03/02/2011

"Pas de Chansons d'Amour", Il Mago Vinicio Capossela

Il y a un moment que les disques du chanteur, pianiste, guitariste et écrivain italien Vinicio Capossela squattent quelques unes des meilleures places de ma discothèque. Depuis sa découverte, il y a une dizaine d’années, alors que je me penchais sur les innombrables collaborations du guitariste new-yorkais Marc Ribot.
Que dire d’original sur cet artiste qui l’est vraiment, lui, original. Vous pourrez lire un peu partout qu’il est le « Tom Waits italien ». Si vous êtes sensibles à la musique de ce dernier et que l’Italie reste pour vous source de nombreux fantasmes autres que les orgies dans les sous-sols des palais présidentiels, alors penchez-vous sur sa musique de et emmenez votre compagne – ou compagnon puisque ce blog s’adresse en premier lieu à la gente féminine – le voir et l’écouter le soir de la Saint Valentin à La Cigale à Paris. Et puis cette playlist est faite pour vous.

Spadee Sam presents Con Una Rosa, a Vinicio Capossela selection




01 – Corre Il Soldato (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
02 – Contrada Chiavicone (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
03 – Bardamu (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
04 – Brucia Troia (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
05 – Corvo Toro (Nel niente sotto al sole, Atlantic 2006)
06 – Il Ballo di San Vito (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
07 – Solo Mia (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
08 – Con una Rosa (Nel niente sotto al sole, Atlantic 2006)
09 – Morna (Il Ballo di San Vito, CGD 1996)
10 – La Faccia della Terra (Solo Show Alive, Atlantic/Warner 2009)
11 – Sante Nicola (Da Solo, Warner 2008)
12 – Nella Pioggia (La Canzioni a Manovella, CGD EastWest 2000)
13 – Lanterne Rosse (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
14 – Ovunque Proteggi (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)
15 – SS. dei Naufrageti (Ovunque Proteggi, Atlantic 2006)

Né en Allemagne en 1965, Vinicio Capossela publie trois premiers disques au début des années 90 : All’una e trentacinque cerca, Modi et Camera a Sud. Trois disques d'une Amérique fantasmée, réécrite à l’ombre des écrivains de la Beat Generation, de John Fante et de Martin Scorsese mais qui respire aussi d'une certaine nostalgie italienne. Dans les chansons du Vinicio première période, beaucoup de charme et de légèreté. Des disques de chevet pour tout amateur d’espresso restreto et de tomates fraîches mozza aux premiers jours d’été.

Vinicio Capossela - Camera a Sud


En 1996, Vinicio Capossela déchire la carte postale et signe son premier grand disque. Son « Rain Dogs » à lui s’appelle « Il Balo di San Vito ». On y retrouve la guitare acérée de Marc Ribot mais aussi les arrangements d’Evan Lurie, frère du Lounge Lizards John. Le morceau qui donne son nom à l’album annonce tout ce qui va suivre : richesse des arrangements, mythes et légendes italiennes abordées comme un immense conte fantastique, un spectacle total. Et puis il y a Morna ou encore Corvo Torvo, un morceau qui devient incontournable en concert.

Vinicio Capossela - Morna

Après Il Balo san Vito, Capossela peut lâcher la bride. Quatre ans plus tard, il revient avec La Canzioni di Manovella, peut-être son plus grand disque, mon préféré en tout cas.
Bardamu pour commencer. L.F.Céline bien sûr, et c’est déjà ça, mais un soir d’été, un soir de fête foraine, avec feu d’artifice et tutti quanti. Tout le disque est du même tonneau. Excessif, théâtrale, alcoolisé et donc souvent émouvant (Solo Mia). Comment résister à Con una Rosa, à Nella Pioggia ?
Vinicio Capossela - Bardamu

Un best of et six ans plus tard, Capossela est de retour avec Ovunque Proteggi. Partiellement enregistré au fond d’une grotte, c’est, selon son auteur, un retour à la mythologie, à la terre, au minéral. Marc Ribot est toujours là mais le jeune Alessandro « Asso » Stefana prend de plus en plus d’importance. En entrée, Non Trattare s’affirme au fur et à mesure des écoutes. Mais il n’en faut qu’une pour succomber au terrifiant Brucia Troi. Sur scène, Capossela interprète ce titre affublé d’un effrayant masque de minautore.

Vinicio Capossela - Brucia Troia


Sur Ovunque Proteggi, on entend également un hymne qu'il faut avoir vécu dans un bar bondé d’italiens, le Cha Cha Cha d’une méduse ou bien encore une scie mexicaine qui conte les peines de l’âme (entendu quelques années auparavant chez Los Lobos). Mais surtout quelques titres cinématographiques à savourer tard la nuit et, sur un décalque du Requiem de Mozart, le récit poignant d’un naufrage à vous glacer le sang.
A la sortie du disque, Capossela entreprend une grande tournée au cours de laquelle il laisse libre cours à tous ses délires : masques de méduse ou de corbeaux, techno balkanique (pas ma partie préférée), ambiance à la Morricone (la chute de Signora Luna annonce le trio Guano Padano du guitariste Alessandro Asso Stefana et un très bon dissque paru il y a quelques mois) et communions latino-américaine (Pena del Alma, L’Uomo Vivo) témoignent, sur Nel Niente Sotto il Sole, de cette série de concerts.
Guano Padano with Vinicio Capossela - Signora Luna

A peine cette dernière terminée, Capossela enchaîne avec Da Solo. Une autre période s’ouvre. Celle du cirque, d’une Amérique d’un autre siècle, celle de la série Carnivale. Enregistré entre l’Italie, New York et Tucson, Da Solo ne contient pas les meilleures chansons de l’italien et pourra paraître un peu hermétique à qui ne maîtrise pas la langue. Mais en concert…Un géant à l’entrée, une charmante cracheuse de feu, un intermède au milieu du concert pour quelques tours de magie, des échassiers au milieu du public… Et la musique : des arrangements aux petits oignons, cuivres et theremin, morceaux parlés, chantés, racontés comme une grande histoire captivante qu'on aimerait sans fin.
Le Solo Show Alive paraît en CD/DVD et capture la folie de cette série de concerts conçus comme les attractions foraines du début du XXème siécle.

Vinicio Capossela - Dall'atra Parte della Sera


On y perd beaucoup évidemment mais on peut tout à fait se plonger dans l’univers de Vinicio Capossela sans comprendre un mot d’italien. Surtout, courrez le voir en concert, ça vaut le détour.

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