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16/10/2008

PLAT DU JOUR 17 - Ep.02 - Danilo Perez, McCoy Tyner


Si vous êtes allergiques au sucre, ne vous arrêtez pas sur le nouveau disque du pianiste Danilo Perez, membre émérite de l’actuel quartet du saxophoniste Wayne Shorter.
Across The Crystal Sea est un voyage sur de grandes vagues de cordes qui rendent la digestion parfois difficile. Mais on y croise aussi une sirène, la chanteuse Cassandra Wilson, impériale sur deux titres. Au final, on passe trop régulièrement de la gourmandise à l’écoeurement sur cette mer de cristal.

Danilo Perez feat.Cassandra WilsonLazy Afternoon (Across The Crystal Sea 2008, UniversalJazz)




Si Danilo Perez restera probablement longtemps associé au nom de Wayne Shorter, difficile de dissocier un autre pianiste, McCoy Tyner, d’un autre légendaire saxophoniste, John Coltrane.
Mais point de saxophone sur Guitars, drôle de projet qui voit Tyner dialoguer avec les guitaristes Marc Ribot, Bill Frisell, Dereck Trucks, John Scofield ou le joueur de banjo Bela Fleck.
On peut apprécier les associations de Tyner avec Frisell ou Scofield mais on restera beaucoup plus réservé sur les apparitions de Ribot, Trucks ou Bela Fleck.
Entre plages d’improvisation pas vraiment passionnantes et bœufs blues, on entend McCoy Tyner se faire plaisir et c’est sans doute là l’essentiel.

McCoy Tyner feat.Bill Frisell - Oma (Guitars 2008, HalfNoteRecords)


27/06/2008

EN SOLDES ! T.Buckley,R.Nathanson,Prince,M.Gaye,R.Orbison,N.Springsteen,H.Lavoe,La Lupe,M.Santamaria,Baby Loves Jazz


Spadee Sam presents –After The Dance Mix

01 – The Baby Loves Jazz BandTen Little Monkeys (Go Baby Go 2006, Verve)
02 – Monguito Santamaria feat.Ronnie MarksCrying Time (Blackout 1970, Fania)
03 – Roy OrbisonBlue Angel (Lonely and Blue 1960, Monument/Legacy)
04 – Bruce Springsteen with The Sessions BandFurther Up (On The Road) (Live in Dublin 2007, Columbia)
05 – Roy NathansonHome (Sotto Voce 2006, AumFidelity)
06 – Marvin Gaye – I Wanna Be Where You Are (After The Dance) (I Want You , Motown)
07 – Hector LavoeTus Ojos (La Voz 1975, Fania)
08 – La LupeAlivio (They Call Me La Lupe 1966, Fania)
09 – PrinceRaspberry Beret (Around The World In a Day 1985 , Warner Bros.)


Profitez des soldes pour acheter des disques...
Le Baby Loves Jazz Band est un projet plutôt drôle puisqu’il s’agit de reprendre des chansons populaires pour enfants en version jazz. Sans se prendre le moins du monde au sérieux, le trompettiste Steven Bernstein (Sex Mob, Millenium Territory Orchestra) réunissait autour de lui en 2006 le saxophoniste Briggan Krauss (Sex Mob), le claviériste John Medeski (Medeski, Martin and Wood), le batteur Ben Perowsky (John Zorn, Dave Douglas), les contrebassistes Brad Jones (Marc Ribot Cubanos Postizos, Ornette Coleman), et Lennie Plaxico (Cassandra Wilson, Chet Baker), ainsi que les chanteurs Babi Floyd (Rolling Stones) et l’excellente Sharon Jones. Working on The Railroad, Old MacDonald, Ten Little Monkeys ou You Are My Sunshine sont ainsi réinterprétés, et l’album comporte une dizaine d’interludes musicaux explicatifs sur les différents instruments (la trompette, le piano, la batterie, etc). Les enfants qui fêtent leur anniversaire avec Go Baby Go dans la platine ont bien de la chance.

Trois albums issus du label Fania, le label essentiel du latin jazz des années 60 à 80.

Blackout, du pianiste Monguito Santamaria, fils de l’immense percussionniste cubain Mongo Santamaria, est un très bon disque. Si les morceaux en espagnol sont assez classiques, ceux, au nombre de quatre, chantés en anglais par Ronnie Marks sont excellents et ravissent les collectionneurs de morceaux latin jazz chantés en anglais dont on fait partie.
Si c'est également votre cas, pensez à jeter une oreille sur le I Need Her, a Latin Jazz Mix, en écoute sur le myspace de Spadee Sam, avec entre autres Chollo Rivera et Joe Bataan.

La Voz, paru en 1975, est le premier album sous son nom du grand chanteur Hector Lavoe, qui survole ce disque magnifique. La salsa à son sommet (arrangements de Willie Colon et Louie Ramirez, Ruben Blades aux chœurs), avec en final le génial Mi Gente, et des boléros à tomber, comme ce superbe Tus Ojos.
On notera que Milton Cardona, dont on avait parlé lors de l’article sur Kip Hanrahan dont il est un proche, est crédité aux congas.

Le troisième album Fania acheté ces jours-ci est They Call Me La Lupe. La Lupe est probablement la plus grande gueuleuse de l’histoire de la musique. Mais c’est aussi l’une des plus grandes interprètes de boleros, du genre à vous donner la chair de poule à chaque morceau. C’est encore le cas ici avec El Preso Numero Nueve, Pensando en Ti et Alivio, qui cohabitent avec les plus casse-gueules El Cascabel, l’America de West Side Story et la reprise du Dominique de Sœur Sourire !La Lupe, c’est aussi ces Oy brûlants comme une après-midi cubaine en plein soleil.

On évoquait Roy Orbison en retraçant la carrière de T-Bone Burnett.
Lonely and Blue, paru en 1960, est la quintessence du style d’Orbison, soit des ballades romantiques enrobées de cordes, au-dessus desquelles plane l’incroyable voix du chanteur, l’une des plus exceptionnelles de la musique populaire. Oh Happy Days !

Roy Orbison est cité par Bruce Springsteen sur le morceau Thunder Road (as the radio plays Roy Orbison singing for the lonely). On en avait déjà parlé il y a de cela plusieurs mois mais le live à Dublin de Springsteen et son « sessions band » est l’un des meilleurs disques, si ce n’est le meilleur, du boss. La version d’Atlantic City qui ouvre l’album est exceptionnelle et plusieurs autres morceaux sont du même niveau. Les musiciens sont excellents, on peut entendre Mark Anthony Thompson sur Eyes on The Prize et ce très beau Further On (Up The Road) ainsi que le superbe violon de Sam Bardfeld.

On retrouve ce dernier sur un autre disque essentiel, paru en 2006 sur le label Aum Fidelity. Sotto Voce, du saxophoniste Roy Nathanson est l’un des meilleurs projets de ces dernières années. Autour de lui, Sam Bardfeld donc au violon, Curtis Fowlkes au trombone, Tim Kiah à la contrebasse et Napoleon Maddox, que vous connaissez bien si vous lisez ce blog de temps à autres, à la « boîte à rythme humaine ». Ce dernier assure donc la partie rythmique, et Nathanson est aussi génial au saxophone que sur les parties vocales. Qui peut encore reprendre Sunny sans tomber dans le ridicule ? Maddox, lui, chante même sur Sunrise, Sunset, un morceau dont on laissera quand même la version définitive à Claudine Longet

On ne s’étendra pas sur Marvin Gaye et son I Want You produit par Leon Ware, autre grand sentimental, l’un des sommets de la musique soul, comme le sont la plupart des disques de Marvin Gaye. Disons juste que sur la version Deluxe se trouve I Wanna Be Where You Are (After The Dance), et cela devrait être suffisant pour vous convaincre d’acquérir ce disque.

Enfin, Around The World in a Day, la cuvée 1985 de Prince. Pas son plus grand disque, c’est sûr, la production d’époque fait souffrir. Mais rien que pour Raspberry Beret, difficile de regretter l’achat. On parle rarement de ce qui fait la force de Prince, et qui pourrait être le dénominateur commun des plus grands de la musique populaire. Oui, comme chez Debussy ou Dylan, ce qui fait la différence, c’est le sens du rythme, du phrasé, une manière de tisser d'incroyables lignes mélodiques. Il y a chez ces musiciens la même façon de partir dans une phrase et de retomber naturellement au moment parfait. Ecoutez le deuxième couplet de Raspberry Beret et vous entendrez Dylan dans la voix et dans le rythme (If I planned 2 do her any harm). Cette perfection dans le rythme de la mélodie, on la retrouve à maintes reprises chez Prince, par exemple sur Joy in Repetition. On lui consacrera bientôt plus de temps.


En bonus, le premier DVD sur Tim Buckley, My Fleeting House, sorti chez Manifesto. Autant dire que si vous aimez la musique, il faut vous précipitez sur l’occasion de voir rassembler toutes les images de Tim Buckley en concert. Tim Buckley est l’un des plus grands génies de la musique du XXème siècle. Alors que l’on en fait des tonnes sur Zappa, on parle beaucoup moins du père de Jeff, qui a pourtant en moins d'une dizaine d'années repoussé toutes les limites. Chanteur fabuleux et bien moins agaçant que son fils, extraordinaire musicien, on peut voir sur ce documentaire l’évolution de son style depuis le folk des débuts jusqu’au funk salace des derniers jours, en passant par le free jazz. On peut penser que Tim Buckley est l’un des plus grands chanteurs de jazz.
Et puis il y a ce moment surréaliste où Buckley, assis sur l’un des fauteuils de l'émission de Steve Allen après avoir chanté Morning Glory, semble perdu et affligé par la conversation entre le présentateur et l’une des invités qui lui parle de… sa coupe de cheveux !

Tim Buckley
- Live Boboquivari

01/06/2008

SEPT FOIS PLUS CHAUD QUE LE FEU, ou T-Bone Burnett, musicien et producteur américain


Spadee Sam presents – A T-Bone Burnett Mix

01 – T-Bone BurnettEvery Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony)
02 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand 2007, Rounder)
03 – Cassandra WilsonPoet (Thunderbird 2006, Blue Note)
04 – T-Bone BurnettHollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony)
05 – T-Bone Burnett with Jade VincentMan, Don’t Dog Your Woman (The Soul of a Man 2003, Sony)
06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
07 – Vincent and Mr GreenLike You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
08 – Sam Phillips with Marc RibotIncinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch)
09 – The Alpha BandTick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista)
10 – T-Bone BurnettIt’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
11 – Joe HenryJohn Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth)
12 – T-Bone BurnettCriminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
13 – Roy OrbisonShe’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin)
14 – Joe HenryBen Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth)
15 – The Legendary Stardust CowboyI Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)


Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.

Bob Dylan feat.T-Bone BurnettShelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)

Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.

T-Bone Burnett feat.Marc RibotEvery Little Thing (Live 1992)

En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :

Roy OrbisonYou Got It
Roy OrbisonCalifornia Blue

Elvis CostelloKing of America (1986)
Sam PhillipsI Need Love (1994
Los LobosDon’t Worry Baby (1984)

Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.

Roy OrbisonIn Dreams (Black and White night)
Roy OrbisonCrying (Black and White Night)

(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando)
Roy OrbisonPretty Woman (Black and White Night)

En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.

Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années.
De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.

The Counting CrowsMr.Jones

Il participe également au succès du film des frères Coen, O Brother Where Art Thou (avec George Clooney/Clark Gable), en tant que conseiller musical.

Man of Constant Sorrow (O Brother Where Art Thou)

Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.

Walk The Line trailer


2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett.
Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop.
Exemple avec le morceau Palestine Texas :

T-Bone BurnettPalestine Texas

True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.

T-Bone BurnettEarlier Baghdad (The Bounce)

C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.

Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Live 2007)

Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.

Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia.
C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett.
Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien.
Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.

Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.


Cassandra Wilson - Easy Rider / Go to Mexico (Live in Basel 2006, AVO Sessions)

Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :

Legendary Stardust CowboyGemini Spaceship (Live 2007)
Legendary Stardust CowboyHey Hey It’s Saturday

Après ça …

22/03/2008

SOFT DANGEROUS SHORES, Les Doux et Dangereux Rivages de Chris Whitley, 1960-2005 Ep.01

Si le grand n’importe quoi que furent les années 90 aura vu un Kurt Cobain porté aux nues pour des raisons qui échappent encore à l’auteur de ces lignes, ou un Jeff Buckley hurlant qu’il ne devait rien à son père au demeurant bien meilleur, ce qui s’est très vite avéré ridicule, l’essentiel aura été ailleurs. Et entre 1991, date de son premier album, et 2005, année où il est emporté par la maladie, l’essentiel c'est Chris Whitley.

Spadee Sam presents – Chris Whitley Mix Pt.01 : http://media.putfile.com/Spadee-Sam-presents---Chris-Whitley-Mix-Pt01

01 – Johnny WinterDallas (Johnny Winter, 1969 Sony)
02 – Cassandra WilsonI Can’t Stand The Rain (Blue Light ‘Til Dawn, 1993 Blue Note)
03 – Cassandra WilsonStrange Fruit (Moon Daughter, 1995 BlueNote)
04 – Emmylou HarrisDeeper Well (Wrecking Ball, 1995 Asylum)
05 – Daniel Lanois feat.Emmylou HarrisI Love You (Shine, 2003 Anti)
06 – Daniel LanoisSan Juan (Shine, 2003 Anti)
07 – U2 Tryin To Throw Your Arms Around The World (Achtung Baby, 1991 Island)
08 – Bob DylanLove Sick (Time Out of Mind, 1998 Columbia)
09 – Joe HenryLike She Was a Hammer (Fuse, MammothRecords)


Si Chris Whitley naît en 1960 à Houston, c’est Dallas, un morceau du bluesman Johnny Winter qui le convainc de faire l’acquisition d’une National Steel Guitar ou Dobro.
Après quelques années passées en Belgique où il rencontre sa première femme et où vient au monde sa fille, Trixie, il s’installe à New-York aux débuts des années 90. En 1991, il y rencontre Daniel Lanois, producteur entre autres d’Achtung Baby, le meilleur disque de U2 s'il en est.
A noter que Lanois est également excellent chanteur et guitariste. Ses disques Arcadie (1989) et surtout Shine, paru en 2003 sur le label Anti, sont plus que réussis. Ces jours-ci paraît son plus inégal Here Is What Is (Red Floor Records).
Le producteur canadien est aussi en grande partie responsable de l’un des meilleur album de Bob Dylan, le fantastique Time Out of Mind (Columbia), paru en 1998.
Chez Dylan, U2 ou chez la chanteuse de country Emmylou Harris, la production de Lanois est entre autres faite d’échos, de réverbérations et de guitare slide.
Le producteur canadien joue un rôle décisif dans la carrière de Chris Whitley puisqu’il lui présente Malcolm Burns, son assistant, qui va produire son premier album, Living With The Law, et 15 ans plus tard son dernier, Soft Dangerous Shores.
Un autre producteur est particulièrement important dans la carrière de Whitley. Craig Street est connu pour son travail avec Meshell Ndegeocello, Chocolate Genius, KD Lang, les Gypsy Kings, Lizz Wright ou Norah Jones, sur une grande partie de son Come Away With Me (BlueNote).
A la recherche du casting idéal, Street amène Whitley sur sa première production, l’album Blue Light ‘Til Dawn (BlueNote, 1993) de la chanteuse Cassandra Wilson. On entend ainsi la National Steel Guitar de Whitley sur I Can’t Stand The Rain. Deux ans plus tard, sur New Moon Daughter (Blue Note, 1995) de la même Cassandra Wilson et toujours produit par Craig Street, le dobro de Whitley est encore présent sur une reprise de Strange Fruit.
En 1998, le producteur aidera à relancer la carrière de Whitley en produisant le dépouillé Dirt Floor, sorti sur le label indépendant Messenger Records. Enregistré en une journée dans la maison abandonnée du père de Whitley, le disque recevra d’excellentes critiques et Bruce Springsteen ou Keith Richards feront part de leur admiration pour Whitley.

Ce premier mixe donne à entendre le morceau Dallas de Johnny Winter, les collaborations de Chris Whitley avec Cassandra Wilson et avec le chanteur Joe Henry. Les morceaux de U2, d’Emmylou Harris et de Bob Dylan sont produits par le chanteur et guitariste canadien Daniel Lanois dont on entend également deux morceaux issus de son album Shine.

Quelques vidéos :

Bob Dylan dans une extraordinaire version de Love Sick : YouTube - Bob Dylan - Love Sick
Johnny Winter, Mississippi Blues : YouTube - Johnny Winter-Mississippi Blues
Joe Henry, Trampoline : YouTube - Joe Henry - Trampoline
Daniel Lanois, Shine: YouTube - Daniel Lanois - Shine

Et surtout Chris Whitley : YouTube - Chris Whitley-Living With The Law

A suivre ...

16/02/2008

EXERCICES FUTILES, ou l'Eclectique Marc Ribot

Photo : Claudia Marschal

Excellent concert du Marc Ribot Spiritual Unity à Pôle Sud Strasbourg, vendredi 8 février.
Le guitariste y était particulièrement en forme. A la batterie Chad Taylor assurait aussi bien que Roy Campbell à la trompette, tandis que devant Henry Grimes, c’est la crainte qui vous saisissait et mieux valait ne pas croiser son regard lorsqu’était calé sous son menton le violon qu’il martyrisait pendant un superbe solo!
Pour avoir vu la formation il y a trois ans à Bâle, le concert de Strasbourg s’est révélé bien meilleur, beaucoup plus aéré, énergique et joyeux qu’à l’époque.
Les premières notes du concert résumaient bien la principale qualité de Ribot, à savoir celle de laisser la place aux silences, à l’espace dans la musique. De fait c'est avec plaisir qu'on le retrouve jouant sur quantités de disques dont on reparlera.
En ce qui concerne le Spiritual Unity, c’est autant la musique que le projet lui-même qui est remarquable. Donner aujourd’hui au public l’occasion d’entendre le répertoire d’un musicien aussi important qu’Albert Ayler avec en toile de fond l’évocation de moments incontournables de l’histoire de la musique, le free jazz, les marches funèbres des big bands de la Nouvelle-Orléans, les riffs du rock électrique ou du funk.

En tout cas, si pendant et après le concert, le public semblait dans l’ensemble avoir passer une très bonne soirée, quelques uns se sont révélés être de l’avis contraire, ce qui au passage est toujours assez rassurant …

A propos du concert de Strasbourg :

http://stef-blogapart.blogspot.com/2008_02_01_archive.html

Et sur celui du lendemain à Paris :

http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/02/13/7915963.html

http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2008/02/10/revival-free.html

http://bladsurb.blogspot.com/2008/02/hommage-albert-ayler-cit-de-la-musique.html


L’éclectisme des collaborations de Marc Ribot est vraiment admirable. En voici un très petit aperçu avec trois vidéos.

D’abord un extrait d’un concert solo, « formule » sous laquelle Ribot excelle. Ici, une magnifique version de Happiness Is a Warm Gun des Beatles (White Album, 1968), que l’on peut retrouver sur le disque Saints (2001, Atlantic/WEA) de Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=6VjKKFu83xw


Puis avec les Cubanos Postizos, impressionante formation all-stars avec Anthony Coleman au clavier, Brad Jones à la contrebasse, et les Rodriguez, E.J. aux percussions, Roberto à la batterie (sans lien de parenté) pour soutenir Ribot dans l’hommage qu’il rend au guitariste et chanteur cubain Arsenio Rodriguez sur les deux disques avec les Cubanos Postizos, Marc Ribot y Los Cubanos Postizos (1998, Atlantic/WEA) et Muy Divertido (2000, Atlantic/WEA) :

http://www.youtube.com/watch?v=zLM0z0SdMX8

Enfin, l’une de ses collaborations les plus récentes, sur Raising Sand (2007, Rounder), le disque de Robert Plant et de la chanteuse Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett, avec quelques excellentes vidéos ici :

http://www.cmt.com/shows/dyn/cmt_crossroads/127935/episode.jhtml

Sur celles-çi, ne ratez pas les reprises de Black Dog ou de When The Levee Breaks de Led Zeppelin ainsi que le fantastique morceau fantôme Rich Woman avec son enveloppe sonore dont l'entoure le génial T-Bone Burnett.

Des hommages à Albert Ayler ou à Arsenio Rodriguez jusqu’à la participation à un projet plus grand public entre country, blues et variété de qualité, ses multiples projets avec John Zorn, sa présence sur les disques de Tom Waits, Vinicio Capossela, Susana Baca, Sarah Jane Morris, Chocolate Genius, Elysian Fields, Zakarya, Jean-Louis Murat, Alain Bashung, T-Bone Burnett, Cassandra Wilson, et d’autres, suivre Marc Ribot n’est certainement pas un exercice futile...

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)

01/10/2007

SPRINGSTEEN, BRUCE, PATTI, PAMELA, ...

Ces jours-ci, la famille Springsteen est aux affaires.

Ce matin sur France Inter, l’horrible Magic était présenté comme un excellent disque faisant suite à, je cite, «l’interprétation en solo des chansons du chanteur folk Pete Seeger ». Au moins ce dernier était vraiment un chanteur folk car pour le reste des infos du jour, on est assez loin du compte! On peut largement éviter Magic qui débute par l’improbable rencontre entre Renaud et Pearl Jam sur Radio Nowhere. Mal produit, manquant de finesse, oubliez ça et procurez vous les excellents disques de Springsteen consacrés à Pete Seeger.

L’album studio We Shall Overcome, The Pete Seeger Sessions n’est pas un disque solo puisque c’est plutôt l’idée de réunir des amis dans le but d’intérpréter les morceaux de Seeger dans une ambiance familiale qui est à la base du projet. En tout cas le disque est réussi, et des morceaux comme Keep Your Eyes On The Prize ou Mary Won’t You Weep sont réjouissants. Le Live in Dublin documentant la tournée du disque est encore meilleur, l’énergie de Springsteen et la qualité des musiciens présents sur le projet faisant de cet album le meilleur du Boss. Les mêmes morceaux que précédemment cités sont joués avec une joie communicative et la relecture d’Atlantic City par exemple est superbe. Soulignons que sur Eyes on The Prize, c’est Mark Anthony Thompson (Chocolate Genius) qui prend le micro pendant une partie de la chanson.

Patti Scialfa, femme de Bruce, qui participait à l’aventure de ces Seeger Sessions s’en sort beaucoup mieux avec Play It As It Lays (ColumbiaRecords) qui a ses bons moments comme le très beau et très soul Play Around. Si L’ensemble souffre d’un son de batterie un peu clinquant, Scialfa chante très bien, d’une voix qui rappelle énormément celle de Marianne Faithful. On est en excellente compagnie sur des titres comme Rainy Day Man ou Run Run Run, Patti Scialfa s’avére en tout cas etre cet automne beaucoup plus fréquentable (en tout bien tout honneur) que son mari.

Le mari, la femme, ...la sœur.

C’est Pamela Springsteen qui signe la photo illustrant le disque de Robert Plant et de Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett.
Raising Sand est la rencontre entre le vieux chanteur anglais de Led Zeppelin et la beaucoup plus jeune chanteuse de country américaine.
Plant n’a jamais aussi bien chanté, la production « blues 4 étoiles » de Burnett est superbe et on est soufflé dès Rich Woman qui ouvre le disque et ou tout semble flottant, aérien. Après le magnifique Thunderbird de Cassandra Wilson et son propre True False Identity, T-Bone Burnett devient le créateur officieux du blues du XXIème siècle. Casting de musiciens parfaits (Marc Ribot à la guitare comme sur les deux disques pré-cités) et ce son, spatial, large, cotonneux.
Alors peut-être qu’un peu plus de folie n’aurait pas nuit au disque. Mais entendre Plant nous redonner la chair de poule sur Nothin’ et Fortune Teller comme à l’époque de Led Zeppelin sur Since I’ve Been Loving You nous donne l'envie de rêver à un disque de blues avec Marc Ribot. Pour se faire une idée, écoutez 21 Years, superbe duo entre Plant et le défunt guitariste Rainer Ptacek sur l'album hommage à ce dernier, The Inner Flame (Atlantic/WE, 1997). Magique.
Affaire à suivre donc…