26/03/2008

LES ANGES AU CHEVET DE LUCIFER, Book of Angels Vol.10 par le Bar Kokhba Sextet


Le guitariste Marc Ribot est présent sur plusieurs disques qui paraissent ces temps-ci sur le label Tzadik.
D’abord sur son album solo, des Exercises in Futility acoustiques et « classiques », qu’on appréciera, selon son humeur du moment, de diverses manières. Intéressant parfois, assommant régulièrement, au final décevant par sa monotonie. Ribot est décidément plus passionnant lorsqu’il multiplie les approches ( le disque Saints par exemple) que quand il maintient le même cap ésthétique tout au long d'un album (le rock saturé d'Asmodeus-Book of Angels Vol.7 ou cet Exercises in Futility).


Ribot allume l’électricité et retrouve l'usage du vibrato surf sur le disque de John Zorn, The Dreamers. Il y est entouré par les membres de l’Electric Masada, Joey Baron à la batterie, Trevor Dunn à la basse, Jamie Saft aux claviers, John Zorn au saxophone alto sur un morceau (Toys) et Cyro Baptista aux percussions. Enfin, Kenny Wollesen, dont on était sans nouvelles depuis quelques temps, fait ici son retour au vibraphone.
Si vous aimez le côté « easy listening » de l’œuvre de Zorn, vous avez déjà l’album The Gift, paru en 2001 et bien meilleur que celui-ci, sur lequel tout n’est néanmoins pas inintéressant. Pour commencer, Mow Mow est plutôt pas mal. A Ride on Cottonfair fait entendre le toujours excellent Jamie Saft au piano. A l'inverse, Anulikwutsayl est un morceau perdu de l’Electric Masada, tandis que l’agaçant Toys donne à entendre John Zorn au saxophone alto. On peut ranger parmi les réussites de The Dreamers cet Exodus, où Jamie Saft au Fender Rhodes et Marc Ribot à la guitare électrique s’en donnent à cœur joie, tandis que toute la formation fait preuve d’une grande douceur sur le superbe Forbidden Tears. Mais The Dreamers n’arrive décidément pas à faire oublier The Gift.


Le meilleur disque sur lequel on peut entendre la guitare de Ribot est Lucifer, le dixième volume du Book of Angels de John Zorn, joué cette fois-ci par le Bar Kokhba Sextet. Rappelons le principe. John Zorn a composé une série de morceaux (dont les titres sont autant de noms d’anges cités dans la Torah) réunis sous le nom de Book of Angels. Plusieurs volumes paraissent avec des formations, à chaque fois différentes, proposant leurs interprétations de ces compositions. Jusqu’à présent, les principales réussites de la série étaient celles du Jamie Saft Trio, du Masada String Trio et du Cracow Klezmer Band.
On peut à présent ajouter à cette liste le Bar Kokhba Sextet. Car Lucifer s’avère passionnant de bout en bout, riche, énergique et lyrique à souhait. Des cordes superbes (Mark Feldman au violon, Erik Friedlander au violoncelle), une des meilleures rythmiques du monde (Joey Baron à la batterie, Greg Cohen à la contrebasse), le génial percussionniste Cyro Baptista, et la fantastique aisance de Marc Ribot à la guitare électrique. Une formation d’une extraordinaire cohésion, d’un équilibre remarquable. Aussi beau mélodiquement que réjouissant rythmiquement, aussi intense que, n’ayons pas peur des mots, divertissant. Si vous aimez la musique, vous aimez déjà le Bar Kokhba Sextet et son Lucifer.

Marc Ribot : Exercises in Futility (Tzadik, 2008)
John Zorn : The Dreamers (Tzadik, 2008)
John Zorn : The Gift (Tzadik, 2001)
Bar Kokhba : Lucifer, Book of Angels Vol.10 (Tzadik, 2008)

http://www.tzadik.com/

En 2005 est paru un superbe triple album live du Bar Kokhba Sextet, à l’occasion du cinquantième anniversaire de John Zorn. Ce sont ces morceaux que l’on a pu entendre lors de leur concert à Marciac l’été dernier, que Mezzo a diffusé et dont on peut voir les images ici :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Astaroth est vraiment monstrueux ; acheté un peu hasard je dois avouer. Pas facile non plus de suivre le rythme des prod de Zorn

Anonyme a dit…

Astaroth, c'est donc l'album en trio du pianiste Jamie Saft qui joue le Book of Angels de John Zorn. Effectivement superbe. Celui où Saft joue Bob Dylan est très bon également (Trouble), avec Mike Patton en invité sur un extraordinaire Ballad of The Thin Man et, moins savoureux, Antony (and The Johnsons) sur Living The Blues.