31/08/2008

JAZZ A MULHOUSE - Ep.03 - 30/08 - Charming Hostess, Globe Unity Orchestra

Il fallait être présent à la soirée de clôture de cette 25ème édition de Jazz à Mulhouse. Normal me direz-vous, puisqu'on y entendait l'historique Globe Unity Orchestra. Vous n'y êtes pas pourtant, car c'était bien pour l'extraordinaire concert des Charming Hostess qu'il fallait avoir une chaise, ce qui du reste était bien plus facile à avoir que pour l'Orchestre qui suivait.
De fait, Jewlia Eisenberg, Marika Hughes et Ganda Suthivarikom ont donné une véritable leçon de musique "libre". Avec leurs trois voix et des cuillères sur un titre (une reprise du Spoonful popularisé par Howlin' Wolf, magnifiquement repris par Chris Whitley sur son album Perfect Day, avec Billy Martin et Chris Wood), les trois dames ont montré comment faire rimer culture et divertissement, technique et émotion, humour et gravitée.
Avouons-le maintenant, malgré quelques bons concerts, on restait jusqu'à là un peu sur notre faim. Non pas que le niveau de performance des musiciens n'étaient pas au rendez-vous mais un certain sérieux, un intellectualisme un peu guindé était parfois venu gâché la fête et on attendait avec impatience un sourire,, un grain de sable dans cette musique appelée free jazz parfois bien trop corsettée.
Alors peu après un quintet de saxophones à nouveau très austère, on savoura le moment passé en compagnie de ces trois formidables chanteuses dont Jewlia Eisenberg était le leader, intervenant entre chaque morceau pour des interludes hilarants ("soyez libre de rire de n'importe quoi à n'importe quel moment").
De la Bosnie à la Turquie, de la Palestine à New York, de l'Allemagne à l'Espagne, évoquant Walter Benjamin, Asja Lacis, Gershom Sholem ou le génocide bosniaque, la musique des Charming Hostess est bien libre, libre de circuler, de séduire, de choquer, de faire rire ou pleurer. Trois voix formidables, puissante chez Eisenberg, plus en retrait chez Marika Hughes et plus ronde et "pop" chez Ganda Suthivarikom, qui se mélangent, se répondent, se superposent.
Libre aussi de circuler dans des courants musicaux divers, la musique juive, le jazz, le hip-hop, le gospel, pour rappeler que le jazz c'est surtout ca, une musique qui bouge, transite, se mélange, évolue.

http://www.charminghostess.us/

http://www.myspace.com/charminghostess

http://www.eatdrinkonewoman.com/ (le blog de Ganda Suthivarikom et cette présentation géniale : My name is Ganda. What kind of name is France Gall? !

Quelques minutes plus tard, c'était donc au tour de l'historique Globe Unity Orchestra de faire son apparition devant une salle du Noumatrouff bondée.
Rudi Mahall, Johannes Bauer, Jean-Luc Capozzo ou Axel Dörner mais aussi Evan Parker, Alex Von Schlippenbach, Paul Lovens et Paul Lytton, entre autres, débutaient tambour battant le concert final de cette 25ème édition.
Alors quoi ? Paul Lovens était aussi classe qu'impressionnant à la batterie, comme toujours. Et ?
Pas grand chose à vrai dire. Il est toujours intéressant de marquer le coup avec des artistes ou des formations qui ont fait l'histoire du style de musique qu'on défend dans un festival. Mais qu'a à nous dire aujourd'hui un orchestre comme le Globe Unity qui ne l'a déja été et est-il encore à l'heure actuelle la représentation de ce qu'on appelle le jazz libre ou free jazz ? Avec ses codes, sa manière de mettre en avant à tour de rôle chacun des musiciens pour un solo de quelques minutes, ses sourires généreux, cet orchestre là avait tout du témoignage d'une autre époque. On aurait eu tort de ne pas en profiter mais demain arrive déja...

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