25/01/2010

SO FULL OF SHAPES... Juliette de Banes Gardonne, Philippe Mouratoglou, Jean-Marc Foltz

Dowland, mort en 1626 et Britten, en 1976. Je ne connaissais jusqu’à samedi ces deux compositeurs anglais que de nom. Le second au moins, dont Jeff Buckley ou plus récemment Camille avaient repris des extraits de la « Ceremony of Carols ». L’autre soir donc, dans l’oratoire du Temple Neuf, Juliette de Banes Gardonne, mezzo-soprano, Philippe Mouratoglou, guitariste, et Jean-Marc Foltz, clarinettiste, jouaient « So full of shapes… », un programme consacré aux chansons des premiers cités, sur des textes de Shakespeare. Quelques proches avertis, ambiance détendue et silence imposé pour cause d’enregistrement du concert.
Loin de tout classicisme étriqué, ce programme, créé en août 2009 au festival de la Chaise-Dieu, se joue grand ouvert. Bien sûr, l’interprétation respecte l’écriture des deux britanniques. Mais par quelques introductions et interludes improvisés, les deux instrumentistes créent des climats surprenants dans ce genre de répertoire et insuflent une vie nouvelle aux chansons, magnifiquement interprétées par Juliette de Banes Gardonne. Ainsi des Lute Songs de Dowland mais surtout des Folksongs de Britten, en particulier les pièces les plus fortes comme I Will Give My Love an Apple ou encore The Soldier and The Sailor.
On le sait depuis longtemps, Jean-Marc Foltz est aussi à l’aise dans le domaine de la musique écrite, classique ou contemporaine, que dans le jazz et la musique improvisée, témoignent, en passant, ses deux concerts, en duo et en quartet, pendant le dernier festival Jazzdor, deux prestations remarquables. Il est aussi l’un de ceux qui travaille au plus près ce rapport de l’écrit à l’improvisé, deux approches qu’on a longtemps, à tort, opposé, moins dans les faits que dans les formes sans doute. En témoigne « If », une pièce de Pascal Dusapin, magistralement interprétée samedi soir à la clarinette. Dusapin, qui s’était emparé des mêmes mots de Shakespeare pour écrire « So full of shapes is fancy » en 1990, pour soprano et clarinette basse.
Quant à Philippe Mouratoglou, je suis bien loin d’être un spécialiste, mais peut-on vraiment donner une meilleur interprétation des « Nocturnal after John Dowland for guitar Op.70 » de Britten que celle qu’il en a faite samedi ? Je ne crois pas. Je ne connaissais pas ces pièces mais j’y ai simplement entendu ce que j’aime entendre d’une guitare, d’un guitariste, c'est-à-dire de la musique, un sens de l’espace et du son comme on en entend que très rarement, d’autant plus dans un environnement totalement acoustique. Faites un tour sur son site pour y visionner ces quelques vidéos puis guettez ses prochains concerts.
Jean-Marc Foltz sera lui deux soirs de suite, les 26 et 27 février prochain, au Taps Scala à Strasbourg, avec Bruno Chevillon à la contrebasse et Christophe Marguet à la batterie.
Puis on guettera l’apparition du trio de Banes Gardonne / Mouratoglou / Foltz et de ce programme dans les festivals de France et de Navarre et on se précipitera sur le disque à paraître dans les prochains mois.

D'autres versions des chansons mentionnées plus haut :

John Dowland - What if I never speed ?

John Dowland - If my Complaints could passions move

Benjamin Britten - The Soldier and The Sailor

Benjamin Britten - I Will Give my Love an Apple

Aucun commentaire: