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18/10/2008

PLAT DU JOUR 17 - Ep.04 - B.B.King, Bob Dylan


T-Bone Burnett aux manettes, Jim Keltner derrière les fûts, il y avait très peu de chance que le nouvel album de B.B.King soit mauvais. Il est vraiment bon.
Aucune faute de goût dans la production, des musiciens parfaits, tout y est.
On peut alors goûter aux délices de piano bastringue servis par Dr John sur I Get So Weary ou My Love Is Down, discrètement accompagné de cuivres Nouvelle-Orléans, apprécier les classiques How Many More Years ou The World Go Wrong, emballer sur Waiting For Your Call et Blues Before Sunrise et trembler sur Backwater Blues et l’émouvant Tomorrow Night qui clôt l’album de la meilleure des manières.

B.B.KingGet These Blues Off Me



B.B.KingTomorrow Night



Une fois de plus, Burnett prouve qu’il est l’un des plus grands producteurs actuels, avec une touche personnelle et un sens du casting évident. Beaucoup devraient en prendre de la graine.



Le 8ème volume des « Bootlegs » de Bob Dylan, autre légende vivante, est sorti il y a quelques jours et c’est une toute autre histoire. On attendait beaucoup des sessions de Time Out of Mind, répétons-le, son meilleur disque. Mais à part l’excellent et terrifiant Dreamin’ Of You, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une version alternative de Can’t Wait et deux morceaux, Mississippi et Marchin’ To The City venant juste rappeler l’atmosphère moite qui enveloppe le disque produit par Daniel Lanois en 1997.
On relèvera encore un émouvant Most of The Time issu des sessions de Oh Mercy, également produit par Lanois en 1989.
Mais il y a trop de morceaux quelconques sur ce Tell Tale Signs et pas grand-chose pour équilibrer la balance.

Bob Dylan - Marchin' To The City (Sessions Time Out of Mind) (Tell Tale Signs-Bootlegs Vol.08 2008, Columbia)

12/08/2008

PLAT DU JOUR 14 - Traveling Alone Ep.01 - Traveling Alone Mix




Spadee Sam presents – Traveling Alone Mix



01 - Myriam AlterWas It There (Where Is There 2007, Enja)
02 – Daniel ZamirLove (I Believe 2008, Tzadik)
03 – Corin CurschellasOlma de Vali (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
04 – Simone Massaron and Carla BozulichDandelions on Fire (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
05 – John MellencampDon’t Need This Body (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
06 – Corin CurschellasPinada (Grischunit 2008, TräumtonRecords)
07 – Ron SexmithTraveling Alone (Exit Strategy of The Soul 2008, YepRocRecords)
08 – Simone Massaron and Carla BozulichMy Hometown (Dandelions on Fire 2008, LongSong)
09 – John MellencampJohn Cockers (Life, Death, Love and Freedom 2008, HearMusic)
10 – Todd Sickafoose – Whistle (Tiny Resistors 2008, Cryptogramophone)
11 – Phantom Orchard feat.Maja S.RatkjeOmni (Orra 2008, Tzadik)
12 – Simone Massaron and Carla BozulichNever Saw Your Face (Dandelions On Fire 2008, LongSong)

27/06/2008

EN SOLDES ! T.Buckley,R.Nathanson,Prince,M.Gaye,R.Orbison,N.Springsteen,H.Lavoe,La Lupe,M.Santamaria,Baby Loves Jazz


Spadee Sam presents –After The Dance Mix

01 – The Baby Loves Jazz BandTen Little Monkeys (Go Baby Go 2006, Verve)
02 – Monguito Santamaria feat.Ronnie MarksCrying Time (Blackout 1970, Fania)
03 – Roy OrbisonBlue Angel (Lonely and Blue 1960, Monument/Legacy)
04 – Bruce Springsteen with The Sessions BandFurther Up (On The Road) (Live in Dublin 2007, Columbia)
05 – Roy NathansonHome (Sotto Voce 2006, AumFidelity)
06 – Marvin Gaye – I Wanna Be Where You Are (After The Dance) (I Want You , Motown)
07 – Hector LavoeTus Ojos (La Voz 1975, Fania)
08 – La LupeAlivio (They Call Me La Lupe 1966, Fania)
09 – PrinceRaspberry Beret (Around The World In a Day 1985 , Warner Bros.)


Profitez des soldes pour acheter des disques...
Le Baby Loves Jazz Band est un projet plutôt drôle puisqu’il s’agit de reprendre des chansons populaires pour enfants en version jazz. Sans se prendre le moins du monde au sérieux, le trompettiste Steven Bernstein (Sex Mob, Millenium Territory Orchestra) réunissait autour de lui en 2006 le saxophoniste Briggan Krauss (Sex Mob), le claviériste John Medeski (Medeski, Martin and Wood), le batteur Ben Perowsky (John Zorn, Dave Douglas), les contrebassistes Brad Jones (Marc Ribot Cubanos Postizos, Ornette Coleman), et Lennie Plaxico (Cassandra Wilson, Chet Baker), ainsi que les chanteurs Babi Floyd (Rolling Stones) et l’excellente Sharon Jones. Working on The Railroad, Old MacDonald, Ten Little Monkeys ou You Are My Sunshine sont ainsi réinterprétés, et l’album comporte une dizaine d’interludes musicaux explicatifs sur les différents instruments (la trompette, le piano, la batterie, etc). Les enfants qui fêtent leur anniversaire avec Go Baby Go dans la platine ont bien de la chance.

Trois albums issus du label Fania, le label essentiel du latin jazz des années 60 à 80.

Blackout, du pianiste Monguito Santamaria, fils de l’immense percussionniste cubain Mongo Santamaria, est un très bon disque. Si les morceaux en espagnol sont assez classiques, ceux, au nombre de quatre, chantés en anglais par Ronnie Marks sont excellents et ravissent les collectionneurs de morceaux latin jazz chantés en anglais dont on fait partie.
Si c'est également votre cas, pensez à jeter une oreille sur le I Need Her, a Latin Jazz Mix, en écoute sur le myspace de Spadee Sam, avec entre autres Chollo Rivera et Joe Bataan.

La Voz, paru en 1975, est le premier album sous son nom du grand chanteur Hector Lavoe, qui survole ce disque magnifique. La salsa à son sommet (arrangements de Willie Colon et Louie Ramirez, Ruben Blades aux chœurs), avec en final le génial Mi Gente, et des boléros à tomber, comme ce superbe Tus Ojos.
On notera que Milton Cardona, dont on avait parlé lors de l’article sur Kip Hanrahan dont il est un proche, est crédité aux congas.

Le troisième album Fania acheté ces jours-ci est They Call Me La Lupe. La Lupe est probablement la plus grande gueuleuse de l’histoire de la musique. Mais c’est aussi l’une des plus grandes interprètes de boleros, du genre à vous donner la chair de poule à chaque morceau. C’est encore le cas ici avec El Preso Numero Nueve, Pensando en Ti et Alivio, qui cohabitent avec les plus casse-gueules El Cascabel, l’America de West Side Story et la reprise du Dominique de Sœur Sourire !La Lupe, c’est aussi ces Oy brûlants comme une après-midi cubaine en plein soleil.

On évoquait Roy Orbison en retraçant la carrière de T-Bone Burnett.
Lonely and Blue, paru en 1960, est la quintessence du style d’Orbison, soit des ballades romantiques enrobées de cordes, au-dessus desquelles plane l’incroyable voix du chanteur, l’une des plus exceptionnelles de la musique populaire. Oh Happy Days !

Roy Orbison est cité par Bruce Springsteen sur le morceau Thunder Road (as the radio plays Roy Orbison singing for the lonely). On en avait déjà parlé il y a de cela plusieurs mois mais le live à Dublin de Springsteen et son « sessions band » est l’un des meilleurs disques, si ce n’est le meilleur, du boss. La version d’Atlantic City qui ouvre l’album est exceptionnelle et plusieurs autres morceaux sont du même niveau. Les musiciens sont excellents, on peut entendre Mark Anthony Thompson sur Eyes on The Prize et ce très beau Further On (Up The Road) ainsi que le superbe violon de Sam Bardfeld.

On retrouve ce dernier sur un autre disque essentiel, paru en 2006 sur le label Aum Fidelity. Sotto Voce, du saxophoniste Roy Nathanson est l’un des meilleurs projets de ces dernières années. Autour de lui, Sam Bardfeld donc au violon, Curtis Fowlkes au trombone, Tim Kiah à la contrebasse et Napoleon Maddox, que vous connaissez bien si vous lisez ce blog de temps à autres, à la « boîte à rythme humaine ». Ce dernier assure donc la partie rythmique, et Nathanson est aussi génial au saxophone que sur les parties vocales. Qui peut encore reprendre Sunny sans tomber dans le ridicule ? Maddox, lui, chante même sur Sunrise, Sunset, un morceau dont on laissera quand même la version définitive à Claudine Longet

On ne s’étendra pas sur Marvin Gaye et son I Want You produit par Leon Ware, autre grand sentimental, l’un des sommets de la musique soul, comme le sont la plupart des disques de Marvin Gaye. Disons juste que sur la version Deluxe se trouve I Wanna Be Where You Are (After The Dance), et cela devrait être suffisant pour vous convaincre d’acquérir ce disque.

Enfin, Around The World in a Day, la cuvée 1985 de Prince. Pas son plus grand disque, c’est sûr, la production d’époque fait souffrir. Mais rien que pour Raspberry Beret, difficile de regretter l’achat. On parle rarement de ce qui fait la force de Prince, et qui pourrait être le dénominateur commun des plus grands de la musique populaire. Oui, comme chez Debussy ou Dylan, ce qui fait la différence, c’est le sens du rythme, du phrasé, une manière de tisser d'incroyables lignes mélodiques. Il y a chez ces musiciens la même façon de partir dans une phrase et de retomber naturellement au moment parfait. Ecoutez le deuxième couplet de Raspberry Beret et vous entendrez Dylan dans la voix et dans le rythme (If I planned 2 do her any harm). Cette perfection dans le rythme de la mélodie, on la retrouve à maintes reprises chez Prince, par exemple sur Joy in Repetition. On lui consacrera bientôt plus de temps.


En bonus, le premier DVD sur Tim Buckley, My Fleeting House, sorti chez Manifesto. Autant dire que si vous aimez la musique, il faut vous précipitez sur l’occasion de voir rassembler toutes les images de Tim Buckley en concert. Tim Buckley est l’un des plus grands génies de la musique du XXème siècle. Alors que l’on en fait des tonnes sur Zappa, on parle beaucoup moins du père de Jeff, qui a pourtant en moins d'une dizaine d'années repoussé toutes les limites. Chanteur fabuleux et bien moins agaçant que son fils, extraordinaire musicien, on peut voir sur ce documentaire l’évolution de son style depuis le folk des débuts jusqu’au funk salace des derniers jours, en passant par le free jazz. On peut penser que Tim Buckley est l’un des plus grands chanteurs de jazz.
Et puis il y a ce moment surréaliste où Buckley, assis sur l’un des fauteuils de l'émission de Steve Allen après avoir chanté Morning Glory, semble perdu et affligé par la conversation entre le présentateur et l’une des invités qui lui parle de… sa coupe de cheveux !

Tim Buckley
- Live Boboquivari

01/06/2008

SEPT FOIS PLUS CHAUD QUE LE FEU, ou T-Bone Burnett, musicien et producteur américain


Spadee Sam presents – A T-Bone Burnett Mix

01 – T-Bone BurnettEvery Time I Feel The Shift (The True False Identity 2006, Sony)
02 – Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Raising Sand 2007, Rounder)
03 – Cassandra WilsonPoet (Thunderbird 2006, Blue Note)
04 – T-Bone BurnettHollywood Mecca of The Movies (The True False Identity 2006, Sony)
05 – T-Bone Burnett with Jade VincentMan, Don’t Dog Your Woman (The Soul of a Man 2003, Sony)
06 – Vincent and Mr Green - $2.50 (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
07 – Vincent and Mr GreenLike You (Vincent and Mr Green 2004, Ipecac)
08 – Sam Phillips with Marc RibotIncinerator (Fan Dance 2001, Nonesuch)
09 – The Alpha BandTick Tock (The Statue Makers of Hollywood 1978, Arista)
10 – T-Bone BurnettIt’s Not Too Late (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
11 – Joe HenryJohn Hanging (Shuffletown 1990, Mammoth)
12 – T-Bone BurnettCriminals (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)
13 – Roy OrbisonShe’s a Mystery To Me (Mystery Girl 1989, Virgin)
14 – Joe HenryBen Turpin In The Army (Shuffletown 1990, Mammoth)
15 – The Legendary Stardust CowboyI Took a Trip (Ona Space Shuttle) (Paralysed, His Vintage Recordings 1968-1981)


Depuis Los Angeles, où il s’installe définitivement au début des années 70, Joseph Henry « T-Bone » Burnett se fait d’abord connaître en accompagnant Bob Dylan dans son Rolling Thunder Review Tour, puis avec son propre groupe, The Alpha Band, qui publie entre 1976 et 1978 sur le label Arista, trois albums dispensables.

Bob Dylan feat.T-Bone BurnettShelter from The Storm (Live 1976) (Burnett en bleu à la guitare)

Burnett commence alors une carrière solo, dont la discographie affichera en 1992 cinq albums, mélanges de country, new wave, pop, rock et blues, tous signes d'une immense culture musicale, et dont les résultats parfois mitigés ne seront pas toujours négligeables, comme avec l’excellent The Criminal Under My Own Hat, paru en 1992.

T-Bone Burnett feat.Marc RibotEvery Little Thing (Live 1992)

En parallèle de ses disques solo, T-Bone produit des disques pour Elvis Costello, Los Lobos, sa compagne Sam Phillips, et surtout, à la fin des années 80, pour le roi des cœurs brisés et de la nuit californienne, Roy Orbison. Quelques mois avant sa mort, ce dernier grave Mystery Girl, qui contient des tubes comme You Got It, California Blue ou l’extraordinaire chanson qui donne son titre à l’album, composée par Bono et The Edge :

Roy OrbisonYou Got It
Roy OrbisonCalifornia Blue

Elvis CostelloKing of America (1986)
Sam PhillipsI Need Love (1994
Los LobosDon’t Worry Baby (1984)

Burnett est le directeur artistique du dernier testament d’Orbison, le concert Black and White Night, qui voit Costello, Bruce Springsteen, Tom Waits ou K.D.Lang entourer l’homme aux lunettes noires.

Roy OrbisonIn Dreams (Black and White night)
Roy OrbisonCrying (Black and White Night)

(la scène du théatre dans Mulholland Drive de David Lynch...Llorando)
Roy OrbisonPretty Woman (Black and White Night)

En 1990, le bénéficiaire des talents de producteur de Burnett est Joe Henry, sur Shuffletown, le meilleur disque de sa première période, sur lequel on entend entre autres le trompettiste Don Cherry. Pas mal quand on sait que dix ans plus tard, sur Scar, c’est Ornette Coleman qui sera de la partie.

Après The Criminal Under My Own Hat en 1992, un disque nommé aux Grammy Awards, Burnett décide de stopper sa carrière discographique. Plus rien à dire. Il endosse alors la casquette de producteur, qu’il va garder à temps plein pendant une quinzaine d’années.
De l’énorme succès américain des affreux Wallflowers, le groupe de Jakob Dylan, fils de Robert, jusqu’au Mr Jones des Counting Crows, matraqué jusqu’à l’écoeurement par les radios dans les années 90, de Eels à Joseph Arthur (mais que sont-ils devenus ?), Burnett est derrière un grand nombre de succès commerciaux, pas tous géniaux certes, mais pas non plus honteux.

The Counting CrowsMr.Jones

Il participe également au succès du film des frères Coen, O Brother Where Art Thou (avec George Clooney/Clark Gable), en tant que conseiller musical.

Man of Constant Sorrow (O Brother Where Art Thou)

Burnett remet le couvert pour Ladyillers, le film suivant des Coen (avec Tom Hanks) puis pour Walk The Line, le film moyennement biographique sur Johnny Cash avec Joaquin Phoenix.

Walk The Line trailer


2006 est l’année charnière pour Burnett. Il liquide la première partie de sa carrière avec le best of Twenty Twenty, The Essential T-Bone Burnett.
Au même moment paraît The True False Identity, son premier disque depuis 15 ans, où l’on retrouve la guitare de Marc Ribot, omniprésente tout au long du disque, et une production superbe, fruit d’une recherche sur le son commencée depuis plusieurs années. Un son en « 3D », large et chaud, au milieu duquel la voix de Burnett évolue avec un phrasé qui doit autant à Roy Orbison qu’à Bob Dylan et qui flirte, comme Dylan du reste, avec celui du hip-hop.
Exemple avec le morceau Palestine Texas :

T-Bone BurnettPalestine Texas

True False Identity est un disque superbe, tout en rythmes, imprimés par les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner. Le son de guitare de Ribot est parfait et l’enveloppe sonore que crée Burnett autour de ses chansons est une merveille.

T-Bone BurnettEarlier Baghdad (The Bounce)

C’est du reste la qualité sonore de Raising Sand, l’album de Robert Plant et d’Alison Krauss, paru il y a quelques mois et produit par Burnett, qui en fait une réussite.

Robert Plant and Alison KraussRich Woman (Live 2007)

Rich Woman est ainsi le parfait exemple de l’univers sonore du producteur. Un grain unique, des couches de sons multiples, des instruments doublés ou triplés et au final, une impression d’espace, mais une musique très proche. Le but de Burnett, « donner l’impression à l’auditeur qu’il est assis au milieu de la pièce où jouent les musiciens » est atteint.

Avant Raising Sand et la même année que The True False Identity, Burnett produit Thunderbird, le meilleur album de la chanteuse Cassandra Wilson. Musiciens de luxe encore une fois, avec les guitaristes Marc Ribot et Colin Lindell, les batteurs Jay Bellerose et Jim Keltner, le fidèle contrebassiste de Wilson, Reginald Veal et, comme sur son propre disque, le claviériste Keefus Ciancia.
C’est ce dernier qui amène la touche hip-hop/trip-hop dans ces deux disques, sur Closer To You, It Would Be So Easy, Strike a Match ou Poet chez Wilson, Palestine Texas chez Burnett.
Keefus Ciancia, membre du groupe P-funk Weapons of Choice, est également partenaire de la chanteuse Jade Vincent dans le projet Vincent and Mr Green, dont l’unique album à ce jour, paru en 2004 sur le label de Mike Patton, Ipecac, est un très bon disque de folk trip-hop tordu et lynchien.
Thunderbird se termine quant à lui par Tarot, un morceau aimanté par le fabuleux solo d’harmonica de Grégoire Maret.

Plutôt que sur son dernier disque, le très moyen Loverly, précipitez-vous sur Thunderbird, un grand disque de blues par Cassandra Wilson.


Cassandra Wilson - Easy Rider / Go to Mexico (Live in Basel 2006, AVO Sessions)

Et alors que sort ces temps-çi sur le label Nonesuch le nouvel album de T-Bone Burnett, l'inégal Tooth of Crime, et que s’apprête à paraître sur le même label celui de la chanteuse Sam Phillips, revenons aux tous débuts, quand Burnett produisait les Legendary Stardust Cowboy, en tous points légendaires :

Legendary Stardust CowboyGemini Spaceship (Live 2007)
Legendary Stardust CowboyHey Hey It’s Saturday

Après ça …

27/05/2008

PLAT DU JOUR 8 - Al Green, Milton Nascimento, The Roots, Martina Topley-Bird, Guns N'Roses

Spadee Sam presents - Strugglin' Mix


01 – Guns N’Roses You Ain’t The First (Use Your Illusion 1 1991, Geffen)
02 – The Roots75 Bars (Black’s Reconstruction) (Rising Down 2008, DefJam)
03 – Al Green feat.Anthony HamiltonYou’ve Got The Love I Need (Lay It Down 2008, BlueNote)
04 – Milton Nascimento with Jobim TrioTudo Que Vocé Podia Ser (Novas Bossas 2008, EMI)
05 – Milton Nascimento and BelmondoCançao do Sal (Nascimento and Belmondo 2008, B-Flat Recordings)
06 – Milton NascimentoCravo e Canela (Clube da Esquina 1972, WordlPacific)
07 – Al Green feat.Anthony HamiltonLay It Down (Lay It Down 2008, BlueNote)
08 – Martina Topley-BirdPoison (The Blue God 2008, PIAS)
09 – Martina Topley-BirdSandpaper Kisses (Quixotic 2003, Independiente)
10 – TrickyStrugglin’ (Maxinquaye 1995, Island)


Des mort-vivants, des fantômes, des retours et des départs.

Ou l’on constate avec bonheur, en réécoutant pour la première fois depuis 10 ans les Use Your Illusion des Guns N’Roses, le nombre impressionnant de tubes rock n’roll (Bad Obsession, Pretty Tied Up) écrits par le groupe au début des années 90. Ne venez plus nous gonfler avec Nirvana.

Ces derniers temps, Questlove semblait passer plus de temps la gueule ouverte, donnant son avis sur tout et n’importe quoi, qu’à faire de la musique. Avec le dernier album des Roots, on ne peut pas dire que se remettre au boulot lui ai vraiment porté bonheur, mais au moins l’entend-on jouer de la batterie, ce qu’il fait plutôt bien, comme sur ce 75 Bars direct.
Mais les Roots ont quand même lâché depuis longtemps le wagon de tête des meilleures productions hip-hop.

Avec James Poyser, Questlove s’est également occupé de produire le nouvel album d’Al Green, Lay It Down. Willie Mitchell à la place de Willie Mitchell, l’album pourrait sortir du Studio Royal de Memphis et paraître chez Hi Records. Mais nous ne sommes plus en 1972 et il n’y aurait alors pas eu l'excellent Anthony Hamilton pour donner la réplique au Révérend, qui chante comme s’il avait vingt ans. Hamilton est présent sur Lay It Down, un slow dans le pur style de Green, et sur You’ve Got The Love I Need, à écouter en décapotable, cheveux au vent. Alors tout n’est pas exceptionnel non plus, les apparitions de Corinne Bailey-Rae ou de John Legend tombent à plat, mais c’est un disque d’Al Green, comme on aimerait en entendre encore longtemps.

Une autre légende qui fait l’actualité, c’est le chanteur brésilien Milton Nascimento. Physiquement mal en point, il est pourtant au cœur des disques des frères Belmondo et du Jobim Trio.
Sur le premier, ce sont ses propres chansons qui sont à l’honneur. Emouvant, mais gâché par un orchestre de cordes hollywoodiennes bien sirupeuses.
C’est pour les 50 ans de la naissance de la bossa nova que le chanteur participe au second, en compagnie de Paulo et Daniel Jobim et du batteur Paulo Braga.
Dans les deux cas, c’est un Nascimento fatigué qu’on entend, bien loin des sommets vocaux qu’il atteignait à la fin des années 60 et au début des années 70.
Rappelons qu’avec Clube da Esquina, Nascimento et sa bande de musiciens ont enregistré l’un des plus grands albums pop de l’histoire de la musique, bien meilleur que les trois quarts des albums anglo-saxons habituellement cités dans cette catégorie.

Milton Nascimento with Wagner TisoTravessia
Milton Nascimento with Belmondo Bros. – Maria Maria

La chanteuse Martina Topley-Bird continue elle sa triste marche en arrière.
Dans les années 90, elle était cette sublime voix éraillée, les cordes vocales prises dans les nuages d’herbe que fumait compulsivement son compagnon d’alors, Tricky. C’était les années Massive Attack, puis l’heure du premier album solo du chanteur, et son chef d’œuvre, Maxinquaye. Bien des années plus tard, Martina Topley-Bird est revenue avec Quixotic, qui se tenait plutôt bien, même sans génie. Aujourd’hui, c’est avec un pénible The Blue God qu’elle se présente, et la pochette annonce déjà la couleur. Tiens donc, Danger Mouse est aux manettes. Après Gorillaz, le dernier disque des Black Keys ou le dernier Sparklehorse, le producteur continue lui aussi de montrer que tout ce qu’il touche se transforme en échec artistique. Pas grand-chose à proposer, ni au niveau du son, ni à celui des arrangements, disons-le sans hésiter, le label « produit par Danger Mouse » est une belle arnaque.

Le week-end prochain, on parlera d'un producteur, d'un vrai, de T-Bone Burnett.

21/05/2008

PLAT DU JOUR 7 - T-Bone Burnett, 3 Na Massa, Tribeqa, Tom Waits, Edith Piaf, Kid Creole, Billy Bon Thornton,



Spadee Sam presents - Starlight Lounge Mix

01 – Johnny PateBrother (Title) (Brother On The Run O.S.T. 1973)

02 – 3 Na Massa feat.Leandra LealCerteza (3 Na Massa 2008, NubluRecords)

03 – T-Bone BurnettAnything I Say Can and Will Be Used Against You (Tooth of Crime 2008, Nonesuch)

04 – T-Bone BurnettTear This Building Down (The Criminal Under My Own Hat 1992, Sony)

05 – Dr Buzzard’s Original Savannah BandSunshower (Going Places, The August Darnell Years 1976-1989, Strut)

06 – Tribeqa feat.DajlaBridge The Gap (Tribeqa 2008, Underdog)

07 – Edith PiafLes Blouses Blanches (Olympia 1961)

08 – Tom WaitsAnywhere I Lay My Head (Rain Dogs 1989, Island)

09 – Billy Bob ThorntonStarlight Lounge (Private Radio 2001, Universal)




Un "easy listening" de qualité chez les trois brésiliens de 3 Na Massa, projet électro-erotico-lounge qui s’inspire du travail de Gainsbourg, avec les participations des chanteuses Ceu ou Nina Miranda, cette dernière à l'oeuvre il y a quelques années de cela dans Smoke City, et désormais dans Zeep.


Myspace 3 Na Massa


Quelques mois après avoir produit l’excellent disque du duo Robert Plant/Alisson Krauss, le guitariste-chanteur-producteur T-Bone Burnett publie Tooth of Crime sur le label Nonesuch. A l’origine, des compositions écrites en 1996 pour une pièce de Sam Shepard et enregistré au fil des années avec les fidèles Marc Ribot ou Sam Phillips. Quelques bonnes chansons mais l’album n’est pas au niveau du superbe The True False Identity (Sony) paru il y deux ans.

En 1992, Marc Ribot était déjà un fidèle et sa guitare illuminait Tear This Building Down sur un album au titre génial, The Criminal Under My Own Hat.

Myspace T-Bone Burnett


Future Kid Creole, August Darnell fut d'abord Dr Buzzard. Sur cette compilation qui regroupe certains de ses projets de la fin des années 70 et du début des années 80, on trouve ce magnifique Sunshower, idéal pour les matinées estivales. Et puis à l'heure où le ridicule ne semble pas vouloir tuer à en juger par le succés de conneries comme MGMT, rappelons-nous que bien plus digeste, bien meilleur, bien plus cool en résumé a déja été commis il y a fort longtemps. Ah, ces jeunes!

L'excellente chanteuse Dajla (auteur du très bon Soul Poetry en 2007) et le flûtiste Magic Malik, moins bien vu par ici, sont présents sur Tribeqa, un disque sur lequel vous pouvez largement jeter une oreille.

Myspace Tribeqa

My Space Dajla


C’est dans l’émission de Philippe Meyer, dimanche matin dernier sur France inter, qu'on pouvait entendre Les Blouses Blanches, une chanson incroyable, écrite, pour les paroles, par Michel Rivgauche, et pour la musique, par Marguerite Monnot. En revanche l'interprétation n'est pas terrible...!


A l’affiche du prochain Woody Allen, l’actrice Scarlett Johansson sort également ces temps-ci son album de reprises de Tom Waits (Anywhere I Lay My Head). Un disque totalement sans intérêt et, comme souvent, voir tout le temps, avec les reprises de Tom Waits, mieux vaut se tourner vers l’original, qui l’est déjà tellement qu’il parait vain de vouloir en faire autre chose.


Arte diffusait cette semaine The Barber, le film des frères Coen avec, dans le rôle principal, Billy Bob Thornton. Lui aussi fait partie des acteurs qui chante. Quelques albums de country rock bien américaine et, sur le premier, Starlight Lounge, une belle ballade enfumée à l’ancienne.


Starlight Lounge

16/02/2008

EXERCICES FUTILES, ou l'Eclectique Marc Ribot

Photo : Claudia Marschal

Excellent concert du Marc Ribot Spiritual Unity à Pôle Sud Strasbourg, vendredi 8 février.
Le guitariste y était particulièrement en forme. A la batterie Chad Taylor assurait aussi bien que Roy Campbell à la trompette, tandis que devant Henry Grimes, c’est la crainte qui vous saisissait et mieux valait ne pas croiser son regard lorsqu’était calé sous son menton le violon qu’il martyrisait pendant un superbe solo!
Pour avoir vu la formation il y a trois ans à Bâle, le concert de Strasbourg s’est révélé bien meilleur, beaucoup plus aéré, énergique et joyeux qu’à l’époque.
Les premières notes du concert résumaient bien la principale qualité de Ribot, à savoir celle de laisser la place aux silences, à l’espace dans la musique. De fait c'est avec plaisir qu'on le retrouve jouant sur quantités de disques dont on reparlera.
En ce qui concerne le Spiritual Unity, c’est autant la musique que le projet lui-même qui est remarquable. Donner aujourd’hui au public l’occasion d’entendre le répertoire d’un musicien aussi important qu’Albert Ayler avec en toile de fond l’évocation de moments incontournables de l’histoire de la musique, le free jazz, les marches funèbres des big bands de la Nouvelle-Orléans, les riffs du rock électrique ou du funk.

En tout cas, si pendant et après le concert, le public semblait dans l’ensemble avoir passer une très bonne soirée, quelques uns se sont révélés être de l’avis contraire, ce qui au passage est toujours assez rassurant …

A propos du concert de Strasbourg :

http://stef-blogapart.blogspot.com/2008_02_01_archive.html

Et sur celui du lendemain à Paris :

http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/02/13/7915963.html

http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2008/02/10/revival-free.html

http://bladsurb.blogspot.com/2008/02/hommage-albert-ayler-cit-de-la-musique.html


L’éclectisme des collaborations de Marc Ribot est vraiment admirable. En voici un très petit aperçu avec trois vidéos.

D’abord un extrait d’un concert solo, « formule » sous laquelle Ribot excelle. Ici, une magnifique version de Happiness Is a Warm Gun des Beatles (White Album, 1968), que l’on peut retrouver sur le disque Saints (2001, Atlantic/WEA) de Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=6VjKKFu83xw


Puis avec les Cubanos Postizos, impressionante formation all-stars avec Anthony Coleman au clavier, Brad Jones à la contrebasse, et les Rodriguez, E.J. aux percussions, Roberto à la batterie (sans lien de parenté) pour soutenir Ribot dans l’hommage qu’il rend au guitariste et chanteur cubain Arsenio Rodriguez sur les deux disques avec les Cubanos Postizos, Marc Ribot y Los Cubanos Postizos (1998, Atlantic/WEA) et Muy Divertido (2000, Atlantic/WEA) :

http://www.youtube.com/watch?v=zLM0z0SdMX8

Enfin, l’une de ses collaborations les plus récentes, sur Raising Sand (2007, Rounder), le disque de Robert Plant et de la chanteuse Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett, avec quelques excellentes vidéos ici :

http://www.cmt.com/shows/dyn/cmt_crossroads/127935/episode.jhtml

Sur celles-çi, ne ratez pas les reprises de Black Dog ou de When The Levee Breaks de Led Zeppelin ainsi que le fantastique morceau fantôme Rich Woman avec son enveloppe sonore dont l'entoure le génial T-Bone Burnett.

Des hommages à Albert Ayler ou à Arsenio Rodriguez jusqu’à la participation à un projet plus grand public entre country, blues et variété de qualité, ses multiples projets avec John Zorn, sa présence sur les disques de Tom Waits, Vinicio Capossela, Susana Baca, Sarah Jane Morris, Chocolate Genius, Elysian Fields, Zakarya, Jean-Louis Murat, Alain Bashung, T-Bone Burnett, Cassandra Wilson, et d’autres, suivre Marc Ribot n’est certainement pas un exercice futile...

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)

01/10/2007

SPRINGSTEEN, BRUCE, PATTI, PAMELA, ...

Ces jours-ci, la famille Springsteen est aux affaires.

Ce matin sur France Inter, l’horrible Magic était présenté comme un excellent disque faisant suite à, je cite, «l’interprétation en solo des chansons du chanteur folk Pete Seeger ». Au moins ce dernier était vraiment un chanteur folk car pour le reste des infos du jour, on est assez loin du compte! On peut largement éviter Magic qui débute par l’improbable rencontre entre Renaud et Pearl Jam sur Radio Nowhere. Mal produit, manquant de finesse, oubliez ça et procurez vous les excellents disques de Springsteen consacrés à Pete Seeger.

L’album studio We Shall Overcome, The Pete Seeger Sessions n’est pas un disque solo puisque c’est plutôt l’idée de réunir des amis dans le but d’intérpréter les morceaux de Seeger dans une ambiance familiale qui est à la base du projet. En tout cas le disque est réussi, et des morceaux comme Keep Your Eyes On The Prize ou Mary Won’t You Weep sont réjouissants. Le Live in Dublin documentant la tournée du disque est encore meilleur, l’énergie de Springsteen et la qualité des musiciens présents sur le projet faisant de cet album le meilleur du Boss. Les mêmes morceaux que précédemment cités sont joués avec une joie communicative et la relecture d’Atlantic City par exemple est superbe. Soulignons que sur Eyes on The Prize, c’est Mark Anthony Thompson (Chocolate Genius) qui prend le micro pendant une partie de la chanson.

Patti Scialfa, femme de Bruce, qui participait à l’aventure de ces Seeger Sessions s’en sort beaucoup mieux avec Play It As It Lays (ColumbiaRecords) qui a ses bons moments comme le très beau et très soul Play Around. Si L’ensemble souffre d’un son de batterie un peu clinquant, Scialfa chante très bien, d’une voix qui rappelle énormément celle de Marianne Faithful. On est en excellente compagnie sur des titres comme Rainy Day Man ou Run Run Run, Patti Scialfa s’avére en tout cas etre cet automne beaucoup plus fréquentable (en tout bien tout honneur) que son mari.

Le mari, la femme, ...la sœur.

C’est Pamela Springsteen qui signe la photo illustrant le disque de Robert Plant et de Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett.
Raising Sand est la rencontre entre le vieux chanteur anglais de Led Zeppelin et la beaucoup plus jeune chanteuse de country américaine.
Plant n’a jamais aussi bien chanté, la production « blues 4 étoiles » de Burnett est superbe et on est soufflé dès Rich Woman qui ouvre le disque et ou tout semble flottant, aérien. Après le magnifique Thunderbird de Cassandra Wilson et son propre True False Identity, T-Bone Burnett devient le créateur officieux du blues du XXIème siècle. Casting de musiciens parfaits (Marc Ribot à la guitare comme sur les deux disques pré-cités) et ce son, spatial, large, cotonneux.
Alors peut-être qu’un peu plus de folie n’aurait pas nuit au disque. Mais entendre Plant nous redonner la chair de poule sur Nothin’ et Fortune Teller comme à l’époque de Led Zeppelin sur Since I’ve Been Loving You nous donne l'envie de rêver à un disque de blues avec Marc Ribot. Pour se faire une idée, écoutez 21 Years, superbe duo entre Plant et le défunt guitariste Rainer Ptacek sur l'album hommage à ce dernier, The Inner Flame (Atlantic/WE, 1997). Magique.
Affaire à suivre donc…