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22/09/2008

WENT TO SEE THE GYPSIES - Ep.02 - The Gypsy Kings, Roots (Nonesuch, 2004)

Bamboleao, Djobi Djoba, Patrick Sébastien. Voilà probablement ce qui vous viendra à l’esprit à l’heure d’évoquer les Gypsy Kings. Un groupe de gitans un peu kitsch dont l’heure de gloire serait la reprise d’Hotel California dans le Big Lebowski des Frères Coen.

Mais si telle était votre opinion à leur propos, c’est que vous avez raté un épisode, sans doute le plus important, de l’histoire des Rois Gitans. Voici donc le moment de rattraper ce très passager moment d’absence.

En 2003, les Gypsy Kings font appel au producteur américain Craig Street pour réaliser leur nouvel album. Craig Street est connu pour avoir produit, entre autres musiciens très fréquentables, Norah Jones, Meshell Ndegeocello, K.D.Lang, Cassandra Wilson, Joe Henry, Chocolate Genius ou Chris Whitley. De ce dernier, Street avait enregistré l’album acoustique Dirt Floor dans la maison paternelle abandonnée du bluesman, laissant loin derrière toutes les traces de saturation électrique qui pesaient sur ses précédents disques. C’est dans cette idée que Street choisi d’emmener les frères Reyes et Baliardo dans une petite bâtisse en pierre du Languedoc afin qu’ils y jouent les morceaux de leur nouvel album.
Pour la première fois dans la carrière discographique des Gypys Kings, pas de synthétiseurs ou de boîtes à rythmes mais des instruments acoustiques uniquement.

The Gypsy Kings – Enregistrement de l’album Roots, 2003.





Craig Street parle de l'enregistrement de Roots.


Si à ce moment-là du récit, on peut déjà saluer l’idée de départ de Craig Street, ce dernier ne s’arrête pas en si bon chemin, emmenant aussi dans ses valises et en plus de ses micros, le contrebassiste Greg Cohen, accompagnateur de John Zorn (Acoustic Masada, Masada String Trio), Dave Douglas ou encore Tom Waits. Plus tard, Street rajoutera quelques percussions du brésilien Cyro Baptista et la kora de Yakouba Sissoko.

Ainsi furent enregistrés 16 morceaux pour un résultat en tout point admirable qui constitue de loin le sommet de la carrière artistique des Gypsy Kings, celui qu’il vous faut avoir si vous voulez donner votre avis sur la musique gitane du groupe français le plus connu dans le monde.

Prenez Aven, Aven et savourez dès la première note de contrebasse le jeu appuyé de Greg Cohen, parfait soutien à la pompe rythmique et à la voix puissante et éraillée de Nicolas Reyes. Une contrebasse qui est du reste le ciment de l’album, de la première à la dernière plage de celui-ci, comme sur Rhytmic :

Gypsy KingsRhytmic (Roots 2004, Nonesuch)



Ou sur cet extraordinaire Tarantas :

Gypsy KingsTarantas (Roots 2004, Nonesuch)



L’agencement des morceaux tout au long du disque est également à souligner, alternance de morceaux chantés et de plages instrumentales.

Gypsy KingsComo Siento Yo (Roots 2004, Nonesuch)



Gypsy KingsBolerias (Roots 2004, Nonesuch)



On relèvera l’apport d’un producteur de la qualité de Craig Street (qualité d’écoute notamment) sur sa lumineuse idée d’inviter Yakouba Sissoko et sa kora sur ce merveilleux Tampa :

Gyspy KingsTampa (Roots 2004, Nonesuch)



Qualités musicales évidentes des musiciens, sens de l’écoute d’un producteur dont les idées vont sans cesse dans le sens d’un développement positif de la musique, traitement acoustique d’une musique qui aurait du depuis longtemps se passer de ses oripeaux électriques (et continuer à le faire), voilà comment Roots des Gypsy Kings est devenu depuis sa sortie l’un de nos disques de chevet. Qu’en pensez-vous ?

04/04/2008

WHAT IS SOUL, Lizz Wright et quelques chanteuses sur KCRW



Comme les deux précédents, le nouvel album de Lizz Wright, The Orchard (Verve), souffre de la production trop lisse de Craig Street.
Le 10 mars, dans l’émission Morning Becomes Eclectic que présente depuis Los Angeles Nic Harcourt sur KCRW, la chanteuse s'affichait sans la couche de vernis appliquée à ses enregistrements studio.

http://www.kcrw.com/music/programs/mb/mb080310lizz_wright

1 – Old Man
2 – I Idolize You
3 – Another Angel
4 – Interview
5 – This Is
6 – Coming Home
7 – Thank You


Et pendant cette session d'une demi-heure Lizz Wright est au sommet. De la soul comme elle est l'une des seules à en pouvoir en chanter aujourd'hui, d'une déconcertante facilité et d'une incroyable sensualité à chacun de ses mouvements, de ses intonations de voix. Avec son groupe, dont l'excellent guitariste Oren "Spaceship" Bloedow (Elysian Fields, Lounge Lizards, Meshell Ndegeocello), elle reprend Old Man de Neil Young, I Idolize You d'Ike Turner et Thank you de Led Zeppelin, en plus de ses propres compositions comme Another Angel et This Is, qui finit sur un dialogue très réussi entre Wright et sa choriste.
D'où cette question : pourquoi faire des disques si tristes et ennuyeux quand on a un tel potentiel ?
Pendant l'interview de la chanteuse par Nic Harcourt, on en apprend un peu plus sur le processus d'enregistrement de The Orchard, et sont cités Joey Burns et John Convertino du groupe Calexico, ainsi que la chanteuse et guitariste Toshi Reagon, qui a co-écrit le très beau Coming Home. Cette dernière, également coollaboratrice régulière de Mark Anthony Thompson alias Chocolate Genius, est la fille de la chanteuse activiste Bernice Johnson Reagon, militante pour les droits civiques et la cause afro-américaine depuis de nombreuses années.


01 – Bernice Johnson ReagonHad, Took, Misled (Give Your Hands To Struggle 1975, ParedonRecords)
02 – FunkadelicWhat Is Soul (Funkadelic 1970, Westbound)
03 – Simon Dupree and Big SoundWhat Is Soul (Kites 60’s, SeeForMilesRecords)
04 – Toshi Reagon22 Hours (Have You Heard 2005, RighteousBabe)
05 – Chocolate Genius Inc.Chasing Strange (Black Yankee Rock 2005, CommotionRecords)
06 – M.WardWhat Is a Soul (Big Change-Songs for Finca 2007)
07 – Lizz WrightChasing Strange (Dreaming Wide Awake 2005, Verve)
08 – Bernice Johnson ReagonCotton Needed Pickin’So Bad
09 – Bernice Johnson ReagonOld Ship of Zion (Give Your Hands To Struggle 1975, ParedonRecords)
10 – Sam CookeRunning Out Tape (Portrait of a Legend 2003, Abkco)



Dans la compétition opposant plusieurs "nouvelles" jeunes chanteuses soul, l'anglaise Adele a largement pris le dessus sur l'agaçante galloise Duffy,
au vu de leurs sessions respectives dans Morning Becomes Eclectic.
Duffy : http://www.kcrw.com/music/programs/mb/mb080314duffy

Adele : http://www.kcrw.com/music/programs/mb/mb080321adele

Adele arrive à séduire par son naturel et sa décontraction. On peut imaginer la revoir un jour si la musique suit. En attendant, elle reprend To Make You Feel My Love de Bob Dylan, un morceau de Time Out of Mind (Columbia 1997).

Pour finir, une qui s’est mise tardivement à la soul c’est l'agitée mais ravissante Chan Marshall alias Cat Power, franchement hilarante pendant sa session où elle interprète des morceaux de son dernier disque Jukebox. Une très belle voix, mais on a du mal à se passionner pour des morceaux dont les versions originales sont pour la plupart insurpassables.
Dan Penn, l’auteur de Dark End of The Street (Cat Power s’interroge d’ailleurs là-dessus pendant l’interview), disait « on me demande souvent quel interprète je préfère pour chanter cette chanson, comme s’il y en avait eu un autre que James Carr ».

Cat Power : http://www.kcrw.com/music/programs/mb/mb080229cat_power

22/03/2008

SOFT DANGEROUS SHORES, Les Doux et Dangereux Rivages de Chris Whitley, 1960-2005 Ep.01

Si le grand n’importe quoi que furent les années 90 aura vu un Kurt Cobain porté aux nues pour des raisons qui échappent encore à l’auteur de ces lignes, ou un Jeff Buckley hurlant qu’il ne devait rien à son père au demeurant bien meilleur, ce qui s’est très vite avéré ridicule, l’essentiel aura été ailleurs. Et entre 1991, date de son premier album, et 2005, année où il est emporté par la maladie, l’essentiel c'est Chris Whitley.

Spadee Sam presents – Chris Whitley Mix Pt.01 : http://media.putfile.com/Spadee-Sam-presents---Chris-Whitley-Mix-Pt01

01 – Johnny WinterDallas (Johnny Winter, 1969 Sony)
02 – Cassandra WilsonI Can’t Stand The Rain (Blue Light ‘Til Dawn, 1993 Blue Note)
03 – Cassandra WilsonStrange Fruit (Moon Daughter, 1995 BlueNote)
04 – Emmylou HarrisDeeper Well (Wrecking Ball, 1995 Asylum)
05 – Daniel Lanois feat.Emmylou HarrisI Love You (Shine, 2003 Anti)
06 – Daniel LanoisSan Juan (Shine, 2003 Anti)
07 – U2 Tryin To Throw Your Arms Around The World (Achtung Baby, 1991 Island)
08 – Bob DylanLove Sick (Time Out of Mind, 1998 Columbia)
09 – Joe HenryLike She Was a Hammer (Fuse, MammothRecords)


Si Chris Whitley naît en 1960 à Houston, c’est Dallas, un morceau du bluesman Johnny Winter qui le convainc de faire l’acquisition d’une National Steel Guitar ou Dobro.
Après quelques années passées en Belgique où il rencontre sa première femme et où vient au monde sa fille, Trixie, il s’installe à New-York aux débuts des années 90. En 1991, il y rencontre Daniel Lanois, producteur entre autres d’Achtung Baby, le meilleur disque de U2 s'il en est.
A noter que Lanois est également excellent chanteur et guitariste. Ses disques Arcadie (1989) et surtout Shine, paru en 2003 sur le label Anti, sont plus que réussis. Ces jours-ci paraît son plus inégal Here Is What Is (Red Floor Records).
Le producteur canadien est aussi en grande partie responsable de l’un des meilleur album de Bob Dylan, le fantastique Time Out of Mind (Columbia), paru en 1998.
Chez Dylan, U2 ou chez la chanteuse de country Emmylou Harris, la production de Lanois est entre autres faite d’échos, de réverbérations et de guitare slide.
Le producteur canadien joue un rôle décisif dans la carrière de Chris Whitley puisqu’il lui présente Malcolm Burns, son assistant, qui va produire son premier album, Living With The Law, et 15 ans plus tard son dernier, Soft Dangerous Shores.
Un autre producteur est particulièrement important dans la carrière de Whitley. Craig Street est connu pour son travail avec Meshell Ndegeocello, Chocolate Genius, KD Lang, les Gypsy Kings, Lizz Wright ou Norah Jones, sur une grande partie de son Come Away With Me (BlueNote).
A la recherche du casting idéal, Street amène Whitley sur sa première production, l’album Blue Light ‘Til Dawn (BlueNote, 1993) de la chanteuse Cassandra Wilson. On entend ainsi la National Steel Guitar de Whitley sur I Can’t Stand The Rain. Deux ans plus tard, sur New Moon Daughter (Blue Note, 1995) de la même Cassandra Wilson et toujours produit par Craig Street, le dobro de Whitley est encore présent sur une reprise de Strange Fruit.
En 1998, le producteur aidera à relancer la carrière de Whitley en produisant le dépouillé Dirt Floor, sorti sur le label indépendant Messenger Records. Enregistré en une journée dans la maison abandonnée du père de Whitley, le disque recevra d’excellentes critiques et Bruce Springsteen ou Keith Richards feront part de leur admiration pour Whitley.

Ce premier mixe donne à entendre le morceau Dallas de Johnny Winter, les collaborations de Chris Whitley avec Cassandra Wilson et avec le chanteur Joe Henry. Les morceaux de U2, d’Emmylou Harris et de Bob Dylan sont produits par le chanteur et guitariste canadien Daniel Lanois dont on entend également deux morceaux issus de son album Shine.

Quelques vidéos :

Bob Dylan dans une extraordinaire version de Love Sick : YouTube - Bob Dylan - Love Sick
Johnny Winter, Mississippi Blues : YouTube - Johnny Winter-Mississippi Blues
Joe Henry, Trampoline : YouTube - Joe Henry - Trampoline
Daniel Lanois, Shine: YouTube - Daniel Lanois - Shine

Et surtout Chris Whitley : YouTube - Chris Whitley-Living With The Law

A suivre ...

15/09/2007

JOE HENRY - CIVILIANS (Anti, 2007)



Plus accessible et moins dense que les précédents Scar (Mammoth, 2001) et Tiny Voices (Anti, 2003), deux des plus grands disques parus ces dernières années, Civilians, le nouveau disque de Joe Henry est assez décevant. Dans les interventions des musiciens, la qualité de la production (Joe Henry, Craig Street) et celle du songwriting de Henry, se trouvait la quasi-perfection des deux disques précédents. Ici, ces détails qui habitaient le bien nommé Tiny Voices ont quasiment disparu au profit d'un accompagnement de mandoline assez fatiguant sur plusieurs titres.
Vous voudrez bien d'un autre coupable ? Si de la guitare de Bill Frisell s'échappent des notes toujours magnifique, il semble en retrait(e?!) sur ce disque et sa contribution aux albums de différents chanteurs folks américains ces dernières années n 'est pas toujours d'un interet majeur. Les derniers à avoir profité du talent de Frisell étant Vic Chesnutt sur Ghetto Bells (NewWest, 2005) (le morceau Forthright notamment) et Lucinda Williams sur "West" (LostHighway,2007).
Mais revenons à Civilians. La chanson titre qui ouvre l’album est, malgré une intro très "Madeleine Peyroux» plutôt pas mal. Suit Parker’s Mood à laquelle on préfèrera le morceau de Charlie Parker, puis Civil War, un peu indigeste.
On croit tenir quelque chose avec Time Is a Lion et son intro bluesy, mais on est vite refroidi par un refrain qui manque réellement de finesse.
You Can’t Fail Me Now me plait aussi peu que la version de Loudon Wainwright III sur son dernier disque Strange Weirdos et qui est d’ailleurs à peu de choses près la même (le même morceau et les mêmes musiciens, forcément...).
Pour les meilleurs moments, on écoutera Scare Me To Death, Our Song, le superbe Love Is Enough, et I Will Write My Book avec Van Dyke Parks au piano. God Only Knows termine le disque sur une note sombre mais superbe. On soulignera sur ce dernier titre le très bel accompagnement du batteur Jay Bellerose, formidable tout au long de l'album. Malheureusement, c'est souvent trop long, trop lent, comme sur Wave ou Shut Me Up et l’on sort du disque fatigué par l'accompagnement de Greg Leisz à la mandoline.
Dans une interview, on peut lire Joe Henry s'exprimer sur la magnifique photo de John Cohen qui illustre le disque : « on ne sait pas si la fille se dirige vers un mariage ou un enterrement ». C’est un peu le sentiment qu’on a après Civilians. Ni totalement déçu, ni vraiment enthousiasmé, on continuera encore un peu la route, histoire de voir...
Et l'on verra Joe Henry interpréter les chansons de Civilians dans l'émission "Morning Becomes Eclectic" sur la radio de Los Angeles KCRW.
Taper "Joe Henry" dans le moteur de recherche de l'émission et comparer avec sa prestation en 2003 pour l'album Tiny Voices.
Au plaisir.