29/09/2008

STRASBOURG JAZZDOR-BERLIN 2008 - Ep.01 - Polaroïd4, La Poche à Sons, Ozma, Das Kapital

Pas de nouvel article sur ce blog avant la semaine prochaine, on s'en va à Berlin pour la seconde édition du festival Jazzdor Strasbourg-Berlin.
Si vous n'êtes pas dans la capitale allemande cette semaine, rien ne vous empêche de jeter une oreille depuis chez vous sur la musique de quelques unes des excellentes formations programmées à cette occasion.

Il y a deux semaines se tenait la conférence de presse du festival et c'est Polaroïd4, le quartet de la chanteuse Christine Clément, dont le premier album vient de paraître et dont on parlera ici plus longuement dans les prochaines semaines, qui s'est produit. Plusieurs morceaux sont à écouter ici :

Myspace Polaroïd4

Mardi 30, c'est Ozma qui donnera un concert sur la Postdamer Platz de Berlin. L'occasion pour eux de faire entendre aux berlinois leur jazz / funk explosif.

Myspace Ozma

Pour l'inauguration du festival, mercredi 31 septembre, c'est La Poche à Sons qui se produira, quelques jours après leur excellent concert à l'Artichaut.

Myspace La Poche à Sons

Enfin, on rappellera notre attachement au trio Das Kapital qui donnera à voir et à entendre pour la première fois et quelques semaines avant Strasbourg leur exceptionnel projet Lenin on Tour.
L'occasion d'entendre trois superbes musiciens, le batteur Edward Perraud, le guitariste Hasse Poulsen et le saxophoniste Daniel Erdmann.

Myspace Das Kapital

Bonne semaine.

23/09/2008

BRESIL 2008 - Ep.01 - Adriana Calcanhotto, Marina Machado


Direction le Brésil avec deux chanteuses dont les nouveaux disques sont sortis juste avant l’été et qui possèdent la particularité d’avoir été produits par deux grands noms de la musique brésilienne.

Tempo Quente (EMI) est le troisième album de Marina Machado. Produit par l’immense Milton Nascimento, c'est un disque inégal qui aligne des vignettes pop trouvantleur cible dès que prédomine l' acoustique, l’apparition de boîtes à rythme rendant la recette moins digeste.
Mais l’important est ailleurs, sur deux des trois duos de l’album, le premier avec Milton Nascimento lui-même pour un languide Discovery qui fait la part belle au Fender Rhodes, le second avec le chanteur Seu Jorge sur un Otimismo curieusement dans la même veine d’une soul modeste, idéale pour une après-midi estivale et sensuelle.

Marina Machado feat.Milton Nascimento - Discovery



Marina Machado feat.Seu Jorge - Otimismo



On relèvera pour finir la reprise un peu tiède de Lilia, un thème composé par Milton Nascimento et Fernando Brant et dont la version d’origine était présente sur leur fantastique Clube da Esquina de 1972.

Marina Machado - Site officiel


La carrière d’Adriana Calcanhotto a quant à elle débuté aux débuts des années 90 et a depuis vu la chanteuse publier sept albums.
Pour enregistrer Maré (Sony/BMG), cette dernière s’est offerte les services d’Arto Lindsay, entouré lui-même par les "Timbaland brésiliens", Kassin, Domenico Lancellotti et Moreno Veloso, fils de Caetano.
Pas de faute de goût donc sur ce disque agréable d’un bout à l’autre, qui bénéficie de l’apport d’excellents musiciens ainsi que d’arrangements de haut niveau. La voix d’Adriana Calcanhotto manque certes d’un peu de ressources mais la durée, trente-cinq minutes, de l’album pallie facilement à ce léger manque de moyens vocaux.

On ne se lasse en tout cas pas de ce premier titre qui donne son nom à l’album :

Adriana CalcanhottoMaré (Live)


Ni de ce calypso rafraîchissant qui fait entendre la voix de Marisa Monte :

Adriana CalcanhottoPorto Alegre (Nos Braços de Calipso)





Enfin, on ne manquera pas de souligner qu’entre autres invités, on peut entendre sur Maré la contrebasse de Jorge Drexler et les guitares acoustiques de Jards Macalé ou sur cette dernière magnifique reprise d’une chanson de Dorival Caymmi, de Gilberto Gil :

Adriana Calcanhotto : Sargaço Mar



Adrianna Calcanhotto : Seu Pensamento (Live)

Adrianna Calcanhotto - Site officiel

22/09/2008

WENT TO SEE THE GYPSIES - Ep.02 - The Gypsy Kings, Roots (Nonesuch, 2004)

Bamboleao, Djobi Djoba, Patrick Sébastien. Voilà probablement ce qui vous viendra à l’esprit à l’heure d’évoquer les Gypsy Kings. Un groupe de gitans un peu kitsch dont l’heure de gloire serait la reprise d’Hotel California dans le Big Lebowski des Frères Coen.

Mais si telle était votre opinion à leur propos, c’est que vous avez raté un épisode, sans doute le plus important, de l’histoire des Rois Gitans. Voici donc le moment de rattraper ce très passager moment d’absence.

En 2003, les Gypsy Kings font appel au producteur américain Craig Street pour réaliser leur nouvel album. Craig Street est connu pour avoir produit, entre autres musiciens très fréquentables, Norah Jones, Meshell Ndegeocello, K.D.Lang, Cassandra Wilson, Joe Henry, Chocolate Genius ou Chris Whitley. De ce dernier, Street avait enregistré l’album acoustique Dirt Floor dans la maison paternelle abandonnée du bluesman, laissant loin derrière toutes les traces de saturation électrique qui pesaient sur ses précédents disques. C’est dans cette idée que Street choisi d’emmener les frères Reyes et Baliardo dans une petite bâtisse en pierre du Languedoc afin qu’ils y jouent les morceaux de leur nouvel album.
Pour la première fois dans la carrière discographique des Gypys Kings, pas de synthétiseurs ou de boîtes à rythmes mais des instruments acoustiques uniquement.

The Gypsy Kings – Enregistrement de l’album Roots, 2003.





Craig Street parle de l'enregistrement de Roots.


Si à ce moment-là du récit, on peut déjà saluer l’idée de départ de Craig Street, ce dernier ne s’arrête pas en si bon chemin, emmenant aussi dans ses valises et en plus de ses micros, le contrebassiste Greg Cohen, accompagnateur de John Zorn (Acoustic Masada, Masada String Trio), Dave Douglas ou encore Tom Waits. Plus tard, Street rajoutera quelques percussions du brésilien Cyro Baptista et la kora de Yakouba Sissoko.

Ainsi furent enregistrés 16 morceaux pour un résultat en tout point admirable qui constitue de loin le sommet de la carrière artistique des Gypsy Kings, celui qu’il vous faut avoir si vous voulez donner votre avis sur la musique gitane du groupe français le plus connu dans le monde.

Prenez Aven, Aven et savourez dès la première note de contrebasse le jeu appuyé de Greg Cohen, parfait soutien à la pompe rythmique et à la voix puissante et éraillée de Nicolas Reyes. Une contrebasse qui est du reste le ciment de l’album, de la première à la dernière plage de celui-ci, comme sur Rhytmic :

Gypsy KingsRhytmic (Roots 2004, Nonesuch)



Ou sur cet extraordinaire Tarantas :

Gypsy KingsTarantas (Roots 2004, Nonesuch)



L’agencement des morceaux tout au long du disque est également à souligner, alternance de morceaux chantés et de plages instrumentales.

Gypsy KingsComo Siento Yo (Roots 2004, Nonesuch)



Gypsy KingsBolerias (Roots 2004, Nonesuch)



On relèvera l’apport d’un producteur de la qualité de Craig Street (qualité d’écoute notamment) sur sa lumineuse idée d’inviter Yakouba Sissoko et sa kora sur ce merveilleux Tampa :

Gyspy KingsTampa (Roots 2004, Nonesuch)



Qualités musicales évidentes des musiciens, sens de l’écoute d’un producteur dont les idées vont sans cesse dans le sens d’un développement positif de la musique, traitement acoustique d’une musique qui aurait du depuis longtemps se passer de ses oripeaux électriques (et continuer à le faire), voilà comment Roots des Gypsy Kings est devenu depuis sa sortie l’un de nos disques de chevet. Qu’en pensez-vous ?

15/09/2008

WENT TO SEE THE GYPSIES - Ep.01, Le Mix - Gypsy Kings, Cyro Baptista, Ljiliana Buttler, Saban Bajramovic, Amira


Spadee Sam presents – Went To See The Gypsies Mix

(Un mix à télécharger ici : Went To See The Gypsies Mix)

01 – Gypsy KingsAven, Aven (Roots 2004, Nonesuch)
02 – Saban Bajramovic with Mostar Sevdah ReunionI Barval Pudela (a Gypsy Legend 2001, TimesSquare)
03 – Ljiliana ButtlerJa Ko’ Ostala Deca (The Mother of Gypsy Soul 2002, SnailRecords)
04 – Cyro BaptistaAma (Beat The Donkey 2002, Tzadik)
05 – Cyro BaptistaBird Boy (Banquet of The Spirits 2008, Tzadik)
06 – Gypsy KingsTampa (Roots 2004, Nonesuch)
07 – AmiraMujo Djogu po Mejdanu Voda (Rosa 2004, Snailrecords)
08 – Cyro BaptistaSweet Cuica (Beat The Donkey 2002, Tzadik)
09 – Cyro BaptistaCyrandeiro (Beat The Donkey 2002, Tzadik)
10 – Gypsy KingsTarantas (Roots 2004, Nonesuch)
11 – Cyro BaptistaArgan (Banquet of The Spirits 2008, Tzadik)
12 – Gypsy KingsComo Ayer (Roots 2004, Nonesuch)
13 – Cyro BaptistaNana and Tom (Banquet of The Spirits 2008, Tzadik)

Vous vous demandez pourquoi cohabitent sur ce mixe les interprètes de Bamboleo, des chanteurs serbes ou encore un percussionniste brésilien fidèle des projets de John Zorn ?


Vous verrez, c’est évident ! Mais en attendant, profitez de ce nouveau mixe de presque une heure pour voyager en musique là où bon vous semble. On se retrouve plus tard.

14/09/2008

PLAT DU JOUR 15 - Bonus - Une dernière pour la fin du weekend...


Loleatta Holloway - Cry to Me (The Hotlanta Soul, Kent)



L'intro de piano,
les soupirs,
les choeurs,
la guitare flottante.

13/09/2008

PLAT DU JOUR 15 - Ep.06 - Leon Ware

Profitons de la récente parution de Moon Ride sur Stax pour faire en musique le tour de la carrière de Leon Ware, chanteur et producteur d’une soul ouvertement faite pour la chambre à coucher.

Pour commencer, en un peu moins de quarante minutes, voici ce qu’il faut avoir entendu de Leon Ware paru sous son nom.

Spadee Sam presents – Body Heat, a Leon Ware Mix
(un mix à télécharger ici : Body Heat, a Leon Ware Mix)

01 – The Spirit Never Dies (Leon Ware 1972, UnitedArtists)
02 – Why I Came to California feat.Janis Seigal (Leon Ware 1982, Elektra)
03 – I Wanna Be Where You Are (Musical Massage 1976, Gordy)
04 – Can I Touch You There (Leon Ware 1982, Elektra)
05 – Comfort (Come Live With Me, Angel) (Musical Massage 1976, Gordy)
06 – Why Be Alone (Leon Ware 1972, UnitedArtists)
07 – Phantom Lover (Musical Massage 1976, Gordy)
08 – Body Heat (Musical Massage 1976, Gordy)
09 – Nothing Sweeter Than My Baby’s Love (Leon Ware 1972 , UnitedArtists)
10 – Underneath Your Sweetness (Love’s Drippin’ 2003, Kitchen)


Dix morceaux, onze avec celui niché dans le mixe de ce Plat du Jour N°15. Voilà, vous pouvez aussi bien faire l’impasse sur le reste de la discographie de Leon Ware, pas franchement passionnante.
En revanche, il y a dans ces dix plages quelques vrais moments de bonheur. Faisons un rapide tour du propriétaire.

D’un poignant Spirit Never Diesyou touch more than my skin »), au fantastique semi-disco Why I Came to California, du sous-Marvin Gaye I Wanna Be Where You Are au brûlant Can I Touch You There ("darling you know where..."), toute l’oeuvre de Leon Ware est, on l’a dit, tournée vers un seul but : la baise.
Ce n’est pas l’écoute de Musical Massage et de sa charmante pochette (qu’on a choisi plutôt que celle, assez nulle de Moon Ride). qui fera changer d’avis.
Leon Ware, né à Detroit en 1940, a donc fait paraître une dizaine d’albums sous son nom.
Le premier, sorti en 1972, s’écoute bien, le second, Musical Massage, paru en 1976 se veut le pendant du I Want You de Marvin Gaye et il faut attendre 1982 pour retrouver Leon Ware en grande forme. En revanche par la suite, ne seront publiées que des horreurs sucrées jusqu’au dernier Moon Ride, à peine meilleur que ses prédécesseurs et publié, de manière totalement incongrue, chez Stax.

Si Musical Massage est le frère jumeau du I Want You de Marvin Gaye, soulignons quand même que Leon Ware a également écrit l’intégralité de ce dernier, sommet de « Fuck Me Music ».

Parliament, les Jackson Five, les Isley Brothers, Bobby Womack, Marvin Gaye, Quincy Jones, The Main Ingredient, Maxwell ou Minnie Riperton, le répertoire de Leon Ware est plutôt classieux.

Ce second mixe reprend donc pendant une heure plusieurs des collaborations de Ware avec d’autres artistes, en tant qu'auteur, compositeur ou producteur.

Spadee Sam presents – Instant Love, a Leon Ware Mix
(un mix à télécharger ici : Instant Love, a Leon Ware Mix)

01 – Sa-Ra Creative PartnersThat’s Why (Dark Matter and Pornography Mixtape 2005)
02 – MaxwellSumthin’ Sumthin’ (Urban Hang Suite 1996, Columbia)
03 – The Jackson FiveDon’t Say Goodbye Again (One Day In Your Life 1975)
04 – The Isley BrothersGot To Have You Back (Soul of The Rocks 1967, Motown)
05 – Marlena ShawSweet Beginnings (Sweet Beginnings 1977, Columbia)
06 – The Main IngredientRolling Down a Moutainside (The Spinning Around, The Singles 1967-1975, Kent)
07 – The Main IngredientInstant Love (Music Maximus 1976, RCA)
08 – ParliamentFantasy is Reality (Osmium 1972, Invictus)
09 – The Jackson FiveIt’s Too Late To Change The Time (Anthology, Motown)
10 – Minnie RipertonBaby, This Love I Have (Adventures in Paradise 1975)
11 – Marvin GayeI Want You (I Want You 1976, Motown)
12 – Tina BroussardInside My Love (Inside My Love 2008, Trina)
13 – Marvin GayeAfter The Dance (I Want You 1976, Motown)
14 – Quincy JonesBody Heat (Body Heat 1974, A&M)
15 – Steve Spacek feat.Leon WareSmoke (Space Shift 2005, SoundinColor)
16 – Coke EscovedoIf I Ever Lose This Heaven (Coke 1975, Mercury)
17 – Bobby WomackThe Roots In Me (Roads of Life 1979, Razor&Tie)


Ceux de Sa-Ra ont flairé le bon coup avec leur remix de Why I Came To California, un morceau encore meilleur sous leurs mains rétro-futuristes.
La jeune génération a fait appel à plusieurs reprises à l’expérience de Leon Ware. C’est le cas pour Maxwell sur son premier album, ainsi que pour les anglais Omar et Steve Spacek (dont à son tour Leon Ware s'inspire grandement sur l'unique morceau récupérable de Moon Ride, Loceans).
Dans la catégorie poids lourds, on retrouve Michael et les cinq frères Jackson sur deux excellents morceaux écrits par Ware, les chanteuses Minnie Riperton et Marlena Shaw ou Bobby Womack en clôture.
Mais les meilleurs moments du mixe sont sans hésiter les Main Ingredient dans leur version de Rolling Down a Mountainside, Parliament et un génial Fantasy is Reality avec la Sainte Trinité du p-funk George Clinton (voix)/Bernie Worrell (ce clavier!)/Eddie Hazel (cette guitare!), ou encore la terriblement moite reprise d’Inside is Love par la plus récente Tina Broussard.

De quoi bien vous amuser, seul ou accompagné(e)...

PLAT DU JOUR 15 - Ep.05 - Loudon Wainwright III, David Vandervelde, Chris Bell, Alex Chilton


A part deux ou trois choses pas désagréables, on n’a honnêtement pas grand-chose à dire sur Wating For The Sunrise, le nouvel album de David Vandervelde. Cryin’ In The Rain, par exemple, est pas mal, sorte de réunion posthume entre Marc Bolan, John Lennon et Chris Bell, il y a pire (mieux aussi).

David VanderveldeCryin’ Like The Rain (Waiting For The Sunrise 2008, SecretlyCanadian)



Si l’on évoque à cet instant le collègue du grand Alex Chilton dans Big Star, c’est parce que Vandervelde nous était déjà un peu plus tôt apparu dans le costume de Chris Bell, plus précisément sur Nothin’ No, le morceau qui ouvrait le pompeusement nommé The Moonstation House Band.

David VanderveldeNothin’ No (The Moonstation House Band 2007, SecretlyCanadian)



Nothin’ No trouve ainsi ses racines dans la beaucoup plus sombre I am The Cosmos de Chris Bell.

Chris BellI Am The Cosmos (I Am The Cosmos 1977, Rykodisc)



Un morceau terrible, jugez vous-mêmes :

"Every night I tell myself, I am the cosmos, I am the wind. But that dont get you back again..."

Chris Bell était donc le leader bis de Big Star, l’un des plus grands groupes pop de l’histoire de la musique, et qui, avec un Chris Bell aux épaules un peu plus solides, aurait pu concurrencer la paire Lennon/McCartney, sans parler de Jagger/Richards, lesquels furent vite distancé en un album et demi par Bell et Chilton.
Mais Bell s’en est allé, plombé par la manque de réussite du groupe et la place prédominante de Chilton. Un retour dans la maison familiale et une place de serveur dans le restaurant paternel, quelques sessions à la cave et puis un matin de décembre 1978, à l’âge de 27 ans, c’est l’accident de voiture et tout est terminé.
I am The Cosmos, l’unique album solo de Chris Bell vaut le détour rien que pour sa chanson titre et son solo de guitare, fragile comme les mots et la voix du musicien maudit.



Loudon Wainwright - Muse Blues (Recovery 2008, YepRoc)


Loudon Wainwright - School Days (Recovery 2008, YepRoc)




Pas maudit du tout lui, c’est en plein mois d’août que Loudon Wainwright III, père de Rufus et de Martha (doit-on s’étonner qu’il s’en soit éloigné ?!) sortait Recovery, collection de vieilles chansons rejouées avec des musiciens de qualité supérieure, notamment Jay Bellerose à la batterie et Joe Henry à la production.
Loudon Wainwright avait été au passage et il y a longtemps, fort joliment repris par, justement, Alex Chilton :

Alex ChiltonMotel Blues (Live 1992, Rykodisc)



On ne s’ennuie pas une seconde sur Recovery, grâce en partie à la qualité des musiciens et à un Loudon Wainwright qui chante de mieux en mieux, comme on avait déjà pu s’en rendre compte sur la B.O.de la comédie américaine Knocked Up, coécrite il y a quelques mois avec Joe Henry. Sur cette dernière, on trouvait quelques merveilles comme Valley Morning, description formidable d’une matinée quotidienne dans un quartier pavillonnaire de Los Angeles.

Loudon Wainwright IIIValley Morning (Strange Weirdos 2007, Concord)



Le retour en grâce est confirmé, si ça pouvait durer un peu.

PLAT DU JOUR 15 - Ep.04 - Medeski, Martin and Wood, Fred Frith


Déception à l’écoute du onzième volume du Livre des Anges de John Zorn, où le second répertoire Masada est cette fois-ci interprété par le trio Medeski, Martin and Wood.
En effet, on s’ennuie rapidement sur Zaebos, l’un des plus mauvais volumes de la série. On comprend alors que les compositions de Zorn ont définitivement besoin de plus d’espace, une amplitude créée par les cordes du Masada String Trio, du Bar Kokhba Sextet ou du violoncelle d’Erik Friedlander, ou par l’économie de moyens d’un Jamie Saft au piano.
Dans les formations servant la musique la moins aérée, le trio de Marc Ribot avec Calvin Weston et Trevor Dunn, le solo de Uri Caine qui comportait quand même d’excellents moments, on en arrive vite à l’exercice de style, perdant le lyrisme qui fait la force des thèmes de Zorn.
Sur Zaebos, ces derniers semblent avoir déjà été entendu mille fois et surtout, le groupe pêche sur ce qui fait habituellement sa force, l’humour. Respect étrange, manque de distanciation et difficulté aussi de passer après le superbe premier volume de la série par le trio de Jamie Saft, quand bien même John Medeski est plus souvent à l’orgue qu’au piano.
Reste sur Zaebos le plaisir d’entendre cette fabuleuse paire rythmique que forment Billy Martin à la batterie et Chris Wood à la contrebasse. Le rythme « urbain » a-t-il déjà été mieux représenté que par le son et le groove imprimé par Billy Martin ?!

Medeski, Martin and Wood - Asaliah (Zaebos, Book of Angels Vol.11 2008, Tzadik)




Dans un tout autre style, le dernier disque de guitare solo de Fred Frith est superbe, intimiste mais tourné vers les grands espaces. To Sail, To Sail porte donc bien son nom et on pense beaucoup à Bill Frisell ou encore au dernier disque solo d’Erik Friedlander tout au long de cette série de vignettes imaginaires auxquelles Frith donne vie avec une élégance remarquable.

Fred Frith - Because Your Mama Wants You (To Sail, To Sail 2008, Tzadik)



Fred Frith - Sheep's Head, 1963 (To Sail, To Sail 2008, Tzadik)

12/09/2008

PLAT DU JOUR 15 - Ep.03 - Juliana Hatfield


Pas de hasard. La première fois qu'on a entendu la voix de Juliana Hatfield, c'était en 2000 sur Chore of Enchantment, un disque de ...Giant Sand.

Giant Sand feat.Juliana Hatfield - Temptation of Egg



On mettait alors son premier disque solo paru en 1992, Hey Babe, dans la platine et Everybody Loves Me But You nous accueillait.

Juliana Hatfield - Everybody Loves Me But You



Everybody Loves Me but You - Clip

Jusqu'à il y a quelques jours, cette chanson demeurait ainsi la seule et unique de Juliana Hatfield en ce qui nous concerne. Avec sa voix d'éternelle adolescente (elle a désormais quarante ans), Hatfield avait composé une sorte de chanson parfaite, typique d'un rock indépendant américain des années 90 mâtiné de grunge polissé. Juliana Hatfield était notre Avril Lavigne.

Jusqu'à ce qu'on se décide à jeter une oreille sur ce How To Walk Away au titre évocateur, pusique c'est un peu ce qu'on faisait depuis tout ce temps avec l'américaine.
Mais cette dernière sait décidement choisir la première plage d'un disque. En 1992, Everybody Loves Me. En 2008, The Fact Remains, une chanson qu'on ne se lasse pas d'écouter depuis plusieurs jours, allez savoir pourquoi. Si quelqu'un pense avoir une explication rationnelle à l'effet que procure cette chanson, on est preneur. Peut-être s'agit-il simplement d'une chanson pop parfaite, de celles qu'on rêve d'écouter en voiture, sur la route vers....

Juliana Hatfield - The Fact Remains



A peine moins efficace, This Lonely Love est le deuxième tube de l'album.

Juliana Hatfield - This Lonely Love

Le reste de How To Walk Away est certes plus commun mais pas sans charme (My Baby..., Law of Nature). On a en tout cas le droit de rester éternellement amoureux de la voix de Juliana, ou plus, et puis tout ça fera plaisir à ceux qui reprochent à ce blog de manquer de rock !

PLAT DU JOUR 15 - Ep.02 - Giant Sand, Calexico, Lambchop


On a connu des disques beaucoup moins bons que Carried to Dust, le dernier Calexico. Dans d’autres circonstances, on pourrait même en faire pour un moment un proche compagnon de route.
L’album a néanmoins un gros problème. Il sort au même moment que Provisions, celui du voisin de palier et mentor de Calexico, Howe Gelb. Le coup est d’autant plus dur qu’il y a peu, Joey Burns et John Convertino faisait partie de la formation sous laquelle Gelb sort ce disque, Giant Sand.
Mais qui a dit « écouter, vous entendrez la différence » ?!
Car une différence il y en a une sacrée entre ces deux disques. D’un côté, la pop mariachi de Calexico, parfois agréable, souvent laborieuse. Leur disque commence ainsi par deux morceaux franchement mauvais, Victor Jara’s Hands et Two Silver Trees avec son refrain on ne peut plus insupportable. Heureusement, il y a chez Calexico ce son de batterie admirable de John Convertino et avouons que la voix de Joey Burns, si elle est loin d’être inoubliable est plutôt sympathique. Mais sur Carried to Dust, il faut attendre la beaucoup plus compacte Writer’s Minor Holiday, , sans cordes et refrains pompeux, pour commencer à se détendre.
De manière générale, c’est le sens de l’arrangement, des détails et de la mélodie qui fait défaut à Calexico quand leur son reste leur principal atout.

Calexico - Carried to Dust Trailer
Calexico - Two Silver Trees
Calexico - Inspiracion



Le sens de la mélodie n’est pas ce qui manque à Howe Gelb, qui évolue depuis plusieurs albums à des hauteurs incroyables, impressionant de facilité mélodique.
Stranded Pearl ouvre ce panier de Provisions qui accueille Isobel Campbell, Neko Case ou M.Ward. Toujours aussi fantômatique, Isobel Campbell fait néanmoins bonne figure sur ce morceau, en meilleure compagnie musicale avec Howe Gelb qu’avec Mark Lanegan c’est sur. Ici, on soulignera les points communs entre Gelb et Jean-Louis Murat, la voix, la prolixité discographique et le goût prononcé pour les chanteuses. Si Murat pouvait mettre dans ses chansons ce petit grain de folie qui leur manque souvent et qui rend si bons les morceaux de son collègue américain …
Sur Without a Word, c’est Neko Case qui donne le change d’excellente manière.

Giant Sand - Without a Word




Sinon, la classe c’est ça :

Howe Gelb - Increment of Love (Live)

Ou ça :

Howe Gelb - Spiral (Live)

Il y a d’autres moments de grâce sur Provisions, notamment Pitch and Sway, le retour au calme après la tempête électrique qui s’abat sur l’instrumental World’s End State Park, les groovy Muck Machine ou Saturated Beyond Repair et un Well Enough Alone qui ferait plaisir à Lou Reed.

Howe Gelb - Stranded Pearl (Live)


Et si vous en vouliez encore dans la même famille, Kurt Wagner fera paraître dans quelques jours un nouveau Lambchop d’une parfaite élégance. Par exemple, comment résister à une telle douceur ?

Lambchop - Ohio (Oh(Ohio) 2008)


08/09/2008

PLAT DU JOUR 15 - Ep.01 - Le Mix, Giant Sand, Calexico, Loudon Wainwright, Juliana Hatfield, Madlib, Leon Ware, Koushik, Anthony David, MMW




01 - Giant Sand - Stranded Pearl (ProVISIONS 2008, Yep Roc)
02 - Calexico - Bend In The Road (Carried to Dust 2008, Quarterstick)
03 - Loudon Wainwright III - The Drinking Song (Recovery 2008, Yep Roc)
04 - Juliana Hatfield - The Fact Remains (How To Walk Away 2008, Ye Olde)
05 - Medeski, Martin and Wood - Tutrusa'i (Zaebos, Book of Angels Vol.XI 2008, Tzadik)
06 - Giant Sand - Muck Machine (ProVISIONS 2008, Yep Roc)
07 - Madlib - Do You Know (Transition) (Beat Konducta Vol.05 : Dil Cosby Suite 2008, Stones Throw)
08 - Leon Ware - Loceans (Moon Ride 2008, Stax)
09 - Madlib - Anthenagin' (Beat KonductaVol.05 : Dil Cosby Suite 2008, Stones Throw)
10 - Koushik - Coolin' (Out my Window 2008, StonesThrow)
11 - Anthony David - Spittin' Game (Acey Duecy 2008, Republic)


15ème “Plat du Jour” et premier de cette nouvelle année « scolaire », avec aujourd’hui un mixe d’environ 40 minutes présentant dix albums sortis durant l’été ou qui s'apprêtent à l’être dans les prochains jours.

En musique donc, un grand voyage à travers les Etats-Unis, puisque l’on part de Tucson en Arizona, avec d’un côté la paire Joey Burns/ John Convertino de Calexico et de l’autre l’immense Howe Gelb et Giant Sand accompagné par Isobel Campbell. Puis direction Boston où nous attend la toujours ravissante Juliana Hatfield, non sans d’abord avoir rendu visite à Loudon Wainwright III, basé lui à Los Angeles et qui revisite ses classiques entouré de Joe Henry à la production. Ensuite, c’est New York où le trio Medeski, Martin and Wood reprend à son tour les compositions de John Zorn avant de reprendre la route vers l’Ouest et Los Angeles pour un tour du label Stones Throw avec Madlib et Koushik. Entre temps, on sera passer saluer Leon Ware chez Stax et Anthony David en Géorgie.
Comme la route est longue, on s'arrêtera tout au long de la semaine aux étapes les plus marquantes du parcours.

En attendant, bonne route et donnez de vos nouvelles !

07/09/2008

HORS-CHAMPS - Ep.01 - Bloom K Trio, The Solitary Cyclist, Das Kapital

Avec ce premier épisode d’ « Hors-Champs », débute une série d’articles destinée à présenter quelques artistes et formations découverts sur myspace et encore loin d’être connus du plus grand nombre.

On avait déjà, par le passé, présenté le hip-hop acoustique de Blockstop, le jazz explosif de Seism Update, celui ethnico-acoustique de l’Ensemble du Prince Oreille ou le pianiste néerlandais basé à Berlin et plus connu lui, Pär Lämmers.

Au programme de ce premier épisode et de ce weekend, deux formations, l’une new-yorkaise, l’autre strasbourgeoise, et un bonus.

Si vous avez assisté à l’excellent concert des Charming Hostess la semaine dernière au festival Jazz à Mulhouse, vous avez pu voir et entendre aux côtés de Jewlia Eisenberg et de Marika Hughes la chanteuse Ganda Suthivarakom. Cette dernière, par ailleurs auteur d’un blog qui vaut le détour (EatDrinkOneWoman) est membre des Solitary Cyclist, dont l’unique morceau de leur page myspace, Late to The Party Again, est une petite chanson pop parfaitement savoureuse. Où on apprend également que Ganda participait au duo Smokey and Miho composé du guitariste Smokey Hormel (Tom Waits, Beck, B.O. du film Lonesome Jim de Steve Buscemi), et de Miho Hatori, chanteuse du groupe Cibo Matto (avec Yuka Honda) et auteur d’un très bon album solo, Ecdysis, en 2005.
On est en tout cas sûr de suivre désormais plus attentivement les aventures musicales de Ganda Suthivarakom.


Plus près de nous, c’est à Strasbourg que résident les membres du Bloom K Trio, soit Agathe Vitteau au piano, Cédric Lemaire à la batterie et Sebastien Jeser à la contrebasse.

http://www.myspace.com/bloomktrio

Sous des apparences « classiques » (on peut penser, toutes proportions gardées évidemment, au trio de Bill Evans avec Scott LaFaro et Paul Motian), la formation séduit par les remarquables interactions qui s'opèrent entre ses membres ainsi que par des prises de paroles d’une belle fluidité.
Les compositions ne sont pas en reste, dont deux élégantes ballades, Masterpoleth et Clavinettes, signées par Sébastien Jeser, les autres morceaux étant écrits par Agathe Vitteau.
Parmi celles-ci, Nerys et Leo et sa mélodie accrocheuse, Ami Ennemi et son jeu de cache-cache rythmique ou encore Suerte et sa délicate mélancolie.
Mais le plus simple est encore d'aller vous faire votre propre avis en écoutant et en regardant les vidéos de leurs morceaux sur Myspace. Vous devriez passer un très bon moment.

On avait déjà pu entendre Agathe Vitteau lors du dernier Cedim Pulse Festival de Strasbourg où elle s’était produite au sein de la formation Stomoxe, soit un très beau duo avec le guitariste Nicolas Meyer. On retrouvera ces derniers accompagnés pour l’occasion du batteur Hervé Berger lors du prochain festival Jazzdor de Strasbourg, le 19 novembre au Musée d’art moderne et contemporain.


Egalement au programme de la prochaine édition de Jazzdor, le trio Das Kapital (Edward Perraud à la batterie, Hasse Poulsen à la guitare, Daniel Erdmann au saxophone), qui s'y produira dans le cadre du projet Lenin On Tour, a Road Show, donne à entendre sur son Myspace un nouveau morceau de son prochain projet en hommage à Hans Eisler. Précipitez-y vous car Ohne Kapitalisten gehts besser est en passe de devenir le tube du moment, si si !

06/09/2008

CREOLE GYPSY - Ep.03 - Alain Peters


C’est à des milliers de kilomètres des Antilles, à la Réunion, que naît en 1952 le musicien Alain Peters.
Marquée par la rebellion, l’histoire d’Alain Peters n’est que succession de longues chutes entrecoupées de quelques rapides tentatives d’ascension.
Le disque Paraboler, publié en 1999 regroupe la plupart de ses enregistrements, de la fin des années 70 à la fin des années 80.



Alain Peters - Complainte de Satan (1ère figure) :




Alain Peters commence tôt la musique, une activité qui devient rapidement essentielle et unique. A la fin des années 60, la musique pop anglo-saxonne fait son apparition sur l’Ile de la Réunion et Peters monte ses premières formations, reprenant Led Zeppelin ou Deep Purple pour un public en extase devant ses tenues excentriques, sa voix et ses qualités scéniques.
Alors que la plupart des musiciens réunionnais partent tenter leur chance en métropole, Alain Peters reste sur l’Ile et découvre le poète Jean Albany dont il va mettre plusieurs textes en musique. C’est aussi une époque, les années 70, où il boit énormément, activité pour laquelle il est malheureusement aussi assidu que pour la musique. En 1979 est formé Carousel avec Alain Peters mais aussi le claviériste Loy Ehrlich, une formation en avance sur son temps qui ne fera que pousser un peu plus le chanteur dans l’alcool jusqu’à la dissolution à la fois du groupe et de son couple.
C’est alors qu’un passionné de musique, Jean-Marie Pirot, propose à Alain Peters d’enregistrer ses chansons. Ce dernier accepte et se pointe donc tous les matins à l’aube pour quelques heures d’enregistrement qui finissent par accoucher d’une dizaine de morceaux remarquables sur lesquels Peters joue de tous les instruments.
Mais les démons n’étant jamais loin, Pirot raconte comment tous les jours à 10 heures, le chanteur partait « chercher des cigarettes » pour ne revenir que le lendemain, au meilleur des cas.



Alain Peters - Caloubadia






Au milieu des années 90, Carousel se reforme pour une série de concerts émouvants tandis que son « leader » décide de mettre un terme à son penchant pour la boisson. Une décision prise beaucoup trop tard puisque Alain Peters décède d’une crise cardiaque en juillet 1995.


Alain Peters - Rest' la Maloya



Sur les rythmes entêtants de la maloya, c’est en créole que la voix douce d’Alain Peters s’exprime, évoquant à la fois le blues originel et parfois certaines musiques latines, la chanson chilienne de Victor Jara par exemple.

En outre, vous trouverez tout ce que vous voulez savoir sur Alain Peters ainsi que quelques images sur ce forum : Forum Alain Peters