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22/09/2008

WENT TO SEE THE GYPSIES - Ep.02 - The Gypsy Kings, Roots (Nonesuch, 2004)

Bamboleao, Djobi Djoba, Patrick Sébastien. Voilà probablement ce qui vous viendra à l’esprit à l’heure d’évoquer les Gypsy Kings. Un groupe de gitans un peu kitsch dont l’heure de gloire serait la reprise d’Hotel California dans le Big Lebowski des Frères Coen.

Mais si telle était votre opinion à leur propos, c’est que vous avez raté un épisode, sans doute le plus important, de l’histoire des Rois Gitans. Voici donc le moment de rattraper ce très passager moment d’absence.

En 2003, les Gypsy Kings font appel au producteur américain Craig Street pour réaliser leur nouvel album. Craig Street est connu pour avoir produit, entre autres musiciens très fréquentables, Norah Jones, Meshell Ndegeocello, K.D.Lang, Cassandra Wilson, Joe Henry, Chocolate Genius ou Chris Whitley. De ce dernier, Street avait enregistré l’album acoustique Dirt Floor dans la maison paternelle abandonnée du bluesman, laissant loin derrière toutes les traces de saturation électrique qui pesaient sur ses précédents disques. C’est dans cette idée que Street choisi d’emmener les frères Reyes et Baliardo dans une petite bâtisse en pierre du Languedoc afin qu’ils y jouent les morceaux de leur nouvel album.
Pour la première fois dans la carrière discographique des Gypys Kings, pas de synthétiseurs ou de boîtes à rythmes mais des instruments acoustiques uniquement.

The Gypsy Kings – Enregistrement de l’album Roots, 2003.





Craig Street parle de l'enregistrement de Roots.


Si à ce moment-là du récit, on peut déjà saluer l’idée de départ de Craig Street, ce dernier ne s’arrête pas en si bon chemin, emmenant aussi dans ses valises et en plus de ses micros, le contrebassiste Greg Cohen, accompagnateur de John Zorn (Acoustic Masada, Masada String Trio), Dave Douglas ou encore Tom Waits. Plus tard, Street rajoutera quelques percussions du brésilien Cyro Baptista et la kora de Yakouba Sissoko.

Ainsi furent enregistrés 16 morceaux pour un résultat en tout point admirable qui constitue de loin le sommet de la carrière artistique des Gypsy Kings, celui qu’il vous faut avoir si vous voulez donner votre avis sur la musique gitane du groupe français le plus connu dans le monde.

Prenez Aven, Aven et savourez dès la première note de contrebasse le jeu appuyé de Greg Cohen, parfait soutien à la pompe rythmique et à la voix puissante et éraillée de Nicolas Reyes. Une contrebasse qui est du reste le ciment de l’album, de la première à la dernière plage de celui-ci, comme sur Rhytmic :

Gypsy KingsRhytmic (Roots 2004, Nonesuch)



Ou sur cet extraordinaire Tarantas :

Gypsy KingsTarantas (Roots 2004, Nonesuch)



L’agencement des morceaux tout au long du disque est également à souligner, alternance de morceaux chantés et de plages instrumentales.

Gypsy KingsComo Siento Yo (Roots 2004, Nonesuch)



Gypsy KingsBolerias (Roots 2004, Nonesuch)



On relèvera l’apport d’un producteur de la qualité de Craig Street (qualité d’écoute notamment) sur sa lumineuse idée d’inviter Yakouba Sissoko et sa kora sur ce merveilleux Tampa :

Gyspy KingsTampa (Roots 2004, Nonesuch)



Qualités musicales évidentes des musiciens, sens de l’écoute d’un producteur dont les idées vont sans cesse dans le sens d’un développement positif de la musique, traitement acoustique d’une musique qui aurait du depuis longtemps se passer de ses oripeaux électriques (et continuer à le faire), voilà comment Roots des Gypsy Kings est devenu depuis sa sortie l’un de nos disques de chevet. Qu’en pensez-vous ?

06/09/2008

CREOLE GYPSY - Ep.03 - Alain Peters


C’est à des milliers de kilomètres des Antilles, à la Réunion, que naît en 1952 le musicien Alain Peters.
Marquée par la rebellion, l’histoire d’Alain Peters n’est que succession de longues chutes entrecoupées de quelques rapides tentatives d’ascension.
Le disque Paraboler, publié en 1999 regroupe la plupart de ses enregistrements, de la fin des années 70 à la fin des années 80.



Alain Peters - Complainte de Satan (1ère figure) :




Alain Peters commence tôt la musique, une activité qui devient rapidement essentielle et unique. A la fin des années 60, la musique pop anglo-saxonne fait son apparition sur l’Ile de la Réunion et Peters monte ses premières formations, reprenant Led Zeppelin ou Deep Purple pour un public en extase devant ses tenues excentriques, sa voix et ses qualités scéniques.
Alors que la plupart des musiciens réunionnais partent tenter leur chance en métropole, Alain Peters reste sur l’Ile et découvre le poète Jean Albany dont il va mettre plusieurs textes en musique. C’est aussi une époque, les années 70, où il boit énormément, activité pour laquelle il est malheureusement aussi assidu que pour la musique. En 1979 est formé Carousel avec Alain Peters mais aussi le claviériste Loy Ehrlich, une formation en avance sur son temps qui ne fera que pousser un peu plus le chanteur dans l’alcool jusqu’à la dissolution à la fois du groupe et de son couple.
C’est alors qu’un passionné de musique, Jean-Marie Pirot, propose à Alain Peters d’enregistrer ses chansons. Ce dernier accepte et se pointe donc tous les matins à l’aube pour quelques heures d’enregistrement qui finissent par accoucher d’une dizaine de morceaux remarquables sur lesquels Peters joue de tous les instruments.
Mais les démons n’étant jamais loin, Pirot raconte comment tous les jours à 10 heures, le chanteur partait « chercher des cigarettes » pour ne revenir que le lendemain, au meilleur des cas.



Alain Peters - Caloubadia






Au milieu des années 90, Carousel se reforme pour une série de concerts émouvants tandis que son « leader » décide de mettre un terme à son penchant pour la boisson. Une décision prise beaucoup trop tard puisque Alain Peters décède d’une crise cardiaque en juillet 1995.


Alain Peters - Rest' la Maloya



Sur les rythmes entêtants de la maloya, c’est en créole que la voix douce d’Alain Peters s’exprime, évoquant à la fois le blues originel et parfois certaines musiques latines, la chanson chilienne de Victor Jara par exemple.

En outre, vous trouverez tout ce que vous voulez savoir sur Alain Peters ainsi que quelques images sur ce forum : Forum Alain Peters

03/09/2008

CREOLE GYPSY - Ep.02 - Roland Brival


Le martiniquais Roland Brival a publié quatre albums mais deux valent tout particulièrement le détour. D'abord Créole Gypsy, paru en 1980 et resté confidentiel jusqu'à sa réédition au début des années 2000 par le label Isma'a.
Au carrefour de la soul, du jazz et de la musique créole, Créole Gypsy révèle quelques plages superbes, comme celle qui ouvre l'album et donne son nom à l'album, avec son ostinato de basse, le solo de saxophone de Bib Monville et la voix chaude de Brival parfaitement soutenue par quelques choeurs féminins. C'est du reste une nouvelle fois l'omniprésent saxophone de Monville qui illumine Tan Joue Mab tandis qu'on croirait entendre Arthur H sur Just for You, qui clôt l'album.

Roland Brival - Tan Joue Mab (Créole Gypsy 1980/2001 Isma'a)



Roland Brival - Just For You (Créole Gypsy 1980/2001, Isma'a)




Vingt-trois ans plus tard paraissait Waka, suite évidente de Créole Gypsy et encore meilleure que son lointain prédécesseur.
Le batteur Jean-Claude Montredon était toujours présent et entouré de Steve Potts aux saxophones, de Camel Zekri à la guitare et de la chanteuse Bouchra Jalid, Brival resplendissait.

Pour commencer, un explosif dialogue entre la voix de Brival et celle puissante de Bouchra Jalid, porté par une rythmique "antillaise" et le son chaud du Fender Rhodes. Puis les plus calmes All That You Get et une belle reprise du War Song de Jon Lucien avant un morceau où Brival est uniquement accompagné par la guitare de Camel Zekri, souvent entendu dans des contextes plus "difficiles", aérien ici. Bolo Dub et Sakitayo prennent une direction plus moderne, du point de vue des rythmes et des ambiances, presque trip-hop sur la seconde.
On retrouve le style de To Be One sur Si-W Mêlé, aux riffs funk joués acoustiques par Camel Zekri. Si les dernières plages du disque sont un peu en deça, Waka reste excellent, d'une fraîcheur pas si courante, excellement produit et resistant à la tentation d'une "fusion" à laquelle Brival finira malheureusement par céder avec Kayam, son dernier album en date et dont on pourra faire l'économie.

Roland Brival - To Be One (Waka 2003, Isma'a)



Roland Brival - Sakitayo (Waka 2003, Isma'a)



A noter qu'en parallèle de ses activités de musicien, Roland Brival est aussi sculpteur mais surtout romancier et auteur de plusieurs livres qui, sans être indispensables, se lisent avec plaisir.
Si vous tombez sur l'un d'eux mais surtout sur Créole Gypsy ou Waka, faites-vous plaisir et ramenez-les chez vous.

http://www.rolandbrival.com/index.php

http://www.myspace.com/rolandbrival

20/08/2008

SMELLS LIKE RECORDS 1992-2008 - Ep.02 - Tim Prudhomme, Chris Lee, Ursa Minor, John Wolfington

Ursa Minor - The Frame (Silent Moving Picture 2005)

On ne reviendra pas cette fois sur le dernier album de Tony Scherr, dont on a beaucoup parlé ces temps-ci, mais on le citera une dernière fois en parlant du groupe new-yorkais Ursa Minor, dont il a produit l’unique album à ce jour, Silent Moving Picture, paru en 2005.
Emmené par la chanteuse et claviériste Michelle Casillas, Ursa Minor est un trio également composé du batteur Robert DiPietro (présent sur le superbe Convivencia, second disque de chansons sépharades par le duo La Mar Enfortuna de Oren Bloedow et Jennifer Charles) et le bassiste Rob Jost. Silent Moving Picture est un très joli disque de pop urbaine dans lequel le Fender Rhodes est omniprésent et dont on ressort séduit par la charmante voix de Michelle Casillas.



Au début des années 2000, John Wolfington et Chris Lee était de ceux qu’on aimait écouter, avant que petit à petit, la noirceur de l’un et la voix de l’autre ne nous en éloignent.
Avec le recul, on peut désormais y revenir en y trouvant plus d’une chose intéressante.

John Wolfington - Coney Island (John Wolfington 2001)

Le premier disque de Wolfington a paru en 2001 et est malgré sa boîte à rythme bon marché, plutôt pas mal, avec des morceaux qui doivent autant à un rock intellectuel et urbain (12mph, Ageless Sky, Curves) qu’à la soul (Race The Sun, Maybe I’ll Go).

http://www.myspace.com/johnwolfington

Chris Lee - The Politics of Sway (Plays and Sings Torch'd Songs... 2001)

Il y a indéniablement plus de soleil dans les compositions de Chris Lee, sorte de Jeff Buckley modeste, qui aligne les morceaux pop romantiques jusqu’à une reprise du tragique On The Beach de Neil Young.



Timothy Prudhomme - Rollin' On (With The Hole Dug 2001)

Enfin, si l’on devait n’en garder qu’un, ce serait Timothy Prudhomme. De ce dernier on ne savait rien avant de nous pencher sur la discographie complète de Smells Like Records. Où on apprend que l’homme est né en Californie, s’installe à New York dans les années 80, joue dans différentes formations punk et fonde sur la Côte Ouest la formation Fuck avec laquelle il publie plusieurs albums. A la fin du siècle dernier, Fuck est mis entre parenthèse et Prudhomme enregistre son album solo, With The Hole Dug. Le titre annonce la couleur, l’album est à proscrire en soirée dansante. Mais à la bougie, la voix grave et ronde de Prudhomme vous séduira, surtout que si l’ambiance générale est plutôt sombre, l’humour est toujours proche, et les arrangements minimaux qui enrobent ces petites chansons acoustiques toujours justes. Vous pouvez donc sortir Tim Prudhomme et son album solo du trou qu’il avait creusé.

http://www.fuck.addr.com/fuck/

Bonus : Chris Lee feat. Smokey Hormel - On The Beach (N.Young) (Plays and Sings Torch'd Songs... 2001)

18/08/2008

SMELLS LIKE RECORDS, 1992-2008 - Ep.01 - 2 Mixes


Cette semaine, c’est à une plongée dans l’univers du label indépendant Smells Like Records à laquelle on vous invite. Des groupes et des artistes cultes (Sonic Youth, Blonde Redhead, Lee Hazlewood), des musiciens dont on vous a déjà parlé en très bons termes (Carla Bozulich et Nels Cline, Tony Sherr, Cat Power), d’autres qu’on avait perdu en route (Chris Lee, John Wolfington) et des belles découvertes faites en nous plongeant dans le catalogue du label (Tim Prudhomme).
A votre tour donc de piocher parmi la cinquantaine d’albums publiés par Steve Shelley, batteur de Sonic Youth à l’origine de ce label créé en 1992 et dont on vous offre un apercçu cette semaine.
Pour commencer, deux mixes survolant la discographie du label, un premier plutôt rock et rassemblant quelques un des groupes publiés depuis 16 ans, un second plus calme se concentrant sur des individualités souvent méconnues, toujours intéressantes.

Spadee Sam presents – Smells Like Records Mix Pt.01

(ce mix est téléchargeable pendant environ trois semaines. Il sera ensuite disponible uniquement en streaming).




01 – Blonde Redhead – (I am Taking Out my Eurotrash) I Still (La Mia Vita Violenta 1995)
02 – Sonic YouthSunday (A Thousand Leaves 1998)
03 – Thurston MooreCindy (Rotten Tanx) (Psychic Hearts 1995)
04 – The ClearsTies Me Up (The Clears, 1996)
05 – The RondellesMission, Irresistible (Fiction Romance Fast Machines 1998)
06 – Ciccone YouthAddicted to Love (The Whitey Album 1988)
07 – Ciccone YouthHi! Everybody! (The Whitey Album 1988)
08 – Kim Gordon, DJ Olive, Ikue MoriStuck on Gum (SYR5 2000)
09 – OverpassDown The Drain (Manhattan (Beach) 1995)
10 – SammyBaby Come Down (Debut Album
11 – Blonde RedheadU.F.O. (La Mia Vita Violenta 1995
12 – Sonic YouthDisconnection Notice (Murray Street 2002)
13 – The RaincoatsShouting Out Loud (Extended Play 1994)
14 – Blonde RedheadGirl Boy (Blonde Redhead 1994)

Un sautillant Blonde Redhead avant un morceau portant la signature des Sonic Youth. Leur guitariste Thurston Moore prend le relais avant quelques tubes electro pop par les Rondelles et des Sonic Youth déguisés en Madonna. Plus expérimental, la chanteuse de ces derniers Kim Gordon s’associe avec la manipulatrice électronique Ikue Mori et l’excellent DJ Olive. Enfin, un violon dément dans le groupe préféré de Kurt Cobain, les Raincoats, avant une dernière bossa par les Blonde Redhead.


Spadee Sam presents – Smells Like Records Mix Pt.02





01 – Christina RosenvingeExpensive Shoes (Frozen Pool 2001)
02 – Ursa MinorSteady (Silent Moving Pictures 2003)
03 – FuckOshun (Cupid’s Cactus 2001)
04 – Lee HazlewoodThe Railroad (Trouble Is a Lonesome Road 1963)
05 – Timothy PrudhommeLove Me, Love Me Not (With The Hole Dug 2002)
06 – John WolfingtonCurves (John Wolfington, 2001)
07 – Cat PowerStill In Love (Myra Lee, 1996)
08 – Tony ScherrGoodbye (Come Around 2002)
09 – Fuck It’s Unbelievable (Cupid’s Cactus 2001)
10 – John WolfingtonRace The Sun (John Wolfington, 2001)
11 – Thurston MooreCherry’s Blues (Psychic Hearts 1995)
12 – Chris LeeMount Venus (Plays and Sings Torch’d Songs ... 2002)
13 – Shelby BryantThe Walk (Cloud-Wow Music
14 – Tony ScherrI Want You To Want Me (Twist In The Wind 2007)
15 – Timothy PrudhommeSweetheart O’ Mine (With The Hole Dug 2002)
16 – Scarnella aka Carla Bozulich and Nels Clinea Millenium Fever Ballad (Scarnella 2002)
17 – Hungry GhostsI Don’t Think About You Anymore but I Don’t Think About You Anyless (Alone, Alone 1999)
18 – Two Dollar GuitarSmall and Hard (Let Me Bring You Down 1995)
19 – Two Dollar GuitarThe Ghost Ship (The Wear and Tear of Fear, a Lover’s Discourse 2006)
20 – Lee HazlewoodForget Marie (Cowboy in Sweden 1970)

On commencera avec la pop des charmantes Christina Rosenvinge et Michelle Casillas, puis l’afro-beat lo-fi de Fuck, le cowboy Lee Hazlewood réédité, la voix grave du superbe Tim Prudhomme avant les morceaux urbains et nocturnes de John Wolfington, Cat Power déjà hantée par la soul de Memphis, l’excellent Tony Scherr revenant plus tard en bossa, le romantique Chris Lee, le psychédélique et acoustique Shelby Bryant, le duo du guitariste Nels Cline et de la chanteuse Carla Bozulich, et enfin les rêveries de fantômes affamés et d’une guitare à deux dollars.

Une immersion totale de presque deux heures avant une remontée progressive à la surface ces prochains jours.

21/06/2008

JENNY SCHEINMAN, Un 21 juin entre San Francisco et New York


SPADEE SAM presents – June 21; a Jenny Scheinman Mix

01 – Jenny ScheinmanShame, Shame, Shame (Jenny Scheinman 2008, Koch)
02 – Jenny ScheinmanSeating of The Bride (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)
03 – Charming HostessKlezsex (Eat 1999, Vaccination)
04 – Scott Amendola BandOladipo (Believe 2005, Cryptogramophone)
05 – Vinicius CantuariaChuva (Cymbals 2007, Naive)
06 – Marta TopferovaSemana Azul (La Marea 2005, WorldVillage)
07 – Vinicius CantuariaIrapurù (Vinicius 2001, TransparentMusic)
08 – Jenny ScheinmanTango for Luna (Shalagaster 2004, Tzadik)
09 – Doug WieselmanTango (Dimly Lit-Collected Soundtracks 1996-2002 2003, Tzadik)
10 – Bill FrisellAnywhere Road (The Intercontinentals 2003, Nonesuch)
11 – Scott Amendola BandHis Eye Is On The Sparrow (Cry 2003, Cryptogramophone)
12 – Bill FrisellHymn for Ginsberg (Unspeakable 2004, Nonesuch)
13 – Jenny ScheinmanJune 21 (12 Songs 2005, Cryptogramophone)
14 – Vinicius CantuariaCubanos Postizos (Live at The Skirball Center 2003, Kufala)
15 – Jenny ScheinmanMilk Bottle (Shalagaster 2004, Tzadik)
16 – Carla Bozulich feat.Willie NelsonCan I Sleep in Your Arms (Red-Headed Stranger 2003, DiChristineStairBuilders)
17 – Norah JonesI’ve Got To See You Again (Come Away With Me 2002, BlueNote)
18 – Jenny ScheinmanThe Burro (The Rabbi’s Lover 2002, Tzadik)



C’est en 2002 qu'on fit véritablement connaissance avec la violoniste américaine Jenny Scheinman. Cette même année paraissaient en effet The Rabbi’s Lover chez Tzadik, ainsi que Come Away with Me, l’album de son amie Norah Jones, auquel elle participait.
Ce n’était pas son premier disque, mais The Rabbi’s Lover, paru dans la série Radical Jewish Culture du label Tzadik, marqua l’apparition de la musicienne sur le devant de la scène new-yorkaise. Autour d’elle , pour célébrer la maîtresse du rabbin, rien de moins que Greg Cohen et Trevor Dunn à la contrebasse, Kenny Wollesen à la batterie, Russ Johnson à la trompette et Adam Levy à la guitare. On retrouvait les mêmes sur le premier album de Norah Jones, qui s’il n’était pas le disque le plus aventureux du siècle avait pour lui de contenir d’excellentes chansons, jouées par de non moins excellents musiciens (Bill Frisell, Brian Blade, Rob Burger, Tony Scherr).

A la fin des années 90, Jenny Scheinman s’installe définitivement à New York. Auparavant, elle grandit et apprit la musique à San Francisco. C’est là qu’elle devint professionnelle et qu’elle intègra la formation du batteur Scott Amendola, pour trois excellents disques (deux d’entre eux sur le label Cryptogramophone), avec également le guitariste Nels Cline. Dans le Scott Amendola Band, on pouvait déjà entendre dans son jeu de violon un sens de la mélodie de l'espace remarquable.


Scott Amendola Band
avec Nels Cline et Jenny Scheinman - Live 2007
Nels Cline et Jenny Scheinman - Live


Elle fait la rencontre de Lee Townsend, patron du label Nonesuch, et ce dernier lui présente le guitariste Bill Frisell, avec qui va débuter une étroite collaboration artistique. Depuis dix ans, Jenny Scheinman est ainsi de tous les projets avec cordes du guitariste.


Bill Frisell
Band avec Jenny Scheinman - Sugar Baby, Live


On retrouvera à plusieurs reprises le duo Frisell/Scheinman avec le chanteur-guitariste brésilien Vinicius Cantuaria, par exemple sur le magnifique Vincius, paru en 2001, sur lequel interviennent également Caetano Veloso, le bassiste Marc Johnson, Marc Ribot ou le trompettiste Michael Leonhardt. Cantuaria, installé depuis de nombreuses années à New York, est membre avec Scheinman du beau projet de Frisell, The Intercontinentals.
Leur collaboration trouve son sommet sur le disque Live at the Skirball Center, enregistré en 2003, probablement l’un des plus beaux disques jamais enregistré en concert. La rythmique basse (Sergio Brandao) / percussions (Paulo Braga à la batterie, Nanny Assis aux percussions) est extraordinaire, et les mélodies de la violoniste accompagnent à merveille le jeu de guitare économe et subtil de Vinicius Cantuaria.


Marta Topferova
avec Jenny Scheinman - Live

L’un des fidèles de Bill Frisell est le multi instrumentiste Tony Scherr. C’est lui qui tient la basse sur son dernier disque, History Mystery, ou Scheinman est également présente au sein d’un trio de cordes comprenant aussi Eyvind Kang et Hank Roberts.
Tony Scherr est membre de Sex Mob, l’une des formations du trompettiste Steven Bernstein. C’est aussi un excellent guitariste, chanteur (deux albums dont le dernier, Twist in the Wind, est sorti il y a quelques semaines sur Smells Like Records, et comporte entre autres le superbe I Could Understand) et un producteur recherché. Il s’est donc occupé du premier disque vocal de Jenny Scheinman, paru il y a quelques jours chez Koch et qui, à l’instar de son amie Norah Jones, montre le goût de la violoniste pour les chansons américaines, celles écrites par Bob Dylan, Lucinda Williams ou Tom Waits.


Tony Scherr
- I Could Understand, Live at the Ballroom 2008


De San Francisco à New York, le voyage est long. Pour la route, en plus des disques de Jenny Scheinman, le recueil de nouvelles de Sam Shepard, Ballade au Paradis (Crusing Paradise 1996) (ed.Pavillons Robert Laffont 1997), ferait un excellent compagnon de route.

01/06/2008

SEPT FOIS PLUS CHAUD QUE LE FEU, ou T-Bone Burnett, musicien et producteur américain


Spadee Sam presents – A T-Bone Burnett Mix

01 – T-Bone BurnettEvery Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony)
02 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand 2007, Rounder)
03 – Cassandra WilsonPoet (Thunderbird 2006, Blue Note)
04 – T-Bone BurnettHollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony)
05 – T-Bone Burnett with Jade VincentMan, Don’t Dog Your Woman (The Soul of a Man 2003, Sony)
06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
07 – Vincent and Mr GreenLike You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
08 – Sam Phillips with Marc RibotIncinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch)
09 – The Alpha BandTick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista)
10 – T-Bone BurnettIt’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
11 – Joe HenryJohn Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth)
12 – T-Bone BurnettCriminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
13 – Roy OrbisonShe’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin)
14 – Joe HenryBen Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth)
15 – The Legendary Stardust CowboyI Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)


Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.

Bob Dylan feat.T-Bone BurnettShelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)

Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.

T-Bone Burnett feat.Marc RibotEvery Little Thing (Live 1992)

En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :

Roy OrbisonYou Got It
Roy OrbisonCalifornia Blue

Elvis CostelloKing of America (1986)
Sam PhillipsI Need Love (1994
Los LobosDon’t Worry Baby (1984)

Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.

Roy OrbisonIn Dreams (Black and White night)
Roy OrbisonCrying (Black and White Night)

(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando)
Roy OrbisonPretty Woman (Black and White Night)

En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.

Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années.
De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.

The Counting CrowsMr.Jones

Il participe également au succès du film des frères Coen, O Brother Where Art Thou (avec George Clooney/Clark Gable), en tant que conseiller musical.

Man of Constant Sorrow (O Brother Where Art Thou)

Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.

Walk The Line trailer


2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett.
Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop.
Exemple avec le morceau Palestine Texas :

T-Bone BurnettPalestine Texas

True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.

T-Bone BurnettEarlier Baghdad (The Bounce)

C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.

Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Live 2007)

Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.

Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia.
C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett.
Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien.
Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.

Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.


Cassandra Wilson - Easy Rider / Go to Mexico (Live in Basel 2006, AVO Sessions)

Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :

Legendary Stardust CowboyGemini Spaceship (Live 2007)
Legendary Stardust CowboyHey Hey It’s Saturday

Après ça …