10/10/2011

PLAT DU JOUR 36

Spadee Sam presents – Plat du Jour 36



01 – Ry Cooder – Humpty Dumpty World (Pull up some Dust & Sit Down, Nonescuh 2011) 02 – Erik Friedlander – Hanky Panky (Bonebridge, Skipstone Records 2011) 03 – Joe Henry – Sticks and Stones (Reverie, Anti 2011) 04 – Tom Waits – Bad as Me (Bad as Me, Anti 2011) 05 – Jim White – This Little Girl (Sounds of The Americans, 101 Distribution 2011) 06 – Steven Bernstein’s MTO feat. Antony Hegarty – Family Affair (MTO plays Sly, The Royal Potato Family 2011) 07 – Bill Frisell – Beautiful Boy (All we are Saying, Savoy Jazz 2011) 08 – Kip Hanrahan – You play with the Night with your Fingertips (At Home in Anger, American Clavé 2011) 09 – Jamie Saft – New Zion (Borscht Belt Studies, Tzadik 2011) 10 – Van Hunt – Falls (Violet) (What Were You Hoping For ?, Red Distribution 2011) 11 – Jean-Louis Murat – Les Souliers Rouges (Grand Lièvre, Polydor 2011) 12 – Wilco – Rising Red Lung (The Whole Love, Dbpm / Anti 2011)

28/04/2011

L'air du large : June Tabor et Vinicio Capossela






01 – June TaborWinter comes in, vidlin voe (Ashore, Topic 2011)

02 – Vinicio CaposselaLe Sirene (Marinai, Profeti e Balene, Warner 2011)

03 – Joni MitchellSong to the Seagull (Song to the Seagull, Reprise 1968)



Les derniers disques de June Tabor et de Vinicio Capossela sont deux merveilles qu’il vous faut vous procurer dès que possible.


Deux disques et un thème en commun : la mer.


Deux disques qui se répondent de manière étonnante. Finesses des arrangements, instrumentarium resserré sur Ashore (accordéon, violon et contrebasse), immense sur Marinai…(kalimba basse, ondes Martenot, chœurs, mais aussi les guitares d’Alessandro Stefana et Marc Ribot, la contrebasse de Greg Cohen…) et surtout l’incroyable liberté des deux interprètes plongeant l’auditeur dans des mondes fantastiques. Rien ni personne dans nos contrées qui malheureusement ne s’approche aujourd’hui de la liberté de ton et de l’audace de June Tabor et Vincio Capossela (le fantastique single Pryntyl !). Raison de plus de profiter de ces deux très grands disques, à écouter au casque, à la lueur des bougies.

21/04/2011

"Diamond in your Mind" : Jay Bellerose, batteur

Spadee Sam presents – Diamond on Your Mind, a Jay Bellerose Selection

20 titres, 1h20 de musique, 1 seul batteur !






01 – Joe HenryThe Man I Keep it Hid (Blood from Stars, Anti 2009)
02 – Gregg AllmannFloating Bridge (Low Country Blues, Rounder 2011)
03 – John MellencampSave Some Time to Dream (No Better Than This, Rounder 2010)
04 – B.B.KingSee That My Grave is Kept Clean (One Kind Favor, Geffen 2008)

05 – Solomon BurkeDiamond in Your Mind (Don’t Give Up on Me, Anti 2002)

06 – Aaron NevilleI Done Made up My Mind (I Know I’ve Been Changed, EMI Gospel 2010)

07 – Freddy KoellaElephant (Undone, Tôt ou Tard 2011)

08 – T-Bone BurnettThere Would Be Hell to Pay (True False Identity, SBME Special 2006)

09 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand, Rounder 2007)

10 – Jeff BridgesHold on You (Crazy Heart O.S.T., New West 2010)

11 – Rodney CrowellI Want You 65 (Sex and Gasoline, Yep Roc 2008)
12 – Loudon Wainwright IIIDoin’ the Math (Strange Weirdos, Concord 2007)

13 – Steve EarleHeaven or Hell (I’ll Never Get Out This World Alive, New West 2011)

14 – Hugh LaurieBattle of Jericho (Let Them Talk, Warner Bros. 2011)

15 – Allen ToussaintBright Mississippi (The Bright Mississippi, Nonesuch 2009)

16 – Mose AllisonI’m Alright (The Way of The World, Anti 2010)

17 – Ramblin’ Jack ElliottSoul of a Man (A Stranger Here, Anti 2009)

18 – Jakob DylanWe Don’t Live Here Anymore (Women and Country, Columbia 2010)

19 – Jim WhiteBluebird (Drill a Hole in That Substrate..., LuakaBop 2004)

20 – Susan TedeschiThe Danger Zone (Hope and Desire, Verve Forecast 2005)



Etaient initialement prévus mais sont restés à quai :



Ray LamontagneRepo Man (God Willin’and The Creek don’t Rise, RCA 2010)

Kip BoardmanAll That Bad (The Long Weight, Ridisculous 2011)

Over The RhineThe King Knows How (The Long Surrender, Great Speckled Dog 2011)

Rickie Lee JonesTried to Be a Man (The Sermon on Exposition Boulevard, New West 2007)

Sam PhillipsAll Night (A Boot and a Shoe, Nonesuch 2004)

Aussi loin que je me souvienne, la première fois que le son de batterie de l’américain Jay Bellerose est parvenu à mes oreilles, c'était en 2002, sur Don’t Give up on Me, le disque qui fit repartir l’énorme Solomon Burke pour un tour et que produisait Joe Henry. Quelques mois plus tard avec Tiny Voices de ce dernier, ce fut la révélation. Un disque produit comme dans mes rêves les plus fous et ces musiciens : Chris Bruce (guitariste méconnu par ici et pourtant fidèle compagnon d’aventures de Meshell Ndgeocello ou Chocolate Genius), les souffleurs Ron Miles et Don Byron, le contrebassiste David Piltch et donc Jay Bellerose, batteur qui depuis ne quitte que rarement ma platine. Présent sur toutes les productions, et elles sont nombreuses depuis dix ans, de Joe Henry et T-Bone Burnett, (il devrait donc encore être présent sur le disque que Jeff "The Dude"Bridges doit faire paraître cet été sur Blue Note) Bellerose possède un son reconnaissable entre tous que je me garderai bien d’essayer de décrire ici. Les paires rythmiques qu’il forme avec les non moins excellents contrebassistes David Piltch (chez Joe Henry), Dennis Crouch (chez T-Bone Burnett) voir sa compagne Jennifer Condos (chez Ray Lamontagne) sont à tomber par terre. Inutile de préciser que pour apprécier ces titres à leur juste valeur, il vous faut acheter les disques dont ils sont extraits. Ecouter les productions d’Henry ou de Burnett en mp3 est une hérésie tant est grand chez eux le soucis du détail. Mais ce sera pour demain. Pour l’instant, servez-vous à boire, lancez le lecteur et installez-vous confortablement, ça devrait être un bon moment.

Et pour terminer, quelques vidéos sur lesquelles officie Jay Bellerose...

18/04/2011

Hugh Laurie - Let Them Talk (Warner Bros.)

Pour être honnête, je n'ai jamais vu un seul épisode de Dr House, pas même une seule seconde de cette série qui passe sur une chaîne inexistante pour moi en dehors du foot et de la formule 1 (chacun ses vices). Bref, fidèles lecteurs de ce blog, vous l'aurez compris, ça n'est pas de voir un acteur chanter qui m'a fait acheté le disque de Hugh Laurie le jour de sa sortie mais bien la présence à la production de Joe Henry et de son habituelle troupe de musiciens de première classe. Au préalable, si vous achetez ce disque pour votre addiction au médecin à la canne et que vous l'appréciez, alors jetez vous les yeux fermés sur tous les disques qu'a produit Joe Henry depuis quelques années : Ramblin' Jack Elliott, Solomon Bourke, Allen Toussaint, Rodney Crowell, Loudon Wainwright ou encore Bettye Lavette, sans parler de ses propres albums depuis Fuse en 1999.

Sinon, je ne peux rien faire pour vous et vous n'êtes pas le bienvenu ici.

Car il n'y a rien à jeter sur Let Them Talk ou l'on plonge comme dans une eau turquoise. Un disque pour les premières chaudes soirées d'été, sous le porche, une bière fraîche ou un whisky à la main.

Quelques sommets qu'on ne peut passer sous silence : Battle of Jericho d'abord avec des arrangements superbes, violon et accordéon, les choristes habituelles des projets de Joe Henry et ce jeu de batterie à tomber à la renverse de Jay Bellerose. Puis un langoureux After You've Gone chanté par Dr John - celui qu'aurait aimé être Laurie, et ça s'entend - et un Swanee Riber en boogie woogie pulvérisé par le drumming de Bellerose.

Non, rien de révolutionaire dans ce disque. Mais quel plaisir ! L'immense Irma Thomas qui illumine le classique John Henry (croisons les doigts pour qu'elle enregistre un de ces jours un disque entier avec le même producteur), les arrangements de cuivres d'Allen Toussaint sur Tipitina, le bruit d'un verre à whisky, plein, en cristal, que touche Bellerose sur la prise de Winnin' Boy Blues, un duo magistral entre Tom Jones et Irma Thomas sur Baby, Please Make a Change avant une clôture superbe de la star du petit écran, ici tout à fait crédible en pianiste-chanteur des heures tardives, sur la chanson qui donne son nom à l'album.

Pas la peine de faire sa mijorée et de chercher la faille, tout sur Let Them Talk n'est que bonheur et plaisir.


Vinicio Capossela - Marinai, profeti e balene

Le nouveau Steve Earle produit par T-Bone Burnett et le premier, excellent, de Hugh Laurie alias Dr House, produit par Joe Henry, tous les deux bénéficiant de l'exceptionnel batteur Jay Bellerose, mais aussi Avril, beau disque du chanteur basque Benat Achiary avec le batteur Ramon Lopez et l'accordéoniste Philippe de Ezcurra, ou encore un très bon disque en trio du pianiste anglais Matthew Bourne (The Money Notes), telles étaient les écoutes du soir.

Et puis, cerise sur le gâteau déjà bien garni, quelques notes de Marinai, profeti e balene, nouveau disque à paraître la semaine prochaine du chanteur italien Vinicio Capossela, célébré récemment ici-même (voir un peu plus bas). Vivement bientôt...


14/04/2011

Plat du Jour 35

Spadee Sam presents Plat du Jour 35

01 – Nostalgia 77 feat. Josa Peit – Sleepwalker (The Sleepwalker Society, TruThoughts 2011)

02 – Gaby Moreno – No Regrets (The Illustrated Songs 2011)

03 – Caetano Veloso – Billie Jean-Eleanor Rigby (MTV Ao Vivo Zii e Zie, Universal Brasil 2011)

04 – Anthony David – Backstreet (As Above so Below, 100% Womon 2011)

05 – Loudon Wainwright – The Man Who Couldn’t Cry (Recovery, Yep Roc Records 2008)

06 – REM – Oh My Heart (Collapse Into Now, Warner Bros. 2011)

07 – Buddy Miller feat. Chocolate Genius – Dang Me (The Majestic Silver Strings, New West Records 2011)

08 – Paul Simon – Love and Blessings (So Beautiful or So What, Hear Music 2011)

09 – Low – Especially Me (C’Mon, SubPop 2011)

10 – June Tabor – Winter Comes in, vidlin voe (Ashore, Topic 2011)

11 – Lucinda Williams – Born to Be Love (Blessed, Lost Highway 2011)

12 – Gretchen Parlato – Better Than (The Lost and Found, ObliqSound 2011)

21/02/2011

Plat du Jour 34 - février 2011

Spadee Sam presents - Plat du Jour 34



01 – Charles BradleyThe World (is going up in flames) (No Time for Dreaming, Dunham Records 2011)
02 – Ghostface KillahGhetto (Apollo Kids, Def Jam 2010)
03 – Medeski, Martin and WoodLuz Marina (The Stone Issue Four, Tzadik 2010)
04 – Howe Gelb and Band of GypsiesThe Ballad of Lole y Manuel (Alegrias, Eureka Discos 2010)
05 – Jessica PavoneApril is Over (Army of Strangers, Porter Records 2011)
06 – Black DubI Believe in You (Black Dub, Red Int/Red Ink 2010)
07 – Joan as Police Woman - Run for Love (Deep Field, Pias 2011)
08 – PJ HarveyThe Glorious Land (England, Az 2011)
09 – Giant SandSpell Bound (Blurry Blue Mountain, Fire 2010)
10 – Greg AllmanChecking on my Baby (Low Country Blues, Fantasy Concord 2011)
11 – T-Model Ford and GravelroadLittle Red Rooster (Taledragger, Alive Records 2011)


Dans une période marquée par un revival soul propice aux usurpateurs (Adele, l’effroyable Ben « Oncle Benz-Banana » Soul, Raphael Saadiq, Seal…), le premier disque du vétéran Charles Bradley fait figure d’exception. A soixante ans passée, après une vie de petits boulots au cours de laquelle la musique fut la plupart du temps reléguée aux after-hours, l’un des patrons du label new-yorkais Daptone (Sharon Jones, Sugarman3) le repère dans un club et lui fait enregistrer ce No Time for Dreaming avec les musiciens du Menahan Street Band. Une collection de ballades soul poignantes, une voix qui rappelle celle de Lee Fields sur des arrangements de cuivres aux petits oignons. Rien ici qui relève de la pose forcée en vigueur chez la plupart de ceux qui squattent désormais les rayons soul des grandes surfaces.

On annonce Daniel Lanois producteur du prochain Carla Bruni… On peut préférer son travail avec la fille de l’un des héros maison, le regretté Chris Whitley, même si ce Black Dub manque un peu de folie pour convaincre totalement. Reste que Brian Blade derrière les fûts est un bonheur dont on ne se lasse pas.



Si le dernier PJ Harvey s’écoute sans rechigner, tout ça sent un peu le sapin aujourd’hui.
PJ Harvey, Radiohead, des noms qui sonnent comme des reliques des années 90 et qui ont depuis longtemps cesser de surprendre. Combien de chanteuses, combien de groupes en The ont depuis pris le relais, même si pas forcément pour le meilleur ?
Il y a une dizaine d’années, PJ Harvey donnait un concert à Paris, retransmis, à l’initiative des Inrocks si je me souviens bien, dans une dizaine de bars de province. Arrivé en avance, je buvais une première bière en regardant la première partie du concert. Howe Gelb était sur scène. Je suis donc parti après le premier titre de PJ Harvey. Dix ans plus tard, c’est encore la même histoire. Entre la classe naturelle de l’américain et les hymnes patriotiques un peu lourds de l’anglaise, il n’y a pas photo. Et on passera prochainement un long moment avec le roi de Tucson.

Enfin, je reviendrai plus tard sur le Low Country Blues de Greg Allmann sur lequel officie un batteur dont il faudra bien un de ces jours parler plus longuement.


03/02/2011

"Pas de Chansons d'Amour", Il Mago Vinicio Capossela

Il y a un moment que les disques du chanteur, pianiste, guitariste et écrivain italien Vinicio Capossela squattent quelques unes des meilleures places de ma discothèque. Depuis sa découverte, il y a une dizaine d’années, alors que je me penchais sur les innombrables collaborations du guitariste new-yorkais Marc Ribot.
Que dire d’original sur cet artiste qui l’est vraiment, lui, original. Vous pourrez lire un peu partout qu’il est le « Tom Waits italien ». Si vous êtes sensibles à la musique de ce dernier et que l’Italie reste pour vous source de nombreux fantasmes autres que les orgies dans les sous-sols des palais présidentiels, alors penchez-vous sur sa musique de et emmenez votre compagne – ou compagnon puisque ce blog s’adresse en premier lieu à la gente féminine – le voir et l’écouter le soir de la Saint Valentin à La Cigale à Paris. Et puis cette playlist est faite pour vous.

Spadee Sam presents Con Una Rosa, a Vinicio Capossela selection




01 – Corre Il Soldato (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
02 – Contrada Chiavicone (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
03 – Bardamu (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
04 – Brucia Troia (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
05 – Corvo Toro (Nel niente sotto al sole, Atlantic 2006)
06 – Il Ballo di San Vito (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
07 – Solo Mia (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
08 – Con una Rosa (Nel niente sotto al sole, Atlantic 2006)
09 – Morna (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
10 – La Faccia della Terra (Solo Show Alive, Atlantic/Warner 2009)
11 – Sante Nicola (Da Solo, Warner 2008)
12 – Nella Pioggia (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
13 – Lanterne Rosse (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
14 – Ovunque Proteggi (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
15 – SS. dei Naufrageti (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)

Né en Allemagne en 1965, Vinicio Capossela publie trois premiers disques au début des années 90 : All’una e trentacinque cerca, Modi et Camera a Sud. Trois disques d'une Amérique fantasmée, réécrite à l’ombre des écrivains de la Beat Generation, de John Fante et de Martin Scorsese mais qui respire aussi d'une certaine nostalgie italienne. Dans les chansons du Vinicio première période, beaucoup de charme et de légèreté. Des disques de chevet pour tout amateur d’espresso restreto et de tomates fraîches mozza aux premiers jours d’été.

Vinicio Capossela - Camera a Sud


En 1996, Vinicio Capossela déchire la carte postale et signe son premier grand disque. Son « Rain Dogs » à lui s’appelle « Il Balo di San Vito ». On y retrouve la guitare acérée de Marc Ribot mais aussi les arrangements d’Evan Lurie, frère du Lounge Lizards John. Le morceau qui donne son nom à l’album annonce tout ce qui va suivre : richesse des arrangements, mythes et légendes italiennes abordées comme un immense conte fantastique, un spectacle total. Et puis il y a Morna ou encore Corvo Torvo, un morceau qui devient incontournable en concert.

Vinicio Capossela - Morna

Après Il Balo san Vito, Capossela peut lâcher la bride. Quatre ans plus tard, il revient avec La Canzioni di Manovella, peut-être son plus grand disque, mon préféré en tout cas.
Bardamu pour commencer. L.F.Céline bien sûr, et c’est déjà ça, mais un soir d’été, un soir de fête foraine, avec feu d’artifice et tutti quanti. Tout le disque est du même tonneau. Excessif, théâtrale, alcoolisé et donc souvent émouvant (Solo Mia). Comment résister à Con una Rosa, à Nella Pioggia ?
Vinicio Capossela - Bardamu

Un best of et six ans plus tard, Capossela est de retour avec Ovunque Proteggi. Partiellement enregistré au fond d’une grotte, c’est, selon son auteur, un retour à la mythologie, à la terre, au minéral. Marc Ribot est toujours là mais le jeune Alessandro « Asso » Stefana prend de plus en plus d’importance. En entrée, Non Trattare s’affirme au fur et à mesure des écoutes. Mais il n’en faut qu’une pour succomber au terrifiant Brucia Troi. Sur scène, Capossela interprète ce titre affublé d’un effrayant masque de minautore.

Vinicio Capossela - Brucia Troia


Sur Ovunque Proteggi, on entend également un hymne qu'il faut avoir vécu dans un bar bondé d’italiens, le Cha Cha Cha d’une méduse ou bien encore une scie mexicaine qui conte les peines de l’âme (entendu quelques années auparavant chez Los Lobos). Mais surtout quelques titres cinématographiques à savourer tard la nuit et, sur un décalque du Requiem de Mozart, le récit poignant d’un naufrage à vous glacer le sang.
A la sortie du disque, Capossela entreprend une grande tournée au cours de laquelle il laisse libre cours à tous ses délires : masques de méduse ou de corbeaux, techno balkanique (pas ma partie préférée), ambiance à la Morricone (la chute de Signora Luna annonce le trio Guano Padano du guitariste Alessandro Asso Stefana et un très bon dissque paru il y a quelques mois) et communions latino-américaine (Pena del Alma, L’Uomo Vivo) témoignent, sur Nel Niente Sotto il Sole, de cette série de concerts.
Guano Padano with Vinicio Capossela - Signora Luna

A peine cette dernière terminée, Capossela enchaîne avec Da Solo. Une autre période s’ouvre. Celle du cirque, d’une Amérique d’un autre siècle, celle de la série Carnivale. Enregistré entre l’Italie, New York et Tucson, Da Solo ne contient pas les meilleures chansons de l’italien et pourra paraître un peu hermétique à qui ne maîtrise pas la langue. Mais en concert…Un géant à l’entrée, une charmante cracheuse de feu, un intermède au milieu du concert pour quelques tours de magie, des échassiers au milieu du public… Et la musique : des arrangements aux petits oignons, cuivres et theremin, morceaux parlés, chantés, racontés comme une grande histoire captivante qu'on aimerait sans fin.
Le Solo Show Alive paraît en CD/DVD et capture la folie de cette série de concerts conçus comme les attractions foraines du début du XXème siécle.

Vinicio Capossela - Dall'atra Parte della Sera


On y perd beaucoup évidemment mais on peut tout à fait se plonger dans l’univers de Vinicio Capossela sans comprendre un mot d’italien. Surtout, courrez le voir en concert, ça vaut le détour.