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01/06/2008

SEPT FOIS PLUS CHAUD QUE LE FEU, ou T-Bone Burnett, musicien et producteur américain


Spadee Sam presents – A T-Bone Burnett Mix

01 – T-Bone BurnettEvery Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony)
02 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand 2007, Rounder)
03 – Cassandra WilsonPoet (Thunderbird 2006, Blue Note)
04 – T-Bone BurnettHollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony)
05 – T-Bone Burnett with Jade VincentMan, Don’t Dog Your Woman (The Soul of a Man 2003, Sony)
06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
07 – Vincent and Mr GreenLike You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
08 – Sam Phillips with Marc RibotIncinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch)
09 – The Alpha BandTick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista)
10 – T-Bone BurnettIt’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
11 – Joe HenryJohn Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth)
12 – T-Bone BurnettCriminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
13 – Roy OrbisonShe’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin)
14 – Joe HenryBen Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth)
15 – The Legendary Stardust CowboyI Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)


Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.

Bob Dylan feat.T-Bone BurnettShelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)

Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.

T-Bone Burnett feat.Marc RibotEvery Little Thing (Live 1992)

En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :

Roy OrbisonYou Got It
Roy OrbisonCalifornia Blue

Elvis CostelloKing of America (1986)
Sam PhillipsI Need Love (1994
Los LobosDon’t Worry Baby (1984)

Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.

Roy OrbisonIn Dreams (Black and White night)
Roy OrbisonCrying (Black and White Night)

(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando)
Roy OrbisonPretty Woman (Black and White Night)

En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.

Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années.
De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.

The Counting CrowsMr.Jones

Il participe également au succès du film des frères Coen, O Brother Where Art Thou (avec George Clooney/Clark Gable), en tant que conseiller musical.

Man of Constant Sorrow (O Brother Where Art Thou)

Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.

Walk The Line trailer


2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett.
Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop.
Exemple avec le morceau Palestine Texas :

T-Bone BurnettPalestine Texas

True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.

T-Bone BurnettEarlier Baghdad (The Bounce)

C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.

Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Live 2007)

Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.

Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia.
C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett.
Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien.
Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.

Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.


Cassandra Wilson - Easy Rider / Go to Mexico (Live in Basel 2006, AVO Sessions)

Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :

Legendary Stardust CowboyGemini Spaceship (Live 2007)
Legendary Stardust CowboyHey Hey It’s Saturday

Après ça …

04/03/2008

BEAUTY IS A RARE THING, Ornette Coleman et Quelques Chanteurs


On n’écrira pas une fois de plus l’histoire du jazz. Le saxophoniste Ornette Coleman, dont à propos des disques on peut encore régulièrement lire « ce n’est pas de la musique », est l’un des musiciens les plus importants du XXème siècle.
Ainsi, l’édifice du free jazz aura été construit sur les solides fondations que représentent les six albums gravés par Coleman pour le label Atlantic entre 1959 et 1962.
Et pour les « c’est que du bruit », et bien souhaitons encore beaucoup de bruit comme cette merveilleuse Lonely Woman de 1959.

http://youtube.com/watch?v=NgTr8Z2ioMk

Pas à proprement parlé un accompagnement, mais un dialogue d'égal à égal, c’est ce qui ressort à l'écoute des apparitions d’Ornette Coleman aux côtés de quelques chanteurs.

ORNETTE COLEMAN MIX : http://media.putfile.com/Spadee-Sam-presents---Ornette-Coleman-Mix

01 – Joe HenryRichard Pryor Adresses a Tearful Nation (Scar, Mammoth 2001)
02 – Claude NougaroGloria (Femmes et Famines, 1976)
03 – Lou ReedGuilty (The Raven, Reprise 2003)
04 – Ornette Coleman feat. Asha PuthliAll My Life (The Complete Science Fiction Sessions, Sony 2000)
05 – Ornette ColemanRichard Pryor Adresses a Tearful Nation Solo Sax (Scar, Mammoth 2001)

On n’a pas souvent entendu de disques dont la première plage atteignait de tels sommets. Avec Scar, Joe Henry laisse une cicatrice d’une affolante beauté, l’un des plus beaux disques de ces dernières années, où de la pochette à la dernière note du solo a capella de Coleman, plus loin que la fin, en passant par un casting de rêve (Brad Mehldau au piano, Marc Ribot à la guitare, Meshell Ndegeocello à la basse, Brian Blade et Abe Laboriel Jr à la batterie) et les textes magnifiques de Henry, tout est parfaitement génial.

Scar :

http://www.youtube.com/watch?v=YtG3VUlDW-0


Et quand au milieu de ce blues fantomatique qu’est Richard Pryor Adresses to a Tearful Nation, apparaît le saxophone d’Ornette Coleman dessinant la silhouette du comique afro-américain Richard Pryor, on tous les « c’est pas de la musique » se changeront immédiatement en des « c’est donc ça la musique ».

Richard Pryor :

http://www.youtube.com/watch?v=d41SjzYhf44&feature=related


Puis un dialogue intense entre deux doux boxeurs, Claude Nougaro et Ornette Coleman, deux poètes physiques, renversants de lyrisme sur ce Gloria de 1976.

Une autre collaboration de Nougaro, celle avec le guitariste brésilien Baden Powell, sur Bidonville :

http://www.youtube.com/watch?v=m8Aaay_oSGE



Avec Lou Reed, le morceau Guilty sonne comme un hommage à la formation Prime Time de Coleman. Entre funk et free jazz, le saxophoniste croisait le fer dans les années 70 et 80 avec entre autres le bassiste Jamaaladeen Tacuma, le batteur Ronald Shannon Jackson, puis plus tard avec le bassiste Brad Jones (Marc Ribot Cubanos Postizos).

Ornette Coleman Prime Time :

http://youtube.com/watch?v=EuvsORVPw80&feature=related


Lou Reed, Who Am I puis Perfect Day (avec la pleureuse Antony, d’Antony and The Johnsons) , extraits de l’album The Raven sur lequel on trouve Guilty :

http://www.youtube.com/watch?v=0iJa_nwDpwI&feature=related


Quand à All My Life, sur les sessions de Science Fiction, c’est la chanteuse indienne Asha Puthli qu’on entend. Comme le montre cette vidéo, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’insistera pas longtemps dans la voix du free jazz oû l’avait mené Ornette Coleman.

The Devil is Loose, par Asha Puthli :

http://www.youtube.com/watch?v=wjpthud_qGQ&feature=related



Une manière d’aborder l'oeuvre d'Ornette Coleman et la musique, toujours…