13/09/2007

TOUT LE MONDE EN PARLE, Fred Neil

Spadee Sam presents - Shake Sugaree, a Fred Neil Mix (clique gauche pour l'audio)

01 - Fred Neil - Everybody's Talking
02 - Fred Neil - Green Rocky Road
03 - Fred Neil - That's The Bag I'm In
04 - Fred Neil - Come Back Baby
05 - Fred Neil - Prettiest Train
06 - Fred Neil - Please send me Someone to Love
07 - Fred Neil - Faretheewell
08 - Tim Buckley - Dolphins
09 - Mark Lanegan - Ba-dee-da
10 - Sid Selvidge - Shake Sugaree
11 - Elizabeth Cotten - Shake Sugaree

Dans « Le Monde » du 26 juillet 2007, la journaliste Véronique Mortaigne rendait compte du concert de Joe Sample, et de la chanteuse Randy Crawford, au festival de jazz de Nice. Cette dernière y interprétait Everybody’s Talking qui, d’après l’auteur de l’article, est signée Harry Nilsson.
Rendons à César ce qui lui appartient, c’est Fred Neil qui compose et chante Everybody’s Talking en 1966, sur l’album Fred Neil (Capitol).

Si l’envie vous prend de découvrir cet extraordinaire chanteur, procurez vous l’excellent double disque The Many Sides of Fred Neil paru en 1998 chez Collector’s Choice Music, sous-division d’EMI.
On y trouve les albums Fred Neil donc, mais aussi Sessions paru en 1967, ainsi que Other Side of This Life, album live de 1971. Quelques enregistrements inédits complètent le second disque.

Si The Dolphins, Everybody’s Talking ou That’s The Bag I’m In sont les meilleures chansons de Fred Neil, Faretheewell (Fred’s Tune)» et «Cynicrustpetefredjohn Raga» sont celles qui retiendront notre attention sur ce premier album. Faretheewell, composée par John et Alan Lomax, c’est un peu Johnny Cash chanteur de soul sudiste qui nous raconterait qu’ « autour de son cœur, tout n’est que douleur ». Merveilleux.
La seconde est une jam-ragga orientale avec entre autre l’harmoniciste Al Wilson (du groupe Canned Heat), et qui n’a rien à voir avec tout ce qui lui précède sur le disque.
Mais c’est assez normal pour Neil. Comme Tim Buckley, son plus grand disciple, Fred Neil semble en permanence vouloir dire « Vous êtes bien gentils, je vous ai chanté de jolies chansons, on va pouvoir maintenant faire un peu de musique ». Et quand on les laisse faire Neil ou Buckley père, ne pas s’attendre à des tubes radio.
Sessions débute avec Please Send me Someone to Love du chanteur Percy Mayfield, un blues extraordinaire ou la voix de Neil se bat en duel avec la contrebasse. Montez les basses à fond et tremblez.
Mieux ne vaut pas être seul en pleine nuit pour écouter Merry Go Round et Look Over Yonder. Difficile de faire moins drôle, mais cette voix mes amis, six pieds sous terre, du blues ni noir ni blanc, juste du blues. Ses « hmm hmm » ponctuant les solos de guitares sont vraiment impressionnants de gravité.
Ces Sessions se terminent par les énergiques Looks Like Rain et Roll On Rosie, deux jams sous caféine, ou l’ambiance semble être bien détendue en cette heure qu’on devine tardive. La voix de Neil est au sommet en crooner folk-blues menant là ou il le souhaite sa petite équipe.

Other Side of This Life est un concert de 1971 et débute tranquillement par la chanson titre avant que Neil ne mette la gomme sur Roll on Rosie et s’impose en roi du cool sur That’s The Bag I’m In, Prettiest Train ainsi que Come Back Baby sur laquelle il est accompagné par le pianiste Les McCann. Trois morceaux ou l’interprétation de Neil atteint des sommets. Ba-De-Da voit le retour de son premier partenaire discographique, le chanteur Vince Martin, tandis que sur le sombre Ya Don’t Miss Your Water c’est l’ange noir de la country Gram Parsons qui vient pousser la chansonnette.

Parmi les quelques inédits de fin de disque, December’s Dream est une curiosité, Neil se faisant beaucoup plus sérieux qu’à l’accoutumé sur cette jolie chanson, au point qu’il est difficile de reconnaître sa voix.
Enfin, How Long Blues-Drown In Tears, longue jam blues, renoue avec la veine des Sessions.

Au chapitre héritiers, on notera le Ba-di de Mark Lanegan sur l’excellent I’ll Take Care of you son album de reprises paru en 1999 chez SubPop et sommet de sa discographie, surtout au vue de ses douteuses et récentes collaborations, du genre Isobel Campbell et Soulsavers. Pas d’électro d’ascenseur ou de tapisserie vocale féminine mais de la soul et du blues sec.
En 1968 c’est le chanteur de soul Al Wilson (pas l’harmoniciste de Canned Heat) qui reprend The Dolphins sur Searching for the Dolphins (SoulCity), dont le titre annonce la couleur. Voix hésitante sur des arrangements luxuriants et pompiers, on s’en passera facilement.
Et Tim Buckley ? Avouons-le, la version studio de Dolphins, sur l’album Sefronia (ManifestoRecords) n’est pas terrible. Ca sent déjà le sapin pour Tim.
En revanche la première version live sur le merveilleux Dream Letter, Live in London 1968(ManifestoRecords) est splendide. 12 cordes, guitare électrique, vibraphone et contrebasse accompagnent la voix divine de Tim Buckley qui survole ce morceau pas facile à chanter (« I’ve been searching for the dolphins in the sea … »)
Sid Selvidge, sur The Cold of The Morning (PeabodyRecords, 1972) s’essaye à une imitation de Fred Neil sur I’ve Got a Secret (didn’t We Shake Sugaree) de Elizabeth Cotten. Produit par Jim Dickinson (Sister Lovers de Big Star entre autres), l’ombre de Neil plane tout au long de cet album de reprises comme on les jouait dans les Coffe House de Greenwich Village ou ce dernier était un modèle pour tous les débutants de la scène folk (pour plus d’explications, lire les Chronicles de Bob Dylan…).
On pouvait aussi y voir et entendre le chanteur et guitariste Kenny Rankin qui, quelques mois auparavant, accompagnait Dylan à la guitare sur le morceau Subterranean Homesick Blues et qui en 1967 sortait Mind Dusters (VividSound), son premier disque sur lequel il s'attaquait lui aussi à The Dolphins, plutôt correctement pour être honnête.
C’était une autre époque. Depuis, Fred Neil s’est retiré des affaires courantes, s’occupant en Floride de sa grande passion, les dauphins, avant de s’éteindre définitivement en 2001.

Pour la discographie complète de Neil, voici un lien qui devrait vous satisfaire :

Et comme il le chantait,

« Tout le monde me parle mais je n’entend personne,
Juste les échos de mon esprit… »
(« Everybody’s Talkin’)
Bon voyage ...

1 commentaire:

Jacky Hervieux a dit…

Bel article, documenté et passionné. Qui m'a donné envie de replonger dans l'excellent album éponyme. Merci !