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14/01/2009

BEST OF 2008 - Tony Scherr, Vinicio Capossela, Carla Bozulich, Giant Sand, Rodney Crowell, Erykah Badu, Ry Cooder, Kip Hanrahan, Mavis Staples

Il est encore temps de revenir brièvement sur quelques uns des meilleurs disques parus en 2008. Sans ordre particulier, voici donc ce qu’il ne fallait pas rater ces douze derniers mois :

ERYKAH BADU - NEW AMERYKAH PT.01, 4TH WORLD WAR (Motown 2008)

La diva nu-soul faisait son grand retour avec le premier volume de sa « nouvelle Amérique », sur lequel elle rendait hommage au P-funk de George Clinton (Amerykahn Promise) et au maître es beats J Dilla (Telephone), nous plongeait dans un magnifique maelström de titres détraqués (Twinkle, The Cell) ou superbement moites (Telephone, That Hump). Vivement la suite.

Erykah BaduTelephone


MAVIS STAPLES - LIVE HOPE AT THE HIDEOUT (Anti 2008)

Six mois avant l’élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis, Mavis Staples, 65 ans, donnait un concert magique au Hideout, un petit club de Chicago, la ville du futur président. Une série de chansons sur les droits civiques, la plupart tirées de son précédent disque We’ll Never Turn Back (Anti 2006), interprétées avec un optimisme contagieux en compagnie le l'excellent guitariste Rick Holstrom. La voix rauque de Mavis, cinquante ans après ses débuts au sein des Staple Singers de son père, donne toujours autant la chair de poule. Clairement l'un des plus grands disques de soul enregistré depuis bien longtemps, et une sacrée lecçon à tout ceux qui s'y sont maladroitement frottés récemment (de Raphael Saadiq à Amy Winehouse, de Duffy à Nikki Costa) .

Mavis StaplesFor What It’s Worth

KIP HANRAHAN - BEAUTIFUL SCARS (American Clavé 2007)


Alors qu’on pensait ses meilleurs albums derrière lui, le génial producteur Kip Hanrahan revenait fin 2007 avec le superbe Beautiful Scars, sommet de moiteur urbaine et tropicale. Autour des voix de Brandon Ross et Xiomara Laugart, des cuivres, des guitares, une basse électrique et bien sûr toujours ces percussions magiques. Le disque de l’été, du prochain également, parfait pour descendre des mojitos en charmante compagnie, l’une des fonctions majeures de la musique probablement...

Kip HanrahanXiomara wears The Hat Beautifully


CARLA BOZULICH : EVANGELISTA - HELLO, VOYAGER (Constellation)
With SIMONE MASSARON - DANDELIONS ON FIRE (LongSongRecords 2008)

En 2008, impossible de passer à côté de la canadienne Carla Bozulich. Pour cause, deux disques superbes, le premier avec son groupe Evangelista, le second avec le guitariste italien Simone Massaron.
Dans les deux cas, des ballades déchirantes (The Blue Room, Dandelions on Fire) le disputent aux blues cabossés (Winds of St Anne, Never Saw Your Face). Plus expérimentales avec Evangelista, les chansons prennent de l’air aux côtés du guitariste italien. Dans les deux cas, la musique eccorchée de Carla Bozulich se révèle parfaitement indispensable.

Evangelista - Truth is Dark Like Outer Space

Carla Bozulich and Simone MassaronDandelions on Fire



VINICIO CAPOSSELA - DA SOLO (Warner 2008)

Un point commun entre le Dandelions on Fire de Bozulich/ Massaron et Da Solo, le dernier Vinicio Capossela ? Le batteur Zeno de Rossi, également présent sur le Suite for Tina Modotti du saxophoniste Francesco Bearzatti, l’un des meilleurs disques de jazz de l’année passée.
Da Solo est une nouvelle petite merveille du chanteur et pianiste italien. Dépouillé, onirique, partiellement enregistré aux Etats-Unis, notamment la superbe La Faccia della Terra avec Joey Burns et John Convertino de Calexico, Capossela continue de créer une œuvre passionnante, en marge de tout compromis. Et s’il passe près de chez vous, sautez sur l’occasion.

Vinicio CaposselaSante Nicola


RY COODER - I, FLATHEAD (Nonesuch 2008)

Dernière partie d’un tryptique commencé avec le grandiose Chavez Ravine et poursuivi par le moins bon My Name is Buddy, I, Flathead renoue avec l'excellence. Le guitariste légendaire de Los Angeles continue ainsi sa série d'albums concepts en compagnie des meilleurs musiciens (son fils Joachim et Jim Keltner à la batterie notamment). Country, tex-mex, rock n’roll, Cooder brasse toute l’histoire de la musique populaire américaine. Un voyage musical en cinémascope.

Ry Cooder with Juliette CommagereLittle Trona Girl


GIANT SAND - ProVISIONS (YepRoc)

1ère classe également pour Howe Gelb et le retour aux affaires de Giant Sand, l'une de ses innombrables formations. Répétons-le, ProVisions enterre la concurrence, Calexico notamment dont la couverture médiatique du dernier album et ses critiques beaucoup trop élogieuses ont quelque chose de suspect. Car en face, Howe Gelb évolue loin des poussives chansonnettes tex-mex de ses anciens camarades. Facilité mélodique, science des arrangements et sens du casting (Isobel Campbell, Neko Case, M.Ward qui lui doit beaucoup). Et bien sûr la voix grave de Howe. La grande classe.

Giant SandPitch and Sway

RODNEY CROWELL - SEX AND GASOLINE (YepRoc 2008)

Sex and Gasoline fut l'une des très bonnes surprises de l'année. Avec Joe Henry à la production, Rodney Crowell a enregistré son meilleur disque à ce jour, et de loin. Une belle collection de chansons adultes, féministes et douces-amères. Parfaitement soutenu par ,entre autres, Jay Bellerose à la batterie, il règne sur ce disque une sérénité, une bonne humeur et une modestie dont on ne se lasse pas.

Rodney CrowellThe Rise and Fall of Intelligent Design

TONY SCHERR - TWIST IN THE WIND (SmellsLikeRecords 2008)

Enfin, on terminera ce tour d’horizon des meilleurs disques de l’année passée avec le Twist in The Wind de Tony Scherr. Plus souvent croisé dans le milieu du jazz, des Lounge Lizards à Bill Frisell en passant par le Sex Mob de Steven Bernstein, Scherr a également collaboré avec Feist. Son second disque en solo est le meilleur et atteitn des sommets sur une poignée de chansons désabusées, All That I Could Ask par exemple, ou encore une reprise faussement bossa de I Want You To Want Me des Cheap Trick. A mille lieux de tout strass et paillettes, de la musique à l'os, parfait exemple de celle qu'on aime ici. Bonne année !

Tony Scherr - Boxcar

18/11/2008

PLAT DU JOUR 18 - Otis Redding, Das Kapital, Vinicio Capossela, K.D.Lang, Marianne Faithfull, The Sea and The Cake

Le temps manque un peu pour écouter d'autre choses que d’excellents concerts, mais quelques disques et morceaux picorés par ci par là valent la peine que vous vous y arrêtiez vous aussi.

Pour sa dose de soul et en plus du Mavis Staples live à Chicago, on écoutera le Otis Redding en concert à Londres et Paris en 1968. Rassemblés sur un seul disque, les deux soirées font entendre un Redding au sommet, avec une énergie qui vous met K.O. debout. Ahurissant et essentiel. Le cadeau de Noël idéal.

Otis Redding - Respect (Live in London 1968)

Loin derrière mais pas si mal, Car Alarm des The Sea and The Cake se laisse écouter. Une « électro-pop » comme on dit désormais, urbaine et légère en sucre. En cherchant quelques infos sur le groupe et le disque, on tombait sur cette chronique savoureuse parue sur le webzine « Froggy’s Delight » : « (…)Quoi que puissent en penser quelques jazzeux integristes, le jazz n'est pas mort et sa survie passe par des groupes créatifs comme The Sea and Cake ou Tortoise, qui permettent à cette musique de sortir de la naphtaline et de se trouver un public moins élitiste ». Cherchez l’erreur...

The Sea and The Cake - The Staircase (Car Alarm, 2008)

Ce chroniqueur pourrait faire un tour sur le myspace de Das Kapital. Notre « power trio » (Hasse Poulsen à la guitare, Daniel Erdmann au saxophone, Edward Perraud à la batterie)préféré fait encore des miracles avec désormais trois morceaux de son prochain projet autour du compositeur Hans Eisler en écoute . Allez vite écouter ça sur http://www.myspace.daskap/

Malgré la présence du contrebassiste Greg Cohen, du guitariste Marc Ribot ou de l’accordéoniste Rob Burger, Easy Come Easy Go, le nouvel album de Marianne Faithfull, n'a que peu à voir avec le jazz, mais cette intro contrebasse/guitare/batterie qui ouvre Down from Dover, un morceau de Dolly Parton, et le disque, est savoureuse, tout comme la fin saturée de Hold On, Hold On.
Le disque a cependant plusieurs défauts. Il est beaucoup trop long (qui peut honnêtement supporter la voix de Faithfull aussi longtemps ? ), certains arrangements rendent pénibles l’écoute de quelques morceaux (les cuivres sur Down from Dover par exemple) et plusieurs de ces derniers sont franchement mauvais (How Many Words, Salvation).
La voix de Faithfull fait un peu de peine à entendre sur la reprise de Ooh Baby Baby, la magnifique ballade des Miracles de Smokey Robinson mais la deuxième partie « reggae » du morceau est bien vue et Antony Hegarty assure sur ce coup-là.
Sinon Black Coffee, The Phoenix, Kimbie ou Somewhere (avec Jarvis Cocker et un petit solo signé Ribot) sont vraiment des réussites, ce qui n’est pas si mal.

Marianne Faithfull - Somewhere (Easy Come Easy Go, 2008)

Son dernier disque, Watershed, était déjà très bien. Mais la chanteuse K.D.Lang épate vraiment sur cette session enregistrée il y a trois semaines dans l’émission Morning Becomes Eclectic sur KCRW. Quelle voix, surtout qu’elle est là beaucoup plus libre que sur les enregistrements officiels. Prenez une demi-heure pour apprécier, ça vaut le coup.

K.D.Lang - Live 09/10/2008 on Morning Becomes Eclectic, KCRW

Et puis on vous a gardé le meilleur pour la fin. On en parlera plus longuement dans quelques jours mais vous pouvez dès à présent essayer de vous procurer le nouvel, et comme d’habitude excellent, album du chanteur et musicien italien Vinicio Capossela. Un monde magique où sont invités sur un titre Joey Burns et John Convertino de Calexico. La Faccia della Terra enregistré à Tucson n’est qu’une des merveilles de ce Da Solo.

Vinicio Capossela - La Faccia della Terra (Da Solo, 2008)

16/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.06 - Simone Massaron, Carla Bozulich, Zeno de Rossi, Wayne Wang

Simone Massaron with Carla Bozulich - My Hometown (Dandelions on Fire, LongSongRecords)


Dandelions on Fire, où l'un des meilleurs disques de l'année. Simone Massaron guitariste italien dont on avoue qu'on connaissait peu de choses, s'est associé à la chanteuse Carla Bozulich pour cette collection de blues tendus (Never Saw Your Face, Five Dollar Lottery), de ballades soul (Dandelions on Fire) ou folk (Love Me Mine, My Hometown). Le jeu de guitare de Massaron n'est pas sans rappeler dans son économie celui de Marc Ribot et entoure parfaitement la voix voilée de Bozulich, déja auteur plus tôt dans l'année du superbe Hello, Voyager.
Mais Simone Massaron sait également s'entourer d'excellents musiciens, notamment le batteur Zeno de Rossi, entendu auparavant aux côtés du chanteur Vinicio Capossela, ce dernier dont on pourrait parler prochainement. En attendant, user votre exemplaire de Dandelions on Fire jusqu'à la corde.

17/06/2008

PLAT DU JOUR 10 - Marc Ribot Ceramic Dog, N.E.R.D., El Madmo, Joan As Police Woman, Jean Grae, Tindersticks

Spadee Sam presents – Plat du Jour 10 Mix

01 – Jean GraeJean Experience (The Orchestra Files 2007, TrafficEntertainment)
02 – N.E.R.D.Yeah You (Seeing Sounds 2008, Interscope)
03 – Jean GraeIt’s Alright (The Orchestral Files 2007, TrafficEntertainment)
04 – Marc Ribot Ceramic DogTodo El Mundo es Kitsch (Party Intellectuals 2008, Enja)
05 – El MadmoHead In a Vise (El Madmo 2008, TeamLove)
06 – Joan as Police WomanHoliday (To Survive 2008, Reveal)
07 – TindersticksThe Turns We Took (The Hungry Saw 2008, BeggarsBanquet)
08 – TindersticksMarbles (Tindersticks 1993, Island)
09 – Marc Ribot Ceramic DogFor Malena (Party Intellectuals 2008, Enja)
10 – El MadmoI Like It Low (El Madmo 2008, TeamLove)


Jean Grae, fille du pianiste Abdullah Ibrahim et de la chanteuse Sathima Bea Benjamin, est depuis plusieurs années l’une des artistes hip-hop les plus intéressantes, proche, entre autres, de Talib Kweli. Histoire de faire patienter jusqu’à la parution prochaine de Phoenix ou de Jeanius, produits par 9th Wonder et annoncés pour bientôt, elle publiait il y a quelques mois un disque d’inédits, The Orchestra Files, d’excellente facture.

Beaucoup plus riches, les trois membres de N.E.R.D, dont Chad Hugo et Pharell Williams, sortent leur trosième album, Seeing Sounds. Comme d’habitude avec ces producteurs officiant un peu partout sous le nom des Neptunes, le disque est bourré de bonnes idées. Malheureusement, elles sont pour la plupart inabouties et gâchées par des ficelles trop grosses pour être honnêtes. La production bien trop lisse laisse également à désirer. Dommage, car au milieu du disque, on se prend à pousser considérablement le volume sur le remarquable Yeah You, pas loin d’être une chanson parfaite, avec un Pharrell Williams vocalement irrésistible, en totale décontraction. L’un des morceaux de l’année.

Mais pas le meilleur, car la place est réservée à quelqu’un sur lequel on n’aurait au départ pas parier pour ce qui est d'occuper la tête de cette catégorie : le guitariste Marc Ribot. Sur Party Intellectuals, son nouvel album en trio avec le batteur Ches Smith et le bassiste Shahzad Ismaily, Todo el Mundo es Kitsch est un bijou idéal pour longer la côte en décapotable. Les paroles sont ce qu’on a entendu de mieux depuis des siècles :

« In San Tropez we tanned on the beach,
In Barcelona we viewed for Gaudi,
In Frankfort we drove in an Audi,
In Brussels we saw the Manneke Pis
Todo el Mundo es Kitsch

La guitare branchée sur la pédale wah-wah, la voix traînante du new yorkais Ribot est rejointe par celle, très jolie, de la non moins jolie prof de chant et chanteuse du groupe Dark Room, Janice Cruz.

Il y a d’autres excellents moments sur Party Intellectuals, comme cette reprise nerveuse de Break On Through des Doors, l’hypnotique Digital Handshake composé par le guitariste Alessandro « Asso »Stefana, fidèle accompagnateur du chanteur italien Vinicio Capossela, le reggae intimiste Malena ou l’électro-funk latin Fuego.
Mais c’est surtout sur l’émouvant When we were Young and we were Freaks que Ribot impressionne. Ceux qui l’ont vu ou entendu en concert savent à quel point Ribot peut être génial lorsqu’il se met à chanter/parler sur des morceaux tordus, entre folk, free jazz et soul. Sa reprise live du Baby It’s You des Shirelles est ainsi monumentale et When We Were Young est l’exemple même de ce qui fait que Ribot est l’un des musiciens les plus passionnants aujourd’hui.

El Madmo est le trio rock de Norah Jones. Frais et sans prétention, des morceaux comme Head In a Vise ou le langoureux I Like It Low, qui pourrait avoir figuré sur un album de Morphine, se dégustent volontiers.

On reste à New York avec la violoniste Joan « as Police Woman » Wasser qui publie son nouvel album, le très réussi To Survive.
Avec Honor Wishes, le disque commence bien, avec sa belle mélodie au piano, une très jolie voix et la présence discrète de David Sylvian aux chœurs.
Il y a plein de petits moments soul sur To Survive qui le rende agréable, d’autant que Joan Wasser chante vraiment bien et que le disque est proprement produit. Urbain, mélancolique sans être plombant, loin des gémissements de ses collègue Antony ou de Rufus Wainwright, ce dernier la rejoignant pour, il n'y a pas de surprise, le morceau le plus pompier de l’album, un insupportable To America. Mais avant ça, neuf morceaux qui valent le détour.

D’autres qui flirtent depuis longtemps avec la soul sont les anglais des Tindersticks. Rien de neuf sur The Hungry Saw, leur nouvel album, mais toujours une poignée de très beaux morceaux et d’autres plages plus anecdotiques. Et toujours à la limite du sirupeux avec des arrangements de cordes qui utilisent la même recette depuis quinze ans. Mais la voix de Stuart Staples suffit à notre bonheur, quand bien même les atmosphères tordues des premiers disques se sont depuis longtemps évaporées.

27/02/2008

DON'T GO BREAKING MY HEART, Sur La Piste de Marc Ribot


Afin de faire plus ample connaissance avec le guitariste américain Marc Ribot, voici quelques clés qui vous permettront peut-être de mieux aborder son oeuvre.
A la fin des années 70 et au début des années 80, c’est aux côtés de grands noms de la soul music comme Wilson Pickett ou Solomon Burke que l’on entend le guitariste. Faites sans hésiter l’acquisition de l’excellent Soul Alive (RounderRecords, 2002) du «king –Solomon- of rock n’soul» qui témoigne d’un concert à Washington en 1983 et où Ribot se tient aux côtés du roi.
On soulignera qu’il se définit dans plusieurs interviews comme un « guitariste de soul ».

Wilson Pickett chantant Land of 1000 Dances en 1971 :

http://www.youtube.com/watch?v=cdi1_Es85fA

Solomon Burke en concert en 1987 :

http://www.youtube.com/watch?v=IKZ3CmFZKgQ&feature=related

En passant, si vous voulez satisfaire votre soif de connaissance à propos du personnage Solomon Burke, lisez le magnifique livre de Peter Guralnick, « Sweet Soul Music, Rhythm and Blues et rêve sudiste de liberté» (Editions Allia).



La musique classique et contemporaine occupe également une place de choix dans les influences et les directions prisent par Ribot.
Jusqu’à 14 ans, il étudie la guitare avec le maître de la guitare classique hawaïenne Frantz Casseus. En 1999, après la mort de ce dernier, il lui rendra hommage avec le magnifique disque Marc Ribot plays solo guitar works of Frantz Casseus (Melod).

Pour en savoir plus sur la relation entre Ribot et le guitariste hawaïen, lisez cet excellent article écrit par Ribot lui-même :

http://www.bombsite.com/issues/82/articles/2540


Entre temps, en 1992, on a pu entendre sur Requiem For What's His Name le morceau LaMonte’s Nightmare (le cauchemar de LaMonte), allusion au compositeur minimaliste LaMonte Young.
Onze ans plus tard, en 2003, paraît chez Tzadik le disque Scelsi Morning, qui rassemble des pièces pour musique de chambre composé par Ribot. Si le morceau Bataille, qui ouvre celui- ci, est un hommage à Albert Ayler, les pièces suivantes sont inspirés des travaux des compositeurs Giacinto Scelsi (utilisation des percussions) ou Morton Feldman (des pièces contemplatives aux légères superpositions sonores). Et encore une fois un disque superbe, qui voit le guitariste être accompagné entre autres par Anthony Coleman (claviers), Ted Reichman (accordéon), Roberto Rodriguez (percussions) ou Ned Rothenberg (clarinettes).



Le rhythm and blues, la musique classique, le rock. Lorsque Ribot devient musicien professionnel, autour de 1977, c’est la fin du mouvement punk et le début du mouvement No Wave. L’une de ses principales influences va être le guitariste du groupe Richard Hell and The Voidoids, Robert Quine.



http://www.youtube.com/watch?v=nUU85sOxZ78



Ecoutez le solo de ce dernier en 1979 sur Knives in The Drain qu’on entend sur Queen of Siam de la chanteuse et poétesse Lydia Lunch puis celui de Ribot sur cette vidéo du morceau Voice of Chunk par les Lounge Lizards, le groupe des saxophonistes John Lurie et Roy Nathanson :

http://www.youtube.com/watch?v=kRY_PZIKeqM

Marc Ribot a fortement participé à l’aventure des Lounge Lizards, ainsi qu’à celle des Jazz Passengers de Nathanson.
Quant à Robert Quine, lui et Ribot seront réunis en 1997 sur le disque Painted Desert (Avant) de Ikue Mori.


On aura largement l’occasion de parler plus tard du travail de Marc Ribot avec Tom Waits, John Zorn et tant d’autres, mais si l’envie vous prenait de partir à l’aventure, pourquoi ne pas commencer avec l’album solo Don’t Blame Me (DiskUnion, 1995), largement accessible. Saints (Atlantic/WEA, 2001) est dans la même veine.
Puis faites danser vos amis avec les deux disques des Cubanos Postizos, tous deux excellents, et reposez-vous avec son album consacré aux pièces de Frantz Casseus.
Si vous n’êtes pas rassasié, allez écouter ses musiques de films (Shoe String Symphonettes, 1997 et Soundtrack II, Tzadik 2003) avant d’attaquer les plus difficiles et plus inégaux Rootless Cosmopolitans, Shrek, Requiem for What’s His Name (1992) et Yo ! I Killed Your God (Tzadik, 1999).
Et The Book of Heads (Tzadik, 1995), les pièces de guitare composées à l’origine pour Eugene Chadbourne par John Zorn et dont Ribot s’est finalement chargé d’éxécuter ? euh, attendez un peu peut-être…

Pour finir, parmi les nombreux guitaristes sur lesquels Marc Ribot a exercé une influence, citons le jeune italien Alessandro "Asso" Stefana, accompagnateur régulier depuis plusieurs années du chanteur Vinicio Capossela et qui s’est retrouvé adoubé par le maître par le biais d’une reprise de l’une de ses compositions par le Ceramic Dog de Ribot :

Poste e Telegrafi Blues de Stefana, joué par le Ceramic Dog de Marc Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=LNfEtmzqTw4

Et cette curiosité, Alessandro Stefana accompagnant à la guitare classique le chanteur Mike Patton sur La Scalinatella, une chanson de Roberto Murolo :

http://www.youtube.com/watch?v=3C9LE8a-nOc&mode=related&search=

Non Trattare de Vinicio Capossela, avec Stefana à la guitare :

http://www.alessandrostefana.com/

Bref, en attendant de voir Marc Ribot près de chez vous, écoutez sa musique.

16/02/2008

EXERCICES FUTILES, ou l'Eclectique Marc Ribot

Photo : Claudia Marschal

Excellent concert du Marc Ribot Spiritual Unity à Pôle Sud Strasbourg, vendredi 8 février.
Le guitariste y était particulièrement en forme. A la batterie Chad Taylor assurait aussi bien que Roy Campbell à la trompette, tandis que devant Henry Grimes, c’est la crainte qui vous saisissait et mieux valait ne pas croiser son regard lorsqu’était calé sous son menton le violon qu’il martyrisait pendant un superbe solo!
Pour avoir vu la formation il y a trois ans à Bâle, le concert de Strasbourg s’est révélé bien meilleur, beaucoup plus aéré, énergique et joyeux qu’à l’époque.
Les premières notes du concert résumaient bien la principale qualité de Ribot, à savoir celle de laisser la place aux silences, à l’espace dans la musique. De fait c'est avec plaisir qu'on le retrouve jouant sur quantités de disques dont on reparlera.
En ce qui concerne le Spiritual Unity, c’est autant la musique que le projet lui-même qui est remarquable. Donner aujourd’hui au public l’occasion d’entendre le répertoire d’un musicien aussi important qu’Albert Ayler avec en toile de fond l’évocation de moments incontournables de l’histoire de la musique, le free jazz, les marches funèbres des big bands de la Nouvelle-Orléans, les riffs du rock électrique ou du funk.

En tout cas, si pendant et après le concert, le public semblait dans l’ensemble avoir passer une très bonne soirée, quelques uns se sont révélés être de l’avis contraire, ce qui au passage est toujours assez rassurant …

A propos du concert de Strasbourg :

http://stef-blogapart.blogspot.com/2008_02_01_archive.html

Et sur celui du lendemain à Paris :

http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/02/13/7915963.html

http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2008/02/10/revival-free.html

http://bladsurb.blogspot.com/2008/02/hommage-albert-ayler-cit-de-la-musique.html


L’éclectisme des collaborations de Marc Ribot est vraiment admirable. En voici un très petit aperçu avec trois vidéos.

D’abord un extrait d’un concert solo, « formule » sous laquelle Ribot excelle. Ici, une magnifique version de Happiness Is a Warm Gun des Beatles (White Album, 1968), que l’on peut retrouver sur le disque Saints (2001, Atlantic/WEA) de Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=6VjKKFu83xw


Puis avec les Cubanos Postizos, impressionante formation all-stars avec Anthony Coleman au clavier, Brad Jones à la contrebasse, et les Rodriguez, E.J. aux percussions, Roberto à la batterie (sans lien de parenté) pour soutenir Ribot dans l’hommage qu’il rend au guitariste et chanteur cubain Arsenio Rodriguez sur les deux disques avec les Cubanos Postizos, Marc Ribot y Los Cubanos Postizos (1998, Atlantic/WEA) et Muy Divertido (2000, Atlantic/WEA) :

http://www.youtube.com/watch?v=zLM0z0SdMX8

Enfin, l’une de ses collaborations les plus récentes, sur Raising Sand (2007, Rounder), le disque de Robert Plant et de la chanteuse Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett, avec quelques excellentes vidéos ici :

http://www.cmt.com/shows/dyn/cmt_crossroads/127935/episode.jhtml

Sur celles-çi, ne ratez pas les reprises de Black Dog ou de When The Levee Breaks de Led Zeppelin ainsi que le fantastique morceau fantôme Rich Woman avec son enveloppe sonore dont l'entoure le génial T-Bone Burnett.

Des hommages à Albert Ayler ou à Arsenio Rodriguez jusqu’à la participation à un projet plus grand public entre country, blues et variété de qualité, ses multiples projets avec John Zorn, sa présence sur les disques de Tom Waits, Vinicio Capossela, Susana Baca, Sarah Jane Morris, Chocolate Genius, Elysian Fields, Zakarya, Jean-Louis Murat, Alain Bashung, T-Bone Burnett, Cassandra Wilson, et d’autres, suivre Marc Ribot n’est certainement pas un exercice futile...

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)

13/01/2008

I PAGLIACCI OU LES LARMES DU CLOWN, Smokey Robinson et Vinicio Capossela






En 1892, Leoncavallo compose l'opéra I Pagliacci, l'histoire de Canio, un comédien qui confond sa vie privée avec sa vie sur scène et qui tue sa femme et l'amant de celle-ci. Les larmes qu'il verse en coulisse doivent disparaitre car il monte sur scène pour faire rire le public.



Plus d'un demi-siècle plus tard, en 1967, sur l'album Make It Happen, Smokey Robinson s'empare du sujet pour sa chanson Tears of a Clown, sur une musique de Stevie Wonder.

L'un des plus grands paroliers de l'histoire de la musique écrit donc :
Now if there's a smile on my face
It's only there trying to fool the public
But when it comes down to fooling you
Now honey that's quite a different subject
But don't let my glad expression
Give you the wrong impression
'Cause really I'm sad, Oh I'm sadder than sad
Well I'm hurt and I want you so bad
Like a clown I appear to be glad ooh yeah
Well they're some sad things known to man
But ain't too much sadder than
The tears of a clown when there's no one around
(...)
...Just like Pagliacci did
I try to keep my surface hid
Smiling in the crowd I try
But in a lonely room I cry
The tears of a clown
When there's no one around (...)

Si sur mon visage on peut voir un sourire
C'est uniquement pour le public.
C'est un autre problème que de te divertir toi.
Ne laisse pas mon expression te faire fausse impression,
Je suis vraiment triste, plus triste que triste.
Tu es partie et je souffre,
Mais comme les clowns, ne montre rien.
De toutes les choses tristes que l'homme connait
Il n'y en a vraiment aucune de plus triste
Que les larmes des clowns,
Celles que l'on verse lorsqu'il n'y a plus personne autour.
(...)
Comme Pagliacci,
Je tente de cacher la vérité
Je souris au public mais dans ma chambre, seul je verse
les larmes des clowns,
celles que l'on verse quand il n'y a plus personne autour.


http://www.youtube.com/watch?v=E2E_RSJAhYU


Une autre chanson de Smokey Robinson avec ses Miracles aborde ce thème. C'est The Tracks of My Tears sur Going To a Go-Go en 1965.

People say I'm the life of the party
Because I tell a joke or two
Although I might be laughing loud and hearty
Deep inside I'm blue
So take a good look at my face
You'll see my smile looks out of place
If you look closer, it's easy to trace
The tracks of my tears..
I need you, need you
Since you left me if you see me with another girl
Seeming like I'm having fun
Although she may be cute
She's just a substitute
Because you're the permanent one..
(...)

On dit que je suis le comique de la soirée
Car j'ai fait une ou deux blagues.
Mais même si je ris fort, au fond de moi je suis triste.
Alors regarde moi bien et tu verras que mon sourire n'est pas à sa place
Et si tu regardes de plus près, tu verras, facile à dessiner,
les traces de mes larmes.
J'ai besoin de toi.
Depuis que tu m'a quitté, si tu as pu me voir avec une autre,
semblant passer du bon temps,
Si elle a pu te sembler mignonne, ce n'était qu'un passe temps.
(...)

http://www.youtube.com/watch?v=wLWGzGyXpBc




Autre style, même sujet, sur son meilleur disque, Canzoni a Manovella (EastWest, 2000), où l'on retrouve Marc Ribot, Pascal Comelade ou Roy Paci, l'excellent Vinicio Capossela chante I Pagliacci. Un très beau clip accompagne le morceau et rend hommage à Charlie Chaplin.

http://www.youtube.com/watch?v=lI68skVFO9w