16/10/2010

Solomon Burke - No Man Walks Alone (1940-2010)


Comme souvent, on a pu lire tout et n’importe quoi depuis la mort de Solomon Burke dimanche dernier à Amsterdam.
Erreurs discographiques, chronologiques, tentatives, habituelles, de faire passer un mort pour un artiste maudit (« il n’a jamais rencontrer le succès d’un Otis Redding ou d’un Ray Charles ») qu’il n’a jamais été, ce sont tous les mauvais aspects de la « blogosphère » qui se sont rappelés à notre bon souvenir. Trop vite et mal écrit, par n’importe qui le plus souvent, l’important étant bien sûr de créer le « buzz » et d’augmenter considérablement son nombre de visiteurs.
Comme toujours dans pareil cas, on vous conseillera de vous adresser à Dieu plutôt qu’à ses disciples (euh… !). Et Dieu ici s’appelle Peter Guralnick, auteur de la bible « Sweet Soul Music » (aux éditions Allia) qui satisfera largement votre curiosité à propos de celui qu’on appelait le roi du « rock n’soul ».
Solomon Burke donc. Cet énorme bonhomme qu’on aura la plupart du temps vu assis sur un trône était l’un des plus grands chanteurs soul. Le plus grand ? Peu importe. Otis Redding, Sam Cooke, James Brown… il y en a pour tous les goûts.
J’ai fait connaissance avec le roi Solomon en 2002, en achetant Don’t Give Up on Me, le disque qui l’aura vu revenir sur le devant de la scène, grâce au génial Joe Henry et une poignée de chansons taillées à sa (dé)mesure. De celle qui donne son titre à l’album par exemple, une merveille signée du meilleur artisan de l’histoire de la musique soul, Dan Penn, jusqu’à ce qui est peut-être la plus grande chanson jamais chantée par Burke : Flesh and Blood, écrite, tient donc, par Joe Henry lui-même.
Vous remarquerez que le titre le plus connu de Solomon Burke, Everybody needs somebody to love, ne figure pas sur cette sélection. D’abord j’ai toujours détesté cette chanson. Ensuite, dans le corpus de Burke, ce sont ses ballades que je chéri particulièrement. C’est dans celles-ci que ses qualités vocales prennent toute leur ampleur. Une voix à la fois grave et puissante, qui sait pourtant se faire sensuelle, un peu à la manière d’un Bobby Blue Bland en moins rauque, en plus viril. En somme, une voix d’homme qui chante pour les femmes. Vous me direz quoi de surprenant à cela ? Je vous répondrai « pensez-vous que Thom Yorke ou bien l’un ou l’autre de ces chanteurs interchangeables officiant dans les groupes pop actuels s’adressent à cette femme, là-bas, seule au bar ? Evidemment non. Solomon, lui, si.

Parmi mes morceaux favoris, le très court et très classe Then I Want to Come Home sur lequel Burke "croone" au milieu d’une cour féminine, We’re Almost Home, qui fait entendre toute la souplesse de sa voix, ou encore le très moite Midnight and You, extrait de l’explicite et curieux Music To Make Love By, où le chanteur marche royalement sur les platebandes de Barry White.
J’évoquais déjà Flesh and Blood plus haut mais combien de fois ai-je écouté ce morceau où tout est parfait, depuis les musiciens (ceux des sessions du Tiny Voices de Joe Henry, notamment Jay Bellerose à la batterie et Chris Bruce à la guitare) jusqu’aux paroles du songwriter, comme toujours impeccables :

Now, you see a golden light
Because I’ve turned a golden light on,
Sometimes, God knows, you’ve got to
Learn to shine your own.
I step out of darkness
And for a moment I’m only living by your kiss,
And just for now our flesh and blood
Is no more real than this.

Il y a quelques mois sortait Nothing’s Impossible, témoignage de la rencontre entre Burke et le légendaire producteur d’Al Green ou Ann Peebles, Willie Mitchell. Ce dernier s’est éteint au début de l’année, rejoint l’autre jour par son « frère » Solomon.
Généreux, ils prenaient soin de laisser derrière eux une dernière ballade à tomber. « Oh, What a Feeling » est d’un autre temps, quintessence des grandes heures de la soul ou la voix de Burke s’ébroue sur les arrangements de cordes de Mitchell, les mêmes qui faisaient dans les années 60 et 70 les beaux jours de Hi Records.

On quittera finalement Solomon Burke des larmes plein les yeux en l’entendant murmurer Drown in my Own Tears popularisé par Ray Charles.

Vous pouvez désormais baisser la lumière, vous servir à boire, enlacer votre ami(e), le roi Solomon veille sur vous.

Spadee Sam presents – No Man Walks Alone, a Solomon Burke selection



01 – Rose saved from the Street (Hold on Tight, Universal 2010)
02 – Don’t give up on Me (Don’t Give Up On Me, Anti 2002)
03 – Medley : Meet me in Church, The Price, Words, Monologue (Soul Alive, Rounder 1983)
04 – No Man walks Alone (Solomon Burke, Kenwwod 1962)
05 – Can’t Nobody save You (King of Rock N’Soul, Atlantic 1964)
06 – Uptight Good Woman (Proud Mary, Bell 1969)
07 – Then I Want to Come Home (Cool Breeze O.S.T., MGM 1972))
08 – Misty (We’re Almost Home, MGM 1972)
09 – Everlasting Love (Music To Make Love By, Chess 1975)
10 – Midnight and You (Music To Make Love By, Chess 1975)
11 – Don’t Wait Too Long (Proud Mary, Bell 1969 )
12 – After All These Years (Make Do With What You Got, Shout Factory 2005)
13 – Flesh and Blood (Don’t Give Up On Me, Anti 2002)
14 – Keep a Light in The Window (I Wish I Knew, Atlantic 1968)
15 – Oh What a Feeling (Nothing’s Impossible, E1 Entertainment 2010)
16 – We’re Almost Home (We’re Almost Home, MGM 1972)
17 – If I Give My Heart to You (Like a Fire, Shout Factory 2008)
18 – That’s How I Got to Memphis (Nashville, Shout Factory 2006)
19 – Drown In My Own Tears (We’re Almost Home, MGM 1972)

25/09/2010

Une Saison à Pôle Sud - Ep.01 Présentation de saison (16/17.09.2010)

Pour présenter une saison qui s’annonce passionnante, autant du côté de la danse que de la musique, Pôle Sud avait invité quelques artistes marquants des vingt dernières années.
Parmi ces invités, l’hilarant duo Brigitte Seth et Roser Montillo Guberna de la Compagnie Toujours Après Minuit, qui reprenait « El como Quieres », une pièce présentée à Pôle Sud en 1999.
Ou bien le chorégraphe et danseur américain Mark Tompkins, transformé pour l’occasion en crooner lynchien, sur des morceaux écrits, entre autres, par Nuno Rebelo.



Mais aussi un superbe duo entre Philippe Ochem, pianiste / programmateur jazz de Pôle Sud et le clarinettiste Jean-Marc Foltz, ainsi que Hasse Poulsen, qu’on connaissait comme guitariste jazz au sein des formations Das Kapital ou Progressive Patriots et venu cette fois avec la casquette de chanteur folk. Je mentirai si je disais que je n’avais pas été prévenu. Depuis qu’un version de Until Everything is Sold est parvenu à mes oreilles il y a quelques mois (j’en parlais déjà ) j’attendais impatiemment des nouvelles de ce mystérieux Marshmallows and Yellow Fever. Le disque devrait paraître l’année prochaine. En attendant, les titres joués en solo l’autre soir à Pôle Sud ont encore attisés un peu plus mon impatience. Attitude, voix, jeu de guitare, textes, j’aime tout dans la manière qu’a Hasse Poulsen d’aborder le songwriting. Entre quatre morceaux de ce dernier et se taper deux heures du vieux Leonard Cohen dans un Zénith, il m’échappe encore d’en avoir croiser des qui hésitaient.

Hasse Poulsen Marshmallows and Yellow Fever - Until Everything is Sold

WOLFGANG MITTERER - Stop Playing / Festival Musica 25.09.2010

L’autre soir à l’Eglise du Bouclier, Wolfgang Mitterer présentait, pour la première fois en France, Stop Playing, pièce pour orgue mécanique d’environ 1h, introduite par un prélude de Bach et conclue d’une fugue du même Johann Sebastian.
Ecrite ou improvisée, cette pièce de Mitterer ? Difficile à dire, tant l’autrichien semble souvent naviguer à vue, tâtonne, cherche, trouve parfois, se perd ailleurs. Peu importe. Il fait dialoguer acoustique et électronique, musique « live » et boucles pré-enregistrées, convoque masses fantastiques, joue sur les volumes. Pour celui, c’est mon cas, qui ne possède aucune connaissance de l’orgue, voir Mitterer à l’œuvre s’avère être un fascinant ballet. Le public l’observe sur un écran qui diffuse les images captées en direct à l’étage. Ses pieds effleurent le pédalier en pas de danses suspendus. Sa main s’allonge sur les touches, l’autre envoie une boucle d’orgue préenregistrée, provoquant des montées de tension fantastiques, survols d’hélicoptères, effets « dub » ou aquatiques. Il pousse les tirants de registre en savant fou, les amène aux extrêmes. On s’y perd parfois, quelques longueurs atténuent le propos. Mais on est la plupart du temps fasciné et on sort avec le regret de ne pas avoir assister la veille à son ciné-concert sur le Nosferatu de Murnau.


09/09/2010

MAVIS STAPLES - You Are Not Alone (Anti)

C'était l'un des disques attendu ici avec le plus d'impatience. Le nouvel album de Mavis Staples arrive dans quelques jours. Enregistré en compagnie de Jeff Tweedy, leader de Wilco, "You Are Not Alone" est une nouvelle pierre à l'édifice majestueux que se construit l'une des plus grandes chanteuses vivantes, depuis le tout début de sa carrière avec les Staples Singers bien sûr, mais surtout depuis une poignée d'albums produits par Joe Henry, Ry Cooder, aujourd'hui Jeff Tweedy, et oû on la retrouve magnifiquement épaulé par le guitariste Rick Holmstrom.
Mavis Staples pourrait chanter le bottin qu'on en aurait toujours la chair de poule. Comme ici, elle interprète 13 superbes chansons, "You Are Not Alone" est LE disque à se procurer d'urgence en cette rentrée.






20/08/2010

PLAT DU JOUR 33 The Roots, Dr John, Coco Robicheaux, Los Lobos, John Mellencamp...

Spadee Sam Presents – Plat du Jour 33







01 – The RootsRadio Daze (How I Got Over, Def Jam 2010)
02 – Janiva MagnessThe Devil is an Angel Too (The Devil is an Angel Too, Alligator Records 2010)
03 – Isobel Campbell and Mark Lanegan – Lately (Hawk, Vanguard Records 2010)
04 – Johnny LangThankful (Live at The Ryman, Concord Records 2010)
05 – Dr John and The Lower 911Jinky Jinx (Tribal, 429 Records 2010)
06 – Coco RobicheauxFortune Teller (Revelator, 2010)
07 – Andre WilliamsThat’s All I Need (That’s All I Need, Bloodshot Records 2010)
08 – Robert Randolph and The Family BandI Still Belong to Jesus (Walk This Road, Warner Bros.2010)
09 – Los Lobos27 Spanishes (Tin Can Trust, Shout Factory 2010)
10 – Alejandro EscovedoTula (Street Songs of Love, Fantasy 2010)
11 – Otis TaylorRain so Hard (Clovis People Vol.03, Telarc 2010)
12 – John MellencampLove at First Sight (No Better Than This, Rounder 2010)
13 – David Piltch with Gaby Moreno and Mark Anthony ThompsonTwo to Tango (Live at Largo Vol.01, 2009)
14 – Maylee ToddHeart Throb (Choose Your Own Adventure, Do Right Music 2010)
15 – Zo ! feat. Monica BlaireMake Luv 2 Me (Sunstorm, Foreign Exchange 2010)

16/07/2010

08/05/2010

PLAT DU JOUR 32 - Something is Missing

SPADEE SAM Presents Something Is Missing, Plat du Jour 32


01 – The Holmes BrothersSomething is Missing (Feed My Soul, Alligator Records 2010)
02 – Willie NelsonFreight Train Boogie (Country Music, Rounder 2010)
03 – Natalie MerchantCalico Pie (Leave Your Sleep, Nonesuch 2010)
04 – Guano Padano feat.Bobby SoloRamblin’ Man (Guano Padano, Important Records 2009)
05 – Josh RitterRattling Locks (So Runs The World Away, Pytheas 2010)
06 – The Dead WeatherI Can’t Hear You (Sea of Cowards, Warner Brothers 2010)
07 – Hazy MalazeCan’t Just Give It Away (Connections, Fargo 2010)
08 – Willie NelsonNobody’s Fault But Mine (Country Music, Rounder 2010)
09 – The Dirty Dozen Brass Band feat.GuruInner City Blues (What’s Going On, Shout Factory 2006)
10 – Flying LotusArkestry (Cosmogramma, Warp 2010)
11 – Mike Patton20km ai Giorno (Mondo Cane, Ipecac 2010)
12 – Stanton MooreAletta (Groove Alchemy, Telarc 2010)
13 – Stephan CrumpShoes, Jump (Reclamation, Sunnyside 2010)
14 – Mike PattonSenza Fine (Mondo Cane, Ipecac 2010)

13/04/2010

PLAT DU JOUR 31 - Oh What a Feeling

Spadee Sam presents – Plat du Jour 31

01 – Sharon Jones and The Dap-KingsMama Don’t Like My Man (I Learned The Hard Way, Daptone Records 2010)
02 – Marva WrightCan’t Nobody Love You (Born With The Blues, Virgin 1996)
03 – Bettye LavetteSalt of The Earth (Interpretations-The British Rock Songbook, Anti 2010)
04 – Solomon BurkeOh What a Feeling (Nothing’s Impossible, E1 Entertainment 2010)
05 – Roky Erikson with Okkervil RiverThink as One (True Love Cast Out All Evil, Anti 2010)
06 – Jakob DylanLend a Hand (Women and Country, Sony 2010)
07 – Natalie MerchantThe Janitors Boy (Leave Your Sleep, Nonesuch 2010)

Sharon Jones, toujours accompagnée de ses fidèles Dap-Kings, continue d’œuvrer pour le retour à une certaine soul à l’ancienne. I Learned The Hard Way, son quatrième album, s'avère d’excellente facture, à défaut d’être totalement renversant. The Game gets Old évoque les Supremes de Diana Ross et on résiste mal aux chœurs imparables sur le morceau qui donne son nom à l’album. Better Things to Do s'annonce comme l'un des morceaux de l’été tandis que l'on aurait volontiers offert le langoureux Window Shopping à la production experte de Willie Mitchell. Enfin, entre explosions de cuivres et clavier vintage, I’ll Still Be True est l’un des meilleurs moments d’un disque chaudement recommandé.

Disparue fin mars à l’âge de 62 ans, Marva Wright ne publiera elle plus jamais d’album.. Elle était l’une des très grandes voix de la Nouvelle-Orléans, l’une de celle pour qui le gospel, le blues ou la soul n’avait pas de secrets. Comme beaucoup, elle déménagea après le passage de l’ouragan Katrina en 2005. Elle avait alors quitté les clubs de Louisiane pour une carrière internationale. Quelques merveilles se cachent dans sa discographie (Feel Like Breakin’ Up Somebody’s Home, The Glitter Queen, Born With The Blues, Pray) dont ce titre acoustique qui donne à l’entendre en pleine possession de ses impressionnants moyens vocaux.

On l’a déjà dit, le prochain disque de Bettye Lavette, à paraître en mai, sera consacré à des reprises du répertoire rock britannique. A l’écoute de sa version de Salt of The Earth des Rolling Stones, on déjà est sûr d’y revenir largement.

J’aurai volontiers dépensé mes économies pour assister à la rencontre, il y a quelques mois, entre le producteur Willie Mitchell et le « King of Rock n’Soul », Solomon Burke, au Royal Studio de Memphis.
Deux monuments de la musique soul. L’un, mince et fragile, déjà affaibli par la maladie, l’autre, énorme, assis la plupart du temps sur son trône. Les deux toujours classes, sapés comme personne. Le premier, Willie Mitchell, producteur des chefs d’œuvre d’Al Green et d’Ann Peebles, créateur d’un son unique, moite à souhait. Le second, Solomon Burke, chanteur énorme, pas seulement physiquement, patriarche d’un autre temps, vénéré depuis les Rolling Stones jusqu’au… pape Jean Paul II ! Etonnamment, ils se rencontraient pour la première fois. Et quelle rencontre ! Nothing’s Impossible est tout simplement l’un des plus grands disques de soul jamais enregistré. Sur des arrangements de cordes et de cuivres qui ont fait la légende de Mitchell, Burke chante comme Jésus marche sur l’eau. Un disque qui transpire la complicité entre les deux hommes, leur amour pour cette musique dont Solomon Burke reste aujourd’hui l’un des derniers monstres sacrés.
Si vous ne voyez pas encore bien ce qu’est la soul, jetez une oreille sur Nothing’s Impossible, montez le son au maximum et invitez une amie (ou plutôt un ami, puisqu’on s’adresse ici, c’est bien connu, majoritairement à un public féminin...).

Descendu des soucoupes volantes, Roky Erikson, sorti de l’asile psychiatrique. Celui qui fonda au milieu des années 60 le groupe de rock psychédélique 13th Floor Elevators s’est échappé de sa camisole le temps d’un disque plutôt pas mal, enregistré avec le groupe Okkervil River, sous la houlette de son leader Will Sheff. Des morceaux sortis du tiroir au fond duquel on l’avait forcé à les laissé et qui forment un ensemble un peu gauche, parfois très bon comme ce Think as One, et dans l’ensemble assez attachant, notamment sur des titres comme Be and Bring Me Home ou True Love Cast Out All Evil.
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Fils de qui vous savez, Jakob Dylan publie Women and Country, son deuxième album solo, dont la pochette le montre sur un cheval blanc, accompagnée d'une demoiselle qui cache son visage...
Le disque étant produit par T-Bone Burnett, on retrouve sans surprise et pour notre plus grand bonheur la patte sonore de ce dernier, son sens de l’espace, son goût pour les graves. Le casting de musiciens est parfait (Marc Ribot à la guitare, Jay Bellerose à la batterie, la plupart oeuvrant sur le Rising Sand d’Alison Krauss et Robert Plant), les jolies voix de Nekko Case et Kelly Hogan en contrepoint sur presque tous les titres et celle, légèrement nasillarde de l’ex chanteur des Wallflowers, dont Burnett avait déjà produit l’un des albums. Légèrement country (They’ve Trapped Us Boys), parfois plutôt pop (Truth for a Truth, Standing Eight Count), certains morceaux sont addictifs (Nothing But The Whole Wide World, We Don’t Live Here Anymore). Et une fois de plus, l'apport exceptionnel de Jay Bellerose à la batterie. On y reviendra.

Il me faut ici dire tout le bien que je pense du nouveau disque de Natalie Merchant, Leave Your Sleep. 26 chansons sur un double album étonnant et passionnant.
L’ex-chanteuse des 10 000 Maniacs a passé de longs mois à sélectionner des poèmes d’ E.E.Cummings ou Robert Louis Stevenson mais aussi d’inconnus puis, à partir de ce matériau, a composé près d’une trentaine de chansons, qu’elle chante accompagnée, entre autres, du trio Medeski, Martin and Wood, du saxophoniste Wynton Marsalis ou encore des Klezmatics.
D’excellentes chansons parfaitement interprétées, que demander de mieux ? Leave Your Sleep est le prototype d’un type d’album en voix de disparition, en France notamment.
Natalie Merchant a certes dû y investir de l'argent, qu'elle perdra probablement. Elle a bien sûr bénéficié du soutien d'une maison de disque exceptionnelle, Nonesuch. Mais s'il faut cela pour entendre un disque où les chansons sont "jouées" et pas juste « proposées». J’ai souvent pensé à La Superbe de Benjamin Biolay. Un album sur lequel on trouve de bonnes chansons, souvent terriblement mal jouées, voir pas jouées du tout. Des arrangements de cordes d’un autre temps (sur le morceau titre), des synthés qui ne devraient plus exister, des guitares tièdes. Sur La Superbe, difficile de faire abstraction de la voix et des textes pour se consacrer sur la musique, souvent indigente.
C’est tout l’inverse qui se produit sur Leave Your Sleep ou tout est au même niveau d’excellence. Parce que Merchant s’est entourée de musiciens qui sont, la précision n’est jamais inutile, des gens qui font de la musique et pas juste des gens qui jouent d’un instrument. Sur Leave Your Sleep, on entend des clarinettes, des saxophones, une kora, des guitares, des cordes, une harpe. Du klezmer, des fanfares de Nouvelle-Orléans, du folk, des ballades celtiques, du reggae. A l’heure où des gamines pas mêmes majeures sortent des disques fantômes en quelques mois, écouter celui-ci rappelle que la chanson est aussi travail d’artisan, de labeur, de travail, un véritable métier !

Ah oui, encore un mot pour vous conseillez de ne pas mettre un centime sur les albums suivants :

Jeff BeckEmotion and Commotion
Bobby McFerrinVocabularies
Marcus MillerNight in Monte Carlo

Difficile de dire quel est le plus mauvais (le Jeff Beck tient la corde) mais le mieux reste de faire l'impasse sur les trois . Sinon, jetez y une oreille et vous saurez tout ce qu’on déteste ici.

03/04/2010

PLAT DU JOUR 30 - On a Good Day Mix

Spadee Sam presents – Plat du Jour 30, On a Good Day Mix

01 – Jeff BridgesHold On You (Crazy Heart B.O., New West Records 2010)
02 – Bonnie Prince Billy and The Cairo GangThe Sounds are Always Begging (The Wonder Show of The World, Drag City 2010)
03 – She and HimSing (Volume Two, Merge Records 2010)
04 – Sage FrancisSlow Man (Li(f)e, Anti 2010)
05 – NnekaCome With Me (Concrete Jungle, Decon 2010)
06 – Joanna NewsomOn a Good Day (Have One on Me, Drag City 2010)
07 – Ed HarcourtPuzzles and Riddles (Mavis presented by Ashley Beedle and Darren Moris, K7 Records 2010)
08 – The Bird and The BeeOne on One (Interpreting The Masters Vol.01, a Tribute to Daryl Hall and John Oates, Blue Note 2010)


Départ au son de la bande originale du film Crazy Heart, composée/supervisée/produite par T-Bone Burnett. Un son reconnaissable entre tous. Même constat pour la batterie de Jay Bellerose. Je ne vous ai pas encore parlé du nouveau Mose Allison produit par Joe Henry et sur lequel Bellerose est une fois de plus extraordinaire mais j’y viendrai très vite.
Quant au film, il est sympathique pour qui, c’est mon cas, voue une passion pour la musique américaine, blues, country, folk. Pour les autres, vous pouvez passer votre chemin sans un regret, à moins que vous soyez un admirateur du « Big Leboswki » Jeff Bridges, plutôt scotch que Russe Blanc sur ce coup là, et qui s'en sort très bien vocalement.

Beaucoup disent le plus grand bien du nouveau Bonnie Prince Billy. Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord. Son Wonder Show of The World est une merveille de quiétude acoustique, qui rappelle le meilleur Neil Young. A déguster tout l’été, sur une terrasse, au parc…

On oubliera sans doute plus rapidement le deuxième volume des aventures de M.Ward et Zooey Deschanel qui manque définitivement de liant pour qu’on y revienne régulièrement. Dommage, on y entend, bien trop rarement, quelques belles choses.

Le nouveau Sage Francis ne sortira qu’en mai sur le label Anti mais ce premier extrait enregistré en compagnie de Calexico est prometteur dans le genre hip-hop acoustique. A suivre…

Du disque de Nneka, je n’ai rien retenu à part ce morceau acoustique. Vous me direz que ça ressemble à Ayo et vous n’aurez pas tort. Mais la frontière est souvent ténue entre ces choses qu’on déteste et d’autres qui vous séduisent insidieusement.

La chanteuse-harpiste Joanna Newsom fait plutôt partie de la première catégorie. Dans le genre porte-qui-grince, on la range juste à côté des Coco Rosie. Qu’on lui apporte vite un bidon d’huile, surtout si elle continue à nous torturer avec des triples albums.

A ses débuts il y a dix ans, Ed Harcourt était porteur de belles promesses. S’en sont suivis quelques disques insipides. On le retrouve en très bonne forme sur cet étrange disque sensé rendre hommage à Mavis Staples et sur lequel son Puzzles and Riddles fait mouche.

Quant au duo The Bird and The Bee, je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de leur hommage à Darryl Hall et John Oates. En voici un extrait, ce fameux slow qui clôt l’album, sur lequel Inara George fait des miracles.

22/03/2010

PLAT DU JOUR 29 - Mose Allison, Carolina Chocolate Drops, Josh Rouse, Loudon Wainwright...

Spadee Sam presents - Plat du jour 29

01 – Carolina Chocolate DropsHit ‘em Up With Style (Genuine Negro Jig, Nonesuch 2010)
02 – Loudon WainwrightFear Itself (Songs For the New Depression, Yep Roc Records 2010)
03 – Eric BibbSunrise Blues (Booker’s Guitar, Dixiefrog 2010)
04 – Johnny CashRedemption Day (American VI, Ain’t No Grave, American 2010)
05 – Mose AllisonThe Way of The World (The Way of The World, Anti 2010)
06 – Josh RouseDuerme, Mobila (El Turista, Yep Roc Records 2010)
07 – How GelbSpiral (‘Sno Angel Winging It, Ow Om 2009)
08 – Josh RouseCotton Eyed Joe (El Turista, Yep Roc Records 2010)
09 – Grant Lee PhillipsBuried Treasure (Yep Roc Records 2009)

Carolina Chocolate Drops - Hit 'em Up With Style

Loudonw Wainwright - Fear Itself

Eric Bibb - Booker's Guitar

Mose Allison - I'm Nobody Today (Live in Chicago 2010)

Howe Gelb - Sno Angel Winging It

18/03/2010

ALEX CHILTON : Memphis 1950 - New Orleans 2010

Je parlais l'autre jour de sa version définitive de Save Your Love for Me. Alex Chilton, ex-chanteur des Box Tops et de Big Star, est décédé le 17 mars 2010 à la Nouvelle-Orléans.

Vous trouverez sa bio un peu partout. De ses débuts comme interprète à la voix rauque du tube “The Letter“ jusqu'aux dernières années, erratiques mais parsemées de trésors nombreux.Et pour ce qui est de la musique, c'est ici que ça se passe : une heure et quart avec Alex Chilton, que Tom Waits, pourtant plutôt avare en compliments, appelait le “Thelonious Monk de la guitare rythmique“.

Spadee Sam presents - Too Late to Turn Back Now, an Alex Chilton Mix



01 – Big StarSeptember Gurls (Radio City, 1974 Stax)
02 – Alex ChiltonThe Ooogum Boogum Song (Loose Shoes and Tight Pussy, 1999 Last Call)
03 – Alex Chilton - Something Deep Inside (1970, 1996 Ardent)
04 – The Box TopsI’m Your Puppet (The Letter / Neon Rainbow
05 – Alex ChiltonDon’t Know Anymore (A Man Called Destruction, 1995 Ruf)
06 – Big StarWhat’s Going Ahn (Radio City, 1974 Stax)
07 – Big StarKanga-roo (Third/Sister Lovers, 1978 Ryko)
08 – Big StarGive Me Another Chance (#1 Record, 1972 Stax)
09 – Big StarNightime (Third/Sister Lovers, 1978 Ryko)
10 – Big StarWatch The Sunrise (#1 Record, 1972 Stax)
11 – Alex ChiltonMy Baby Just Cares For Me (Clichés 1993, Last Call)
12 – Alex ChiltonCan’t Seem To Make You Mine (19 Years…, 1991 Rhino)
13 – Alex ChiltonBangkok (Bach’s Bottom, 1981 Line)
14 – Alan Vega/Ben Vaughn/Alex ChiltonFat City (Cubist Blues, 1996 Last Call)
15 – Alex Chilton – Guantanamerika (Black List, 1989 Last Call)
16 – Alex ChiltonWhat’s Your Sign, Girl (A Man Called Destruction, 1995 Ruf)
17 – Alex ChiltonYou’ve Got a Booger Bear Under There (Loose Shoes and Tight Pussies 1999, Last Call)
18 – Big Star – ‘Till The End of The Day (Third/Sister Lovers, 1978 Ryko)
19 – Alex ChiltonDevil Girl (A Man Called Destruction, 1995 Ardent)
20 – Alex ChiltonHook Me Up (Loose Shoes and Tight Pussy 1999, Last Call)
21 – Alex Chilton - It’s Too Late To Turn Back Now (Live in Anvers 2004, Last Call)
22 – Alex ChiltonTime after Time (Clichés 1993, Last Call)


On peut résumer le style d'Alex Chilton à un moment bien précis : sur le titre “Fat City“ qui ouvre l'album Cubist Blues enregistré avec Ben Vaughn et le chanteur de Suicide Alan Vega. À 4minutes et 5secondes précisément, ce dernier s'adresse à Chilton en ces termes : “Cool Alex“. Et celui-ci d’enchaîner une incroyable série d’accords à côté du temps. Tout est là : rythme, attitude.
Bien plus que la voix rauque des Box Tops, Chilton était un immense musicien, guitariste génial ((ses reprises d’Autumn in New YorkThere Will Never Be Another You…)., formidable chanteur “laidback“.

Encyclopédie de la musique populaire américaine, son monde à lui allait de Chet Baker à Porter Wagoner, de Little Milton à Ray Charles en passant par Johnny Watson et Snooks Eaglin. On peut entendre qu’il préférait mettre Johnny Watson ou Ernie K-Doe sur la platine plutôt que Jeff Buckley entrain de pleurnicher sur son Kangaroo.

Vous pourrez lire tout et n’importe quoi sur Alex Chilton, mais souvenez-vous de ces mots qu'on l'entendait chanter sur le You’ve Got a Booger Bear Under There d' Ollie Nighthingale :

You’re a high stepper / Hot as a chilli pepper /and it gets better / Minute by minute
You are the best in making love / Cause you put your heart so in it / Everytime.

Amen

Deux documents incontournables pour se plonger dans la carrière d'Alex Chilton. Le documentaire Nothing Can Hurt Me sur le groupe Big Star et la biographie de Chilton par Holly George-Warren : A Man called Destruction : The Life and Music of Alex Chilton, from Box Tops to Big Star to Backdoor Man“ (Viking Adult 2014) 

17/03/2010

QUELQUES CHANTEURS...

Spadee Sam presents – When Spring Comes Around Mix

01 – Sam Cooke – Sugar Dumpling (The Unforgettable, 1966 RCA)
02 – Tommy Tate – Stand By Me (Hold On, The Jackson Sessions, 2008 Soulscape)
03 – Johnnie Taylor – I Dreamed that Heaven was Like This (Lifetime, a Retrospective of Soul, Blues, Gospel 1956-1999 Stax)
04 – Bobby « Blue » Bland – Angel Girl (The Duke Recordings Vol.03, That Did It ! 1996 MCA)
05 – Johnnie Taylor – Where There’s Smoke There’s Fire (Raw Blues, 1969 Stax)
06 – Mark Murphy – Where Am I Going (Live in Washington, 1978)
07 – Mark Murphy – Who Can I Turn To (When Nobody Needs Me) (Who Can I Turn To, 1966 Sequel Records)
08 – Harry Belafonte – When Spring Comes Around (Sings of Love, 1968 RCA)

Amateurs de nouveautés, passez votre chemin !

Voici pourtant vingt minutes de bonheur absolu, en compagnie de six des plus grands chanteurs de tous les temps.

Sam Cooke pour commencer, en roue libre sur Sugar Dumpling. Rien dire ou dire beaucoup, la conclusion est la même : la voix parfaite.
En comparaison, Tommy Tate paraît avoir dix chats coincés dans la gorge sur le classique Stand By Me de Ben E.King. Mais après un étrange chorus d’orgue, sa voix s’envole vers les sommets.
D’accord, le gospel des Soul Stirrers avec Johnnie Taylor ressemble beaucoup au gospel des Soul Stirrers avec Sam Cooke. Mais à ce niveau là, deux sermons valent mieux qu’un.
Du gospel au blues le plus rauque, il n’y a qu’un pas que Johnnie n’hésite pas à franchir dans une incroyable chanson sur la suspicion et la jalousie ("It took all day to go shopping. Tell me what did you buy ?") . L’écrivain Peter Guralnick, auteur de l’incontournable « Sweet Soul Music » (Allia) en parle comme « du pur Sam Cooke croisé avec une version revue par Memphis du son de Bobby « Blue » Bland période Duke. L’effet rendu est à la fois doux et viscéralement excitant – l’impact émotionnel produit n’est comparable qu’aux œuvres d’Otis Redding ou de William Bell ». Vendu !
Mark Murphy, l’un des grands chanteurs de jazz et il n’y en a pas eu beaucoup. Ici une reprise en public d’une chanson écrite par Dorothy Fields et Cy Coleman et chantée, entre autres, par Dusty Springfield sur l’album du même nom. Puis, en version bossa, l’une de mes chansons préférées, Who Can I Turn To (When Nobody Needs Me).
Une merveille pour finir. When Spring Comes Around, par Harry Belafonte. On peut comme moi ne pas être fan de ses innombrables calypsos. Mais écoutez en boucle son placement vocal sur cette bossa en apesanteur, sur son lit de cordes superbement arrangé et son saxophone langoureux. La grande classe.

08/03/2010

SAVE YOUR LOVE FOR ME

Spadee Sam presents – Save Your Love for Me Mix
01 – Bobby “Blue” BlandSave Your Love For Me (The Duke Recordings Vol.03, Duke)
02 – Jose JamesSave Your Love For Me (Blackmagic, Brownswood 2010)
03 – Nancy Wilson and Cannonball AdderleySave Your Love For Me (Nancy Wilson/Cannonball Adderley, 1962 Capitol)
04 – Alex ChiltonSave Your Love For Me (Cliches, 1994 New Rose)

SAVE YOUR LOVE FOR ME (Buddy Johnson)

Wish I knew
Why I'm so in love with you
No one else in this world will do
Darling please save your love for me
Run away
If I were wise I'd run away
But like a fool I stay
And pray you'll save your love for me
I can feel it
Even when you're not here
Can't conceal it
I really love you my dear
And though I know no good
Can come from loving you
I can't do a thing I'm so in love with you

So darling
Help me please
Have mercy on a fool like me
I'm so unwise but still I plead
Darling please save you love for me
So darling help me please
Have mercy on a fool like me
I know I'm lost but stll I plead
Darling please save your love for me
You can have fun with the crowd
But for crying out loud
Darling please save your love for me

Jose James reprenait Save Your Love For Me, le vieux standard de Buddy Johnson, sur son album BlackMagic. Du talent, une voix intéressante. On entendait dire de lui qu’il est le “nouveau chanteur de jazz”.N'écoutez jamais ce qu'on vous dit.
José James chantait Code, et plutôt pas mal. Il se coltinait donc aussi à Save Your Love For Me. Là, les choses se gâtent. Celui qui s’était fait connaître grâce à l’appui du fatigant Gilles Peterson fait dans la musique d’ascenseur. Pas de vie, pas de rythme, était-ce vraiment nécessaire ?
Mais Save Your Love for Me est une chanson que peu chantent comme il faut.
C’est d’abord une chanson d’homme. Prenez la version de Nancy Wilson. L’ambiance est bonne, détendue. Une fin de nuit enfumée. Pourtant, ça ne colle pas. Même Cannonball Adderley au saxophone la “chante” mieux qu’elle.
Celle de Bobby “Blue” Bland ensuite. Derrière ses atours de vieille scie romantique sirupeuse, Save Your Love For Me est une chanson faite pour les durs, de ceux qui, l'espace d'un instant à peine, ont mis un genoux à terre. Cette version de Bland fait partie des extraordinaires “Duke Recordings”. Trois doubles disques monumentaux de blues/soul sur lesquels sa voix rauque se débat au milieu d'arrangements de cuivres parfaits. Y a t-il vraiment eu mieux un jour ?
Pour interpréter Save Your Love For Me, la réponse est oui. Sur Clichés, un disque de reprises acoustiques paru au milieu des années 90. Je n'ai aucune idée de l'endroit exact ou Alex Chilton a bien pû enregistré sa version mais à la fin de la prise, il pose sa guitare au bord du lit, se lève et sort une bière glacée du réfrigérateur. C’est comme cela qu’il faut la chanter.


10/02/2010

PLAT DU JOUR 28 - Paradise Circus Mix

Spadee Sam presents - Paradise Circus Mix

01 - Yppah - Gumball Machine Weekend (They Know What Ghost Know, Ninja Tune 2009)
02 - RJD2 feat.Aaron Livingston - Crumbs off The Table (The Colossus, XL Recordings 2010)
03 - Georgia Anne Muldrow - Indeed (Kings Ballad, Ubiquity 2010)
04 - Strong Arm Steady feat.Planet Asia prod.by Madlib- Chittlins and Pepsi (In Search of Stoney Jackson, Stones Throw 2010)
05 - Georgia Anne Muldrow - Room Punk! (Kings Ballad, Ubiquity 2010)
06 - Jagga Jazzist - Banfleur Overalt (One-Armed Bandit, Ninja Tune 2010)
07 - Blockhead - Attack The Doctor (The Music Scene, Ninja Tune 2009)
08 - Four Tet - She Just Likes to Fight (There Is Love in You, Ninja Tune 2010)
09 - Massive Attack feat.Hope Sandoval - Paradise Circus (Heligoland, Virgin 2010)
10 - Blockhead - The Prettiest Sea Slug (The Music Scene, Ninja Tune 2009)

28/01/2010

PLAT DU JOUR 27 - THE NIGHT TRAVELER MIX

Spadee Sam presents - Plat du Jour 27, "The Night Traveler" Mix


01 - Gilberto Gil - Flora (Bandadois, Warner 2009)
02 - P.Promdan - Keng Ma (Dog Races) (Thai Pop Spectacular 1960-1980's, Sublime Frequencies 2007)
03 - Madlib and Guilty Simpson - Lucky Guy (Medicine Show N°01, The Verdict, StonesThrow 2010)
04 - Medeski, Martin and Wood - Gwyra Mi (Radiolarians III, Indirecto 2009)
05 - Lucien Dubuis Trio feat.Marc Ribot - Bal Les Masques (Ultime Cosmos, Enja 2009)
06 - Guy Klucevsek - Night Traveler (after Mary Oliver) (Dancing on The Volcano, Tzadik 2009)
07 - Lambchop - Ohio (Oh (Ohio), Merge 2008 )
08 - The Tindersticks - Keep You Beautiful (Falling Down a Moutain, 4AD 2010)
09 - Laura Veirs - Wide-Eyed, Legless (July Flame, RavenMarchingBand 2010)

Gilberto Gil e Maria Rita - Amor ate o fim



Lucien Dubuis Trio feat.Marc Ribot - Bal Les Masques (Live 2005)

26/01/2010

LEONARD MICHAELS


Jan.21, ‘61
Sylvia’s girlfriends are Naomi, Susie, Sally, Jolie, Ellen, and Baïba.
Boyfriends are Harvey and Steve. All can be categorized by a few major facts - pretty, handsome, smart, wealthy, good, bad, depressed, funny. If you’re one thing you can’t be two or three, at least not fully. If someone is good, almost everything else seems trivial.

Leonard Michaels, Time out of Mind-The Diaries of Leonard Michaels 1961-1995 (Riverhead Books)

New-York, 21 janvier 1961, premières lignes du journal de Leonard Michaels, qui commence fin 1960 et que l'écrivain tiendra, si ce n’est jusqu’à son décès en 2003, au moins jusqu’en 1995, année à laquelle s’arrête ce recueil pas encore traduit en français.
Il semble que la toute récente traduction aux éditions Bourgeois des nouvelles de Michaels et de Sylvia, l’un de ses rares romans, rencontrent un beau succès en librairie. Tant mieux. Les choses n’ont plus tout à fait la même saveur après qu'on ait lu une phrase de Leonard Michaels. Dans ces cinq phrases là, tout ou presque est dit sur son oeuvre, sur l'acuité de sa pensée et de son écriture, sa vision du monde qui l'entoure à la fois simple et lumineuse, humble, d’une précision extrême.
Le jour où l'intégrale de ses nouvelles est arrivée dans ma boîte aux lettres, j'en ai choisi une au hasard, la plus courte. En anglais, elle a pour titre « Intimations ». Ouvrez « Conteurs, Menteurs », dans une librairie et lisez -là (à peine plus d’une page, j’en ai oublié le titre en français mais vous la trouverez facilement). Après cela, vous ne pourrez plus vous passer de Leonard Michaels.


"Intimations" (Leonard Michaels) / All Blues (Miles Davis) by Heinz Sauer and Michael Wollny



Vous vous procurerez Sylvia, du même auteur, également paru en français chez Christian Bourgeois. 1960, Michaels fait la rencontre de Sylvia Bloch dans un appartement new-yorkais. « La question de ce que j’allais faire durant les quatre années à venir fut réglée dans l’instant ». « L’histoire de 4 années de passion qui les voient se marier puis se séparer avant que Sylvia ne commette l'irréparable. Ecrit à partir du journal que Michaels a commencé à tenir à cette époque, un récit d’une finesse et d’une précision incroyable, sans aucun pathos, écrit près de 30 ans après les faits. Une déclaration d’amour éternelle dont vous pourrez lire un extrait ici : After a Fight, From Sylvia : http://harpers.org/archive/1992/12/0001096
Et dont vous ne sortirez pas indemne.
Vous l’aurez compris, demain à la première heure, jetez-vous dans la lecture de Leonard Michaels.

25/01/2010

SO FULL OF SHAPES... Juliette de Banes Gardonne, Philippe Mouratoglou, Jean-Marc Foltz

Dowland, mort en 1626 et Britten, en 1976. Je ne connaissais jusqu’à samedi ces deux compositeurs anglais que de nom. Le second au moins, dont Jeff Buckley ou plus récemment Camille avaient repris des extraits de la « Ceremony of Carols ». L’autre soir donc, dans l’oratoire du Temple Neuf, Juliette de Banes Gardonne, mezzo-soprano, Philippe Mouratoglou, guitariste, et Jean-Marc Foltz, clarinettiste, jouaient « So full of shapes… », un programme consacré aux chansons des premiers cités, sur des textes de Shakespeare. Quelques proches avertis, ambiance détendue et silence imposé pour cause d’enregistrement du concert.
Loin de tout classicisme étriqué, ce programme, créé en août 2009 au festival de la Chaise-Dieu, se joue grand ouvert. Bien sûr, l’interprétation respecte l’écriture des deux britanniques. Mais par quelques introductions et interludes improvisés, les deux instrumentistes créent des climats surprenants dans ce genre de répertoire et insuflent une vie nouvelle aux chansons, magnifiquement interprétées par Juliette de Banes Gardonne. Ainsi des Lute Songs de Dowland mais surtout des Folksongs de Britten, en particulier les pièces les plus fortes comme I Will Give My Love an Apple ou encore The Soldier and The Sailor.
On le sait depuis longtemps, Jean-Marc Foltz est aussi à l’aise dans le domaine de la musique écrite, classique ou contemporaine, que dans le jazz et la musique improvisée, témoignent, en passant, ses deux concerts, en duo et en quartet, pendant le dernier festival Jazzdor, deux prestations remarquables. Il est aussi l’un de ceux qui travaille au plus près ce rapport de l’écrit à l’improvisé, deux approches qu’on a longtemps, à tort, opposé, moins dans les faits que dans les formes sans doute. En témoigne « If », une pièce de Pascal Dusapin, magistralement interprétée samedi soir à la clarinette. Dusapin, qui s’était emparé des mêmes mots de Shakespeare pour écrire « So full of shapes is fancy » en 1990, pour soprano et clarinette basse.
Quant à Philippe Mouratoglou, je suis bien loin d’être un spécialiste, mais peut-on vraiment donner une meilleur interprétation des « Nocturnal after John Dowland for guitar Op.70 » de Britten que celle qu’il en a faite samedi ? Je ne crois pas. Je ne connaissais pas ces pièces mais j’y ai simplement entendu ce que j’aime entendre d’une guitare, d’un guitariste, c'est-à-dire de la musique, un sens de l’espace et du son comme on en entend que très rarement, d’autant plus dans un environnement totalement acoustique. Faites un tour sur son site pour y visionner ces quelques vidéos puis guettez ses prochains concerts.
Jean-Marc Foltz sera lui deux soirs de suite, les 26 et 27 février prochain, au Taps Scala à Strasbourg, avec Bruno Chevillon à la contrebasse et Christophe Marguet à la batterie.
Puis on guettera l’apparition du trio de Banes Gardonne / Mouratoglou / Foltz et de ce programme dans les festivals de France et de Navarre et on se précipitera sur le disque à paraître dans les prochains mois.

D'autres versions des chansons mentionnées plus haut :

John Dowland - What if I never speed ?

John Dowland - If my Complaints could passions move

Benjamin Britten - The Soldier and The Sailor

Benjamin Britten - I Will Give my Love an Apple