14/01/2008

THE ROAD, La Route avec Cormac McCarthy et Jim White


Photo : Claudia Marschal



Son dernier livre, The Road, est un chef d'oeuvre.L'adaptation au cinéma par les frères Coen de son avant-dernier, No Country For Old Man, sort très prochainement. Vous pouvez sans hésiter vous plongez dans l'oeuvre de l'un des plus grands écrivains vivants, Cormac McCarthy.

Lançons-nous donc à sa recherche ...


... enfin le voici...


Et puis, entre deux séances de lecture des livres de McCarthy, un disque s'impose : Drill a Hole in That Substrate and Tell Me What You See (LuakaBop, 2004) de Jim White.

Il y'a une ou deux choses pas mal sur les autres albums de Jim White mais rien qui approche la magie opérant sur celui-çi, l'un des plus beaux disques de tous les temps.

Insistons sur l'importance d'un bon producteur, avec le casting de musiciens et les idées qui viennent avec. La musique comme le cinéma.

C'est donc le formidable Joe Henry qui est aux manettes sur la majorité des titres, Tucker Martine et Jim White se partageant les autres plages.
Pour les musiciens, c'est ici grosso modo la même équipe qui entourait Joe Henry sur son album Tiny Voices (Anti, 2003) et sur Don't Give Up On Me (Anti, 2002), le disque qui signa le retour aux affaires de Solomon Burke, et également produit par Henry. Soit Chris Bruce à la guitare, David Palmer aux claviers, David Piltch à la contrebasse et Jay Bellerose à la batterie.



Static On The Radio ouvre le disque avec la superbe voix de Jim White qui emmène vers un monde ou dans la confession le rejoint la chanteuse Aimee Mann.

Si ce morceau et tout ce qui suit est à ce point génial, c'est qu'il se passe des multiples et micro incidents à chaques niveaux de la musique. Le squelette des chansons de Jim White est souvent très simple, trois, quatre accords. Mais en écoutant attentivement il se passe quantité de petits évenements sonores provocant de multiples images.
Static On The Radio est ainsi illuminé à la toute fin par un discret motif vocal.
La ballade qui suit, Bluebird est encore un cran au-dessus. Elle reçoit le soutien de l'excellent M.Ward à la guitare et on peut bien écouter ce morceau des dizaines de fois pour saisir la douceur et la finesse du jeu de balais de Jay Bellerose, les légers arpèges de guitares (Chris Bruce et M.Ward) ou la fabuleuse utilisation des claviers (piano, orgue) par David Palmer.

Et comment ne pas s'incliner devant le travail génial de Joe Henry, chef d'orchestre de cette mise en sons.

Ce dernier intervient à la guitare sur le décalé, cool et funky Combing My Hair In a Brand New Style où on entend également la voix grave de Mark Anthony Thompson aka Chocolate Genius.

"Oh doux Jésus veux-tu bien m'aider ? car tout ce que j'essaye de faire c'est semer les graines de l'amour avec cette fille de Brownsville, Texas (...).

Que dire de plus ? Une voix magnifique, un choeur discret, une douceur... ce rythme dans l'écriture et la diction et des mots et des phrases, qui rappelle... Cormac McCarthy.

Jim White s'occupe de produire Borrowed Wings , pour le coup plus dépouillé mais d'excellente facture, ou l'on entend Susie Ungerleider, de Oh Susanna.

Vient alors l'immense If Jesus Drove a Motor Home :


"If Jesus drove a motor home, I wonder would he drive pedal to the metal, or real slow? Checking out the stereo. Cassetteplaying Bob Dylan, motivation tapes. Tricked up Winnebago, with the tie-dye drapes. If Jesus drove a motor home... If Jesusdrove a motor home, and he come to your town, would you try to talk to him? Would you follow him around? Honking horns atthe drive thru. Double-parking at the mall. Midnight at the Waffle House - Jesus eating eggs with ya'll. If Jesus drove amotor home... Buddha on a motorcycle, Mohammed in a train. Here come Jesus in the passing lane... but everybody smile, 'causeeverybody's grooving. Ain't nothing like the feeling of moving with a bona fide motorized savior. Now if we all drovemotor homes, well maybe in the end, with no country to die for, we could just be friends. One world as our highway. Ain'tno yours or my way. We'd be cool wherever we roam - if Jesus drove a motor. "

Paroles géniales, musique idem. Clavier sautillant, un motif de flute puis cette trompette sortie de nulle part.

C'est Tucker Martine, pas manchot non plus pour ce qui est de produire un disque qui s'occupe de mettre en son le moite Objects in Motion. Normal donc d'y retrouver Bill Frisell et le violoniste Eyvind Kang, deux musiciens avec lesquels il travaille régulièrement depuis quelques années.

Un morceau en plein marécage.

"(...) just yesterday i found a suitcase full of love letters floating down a cool brown river."

Et encore un chef d'oeuvre, d'une richesse sonore impressionnante, où percussions, pedal steel et cordes s'enroulent autour des sons de guitare magnifique de Bill Frisell.
Et si Buzzards of Love et Alabama Chrome sont plus communs, Drill a Hole se termine sur un émouvant Phone Booth in Heaven ou l'on retrouve M.Ward mais aussi la chanteuse Mary Gauthier (dont le dernier disque Between Daylight and Dark (LostHighway, 2007) est également produit par Joe Henry).

Avec les livres de Cormac McCarthy et Drill a Hole... de Jim White dans le casque, bonnes soirées dans le sud américain.

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