01 – Ry Cooder – Humpty Dumpty World (Pull up some Dust & Sit Down, Nonescuh 2011) 02 – Erik Friedlander – Hanky Panky (Bonebridge, Skipstone Records 2011) 03 – Joe Henry – Sticks and Stones (Reverie, Anti 2011) 04 – Tom Waits – Bad as Me (Bad as Me, Anti 2011) 05 – Jim White – This Little Girl (Sounds of The Americans, 101 Distribution 2011) 06 – Steven Bernstein’s MTO feat. Antony Hegarty – Family Affair (MTO plays Sly, The Royal Potato Family 2011) 07 – Bill Frisell – Beautiful Boy (All we are Saying, Savoy Jazz 2011) 08 – Kip Hanrahan – You play with the Night with your Fingertips (At Home in Anger, American Clavé 2011) 09 – Jamie Saft – New Zion (Borscht Belt Studies, Tzadik 2011) 10 – Van Hunt – Falls (Violet) (What Were You Hoping For ?, Red Distribution 2011) 11 – Jean-Louis Murat – Les Souliers Rouges (Grand Lièvre, Polydor 2011) 12 – Wilco – Rising Red Lung (The Whole Love, Dbpm / Anti 2011)
Comme souvent, on a pu lire tout et n’importe quoi depuis la mort de Solomon Burke dimanche dernier à Amsterdam. Erreurs discographiques, chronologiques, tentatives, habituelles, de faire passer un mort pour un artiste maudit (« il n’a jamais rencontrer le succès d’un Otis Redding ou d’un Ray Charles ») qu’il n’a jamais été, ce sont tous les mauvais aspects de la « blogosphère » qui se sont rappelés à notre bon souvenir. Trop vite et mal écrit, par n’importe qui le plus souvent, l’important étant bien sûr de créer le « buzz » et d’augmenter considérablement son nombre de visiteurs. Comme toujours dans pareil cas, on vous conseillera de vous adresser à Dieu plutôt qu’à ses disciples (euh… !). Et Dieu ici s’appelle Peter Guralnick, auteur de la bible « Sweet Soul Music » (aux éditions Allia) qui satisfera largement votre curiosité à propos de celui qu’on appelait le roi du « rock n’soul ». Solomon Burke donc. Cet énorme bonhomme qu’on aura la plupart du temps vu assis sur un trône était l’un des plus grands chanteurs soul. Le plus grand ? Peu importe. Otis Redding, Sam Cooke, James Brown… il y en a pour tous les goûts. J’ai fait connaissance avec le roi Solomon en 2002, en achetant Don’t Give Up on Me, le disque qui l’aura vu revenir sur le devant de la scène, grâce au génial Joe Henry et une poignée de chansons taillées à sa (dé)mesure. De celle qui donne son titre à l’album par exemple, une merveille signée du meilleur artisan de l’histoire de la musique soul, Dan Penn, jusqu’à ce qui est peut-être la plus grande chanson jamais chantée par Burke : Flesh and Blood, écrite, tient donc, par Joe Henry lui-même. Vous remarquerez que le titre le plus connu de Solomon Burke, Everybody needs somebody to love, ne figure pas sur cette sélection. D’abord j’ai toujours détesté cette chanson. Ensuite, dans le corpus de Burke, ce sont ses ballades que je chéri particulièrement. C’est dans celles-ci que ses qualités vocales prennent toute leur ampleur. Une voix à la fois grave et puissante, qui sait pourtant se faire sensuelle, un peu à la manière d’un Bobby Blue Bland en moins rauque, en plus viril. En somme, une voix d’homme qui chante pour les femmes. Vous me direz quoi de surprenant à cela ? Je vous répondrai « pensez-vous que Thom Yorke ou bien l’un ou l’autre de ces chanteurs interchangeables officiant dans les groupes pop actuels s’adressent à cette femme, là-bas, seule au bar ? Evidemment non. Solomon, lui, si.
Parmi mes morceaux favoris, le très court et très classe Then I Want to Come Home sur lequel Burke "croone" au milieu d’une cour féminine, We’re Almost Home, qui fait entendre toute la souplesse de sa voix, ou encore le très moite Midnight and You, extrait de l’explicite et curieux Music To Make Love By, où le chanteur marche royalement sur les platebandes de Barry White. J’évoquais déjà Flesh and Blood plus haut mais combien de fois ai-je écouté ce morceau où tout est parfait, depuis les musiciens (ceux des sessions du Tiny Voices de Joe Henry, notamment Jay Bellerose à la batterie et Chris Bruce à la guitare) jusqu’aux paroles du songwriter, comme toujours impeccables :
Now, you see a golden light Because I’ve turned a golden light on, Sometimes, God knows, you’ve got to Learn to shine your own. I step out of darkness And for a moment I’m only living by your kiss, And just for now our flesh and blood Is no more real than this.
Il y a quelques mois sortait Nothing’s Impossible, témoignage de la rencontre entre Burke et le légendaire producteur d’Al Green ou Ann Peebles, Willie Mitchell. Ce dernier s’est éteint au début de l’année, rejoint l’autre jour par son « frère » Solomon. Généreux, ils prenaient soin de laisser derrière eux une dernière ballade à tomber. « Oh, What a Feeling » est d’un autre temps, quintessence des grandes heures de la soul ou la voix de Burke s’ébroue sur les arrangements de cordes de Mitchell, les mêmes qui faisaient dans les années 60 et 70 les beaux jours de Hi Records.
On quittera finalement Solomon Burke des larmes plein les yeux en l’entendant murmurer Drown in my Own Tears popularisé par Ray Charles.
Vous pouvez désormais baisser la lumière, vous servir à boire, enlacer votre ami(e), le roi Solomon veille sur vous.
Spadee Sam presents – No Man Walks Alone, a Solomon Burke selection
01 – Rose saved from the Street (Hold on Tight, Universal 2010) 02 – Don’t give up on Me (Don’t Give Up On Me, Anti 2002) 03 – Medley : Meet me in Church, The Price, Words, Monologue (Soul Alive, Rounder 1983) 04 – No Man walks Alone (Solomon Burke, Kenwwod 1962) 05 – Can’t Nobody save You (King of Rock N’Soul, Atlantic 1964) 06 – Uptight Good Woman (Proud Mary, Bell 1969) 07 – Then I Want to Come Home (Cool Breeze O.S.T., MGM 1972)) 08 – Misty (We’re Almost Home, MGM 1972) 09 – Everlasting Love (Music To Make Love By, Chess 1975) 10 – Midnight and You (Music To Make Love By, Chess 1975) 11 – Don’t Wait Too Long (Proud Mary, Bell 1969 ) 12 – After All These Years (Make Do With What You Got, Shout Factory 2005) 13 – Flesh and Blood (Don’t Give Up On Me, Anti 2002) 14 – Keep a Light in The Window (I Wish I Knew, Atlantic 1968) 15 – Oh What a Feeling (Nothing’s Impossible, E1 Entertainment 2010) 16 – We’re Almost Home (We’re Almost Home, MGM 1972) 17 – If I Give My Heart to You (Like a Fire, Shout Factory 2008) 18 – That’s How I Got to Memphis (Nashville, Shout Factory 2006) 19 – Drown In My Own Tears (We’re Almost Home, MGM 1972)
01 – Carolina Chocolate Drops – Hit ‘em Up With Style (Genuine Negro Jig, Nonesuch 2010) 02 – Loudon Wainwright – Fear Itself (Songs For the New Depression, Yep Roc Records 2010) 03 – Eric Bibb – Sunrise Blues (Booker’s Guitar, Dixiefrog 2010) 04 – Johnny Cash – Redemption Day (American VI, Ain’t No Grave, American 2010) 05 – Mose Allison – The Way of The World (The Way of The World, Anti 2010) 06 – Josh Rouse – Duerme, Mobila (ElTurista, Yep Roc Records 2010) 07 – How Gelb – Spiral(‘Sno Angel Winging It, Ow Om 2009) 08 – Josh Rouse – Cotton Eyed Joe (El Turista, Yep Roc Records 2010) 09 – Grant Lee Phillips – Buried Treasure (Yep Roc Records 2009)
Carolina Chocolate Drops - Hit 'em Up With Style
Loudonw Wainwright - Fear Itself
Eric Bibb - Booker's Guitar
Mose Allison - I'm Nobody Today (Live in Chicago 2010)
Leonard Cohen, Bob Dylan, Neil Young, Ramblin’ Jack Elliott, Allen Toussaint, Booker T, Prince ou encore Joe Bataan, autant de légendes vivantes qui publient ce mois-ci leurs nouveaux disques. Revue d’effectif sans concession.
Le retour sur scène de Leonard Cohen fait plutôt plaisir. Mais ce « Live in London » n’apportera rien de plus à ce que l’on connaissait déjà du poète aviné. Une voix, grave, superbe, des textes admirables mais des arrangements comme il ne devrait pas en exister. Comment un type qui s’habille si bien peut-il faire preuve d’aussi mauvais goût en matière de musique ! Cela restera pour toujours un mystère.
Un autre qui aurait mieux fait de s’abstenir, c’est Booker T, sans ses MG’s. Le clavier légendaire du label Stax de la grande époque, souvenez-vous, Green Onions, aligne sur son nouveau disque des compositions sans saveurs et des reprises inutiles (Hey Ya d’Outkast, Get Behind The Mule de Tom Waits). Même la guitare électrique de Neil Young sur Native New Yorker n’y peut rien, on s’ennuie ferme sur ce Potato Hole.
De son côté, le Canadien publie Fork In The Road, sorte de pendant discographique au Gran Torino de Clint Eastwood : pas déplaisant à l’écoute, plutôt efficace de temps à autre (Just Singing a Song), le disque est également sans surprise, assez lourd et traite d’un sujet absolument essentiel : la voiture écologique ! «Hit The Road » Neil !
Dans la série des grands chanteurs sur le déclin, celui pour qui on éprouve le plus de peine est Joe Bataan. Accompagné par un groupe indigent (Los Fulanos), le « King of Latin Soul » n’a visiblement plus beaucoup d’essence dans le réservoir. Son précédent come-back pour Call My Name paru en 2005 sur le label VampiSoul était déjà mi-figue mi-raisin mais celui-ci est carrément inécoutable. Bataan s’attaque une dernière fois à I Wish You Love, trente-cinq ans après sa magnifique première version du tube de Charles Trénet et s’effondre, à bout de force. Que reste-il de nos amours ?
Heureusement, plusieurs de ces grands anciens rattrapent le coup. Lui n’est pas encore au « Hall of Fame » mais pourrait bien y être intronisé bientôt, tant son travail de production pour des monuments de la musique américaine (Solomon Burke, Bettye Lavette) est admirable Auteur de la meilleur chanson du dernier Madeleine Peyroux (Love and Treachery), et surtout producteur des nouveaux disques de Ramblin’ Jack Elliott et Allen Toussaint, Joe Henry est l’homme de ce printemps.
Sur Bright Mississippi, le légendaire pianiste de la Nouvelle-Orléans joue des morceaux de Thelonious Monk, Duke Ellington, Django Reinhardt ou Sydney Bechet, accompagné par, excusez du peu, Marc RibotBrad Mehldau, Joshua Redman, Don Byron ou encore Nicholas Payton. Pas une faute de goût, de la soul qui n’en aurait pas la forme, du jazz en fait, et surtout un sacré bonheur à l’écoute de ce disque d’Allen Toussaint qu’on devrait offrir à tous ceux qu’on aime.
Au même moment sort A Stranger Here de Ramblin’ Jack Elliott, lui aussi produit par Joe Henry. Ce dernier a proposé au chanteur folk héritier de Woody Guthrie et père artistique de Bob Dylan, 10 chansons de country blues datant de la Dépression des années 30. Enregistré comme souvent dans le garage du producteur à Los Angeles avec, là aussi, une équipe de rêve, dont d’autres légendes comme l’arrangeur Van Dyke Parks ou le leader des Los LobosDavid Hidalgo, on ne voit aucune faiblesse dans ces reprises de Blind Lemon Jefferson, Blind Willie Willie Johnson, Son House ou Tampa Red. Le disque prend même de la hauteur dans sa deuxième partie, avec les superbes Grinnin’ In Your Face, Falling Down Blues et How Long Blues avant de se conclure sur un monumental Please Remember Me, un blues de derrière les fagots aux discrètes notes de vibraphone.
L’excellente idée de faire appel à David Hidalgo semble avoir fait son chemin ces derniers mois. On retrouve en effet le leader des Los Lobos sur le nouveau Bob Dylan, Together Through Life. Titre et pochette sublime et deux premiers extraits, Beyond Here Lies Nothin’ et Feel a Change Comin’ On, qui, en plus d’être habités par l’accordéon tex-mex d’Hidalgo, sont d’ors et déjà les tubes de l’été.
Enfin, l’incorrigible Prince publie trois disques en même temps, pourquoi pas. Le premier, LotusFlow3r fait la part belle à la guitare, comme sur From The Lotus, une intro jazz-funk qui n’est pas sans rappeller la période The Rainbow Children, North/East/West/South du début des années 2000. Puis on navigue entre pop princière (Morning After, 4Ever), habituels hommages funk (Feel Good, Feel Better, Feel Wonderful) et instrumentaux inutiles (77 BeverlyPark). Mais si LotusFlow3r n’est pas un chef d’oeuvre impérissable, il n’en reste pas moins le meilleur disque de Prince depuis The Rainbow Children en 2001. Car avec la sympathique $ ou la superbe Colonised Mind, on retrouve le Love Symbol à son meilleur niveau. On ne sait en revanche trop quoi penser de Mplsound, à la fois insupportable par ses rythmes digitaux et son vocoder bon marché et en même temps renouant avec l’imparable exubérance kitsch du Prince des années 80. Enfin, Elixer présente la nouvelle égérie de Prince, Bria Valente. Dotée d’une jolie voix sans être inoubliable, la chanteuse bénéficie surtout d’une poignée d’excellentes chansons signées de son mentor. Here Eye Come est un morceau RnB comme seul Prince peut en écrire, All This Love dégage un charme estival tandis que Something U Already Know est une excellente ballade nu soul. Mais Elixer vaut surtout pour son morceau du même nom, un duo exceptionnel entre Bria Valente et Prince. Crooner de charme, ce dernier remporte haut la main la palme de la séduction en musique, une catégorie pour laquelle n’a-t-il jamais eu de concurrence ?
Au menu du weekend, une série de chansons à apprécier du réveil jusqu'à bien plus tard dans la nuit.
Vous commencerez volontiers votre journée de shopping avec l’imparable Diamond Dave de The Bird and The Bee. Leur deuxième album, Ray Guns are not Just The Future est assez inégal mais si on compile les meilleurs plages de celui-ci avec les meilleurs du précédent paru en 2007, on obtient une belle collection de chansons électro-pop ensoleillées. En voici deux bons exemples.
The Bird and The Bee – Again and Again (The Bird and The Bee 2007)
The Bird and The Bee – Diamond Dave (Ray Guns are Not Just The Future 2009)
Un peu plus tard, pourquoi ne pas échanger l’affreux et déjà dépassé Charlie Winston contre le beaucoup plus rugueux et authentique William Elliott Whitmore. Son prochain disque ne sortira sur Anti que dans quelques semaines mais Old Devils, premier extrait de celui-ci annonce de beaux jours :
William Elliott Whitmore – Old Devils (Animals in The Dark 2009, Anti)
Toujours sur l’excellent label Anti, on suivra juste après celui de Whitmore le nouveau disque de Ramblin’ Jack Elliott. Produit par Joe Henry (qui depuis le début du siècle réalise une série de disques admirables pour certains des plus grands chanteurs et songwriters américains, Solomon Burke, Allen Toussaint, Ani DiFranco, Rodney Crowell, Jim White, Loudon Wainwright, Mary Gauthier,…), A Stranger Here s’annonce comme un très grand cru, comme le montre ce premier extrait, un magnifique Soul of a Man. Tremblez.
Ramblin’ Jack Eliott – Soul of a Man (A Stranger Here 2009, Anti)
On n’attendra jamais d'immenses miracles de la part de Bruce Springsteen mais on ne cachera pas son plaisir à l’écoute du modeste et émouvant Life Itself, premier titre issu de son prochain Working on a Dream.
Bruce Springsteen – Life Itself (Working on a Dream 2009, Sony)
Après ca il sera déja tard et le moment de vous passer le You Can Fly on My Aeroplane de Wee, réédité l’année dernière par le label Numero Soul et sur lequel vous entendrez le superbe Find Me, Love Me (Anytime you need love, come on and find me).
Wee – Find Me, Love Me (You can Fly on My Aeroplane 1977, NumeroSoul)
Faites ensuite un tour sur le myspace d’Aroma, formation dans laquelle on trouve le saxophoniste Daniel Erdmann (Das Kapital, Erdmann 3000), le batteur Samuel Rohrer (BraffOesterRohrer) et le guitariste Frank Möbus, autour de la chanteuse Winnie Brückner. A mi chemin entre pop et jazz, on vous laisse savourer le sensuel Bossa Bossa et le son exceptionnel du saxophone de Daniel Erdmann. N’hésitez pas aussi à vous laisser prendre par les autres morceaux en écoute ici :
Enfin, beaucoup plus tard, on jettera une oreille sur le premier titre, moite à souhait, de la nouvelle égérie de Prince, Bria Valente. Le Love Symbol est omniprésent sur Here Eye Come qui montre combien l’homme est toujours au sommet lorsqu’il s’agit de soul satinée. Plutôt que de le voir nous faire un procès, aller écouter ça sur son nouveau site (3ème morceau du lecteur en haut à droite), réalisé vous allez vous en rendre compte (j'espère) avec beaucoup de goût… :
Le label YepRoc est en passe de devenir le refuge pour songwriter de luxe. Ainsi sort ces temps-ci le nouvel album de Rodney Crowell, quelques semaines après les excellents derniers Loudon Wainwright et Giant Sand (soit Howe Gelb)
Comme Recovery de Wainwright, Sex and Gasoline est produit par Joe Henry, entouré de sa désormais habituelle équipe, le batteur Jay Bellerose, le claviériste Patrick Warren ou encore le bassiste David Piltch. Il n’est ainsi pas surprenant de retrouver certains des éléments qui ont fait la réussite d’autres productions de Henry commeI’ve Got My Own Hell to Raise de Betty Lavette, Drill a Hole in that substrate de Jim White ou son propre Tiny Voices. Autour de la voix aigre douce de Crowell, à mi-chemin entre celles de Bob Dylan et de George Harrison, Sex and Gasoline mélange belles ballades folk, Moving Work of Art, The Night’s Just Right, et morceaux plus enlevés comme celui qui donne son titre à l’album ou ce Funky and The Farm Boy.
Rodney Crowell – Funky and The Farm Boy
Joe Henry vient quant à lui donner de la voix, et quelle voix, sur l’émouvant I’ve Done Everything I Can.
Rodney Crowell feat.Joe Henry – I’ve Done Everything I Can
Rodney Crowell achève de nous prouver qu'il est un homme de goût avec cette belle session sur la radio WXPN où il partage l'affiche avec l'une de nos artistes favorites, la violoniste et désormais chanteuse Jenny Scheinman.
En toute modestie, Rodney Crowell propose avec Sex and Gasoline son meilleur disque à ce jour, un de ceux qu’on écoutera souvent en attendant le printemps.
Un autre qui s’écoute très bien près de la cheminée c’est Mark Kozelek. On l’a déjà dit, mettre un disque de Kozelek dans la platine, c’est le bourdon assuré. Mais le californien chante de mieux en mieux et ses chansons ont gagné en concision avec le temps. Au début de l’année est paru April avec son nouveau groupe Sun Kil Moon et dont Moorestown n’est qu’une des superbes chansons.
Sun Kil Moon – Moorestown
Plus récemment, Kozelek a sorti 7 Songs Belfast, recueil de morceaux live joués en solo. Pour l’humour, passez votre chemin. Mais si vous cherchez de la musique pour vos automnales fins d’après-midi dominicaux, vous êtes à la bonne adresse.
Mark Kozelek – Around and Around
Un autre grand songwriter publie son album de reprise. James Taylor rend avec Covers une copie tout à fait acceptable à défaut d’être inoubliable, enregistrée en dix jours avec ses musiciens au complet dans une petite maison du Massachusetts. En tout cas, l’album débute de la meilleure des manières avec cette reprise de It’s Growing, composée par Smokey Robinson et popularisée par les Temptations.
James Taylor – It’s Growing
On quitte l’univers folk pour celui du hip-hop, avec le dernier album du producteur Madlib. Wlib Am, King of The Wigflip est le dernier chapitre des Beat Generation Series, offrant carte blanche le temps d’un disque un producteur (King Britt, Jazzy Jeff, Jay Dee,Will I Am,...). Wlib Am est comme son nom l’indique conçu comme une émission de radio et fourmille de samples soul. Si tout le disque est excellent, certaines plages atteignent des sommets, comme ce Life avec Kerriem Riggins :
Madlib feat.Kerriem Riggins – Life
Ou le magnifique Yo Yo Affair Pt.1 et 2 avec la chanteuse Frezna :
A part deux ou trois choses pas désagréables, on n’a honnêtement pas grand-chose à dire sur Wating For The Sunrise, le nouvel album de David Vandervelde. Cryin’ In The Rain, par exemple, est pas mal, sorte de réunion posthume entre Marc Bolan, John Lennon et Chris Bell, il y a pire (mieux aussi).
David Vandervelde – Cryin’ Like The Rain (Waiting For The Sunrise 2008, SecretlyCanadian)
Si l’on évoque à cet instant le collègue du grand Alex Chilton dans Big Star, c’est parce que Vandervelde nous était déjà un peu plus tôt apparu dans le costume de Chris Bell, plus précisément sur Nothin’ No, le morceau qui ouvrait le pompeusement nommé The Moonstation House Band.
David Vandervelde – Nothin’ No (The Moonstation House Band 2007, SecretlyCanadian)
Nothin’ No trouve ainsi ses racines dans la beaucoup plus sombre I am The Cosmos de Chris Bell.
Chris Bell – I Am The Cosmos (I Am The Cosmos 1977, Rykodisc)
Un morceau terrible, jugez vous-mêmes :
"Every night I tell myself, I am the cosmos, I am the wind. But that dont get you back again..."
Chris Bellétait donc le leader bis deBig Star, l’un des plus grands groupes pop de l’histoire de la musique, et qui, avec unChris Bellaux épaules un peu plus solides, aurait pu concurrencer la paireLennon/McCartney, sans parler deJagger/Richards, lesquels furent vite distancé en un album et demi parBell et Chilton. MaisBells’en est allé, plombé par la manque de réussite du groupe et la place prédominante deChilton. Un retour dans la maison familiale et une place de serveur dans le restaurant paternel, quelques sessions à la cave et puis un matin de décembre 1978, à l’âge de 27 ans, c’est l’accident de voiture et tout est terminé. I am The Cosmos, l’unique album solo deChris Bellvaut le détour rien que pour sa chanson titre et son solo de guitare, fragile comme les mots et la voix du musicien maudit.
Loudon Wainwright - School Days(Recovery 2008, YepRoc)
Pas maudit du tout lui, c’est en plein mois d’août que Loudon Wainwright III, père de Rufus et de Martha (doit-on s’étonner qu’il s’en soit éloigné ?!) sortait Recovery, collection de vieilles chansons rejouées avec des musiciens de qualité supérieure, notamment Jay Bellerose à la batterie et Joe Henry à la production. Loudon Wainwright avait été au passage et il y a longtemps, fort joliment repris par, justement, Alex Chilton :
Alex Chilton – Motel Blues (Live 1992, Rykodisc)
On ne s’ennuie pas une seconde sur Recovery, grâce en partie à la qualité des musiciens et à un Loudon Wainwright qui chante de mieux en mieux, comme on avait déjà pu s’en rendre compte sur la B.O.de la comédie américaine Knocked Up, coécrite il y a quelques mois avec Joe Henry. Sur cette dernière, on trouvait quelques merveilles comme Valley Morning, description formidable d’une matinée quotidienne dans un quartier pavillonnaire de Los Angeles.
Loudon Wainwright III – Valley Morning (Strange Weirdos 2007, Concord)
Le retour en grâce est confirmé, si ça pouvait durer un peu.
Simone Massaron with Carla Bozulich - My Hometown (Dandelions on Fire, LongSongRecords)
Dandelions on Fire, où l'un des meilleurs disques de l'année. Simone Massaron guitariste italien dont on avoue qu'on connaissait peu de choses, s'est associé à la chanteuse Carla Bozulich pour cette collection de blues tendus (Never Saw Your Face, Five Dollar Lottery), de ballades soul (Dandelions on Fire) ou folk (Love Me Mine, My Hometown). Le jeu de guitare de Massaron n'est pas sans rappeler dans son économie celui de Marc Ribot et entoure parfaitement la voix voilée de Bozulich, déja auteur plus tôt dans l'année du superbe Hello, Voyager.
Mais Simone Massaron sait également s'entourer d'excellents musiciens, notamment le batteur Zeno de Rossi, entendu auparavant aux côtés du chanteur Vinicio Capossela, ce dernier dont on pourrait parler prochainement. En attendant, user votre exemplaire de Dandelions on Fire jusqu'à la corde.
01 - Myriam Alter – Was It There (Where Is There 2007, Enja) 02 – Daniel Zamir – Love (I Believe 2008, Tzadik) 03 – Corin Curschellas – Olma de Vali (Grischunit 2008, TräumtonRecords) 04 – Simone Massaron and Carla Bozulich – Dandelions on Fire (Dandelions on Fire 2008, LongSong) 05 – John Mellencamp – Don’t Need This Body (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic) 06 – Corin Curschellas – Pinada (Grischunit 2008, TräumtonRecords) 07 – Ron Sexmith – Traveling Alone (Exit Strategy of The Soul 2008, YepRocRecords) 08 – Simone Massaron and Carla Bozulich – My Hometown (Dandelions on Fire 2008, LongSong) 09 – John Mellencamp – John Cockers (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic) 10 – Todd Sickafoose – Whistle (Tiny Resistors 2008, Cryptogramophone) 11 – Phantom Orchard feat.Maja S.Ratkje– Omni (Orra 2008, Tzadik) 12 – Simone Massaron and Carla Bozulich – Never Saw Your Face (Dandelions On Fire 2008, LongSong)
01 – Elvis Costello and The Imposters – Drum and Bone (Momofuku 2008, Universal) 02 – Kylie Auldist with The Bamboos – Community Service Annoucement (Just Say 2008, TruThoughts) 03 – Tricky – C’mon Baby (Knowle West Boy 2008, Pias) 04 – Ry Cooder – Pink-o-Boogie (I, Flathead 2008, Nonesuch) 05 – Solomon Burke – Understanding (Like a Fire 2008, ShoutFactory) 06 – Randy Newman – Harps and Angels (Harps and Angels 2008, Nonesuch) 07 – Elvis Costello and The Imposters – Harry Worth (Momofuku 2008, Universal) 08 – Ry Cooder – Can I Smoke in Here (I, Flathead 2008, Nonesuch) 09 – Randy Newman – Only a Girl (Harps and Angels 2008, Nonesuch) 10 – Matthew Shipp – The Sweet Science (Right Hemisphere 2008, RogueArt)
Avec Elvis Costello, Solomon Burke, Ry Cooder, ou Randy Newman, ce sont des poids lourds de la musique populaire dont les disques sont ou s’apprètent à sortir ces temps-ci.
Le plus lourd des trois est sans conteste le roi Solomon, qui, de son trône, offre Like a Fire à un public dont on fait partie. Mais passée une première écoute rapide et prometteuse, on repère petit à petit les grosses ficelles qui font sombrer l’album dans le superficiel. Avec Eric Clapton ou Ben Harper à l’origine de certains des morceaux, il y avait honnêtement peu d’espoir de marquer les esprits. Surtout depuis l’exceptionnel Don’t Give Up On Me (Anti), qui, en 2002, avait vu le retour aux affaires de Burke. Mais sur ce dernier, c'était Joe Henry qui était aux manettes, et les chansons étaient signées du même Henry, de Tom Waits, Bob Dylan, Elvis Costello, Brian Wilson ou Dan Penn avec des musiciens qui avaient pour noms Jay Bellerose ou Chris Bruce. Un autre monde. Ici, la couche de vernis appliquée au disque par le producteur Steve Jordan ne tient pas les premières pluies et seule la voix, à jamais superbe, de Solomon Burke, survit à l’effondrement de l’édifice.
Elvis Costello lui, va droit au but. Momofuku est un disque de rock direct, bien produit et si l’on est d’humeur à supporter la voix de canard à bout de souffle de Costello, c’est avec plaisir que l’on écoute un album qui débute teigneux, finit romantique, et regorge comme souvent d’excellentes chansons.
Signons vite une pétition pour l’amélioration des arrangements sur les disques pop. Le prochain Randy Newman, Harps and Angels souffre sacrément de ces affreuses vaguelettes de cordes, les mêmes qui pourissent quantité de films. Sinon, l’impression dominante est d’être dans un disque, poli, du Tom Waits de la fin des années 70, Blue Valentine ou Heartattack and Vine. Agréable à écouter, suffisamment court pour ne pas trop s’y ennuyer, les textes canailles de l’extraordinaire parolier qu’est Newman sont beaucoup plus savoureux que la musique sur ce Harps and Angels , loin tout de même d'être un mauvais disque.
On sursaute en entendant la première plage du nouveau Tricky. Un motif de piano et la voix d’outre-tombe du chanteur font espérer le retour à la complexité tordue des premiers albums. Et puis, une chanteuse r’n’b et un gros riff qui tache viennent gâcher le plaisir. Puppy Toy, où le parfait résumé d’un très inégal Knowle West Boy. La flamme rallumée sur Coalition, moite à souhait, et pour le reste, des horreurs comme plusieurs raggas ridicules (Baccative, Balgaga), l’hommage pathétique à Hooverphonic (Past Mistake), ou du r’n’b à l’arrêt (Veronika). Frustrant.
Deux catégories semblent s’être formées dans le monde des nouvelles chanteuses soul. Les « populaires », avec Amy Winehouse bien sûr, puis Duffy, Adele et d’autres d’un côté, et les « alternatives », avec Sharon Jones, Alice Russell, Nicole Willis et désormais Kylie Auldist. Accompagnée par le groupe australien The Bamboos, cette dernière publie sur le label TruThoughts, Just Say, son premier album. On va la faire courte, c’est du déjà entendu mille fois. On peut néanmoins parfaitement l’entendre encore un peu si on nous sert des morceaux aussi bons que Community Service Annoucement ou No Use. En revanche, la reprise de Everybody Here Wants You de Jeff Buckley est dispensable. Surtout que c’est l’un des seuls morceaux de Buckley fils que l’on arrive encore à écouter. En tout cas, Just Say est plus que recommandable.
Pour terminer, Ry Cooder conclue sa trilogie californienne avec I, Flathead, qui, sans égaler le fantastique Chavez Ravine, est bien meilleur que le décevant My Name is Buddy, paru l’an dernier. Jim Keltner est toujours à la batterie et la musique cinématographique servie par Cooder est un très bon exemple de ce qu’on apprécie par ici. Un son chaud, de la musique riche à tous les niveaux, des histoires (Steel Guitar Heaven), de l’éclectisme, de l’humour (Johnny Cash), de la finesse (My Dwarf is Getting Tired), du rêve (Little Trona Girl). I, Flathead, un disque où l’on ne s’ennuie pas un instant. Pouvez-vous en citer beaucoup d’autres en ce moment ?
01 – T-Bone Burnett – Every Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony) 02 – Robert Plant and Alison Krauss – Rich Woman (Raising Sand 2007, Rounder) 03 – Cassandra Wilson – Poet (Thunderbird 2006, Blue Note) 04 – T-Bone Burnett – Hollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony) 05 – T-Bone Burnett with Jade Vincent – Man, Don’t Dog YourWoman (The Soul of a Man 2003, Sony) 06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac) 07 – Vincent and Mr Green – Like You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac) 08 – Sam Phillips with Marc Ribot – Incinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch) 09 – The Alpha Band – Tick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista) 10 – T-Bone Burnett – It’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony) 11 – Joe Henry – John Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth) 12 – T-Bone Burnett – Criminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony) 13 – Roy Orbison – She’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin) 14 –Joe Henry – Ben Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth) 15 – The Legendary Stardust Cowboy – I Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)
Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.
Bob Dylan feat.T-Bone Burnett – Shelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)
Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.
En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :
Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.
Roy Orbison – In Dreams (Black and White night) Roy Orbison – Crying (Black and White Night)
(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando) Roy Orbison – Pretty Woman (Black and White Night)
En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.
Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années. De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.
Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.
2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett. Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop. Exemple avec le morceau Palestine Texas :
True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.
C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.
Robert Plant and Alison Krauss – Rich Woman (Live 2007)
Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.
Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia. C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett. Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien. Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.
Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.
Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :