16/02/2008

EXERCICES FUTILES, ou l'Eclectique Marc Ribot

Photo : Claudia Marschal

Excellent concert du Marc Ribot Spiritual Unity à Pôle Sud Strasbourg, vendredi 8 février.
Le guitariste y était particulièrement en forme. A la batterie Chad Taylor assurait aussi bien que Roy Campbell à la trompette, tandis que devant Henry Grimes, c’est la crainte qui vous saisissait et mieux valait ne pas croiser son regard lorsqu’était calé sous son menton le violon qu’il martyrisait pendant un superbe solo!
Pour avoir vu la formation il y a trois ans à Bâle, le concert de Strasbourg s’est révélé bien meilleur, beaucoup plus aéré, énergique et joyeux qu’à l’époque.
Les premières notes du concert résumaient bien la principale qualité de Ribot, à savoir celle de laisser la place aux silences, à l’espace dans la musique. De fait c'est avec plaisir qu'on le retrouve jouant sur quantités de disques dont on reparlera.
En ce qui concerne le Spiritual Unity, c’est autant la musique que le projet lui-même qui est remarquable. Donner aujourd’hui au public l’occasion d’entendre le répertoire d’un musicien aussi important qu’Albert Ayler avec en toile de fond l’évocation de moments incontournables de l’histoire de la musique, le free jazz, les marches funèbres des big bands de la Nouvelle-Orléans, les riffs du rock électrique ou du funk.

En tout cas, si pendant et après le concert, le public semblait dans l’ensemble avoir passer une très bonne soirée, quelques uns se sont révélés être de l’avis contraire, ce qui au passage est toujours assez rassurant …

A propos du concert de Strasbourg :

http://stef-blogapart.blogspot.com/2008_02_01_archive.html

Et sur celui du lendemain à Paris :

http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2008/02/13/7915963.html

http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2008/02/10/revival-free.html

http://bladsurb.blogspot.com/2008/02/hommage-albert-ayler-cit-de-la-musique.html


L’éclectisme des collaborations de Marc Ribot est vraiment admirable. En voici un très petit aperçu avec trois vidéos.

D’abord un extrait d’un concert solo, « formule » sous laquelle Ribot excelle. Ici, une magnifique version de Happiness Is a Warm Gun des Beatles (White Album, 1968), que l’on peut retrouver sur le disque Saints (2001, Atlantic/WEA) de Ribot :

http://www.youtube.com/watch?v=6VjKKFu83xw


Puis avec les Cubanos Postizos, impressionante formation all-stars avec Anthony Coleman au clavier, Brad Jones à la contrebasse, et les Rodriguez, E.J. aux percussions, Roberto à la batterie (sans lien de parenté) pour soutenir Ribot dans l’hommage qu’il rend au guitariste et chanteur cubain Arsenio Rodriguez sur les deux disques avec les Cubanos Postizos, Marc Ribot y Los Cubanos Postizos (1998, Atlantic/WEA) et Muy Divertido (2000, Atlantic/WEA) :

http://www.youtube.com/watch?v=zLM0z0SdMX8

Enfin, l’une de ses collaborations les plus récentes, sur Raising Sand (2007, Rounder), le disque de Robert Plant et de la chanteuse Alison Krauss, produit par T-Bone Burnett, avec quelques excellentes vidéos ici :

http://www.cmt.com/shows/dyn/cmt_crossroads/127935/episode.jhtml

Sur celles-çi, ne ratez pas les reprises de Black Dog ou de When The Levee Breaks de Led Zeppelin ainsi que le fantastique morceau fantôme Rich Woman avec son enveloppe sonore dont l'entoure le génial T-Bone Burnett.

Des hommages à Albert Ayler ou à Arsenio Rodriguez jusqu’à la participation à un projet plus grand public entre country, blues et variété de qualité, ses multiples projets avec John Zorn, sa présence sur les disques de Tom Waits, Vinicio Capossela, Susana Baca, Sarah Jane Morris, Chocolate Genius, Elysian Fields, Zakarya, Jean-Louis Murat, Alain Bashung, T-Bone Burnett, Cassandra Wilson, et d’autres, suivre Marc Ribot n’est certainement pas un exercice futile...

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)

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