le rayon de soleil qui passe au travers des compositions du Canadien est encore timide mais la pluie a cessé un instant. Tant mieux, car soutenue par quelques cuivres cubains, la voix mélancolique de Sexsmith, partageant l'enthousiasme de Paul McCartney et le vibrato d'Aaron Neville, a quelque chose de rassurante.

http://www.myspace.com/ronsexsmith

John Mellencamp - Don't Need This Body (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)


Après son travail d’orfèvre pour Robert Plant et Alison Krauss, T-Bone Burnett s’occupe cette fois de produire le 18ème album du chanteur américain John Mellencamp, le sombre Life, Death, Love and Freedom. On y entend à nouveau ce qui fait la qualité des productions de Burnett, un son acoustique, ample, un sens de l’espace remarquable. Si toutes les chansons de Mellencamp ne sont pas du niveau de celles de Sexsmith, sa voix de fumeur invétéré, entre Bob Dylan et Tom Waits, opère avec beaucoup de charme. Life, Love,… est un très grand disque de folk américain, un de ceux qui devrait rassembler le public autour d’une musique de qualité, un travail à saluer chez T-Bone Burnett.

John Mellencamp - John Cockers (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)


PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.02 - Myriam Alter, Todd Sickafoose

Myriam Alter - Was It There (Where Is There 2007, Enja)

Paru il y a plusieurs mois déjà, le dernier disque de la pianiste et compositrice belge Myriam Alter, Was It There, son deuxième sur le label Enja, reste un de ceux dont on a bien du mal à se passer. Pour interpréter huit de ses compositions, rien de moins que le violoncelliste brésilien Jacques Morelenbaum (également arrangeur pour Caetano Veloso), le batteur Joey Baron et le contrebassiste Greg Cohen, les deux derniers au sujet desquels il est bon de rappeler qu’ils forment la meilleure rythmique au monde. L’attention portée à la qualité sonore de l’ensemble fait de Was It There un disque particulièrement attachant.

Todd Sickafoose - Whistle (Tiny Resistors 2008, Cryptagrammophone)
Avec Tiny Resistors, le contrebassiste Todd Sickafoose regarde clairement vers les univers cinématographiques du guitariste Bill Frisell ou de la violoniste Jenny Scheinman. Malheureusement, ses compositions manquent un peu du raffinement de ces derniers et les plages finissent par sembler un peu monotones. On relèvera quand même ce très beau Whistle, mettant en avant les talents de siffleur du chanteur et violoniste Andrew Bird.

12/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.01 - Traveling Alone Mix




Spadee Sam presents – Traveling Alone Mix



01 - Myriam AlterWas It There (Where Is There 2007, Enja)
02 – Daniel ZamirLove (I Believe 2008, Tzadik)
03 – Corin CurschellasOlma de Vali (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
04 – Simone Massaron and Carla BozulichDandelions on Fire (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
05 – John MellencampDon’t Need This Body (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
06 – Corin CurschellasPinada (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
07 – Ron SexmithTraveling Alone (Exit Strategy of The Soul 2008, YepRocRecords)
08 – Simone Massaron and Carla BozulichMy Hometown (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
09 – John MellencampJohn Cockers (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
10 – Todd Sickafoose – Whistle (Tiny Resistors 2008, Cryptogramophone)
11 – Phantom Orchard feat.Maja S.RatkjeOmni (Orra 2008, Tzadik)
12 – Simone Massaron and Carla BozulichNever Saw Your Face (Dandelions On Fire 2008, LongSong)

01/08/2008

PLAT DU JOUR 13 - Dreamin' of You - Tony Scherr, Bob Dylan, Jenny Scheinman, Dan Zanes, Bobby Previte New Bump

Spadee Sam presents - Dreamin' of You Mix

01 - Tony Scherr - Shows a Little (Twist In The Wind 2008, SmellsLike Records)
02 - Dan Zanes and Friends feat.Marc Ribot - El Pescador (Nueva York 2008, FestivalFive Records)
03 - Bobby Previte and The New Bump - She Has Information (Set The Alarm for Monday 2008,Palmeto Records)
04 - Dan Zanes and Friends feat.Marc Ribot - El Botteloon (Nueva York 2008, FestivalFive Records)
05 - Tony Scherr - All That I Could Ask (Twist In The Wind 2008, SmellsLike Records)
06 - Jenny Scheinman - Hard Sole Shoe (Crossing The Field 2008, Koch Records)
07 - Bob Dylan - Dreamin' of You (Tell Tale Signals, Rare and Unreleased 1989-2006 2008, Columbia)
08 - Jenny Scheinman - Johnsburg, Illinois (Jenny Scheinman 2008, Koch Records)

Où l'on revient avec bonheur sur quelques musiciens déja évoqués il n'y a pas si longtemps.

Twist In The Wind est le second album du producteur, bassiste, guitariste et chanteur Tony Scherr. Meilleur que son prédécesseur Come Around, ce Twist In The Wind regorge de superbes chansons, entre rock urbain, blues rocailleux et riffs soul. On me reproche assez d'être négatif sur la plupart des horreurs dont on semble partout se régaler pour insister sur ceux qui trouvent grâce à mes yeux. Avec Tony Scherr, on tient un vrai musicien, dont l'apport à chacune de ses collaborations est remarquable. De Feist à Norah Jones, de Jenny Scheinman à Bill Frisell en passant par Sex Mob ou les Lounge Lizards, on peut tranquillement se passer de beaucoup de disques récents pour la discographie complète de Tony Scherr.

On l'a déja dit, c'est lui qui a excellement produit le premier album vocal de la violoniste Jenny Scheinman, un disque conclut par le Johnsburg,Illinois de Tom Waits.
Quant au nouvel album instrumental de Scheinman, Crossing The Field, c'est une merveille dont ce Hard Sole Shoe qui fait la part belle au piano de Jason Moran n'est qu'une des facettes.

On reste à New York avec la participation de Marc Ribot au dernier disque du coolissime ex Del Fuegos Dan Zanes. Sur Nueva York on entend aussi la chanteuse mexicaine Lila Downs, essentielle lorque l'on rend hommage à la culture latino-américaine et à son influence sur celle du nord. Festive, positive, la musique sur ce Nueva York est surtout excellente et en font un album chaudement recommandé.

De la musique latine également, comme suggérée sur She Has Information, sur le dernier disque du batteur Bobby Previte, entouré sur Set The Alarm for Monday du saxophoniste Ellery Eskelin, du trompettiste Steven Bernstein, du vibraphoniste Bill Ware et du contrebassiste Brad Jones.

Et puis Bob Dylan sera une fois de plus dans l'actualité à la rentrée, avec la sortie du huitième volume de ses bootlegs. Tell Tale Signals s'annonce passionnant, car sur ses trois disques, on pourra entendre des versions alternatives et des morceaux inédits datant des sessions du meilleur album de Dylan, Time Out of Mind, paru en 1997 et produit par Daniel Lanois. Soit l'un des plus grands disques de musique moite, caractéristique primordiale s'il en est. Et cet inédit Dreamin' of You, où Dylan chante admirablement (comme jamais?), constitue déjà un sacré apéritif.

Gena Rowlands et Carlinhos Brown, Caetano Veloso, Shawn Lee, Mark Eitzel, Rufus Wainwright, Michael J.Sheehy, Gemma Hayes

Spadee Sam presents - What Holds The World Together Mix

01 - Carlinhos Brown feat.Caetano Veloso, Gilberto Gil, Maria Bethania, Gal Costa - Quixabeira (Alfamegabetizado 1996, EMI)
02 - Caetano Veloso - Baiao de Dois (Humberto Teixeira, O Doutor do Baiao 2002, BiscoitoFino)
03 - Gemma Hayes - Gotta Low (4:35am E.P. 2001, Source)
04 - Shawn Lee - I Can't Save You (I Can't Save You E.P. 2000, Labels)
05 - Rufus Wainwright - Rebel Prince (Poses 2001, Dreamworks)
06 - Mark Eitzel - Charm School (Eitzel SuperHits International, Tour CD 1999)
07 - Sergio Godinho feat.Caetano Veloso - Lisboa Que Amanhece (O Irmao do Meio 2003, EMI)
08 - Michael J.Sheehy - Mystery Train (Ill Gotten Gains 2001, BeggarsBanquet)
09 - Ida - What Holds the World Together (Come On Beautiful, The Songs of American Music Club 2001, Glitterhouse Records)

"Ce qui fait tenir le monde, c'est le vent qui souffle dans les cheveux de Gena Rowlands".

Il arrive qu'en triant de vieux disques, on se souvienne avec nostalgie de chansons auxquelles on n'avait plus pensé depuis bien longtemps.
Le premier disque du brésilien Carlinhos Brown est resté jusqu'à ce jour son meilleur. On y entendait plusieurs bons morceaux dont un duo avec Marisa Monte et ce Quixabeira rassemblant autour de Brown les quatre mousquetaires tropicalistes, Caetano Veloso et sa soeur Maria Bethania, la charmante Gal Costa et le désormais ex ministre de la culture brésilienne Gilberto Gil.

Les mêmes étaient présents quelques années plus tard pour rendre hommage au compositeur Humberto Teixeira sur ce O Doutor do Baiao paru sur l'excellent label Biscoito Fino.

On ne peut pas dire que l'irlandaise Gemma Hayes ait marqué de son empreinte l'histoire de la musique. Mais à l'époque de son premier quatre titres, on se laissait séduire par sa jolie voix, son physique charmant et ses très douces chansons.

Bien avant de sortir à la chaine des albums d'easy listening sans grand intérêt, Shawn Lee faisait de vraies chansons, annoncant ainsi un avenir prometteur, entre soul et pop de très bon goût. Dommage qu'il se soit à ce point perdu en route.

La perdition est aussi ce qui caractérise Rufus Wainwright, devenu avec le temps cette grande folle hurlante vouant un culte démesuré à Judy Garland. Sur Poses, paru en 2001, il savait encore se faire modeste et enregistrait de bien jolis morceaux comme ce romantique et suranné Rebel Prince.

Du portugais Sergio Godinho on avoue volontiers ne pas savoir grand chose et ne pas forcément chercher à en connaître davantage. Mais ce duo avec Caetano Veloso a quelque chose d'un kitsch estival assez savoureux.

I'll Gotten Gains fut le meilleur disque de Michael J.Sheehy, faiseur de chansons torturées, qui trouvait là une formule pleine de réverbération et de choeurs féminins luxueux. Et cette reprise du Mystery Train de Junior Parker, popularisée par Elvis est plutôt réussie, non ?

Enfin, c'était sur un album de reprises d'American Music Club que Ida interprétait ce merveilleux morceau de Mark Eitzel, What Holds The World Together. C'était vraiment une autre époque...
Tiens, Beck était déja là et ses disques étaient déja très moyens. Décidemment, parier sur Danger Mouse pour réaliser des miracles, c'est miser sur le mauvais cheval.