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24/11/2009

PLAT DU JOUR 25 - Roy Nathanson, Monnette Sudler, Meshell Ndegeocello ...

Spadee Sam presents – Plat du Jour 25 Mix

01 – Roy NathansonLove Train (Subway Moon, Enja Records 2009)
02 – Monnette SudlerIn My Own Way (Meeting of The Spirits, Isma’a 2005)
03 – Group BombinoAmidinine (Guitars from Agadez Vol.02, Sublime Frequencies 2009)
04 – Wu FeiCloud of Birds ((A Distant Youth, Forrest Hill Records 2007)
05 – Bill FrisellLittle Girl (Disfarmer, Nonesuch 2009)
06 – Rob BurgerTimescapes-Bazar (City of Strangers, Tzadik 2009)
07 – Tickley FeatherButtshot (Tickley Feather, Paw Tracks 2008)
08 – Lisa GermanoMagic Neighbor (Magic Neighbor, Young God Records 2009)
09 – Vic ChesnuttChain (At The Cut, Constellations Records 2009)
10 – Eldbjorg RaknesThe Red Wheelbarrow (So Much Depends on a Red Wheelbarrow, Platearbeiderne 2003)
11 – Meshell NdegeocelloHair of The Dog (Devil’s Halo, Mercer Street Records 2009)
12 – Hope Sandoval and The Warm InventionsSatellite (Through The Devil Softly, Nettwerk Records 2009)
13 – Monnette SudlerG-String (Meeting of The Spirits, Isma’a 2005)

Départ en métro new-yorkais avec le “Love Train” des O’Jays repris par le saxophoniste et poète Roy Nathanson, acommpagné notamment du human beatbox d’IsWhat ?! Napoleon Maddox. Destination Philadelphie pour y rencontrer la guitariste/chanteuse Monnette Sudler. Son dernier disque enregistré en France s’écoute gentiment mais rien n’est du niveau de ce superbe Meeting of The Spirits paru en 2005 où se croisent blues, soul, spoken word, folk et jazz. Le cadeau de Noël idéal !
Sur la route, les guitares touaregs du Group Bombino au Niger puis le guzheng de la compositrice chinoise Wu Fei, accompagnée de Fred Frith à la guitare et de Carla Kihlstedt au violon.
Mais aussi le rêve américain avec la guitare de Bill Frisell sur son très beau Disfarmer -et toujours le violon de Carla Kihlstedt - puis les miniatures de l’accordéoniste Rob Burger avant les collages lo-fi de Tickley Feather.
Lisa Germano, sa voix de petite fille sauvage, ses chansons magnifiques qui finissent toujours par se casser la gueule comme un gamin qui finit par jeter ses plus beaux jouets.
Depuis les studios d’Hotel2Tango à Montréal, Vic Chesnutt chante l’un des plus beaux morceaux de son dernier disque « At The Cut ». Depuis la Norvège, Eldbjorg Raknes hypnotise.
Lisa Germano, de retour. L.A. Au violoncelle cette fois, avec Meshell Ndegeocello. 1min41 , c’est la durée de Hair of The Dog, l’un des sommets de Devil’s Halo, un disque qui en compte beaucoup.
Plus au Nord, à San Francisco, la baie vitrée est grande ouverte chez Hope Sandoval. Vagues du Pacifique et micro vintage dans le salon. Même en si charmante compagnie, on finit par descendre sur la plage et s'installer aux côtés de Monnette Sudler. Le blues, la soul, la grande classe.

12/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.01 - Traveling Alone Mix




Spadee Sam presents – Traveling Alone Mix



01 - Myriam AlterWas It There (Where Is There 2007, Enja)
02 – Daniel ZamirLove (I Believe 2008, Tzadik)
03 – Corin CurschellasOlma de Vali (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
04 – Simone Massaron and Carla BozulichDandelions on Fire (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
05 – John MellencampDon’t Need This Body (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
06 – Corin CurschellasPinada (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
07 – Ron SexmithTraveling Alone (Exit Strategy of The Soul 2008, YepRocRecords)
08 – Simone Massaron and Carla BozulichMy Hometown (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
09 – John MellencampJohn Cockers (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
10 – Todd Sickafoose – Whistle (Tiny Resistors 2008, Cryptogramophone)
11 – Phantom Orchard feat.Maja S.RatkjeOmni (Orra 2008, Tzadik)
12 – Simone Massaron and Carla BozulichNever Saw Your Face (Dandelions On Fire 2008, LongSong)

01/08/2008

PLAT DU JOUR 13 - Dreamin' of You - Tony Scherr, Bob Dylan, Jenny Scheinman, Dan Zanes, Bobby Previte New Bump

Spadee Sam presents - Dreamin' of You Mix

01 - Tony Scherr - Shows a Little (Twist In The Wind 2008, SmellsLike Records)
02 - Dan Zanes and Friends feat.Marc Ribot - El Pescador (Nueva York 2008, FestivalFive Records)
03 - Bobby Previte and The New Bump - She Has Information (Set The Alarm for Monday 2008,Palmeto Records)
04 - Dan Zanes and Friends feat.Marc Ribot - El Botteloon (Nueva York 2008, FestivalFive Records)
05 - Tony Scherr - All That I Could Ask (Twist In The Wind 2008, SmellsLike Records)
06 - Jenny Scheinman - Hard Sole Shoe (Crossing The Field 2008, Koch Records)
07 - Bob Dylan - Dreamin' of You (Tell Tale Signals, Rare and Unreleased 1989-2006 2008, Columbia)
08 - Jenny Scheinman - Johnsburg, Illinois (Jenny Scheinman 2008, Koch Records)

Où l'on revient avec bonheur sur quelques musiciens déja évoqués il n'y a pas si longtemps.

Twist In The Wind est le second album du producteur, bassiste, guitariste et chanteur Tony Scherr. Meilleur que son prédécesseur Come Around, ce Twist In The Wind regorge de superbes chansons, entre rock urbain, blues rocailleux et riffs soul. On me reproche assez d'être négatif sur la plupart des horreurs dont on semble partout se régaler pour insister sur ceux qui trouvent grâce à mes yeux. Avec Tony Scherr, on tient un vrai musicien, dont l'apport à chacune de ses collaborations est remarquable. De Feist à Norah Jones, de Jenny Scheinman à Bill Frisell en passant par Sex Mob ou les Lounge Lizards, on peut tranquillement se passer de beaucoup de disques récents pour la discographie complète de Tony Scherr.

On l'a déja dit, c'est lui qui a excellement produit le premier album vocal de la violoniste Jenny Scheinman, un disque conclut par le Johnsburg,Illinois de Tom Waits.
Quant au nouvel album instrumental de Scheinman, Crossing The Field, c'est une merveille dont ce Hard Sole Shoe qui fait la part belle au piano de Jason Moran n'est qu'une des facettes.

On reste à New York avec la participation de Marc Ribot au dernier disque du coolissime ex Del Fuegos Dan Zanes. Sur Nueva York on entend aussi la chanteuse mexicaine Lila Downs, essentielle lorque l'on rend hommage à la culture latino-américaine et à son influence sur celle du nord. Festive, positive, la musique sur ce Nueva York est surtout excellente et en font un album chaudement recommandé.

De la musique latine également, comme suggérée sur She Has Information, sur le dernier disque du batteur Bobby Previte, entouré sur Set The Alarm for Monday du saxophoniste Ellery Eskelin, du trompettiste Steven Bernstein, du vibraphoniste Bill Ware et du contrebassiste Brad Jones.

Et puis Bob Dylan sera une fois de plus dans l'actualité à la rentrée, avec la sortie du huitième volume de ses bootlegs. Tell Tale Signals s'annonce passionnant, car sur ses trois disques, on pourra entendre des versions alternatives et des morceaux inédits datant des sessions du meilleur album de Dylan, Time Out of Mind, paru en 1997 et produit par Daniel Lanois. Soit l'un des plus grands disques de musique moite, caractéristique primordiale s'il en est. Et cet inédit Dreamin' of You, où Dylan chante admirablement (comme jamais?), constitue déjà un sacré apéritif.

21/06/2008

JENNY SCHEINMAN, Un 21 juin entre San Francisco et New York


SPADEE SAM presents – June 21; a Jenny Scheinman Mix

01 – Jenny ScheinmanShame, Shame, Shame (Jenny Scheinman 2008, Koch)
02 – Jenny ScheinmanSeating of The Bride (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)
03 – Charming HostessKlezsex (Eat 1999, Vaccination)
04 – Scott Amendola BandOladipo (Believe 2005, Cryptogramophone)
05 – Vinicius CantuariaChuva (Cymbals 2007, Naive)
06 – Marta TopferovaSemana Azul (La Marea 2005, WorldVillage)
07 – Vinicius CantuariaIrapurù (Vinicius 2001, TransparentMusic)
08 – Jenny ScheinmanTango for Luna (Shalagaster 2004, Tzadik)
09 – Doug WieselmanTango (Dimly Lit-Collected Soundtracks 1996-2002 2003, Tzadik)
10 – Bill FrisellAnywhere Road (The Intercontinentals 2003, Nonesuch)
11 – Scott Amendola BandHis Eye Is On The Sparrow (Cry 2003, Cryptogramophone)
12 – Bill FrisellHymn for Ginsberg (Unspeakable 2004, Nonesuch)
13 – Jenny ScheinmanJune 21 (12 Songs 2005, Cryptogramophone)
14 – Vinicius CantuariaCubanos Postizos (Live at The Skirball Center 2003, Kufala)
15 – Jenny ScheinmanMilk Bottle (Shalagaster 2004, Tzadik)
16 – Carla Bozulich feat.Willie NelsonCan I Sleep in Your Arms (Red-Headed Stranger 2003, DiChristineStairBuilders)
17 – Norah JonesI’ve Got To See You Again (Come Away With Me 2002, BlueNote)
18 – Jenny ScheinmanThe Burro (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)



C’est en 2002 qu'on fit véritablement connaissance avec la violoniste américaine Jenny Scheinman. Cette même année paraissaient en effet The Rabbi’s Lover chez Tzadik, ainsi que Come Away with Me, l’album de son amie Norah Jones, auquel elle participait.
Ce n’était pas son premier disque, mais The Rabbi’s Lover, paru dans la série Radical Jewish Culture du label Tzadik, marqua l’apparition de la musicienne sur le devant de la scène new-yorkaise. Autour d’elle , pour célébrer la maîtresse du rabbin, rien de moins que Greg Cohen et Trevor Dunn à la contrebasse, Kenny Wollesen à la batterie, Russ Johnson à la trompette et Adam Levy à la guitare. On retrouvait les mêmes sur le premier album de Norah Jones, qui s’il n’était pas le disque le plus aventureux du siècle avait pour lui de contenir d’excellentes chansons, jouées par de non moins excellents musiciens (Bill Frisell, Brian Blade, Rob Burger, Tony Scherr).

A la fin des années 90, Jenny Scheinman s’installe définitivement à New York. Auparavant, elle grandit et apprit la musique à San Francisco. C’est là qu’elle devint professionnelle et qu’elle intègra la formation du batteur Scott Amendola, pour trois excellents disques (deux d’entre eux sur le label Cryptogramophone), avec également le guitariste Nels Cline. Dans le Scott Amendola Band, on pouvait déjà entendre dans son jeu de violon un sens de la mélodie de l'espace remarquable.


Scott Amendola Band
avec Nels Cline et Jenny Scheinman - Live 2007
Nels Cline et Jenny Scheinman - Live


Elle fait la rencontre de Lee Townsend, patron du label Nonesuch, et ce dernier lui présente le guitariste Bill Frisell, avec qui va débuter une étroite collaboration artistique. Depuis dix ans, Jenny Scheinman est ainsi de tous les projets avec cordes du guitariste.


Bill Frisell
Band avec Jenny Scheinman - Sugar Baby, Live


On retrouvera à plusieurs reprises le duo Frisell/Scheinman avec le chanteur-guitariste brésilien Vinicius Cantuaria, par exemple sur le magnifique Vincius, paru en 2001, sur lequel interviennent également Caetano Veloso, le bassiste Marc Johnson, Marc Ribot ou le trompettiste Michael Leonhardt. Cantuaria, installé depuis de nombreuses années à New York, est membre avec Scheinman du beau projet de Frisell, The Intercontinentals.
Leur collaboration trouve son sommet sur le disque Live at the Skirball Center, enregistré en 2003, probablement l’un des plus beaux disques jamais enregistré en concert. La rythmique basse (Sergio Brandao) / percussions (Paulo Braga à la batterie, Nanny Assis aux percussions) est extraordinaire, et les mélodies de la violoniste accompagnent à merveille le jeu de guitare économe et subtil de Vinicius Cantuaria.


Marta Topferova
avec Jenny Scheinman - Live

L’un des fidèles de Bill Frisell est le multi instrumentiste Tony Scherr. C’est lui qui tient la basse sur son dernier disque, History Mystery, ou Scheinman est également présente au sein d’un trio de cordes comprenant aussi Eyvind Kang et Hank Roberts.
Tony Scherr est membre de Sex Mob, l’une des formations du trompettiste Steven Bernstein. C’est aussi un excellent guitariste, chanteur (deux albums dont le dernier, Twist in the Wind, est sorti il y a quelques semaines sur Smells Like Records, et comporte entre autres le superbe I Could Understand) et un producteur recherché. Il s’est donc occupé du premier disque vocal de Jenny Scheinman, paru il y a quelques jours chez Koch et qui, à l’instar de son amie Norah Jones, montre le goût de la violoniste pour les chansons américaines, celles écrites par Bob Dylan, Lucinda Williams ou Tom Waits.


Tony Scherr
- I Could Understand, Live at the Ballroom 2008


De San Francisco à New York, le voyage est long. Pour la route, en plus des disques de Jenny Scheinman, le recueil de nouvelles de Sam Shepard, Ballade au Paradis (Crusing Paradise 1996) (ed.Pavillons Robert Laffont 1997), ferait un excellent compagnon de route.

11/06/2008

JENNY SCHEINMAN, ou l'Amérique au Clair de Lune


Si cet été, afin de rendre inoubliables vos soirées à deux, à regarder les étoiles le bras autour de votre compagn(on)e, vous n'achetez pas le premier disque "vocal" de la violoniste Jenny Scheinman, produit par Tony Scherr et où l'on retrouve Bill Frisell et Kenny Wollesen, il n'y plus rien à faire.

Sur Jenny Scheinman, Shame Shame Shame, Newspaper Angels et pour finir la splendide reprise de Johnsburg, Illinois de Tom Waits feront fondre les plus durs d'entre vous.

Puisqu'en même temps paraît son nouvel album instrumental, Crossing The Field, auquel participent le pianiste Jason Moran, le clarinettiste Doug Wieselman, à nouveau Frisell et Wollesen, et sur lequel les cordes sont dirigées par Eyvind Kang, faites vous plaisir ainsi qu'à ceux qui vous sont chers.

Car c'est sûr, vous écouterez en boucle et longtemps des morceaux aussi géniaux que Hard Sole Shoe, Awful Sad (écrite par Duke Ellington) ou Song For Sidiki.

Et si ces quelques lignes d'excellent conseil ne vous ont point convaincu, allez écouter sur le site de la violoniste ces deux albums, disponibles intégralement en streaming.

http://www.jennyscheinman.com/listen.html

Puis courrez l'acheter.

10/06/2008

PLAT DU JOUR 9 - James Hunter, Mugison, Bill Frisell, Secret Chiefs 3, Prince, Aimee Mann

Spadee Sam presents – I'm on Fire Mix

01 – James HunterShe’s Got a Way (The Hard Way 2008, HearMusic)
02 – MugisonThe Animal (Mugiboogie 2008, Ipecac)
03 – PrinceDionne (The Truth 1997, NPG)
04 – MugisonI’m On Fire (Lonely Mountain 2003, Ipecac)
05 – Aimee MannStranger Into Starman (Smilers 2008, Superego)
06 – Bill FrisellProbability Cloud (History, Mystery Pt.One 2008, Nonesuch)
07 – Secret Chiefs 3Akramacharei (Xaphan, Book of Angels Vol.09 2008, Tzadik)


En ces temps où la soul des jours heureux fait le bonheur des chanteu(r)ses à la mode, la plupart de ces derniers sont bien loin d’arriver à la cheville de l’anglais James Hunter. Classieux et modeste, Hunter publie aujourd’hui son troisième album, The Hard Way, sur lequel des sommets sont atteints, comme sur la superbe ballade Tell Her, ou le blues Til The End. Entre calypso, soul d’inspiration Sam Cooke et blues dans le style d' Ike Turner, The Hard Way de James Hunter est le disque à offrir cet été à tout amateur de belle voix et de bonne musique.

James Hunter en session live sur WFMU : http://wfuv.streamguys.us/cgi-bin/search_wfuv.cgi


Troisième album également pour l’islandais Mugison. Toujours entre chansons pop tordues et blues saturés, on le sent sur Mugiboogie tiraillé par d'un côté une attirance pour Tom Waits et de l'autre une fascination pour Prince. Il fait donc un peu des deux, en moins bien c’est sûr, mais lorsqu’il trouve le juste milieu, entre ballades pop publicitaires et grosses guitares inutiles, on arrive à passer un bon moment, avec le fantôme de Beck qui fait parfois plus que rôder.
Si ce n’est déjà fait, procurez-vous, amateurs de pop pas trop lisse, son premier album, Lonely Mountain, un très beau disque de grands espaces.

Avec Dionne, buvons à la santé de Prince, qui fête ces jours-ci son cinquantième anniversaire.
On passera vite sur le ridicule chapitre qui lui était consacré samedi dernier dans l’émission Tracks sur Arte. Quand vous n’avez rien à dire, abstenez-vous.
Ceci étant dit, Dionne est un morceau en tout point génial, avec un dernier couplet extraordinaire.

Rien de neuf sur Smilers, le nouvel album de la chanteuse Aimee Mann, et sur lequel la seule chose surprenante est la place de ce Stranger Into Starman en deuxième position sur le disque. Pour le reste, des chansons pop (presque) parfaites pour un long voyage en voiture sur une route pas trop tortueuse en compagnie de la jolie voix d’Aimee Mann.

Le guitariste Bill Frisell publie lui un double album, History Mystery, sur lequel il est on ne peut mieux accompagné. Kenny Wollesen à la batterie, Tony Scherr à la basse, Ron Miles au cornet, Greg Tardy au saxophone et un trio de cordes luxueux, composé d’Eyvind Kand à l’alto, de Jenny Scheinman au violon et de Hank Roberts au violoncelle. Musique de chambre cinématographique, on est, comme d’habitude avec Frisell, au coeur d'un univers sonore où il fait bon vivre. C’est parfois un peu long certes, on n’est pas sûr que le choix de reprendre A Change Is Gonna Come de Sam Cooke soit parfaitement judicieux, mais on peut fermer les yeux paisiblement et se laisser porter par la musique légère mais jamais futile du guitariste en étant sûr de passer un excellent moment.
En tout cas, John L.Waters le critique musical du Guardian est plus perspicace sur History Mystery de Frisell que sur le Beautiful Scars de Kip Hanrahan. A côté du sujet, il écrivait à propos de ce dernier, que « les tonalités et rythmes ne s’accordent jamais, que les morceaux ne semblent pas terminés, que la structure de ces derniers est inexistante, et que le chant est atroce », pour poursuivre ainsi: « Il y a un tas de groupes anglais capables de la même chose sans avoir à se déplacer jusqu'à New York. Gâchis de musiciens talentueux, dont Steve Swallow qui a co-écrit le vaguement divertissant Busses from…Havana ».
Outre que le titre exact du morceau en question est Busses from Heaven, on pourra s’interroger longtemps sur ces nombreux groupes anglais capables de la même chose. Quant aux critiques sur la musique même, difficile de passer autant à côté de l’essentiel.
Pour Frisell, Waters est donc beaucoup plus éveillé et attribue au guitariste la capacité à « donner un sens à chacune de ses notes et à la manière qu’il a d’organiser sa musique et ses musiciens ».

Plus dense, le neuvième volume du Book of Angels de John Zorn vient de paraître, signé des Secret Chiefs 3.
Guitare surf, klezmer, musique de chambre, rock, jazz, tout est passé à la moulinette par Trey Spruance, le guitariste de Mr Bungle, l’un des groupes de Mike Patton, y compris les thèmes écrits par Zorn, qui servent de base à cette série de disques.
Avec le bassiste Shahzad Ismaily et le batteur Ches Smith (soit la rythmique du Ceramic Dog de Marc Ribot) entre autres, Spruance réalise l’un des volumes les plus passionnants de la série. Richesse des arrangements et de l’instrumentation, ambiances multiples, à la fois divertissant et musicalement passionnant, Xaphan fait désormais partie des disques incontournables du label Tzadik.

Marc Ribot Ceramic DogLive 2008

En bonus, on ne résistera pas à vous conseillez le visionnage de cette magnifique vidéo sur laquelle la chanteuse péruvienne Susanna Baca interprète No Valentin, entouré par Marc Ribot à la guitare, David Byrne au chant et John Medeski au clavier.

Susana BacaNo Valentin (Live at Joes' Pub)

Dans quelques jours, si l’avion veut bien décoller, nous irons nous promener du côté de Los Angeles. Avis aux amateurs…

14/01/2008

THE ROAD, La Route avec Cormac McCarthy et Jim White


Photo : Claudia Marschal



Son dernier livre, The Road, est un chef d'oeuvre.L'adaptation au cinéma par les frères Coen de son avant-dernier, No Country For Old Man, sort très prochainement. Vous pouvez sans hésiter vous plongez dans l'oeuvre de l'un des plus grands écrivains vivants, Cormac McCarthy.

Lançons-nous donc à sa recherche ...


... enfin le voici...


Et puis, entre deux séances de lecture des livres de McCarthy, un disque s'impose : Drill a Hole in That Substrate and Tell Me What You See (LuakaBop, 2004) de Jim White.

Il y'a une ou deux choses pas mal sur les autres albums de Jim White mais rien qui approche la magie opérant sur celui-çi, l'un des plus beaux disques de tous les temps.

Insistons sur l'importance d'un bon producteur, avec le casting de musiciens et les idées qui viennent avec. La musique comme le cinéma.

C'est donc le formidable Joe Henry qui est aux manettes sur la majorité des titres, Tucker Martine et Jim White se partageant les autres plages.
Pour les musiciens, c'est ici grosso modo la même équipe qui entourait Joe Henry sur son album Tiny Voices (Anti, 2003) et sur Don't Give Up On Me (Anti, 2002), le disque qui signa le retour aux affaires de Solomon Burke, et également produit par Henry. Soit Chris Bruce à la guitare, David Palmer aux claviers, David Piltch à la contrebasse et Jay Bellerose à la batterie.



Static On The Radio ouvre le disque avec la superbe voix de Jim White qui emmène vers un monde ou dans la confession le rejoint la chanteuse Aimee Mann.

Si ce morceau et tout ce qui suit est à ce point génial, c'est qu'il se passe des multiples et micro incidents à chaques niveaux de la musique. Le squelette des chansons de Jim White est souvent très simple, trois, quatre accords. Mais en écoutant attentivement il se passe quantité de petits évenements sonores provocant de multiples images.
Static On The Radio est ainsi illuminé à la toute fin par un discret motif vocal.
La ballade qui suit, Bluebird est encore un cran au-dessus. Elle reçoit le soutien de l'excellent M.Ward à la guitare et on peut bien écouter ce morceau des dizaines de fois pour saisir la douceur et la finesse du jeu de balais de Jay Bellerose, les légers arpèges de guitares (Chris Bruce et M.Ward) ou la fabuleuse utilisation des claviers (piano, orgue) par David Palmer.

Et comment ne pas s'incliner devant le travail génial de Joe Henry, chef d'orchestre de cette mise en sons.

Ce dernier intervient à la guitare sur le décalé, cool et funky Combing My Hair In a Brand New Style où on entend également la voix grave de Mark Anthony Thompson aka Chocolate Genius.

"Oh doux Jésus veux-tu bien m'aider ? car tout ce que j'essaye de faire c'est semer les graines de l'amour avec cette fille de Brownsville, Texas (...).

Que dire de plus ? Une voix magnifique, un choeur discret, une douceur... ce rythme dans l'écriture et la diction et des mots et des phrases, qui rappelle... Cormac McCarthy.

Jim White s'occupe de produire Borrowed Wings , pour le coup plus dépouillé mais d'excellente facture, ou l'on entend Susie Ungerleider, de Oh Susanna.

Vient alors l'immense If Jesus Drove a Motor Home :


"If Jesus drove a motor home, I wonder would he drive pedal to the metal, or real slow? Checking out the stereo. Cassetteplaying Bob Dylan, motivation tapes. Tricked up Winnebago, with the tie-dye drapes. If Jesus drove a motor home... If Jesusdrove a motor home, and he come to your town, would you try to talk to him? Would you follow him around? Honking horns atthe drive thru. Double-parking at the mall. Midnight at the Waffle House - Jesus eating eggs with ya'll. If Jesus drove amotor home... Buddha on a motorcycle, Mohammed in a train. Here come Jesus in the passing lane... but everybody smile, 'causeeverybody's grooving. Ain't nothing like the feeling of moving with a bona fide motorized savior. Now if we all drovemotor homes, well maybe in the end, with no country to die for, we could just be friends. One world as our highway. Ain'tno yours or my way. We'd be cool wherever we roam - if Jesus drove a motor. "

Paroles géniales, musique idem. Clavier sautillant, un motif de flute puis cette trompette sortie de nulle part.

C'est Tucker Martine, pas manchot non plus pour ce qui est de produire un disque qui s'occupe de mettre en son le moite Objects in Motion. Normal donc d'y retrouver Bill Frisell et le violoniste Eyvind Kang, deux musiciens avec lesquels il travaille régulièrement depuis quelques années.

Un morceau en plein marécage.

"(...) just yesterday i found a suitcase full of love letters floating down a cool brown river."

Et encore un chef d'oeuvre, d'une richesse sonore impressionnante, où percussions, pedal steel et cordes s'enroulent autour des sons de guitare magnifique de Bill Frisell.
Et si Buzzards of Love et Alabama Chrome sont plus communs, Drill a Hole se termine sur un émouvant Phone Booth in Heaven ou l'on retrouve M.Ward mais aussi la chanteuse Mary Gauthier (dont le dernier disque Between Daylight and Dark (LostHighway, 2007) est également produit par Joe Henry).

Avec les livres de Cormac McCarthy et Drill a Hole... de Jim White dans le casque, bonnes soirées dans le sud américain.

02/01/2008

AMERICANA - Mavis Staples, Lucinda Williams, Howe Gelb


Photo : Claudia Marschal



Comme prévu, revenons sur les meilleurs disques parus en 2007. Pour commencer, trois des grands disques américains de l'année passée, ceux de Mavis Staples, de Lucinda Williams et de Howe Gelb.
Points communs à ces trois albums: américains certes, mais aussi, il faut l'avouer, plutot inégaux. Alors pourquoi sont-ils les meilleurs ? c'est simple, les moments forts sur ces trois disques le sont bien plus que chez n'importe qui en 2007.

We'll Never Turn Back est de loin le meilleur album de Mavis Staples. Les précédents étaient souvent assez mal produits, tandis que sur celui-ci, Ry Cooder et son fils Joachim font du très bon boulot.
Ni synthés, ni batterie en plastique, c'est acoustique que jouent le guitariste américain avec Mike Elizondo à la contrebasse et Jim Keltner à la batterie sur la fantastique reprise de JB Lenoir, Down In Mississippi, premier titre de l'album, vite suivi par le tout aussi génial Keep You Eyes On The Prize ou la voix grave et rugueuse de Mavis Staples fait frissonner. Regardez aussi le clip, archives qui montrent l'horeur du racisme dans le sud des Etats-Unis il y a de cela quelques dizaines d'années seulement.
Plus joyeux, sur YouTube on peut voir Mavis Staples chanter Eyes On The Prize sur les plateaux de plusieurs émissions de télé américaines, accompagnée par l'excellent guitariste de blues Rick Holmstrom (auteur notamment du très recommandable Hydraulic Groove en 2002 et du tout récent Late In The Night).
La chanteuse est encore au sommet sur le terrible Is The Mississippi ou elle dialogue avec ses choristes et la guitare splendide de Ry Cooder.
Si On My Way conclut en beauté cette première partie d'album impeccable, la suite est un cran au dessous mais comment rester à un tel niveau tout le long du disque ?
Comme Ry Cooder sur We'll Never Turn Back, le producteur new-yorkais Hal Willner fait du superbe travail sur West, le dernier disque de Lucinda Williams. Revoila Jim Keltner à la batterie mais également Bill Frisell à la guitare, la violoniste Jenny Scheinman et l'accordéoniste du Tin Hat Trio, Rob Burger.
Avec des musiciens pareils, l'attente n'est pas longue avant d'entendre des merveilles comme ce magnifique Mama You Sweet ou la voix légèrement éraillée de Lucinda Williams est accompagnée par les balais de Jim Keltner et les arpèges de guitare de Bill Frisell avant que l'accordéon de Rob Burger ne conclue un morceau en apesanteur.
Plus loin, la voix de Williams donne froid dans le dos sur Unsuffer Me ("My Joy is dead"), qui donne malheureusement un peu trop dans l'emphase.
Sur Rescue puis Words, la chanteuse retrouve le chemin des merveilles, en partie grace à ses accompagnateurs de luxe. Avec ces deux morceaux et Mama You Sweet, on tient trois merveilles de chansons, à des années-lumières de tout ce qui se fait dans la chanson française actuelle, sans musique, sans rythme et sans musiciens.
Et l'on n'a pas encore parlé de Wrap My Head Around That, funk glacial et répétitif de presque dix minutes, ou la chanteuse utilise un phrasé presque hip-hop a vous glacer le sang. Fantastique.


Howe Gelb est sans aucun doute l'un des plus grands musiciens actuels. Et disons-le tout de suite, Down Home 2-Return To San Pedro, c'est la grande classe. Enregistré dans une petite église à San Pedro, en hommage à son défunt ami, le guitariste Rainer Ptacek, il est seul ou presque à la guitare sur ce disque ou il alterne inédits et titres plus anciens.
Train Singer Song, The Hangin' Judge ("If You're not the new Dylan, who are you?") sont excellents, The Wild Frontier est hilarant, y'a t-il plus classe et plus cool que All Done in Again, Notoriety ou Lonely Man You Are ?
Pour terminer, Down On Home achève d'écoeurer la concurrence qui ne pourra que s'incliner devant tant de facilité et de talent. Tant de disques folks sortent chaques semaines, gardez votre argent pour ce Down Home 2-Return To San Pedro, vous ne retournerez peut-etre jamais à San Pedro mais vous vous tournerez définitivement vers Howe Gelb !

15/09/2007

JOE HENRY - CIVILIANS (Anti, 2007)



Plus accessible et moins dense que les précédents Scar (Mammoth, 2001) et Tiny Voices (Anti, 2003), deux des plus grands disques parus ces dernières années, Civilians, le nouveau disque de Joe Henry est assez décevant. Dans les interventions des musiciens, la qualité de la production (Joe Henry, Craig Street) et celle du songwriting de Henry, se trouvait la quasi-perfection des deux disques précédents. Ici, ces détails qui habitaient le bien nommé Tiny Voices ont quasiment disparu au profit d'un accompagnement de mandoline assez fatiguant sur plusieurs titres.
Vous voudrez bien d'un autre coupable ? Si de la guitare de Bill Frisell s'échappent des notes toujours magnifique, il semble en retrait(e?!) sur ce disque et sa contribution aux albums de différents chanteurs folks américains ces dernières années n 'est pas toujours d'un interet majeur. Les derniers à avoir profité du talent de Frisell étant Vic Chesnutt sur Ghetto Bells (NewWest, 2005) (le morceau Forthright notamment) et Lucinda Williams sur "West" (LostHighway,2007).
Mais revenons à Civilians. La chanson titre qui ouvre l’album est, malgré une intro très "Madeleine Peyroux» plutôt pas mal. Suit Parker’s Mood à laquelle on préfèrera le morceau de Charlie Parker, puis Civil War, un peu indigeste.
On croit tenir quelque chose avec Time Is a Lion et son intro bluesy, mais on est vite refroidi par un refrain qui manque réellement de finesse.
You Can’t Fail Me Now me plait aussi peu que la version de Loudon Wainwright III sur son dernier disque Strange Weirdos et qui est d’ailleurs à peu de choses près la même (le même morceau et les mêmes musiciens, forcément...).
Pour les meilleurs moments, on écoutera Scare Me To Death, Our Song, le superbe Love Is Enough, et I Will Write My Book avec Van Dyke Parks au piano. God Only Knows termine le disque sur une note sombre mais superbe. On soulignera sur ce dernier titre le très bel accompagnement du batteur Jay Bellerose, formidable tout au long de l'album. Malheureusement, c'est souvent trop long, trop lent, comme sur Wave ou Shut Me Up et l’on sort du disque fatigué par l'accompagnement de Greg Leisz à la mandoline.
Dans une interview, on peut lire Joe Henry s'exprimer sur la magnifique photo de John Cohen qui illustre le disque : « on ne sait pas si la fille se dirige vers un mariage ou un enterrement ». C’est un peu le sentiment qu’on a après Civilians. Ni totalement déçu, ni vraiment enthousiasmé, on continuera encore un peu la route, histoire de voir...
Et l'on verra Joe Henry interpréter les chansons de Civilians dans l'émission "Morning Becomes Eclectic" sur la radio de Los Angeles KCRW.
Taper "Joe Henry" dans le moteur de recherche de l'émission et comparer avec sa prestation en 2003 pour l'album Tiny Voices.
Au plaisir.